L’incertitude et la volatilité qui ont marqué les derniers mois ont été déstabilisantes. Vous pourriez être tenté de modifier vos placements dans des périodes comme celles-ci, mais il faut savoir que l’inquiétude et l’anxiété ne mettent personne dans un état d’esprit optimal pour prendre des décisions qui auront une incidence à long terme. Or, en matière d’investissement, la clé de la réussite consiste à ne pas essayer de prédire l’avenir. La meilleure façon de procéder est de respecter le solide plan financier que vous avez établi avec votre conseiller. C’est ce que vous faites – ou plutôt ce que vous ne faites pas – en ces temps de volatilité qui peut faire toute la différence.
Nous avons modifié plus fréquemment notre composition de l’actif en raison de la volatilité récente
Jusqu’à présent cette année, les marchés ont dû composer avec un vaste éventail d’éléments, dont les suivants :
- La guerre en Ukraine
- Le ralentissement possible de la croissance
- La forte inflation, qui persiste plus longtemps que prévu
- L’impact d’une telle inflation sur la politique monétaire
- Le risque élevé d’une récession
Ces événements ont généré une volatilité plus importante jusqu’à présent cette année. En fait, la volatilité intrajournalière des actions américaines se situe à l’un de ses niveaux les plus élevés de l’histoire, juste après la crise financière mondiale de 2008-2009 et la débâcle technologique de 2002 (figure 1). La volatilité a également progressé dans le marché des obligations, la forte hausse des taux obligataires ayant entraîné de piètres résultats (figure 2).
Figure 1 : Volatilité des marchés boursiers américains
Données au 21 mars 2022. Sources : RBC GMA et Bloomberg. Fourchette quotidienne des variations intrajournalières du S&P 500 (écart entre le sommet et le creux de l’indice)
Figure 2 : Volatilité du marché des obligations du Trésor américain
Volatilité du taux du Trésor représentée par l'indice ICE BofA MOVE
De nombreux investisseurs trouvent le contexte actuel déstabilisant, mais la forte volatilité du marché et la réévaluation considérable des actifs nous ont permis de modifier tactiquement notre portefeuille d’actifs plus que d’habitude. Nous avons réduit notre sous-pondération en titres à revenu fixe à plusieurs reprises, en puisant dans le produit des actions et dans les liquidités pour tenir compte du fait que l’augmentation récente des taux diminue le risque d’évaluation à court terme. Cela pourrait offrir une meilleure protection aux portefeuilles en cas de repli de l’économie. Nous maintenons toutefois une légère sous-pondération en titres à revenu fixe, étant d’avis que les taux pourraient continuer d’augmenter. Nous avons aussi été actifs au niveau des actions Même si nous avons réduit les risques liés aux portefeuilles dans la dernière année, nous avons augmenté la pondération des actions, en tirant parti de la liquidation survenue début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nous avons cependant réduit notre pondération à mesure de l’évolution de la situation, puisqu’il était évident qu’elle aurait un plus grand impact et durerait plus longtemps que prévu.
Nous avons plus récemment réduit davantage notre pondération en actions et avons investi le produit dans des obligations pour nous rapprocher de notre pondération neutre. Nous continuons de penser que les actions surpasseront les obligations sur un horizon prévisionnel d’un an et nous conservons donc une modeste surpondération des actions. Toutefois, nous reconnaissons que la prime que s’attendent à recevoir les investisseurs qui détiennent des actions plutôt que des obligations est moindre.
Nous prévoyons que la période de volatilité accrue persistera à court terme. Une approche active de la répartition de l’actif et de gestion des portefeuilles demeurera essentielle, compte tenu de la diversité actuelle des risques.
La hausse des taux peut profiter aux portefeuilles au fil du temps
Tenant compte du contexte actuel, les banques centrales ont commencé à augmenter leurs taux d’intérêt pour contrer l’inflation, et elles le font à un rythme plus rapide que prévu. Ces interventions marquent clairement la fin de la période de détente monétaire exceptionnelle et le début d’une ère de resserrement quantitatif. Elles ont entraîné une réévaluation des actifs et auront vraisemblablement un impact négatif sur l’économie et le cours des actifs.
Les taux des titres à revenu fixe ont considérablement augmenté au cours des derniers mois, générant des rendements en revenu négatifs pour les investisseurs en obligations. Le taux des obligations américaines à 10 ans a récemment atteint son plus haut niveau en trois ans, à 3,1 %. Par ailleurs, la hausse importante et rapide des taux depuis décembre a entraîné des pertes de 5 % à 9 % pour les investisseurs en obligations. Il s’agit du pire recul enregistré depuis le début des années 1980. Certains investisseurs, surtout ceux qui sont de nature plus conservatrice, ont par conséquent remis en question leurs placements en obligations.
Quels que soient les résultats à court terme, il est important de se rappeler que la hausse des taux peut profiter aux obligations sur de longues périodes. Voici quelques éléments importants à prendre en considération par rapport aux obligations dans un contexte de hausse des taux d’intérêt :
1. Une hausse des taux d’intérêt offre des occasions d’acheter de nouvelles obligations à des taux plus élevés, et donc d’obtenir plus de revenus d’intérêts. |
2. Le rendement total d’une obligation comprend le prix et le revenu d’intérêts. La hausse des taux peut exercer des pressions sur les prix des obligations à court terme, mais favorise également l’augmentation des revenus d’intérêts et donc de futurs meilleurs rendements totaux. |
3. Le portefeuille générera donc un revenu plus élevé que si les taux d’intérêt étaient restés bas (figure 3). Ce qui peut donc causer de l’anxiété à court terme pourrait très bien être bénéfique à long terme. |
Figure 3 : Les portefeuilles peuvent profiter de la hausse des taux au fil du temps à mesure que leurs actifs sont réinvestis
Source : RBC GMA. À titre indicatif seulement. * Rendement annualisé sur cinq ans des trois portefeuilles.
Scénario 1 : Les taux demeurent inchangés (bleu foncé).
Scénario 2 : Les taux obligataires diminuent de 100 pb sur l’ensemble de la courbe au cours de la première année (jaune).
Scénario 3 : Les taux obligataires augmentent de 100 pb sur l’ensemble de la courbe au cours de la première année (bleu pâle).
Nos modèles laissent maintenant entendre que la possibilité d’une nouvelle hausse soutenue des taux peut désormais être limitée. Nous nous attendons à ce que les obligations d’État affichent des rendements positifs au cours de l’année à venir. Nous croyons également que les niveaux de rendement un peu plus consistants pourraient aider à protéger les rendements d’un portefeuille équilibré en cas d’autres replis des marchés boursiers. Il s’agit d’un changement important de notre point de vue, car nous prévoyions des rendements en revenu négatifs pour les obligations depuis plusieurs trimestres.
Dans l’ensemble, il est important de ne pas perdre de vue les avantages liés à la détention d’obligations dans un portefeuille d’actifs multiples. Elles sont une source importante de revenu, de stabilité, de diversification et de liquidités.
Adopter une approche diversifiée et s’en tenir
Les premiers mois de 2022 ont été difficiles pour les investisseurs. Nous nous attendons à ce que la volatilité persiste à court terme, compte tenu de la variété des risques actuels et du large éventail de scénarios possibles, du conflit en cours en Ukraine, de l’envolée des prix des marchandises et du resserrement sensible des conditions financières.
Même si nous croyons que le marché obligataire s’est essentiellement ajusté, il y a encore un certain risque de chute des cours boursiers, compte tenu surtout du risque accru de récession. Nous prévoyons un ralentissement prolongé de la croissance économique ainsi qu’une inflation forte et plus durable que prévu. Toutefois, nous sommes d’avis que les pressions sur les prix plafonneront au cours de l’année et finiront par s’atténuer, tout en demeurant supérieures à la normale à moyen terme.
Dans des périodes comme celle-ci, il est important de garder le cap et de ne pas dévier de votre plan de placement à long terme. Un plan de placements bien diversifié est conçu pour permettre au portefeuille de résister dans tous les types de conjonctures. Malgré les fluctuations extrêmes des marchés obligataires et boursiers, une stratégie diversifiée a permis de contrôler la volatilité, et surtout de maintenir les rendements quotidiens dans une fourchette de +/-1 % (figure 4).
Figure 4 : Rendements quotidiens du Portefeuille équilibré sélect RBC
Rendement du Portefeuille équilibré sélect RBC, série A. Au 21 mars 2022. Sources : RBC GMA et Bloomberg
Il est essentiel de réduire l’ampleur de la volatilité quotidienne, surtout en cas de repli, pour que les investisseurs se concentrent sur leurs objectifs à long terme. C’est parfois plus facile à dire qu’à faire.
J’ai indiqué dans un récent article que c’est ce que vous faites – ou plutôt ce que vous ne faites pas – en ces temps de volatilité qui peut faire toute la différence à long terme. Il est important de se concentrer sur ce que vous pouvez contrôler. Cela comprend la maîtrise de vos émotions, le maintien de vos placements et ne pas perdre de vue vos objectifs financiers. Ce sont tous des éléments qui peuvent vous permettre de gagner en confiance dans le contexte actuel.