Le premier plastique synthétique a été fabriqué en 1869. L’inventeur de cette matière a été motivé par la
récompense de 10 000 $ promise pour créer un produit en remplacement de l’ivoire1. Ironiquement, alors
que la demande d’ivoire avait des conséquences dévastatrices sur la population d’éléphants sauvages,
le plastique était salué pour sa capacité de « protéger la nature contre les effets destructeurs des besoins
humains »2. Depuis, les matières plastiques sont devenues omniprésentes dans notre société. On ne vante
toutefois plus leurs effets sur l’environnement.
L’impact croissant de la pollution par les matières plastiques
Le plastique a largement contribué à la détérioration de l’environnement
de toute la planète, principalement pour deux raisons :
la nature non réutilisable de produits en plastique
le temps nécessaire à la dégradation des produits en plastique
Le recyclage, bien qu’utile, offre une solution imparfaite. En dépit des
efforts de recyclage, la plupart des plastiques aboutissent dans les
sites d’enfouissement ou dans l’environnement. En fait, des neuf
milliards de tonnes de plastique qu’on estime avoir été produites,
seulement 9 % ont été recyclées3.
Récemment, une prise de conscience de ce problème a largement
retenu l’attention des médias, qui se sont concentrés sur les
plastiques rejetés ayant frayé leur chemin jusqu’à nos océans. Les
manchettes sont nombreuses et choquantes; elles montrent des
images du « vortex de déchets du Pacifique Nord » et des animaux
prisonniers d’anneaux de plastique. Leur nombre est tout aussi
alarmant. Certains scientifiques estiment que d’ici 2050, les océans contiendront plus de plastique que de poissons (en poids).
D’autres prétendent qu’on trouve actuellement, entre 150 et 300
millions de tonnes de plastique flottant dans les océans, etque
8 millions de tonnes sont rejetées dans l’eau chaque année4 .
Vu la gravité et l’étendue du problème, des mesures sont prises à
l’échelle mondiale pour lutter contre la pollution par le plastique.
À titre d’exemple :
- Le programme environnemental de l’ONU a lancé la Clean
Seas Campaign en février 2017, dans l’intention de réduire
considérablement les rejets de détritus dans les océans5.
- La pollution des océans par le plastique a été au coeur des
discussions au Sommet du G7, en 20186.
- Un grand nombre d’entreprises et de gouvernements, à tous les
niveaux, s’engagent à bannir les plastiques non réutilisables7.
Cette mesure fait partie des actions résultant d’une sensibilisation
mondiale accrue à la pollution par le plastique, qui se traduit par
un changement dans les préférences des consommateurs et des
pressions de la part des autorités de réglementation. À
RBC Gestion mondiale d’actifs (RBC GMA), nous estimons
que l’importance de ce problème environnemental entraîne
d’importantes répercussions pour les investisseurs. Selon nos
observations, ce sujet est désormais abordé par les conseils
d’administration des sociétés dans lesquelles nous investissons.
Les investisseurs s’expriment
Les investisseurs, peut-être motivés par l’opinion publique et les
changements de réglementation, ont été prompts à agir pour contrer
la pollution par le plastique. Récemment, certains ont présenté
d’importantes propositions d’actionnaires en Amérique du Nord,
demandant aux sociétés de considérer l’impact des emballages de leurs
produits sur l’environnement. Les auteurs de ces propositions évoquent
des risques majeurs de nature financière ou environnementale,
d’atteinte à la réputation ou sur le plan opérationnel, pour étayer
leur demande. Ils demandent que les sociétés dans lesquelles
ils investissent fassent état de leur méthode pour gérer ces
risques. Révélatrices de l’opinion publique sur cette question,
les propositions d’actionnaires liées à l’utilisation d’emballages
durables ont reçu un appui et bien supérieur au soutien moyen
habituellement observé à l’égard des propositions d’actionnaires
sur les questions environnementales et sociales8.
Depuis le début de l’année 2018, RBC GMA a eu connaissance
de quatre propositions d’actionnaires visant des sociétés dans
lesquelles elle investit et portant sur l’utilisation d’emballages
durables. Elle les a évaluées au cas par cas. En règle générale,
nous appuyons les propositions qui suggèrent d’améliorer
l’information dans un secteur qui représente un véritable risque
ou une occasion réelle pour la société. Nous avons décidé de nous
prononcer en faveur des quatre propositions mentionnées, car
elles demandaient plus de renseignements sur le risque important
pour les sociétés que nous détenons.
Les risques pour une entreprise
Les sociétés et gouvernements sont de plus en plus nombreux à
annoncer des cibles de réduction liées à la pollution par le plastique
ou à bannir carrément les produits en plastique. Les risques associés
à l’utilisation d’emballages non durables sont donc aussi en hausse.
Le rapport 2018 sur les plastiques non réutilisables du Programme
des Nations unies pour l’environnement a révélé ce qui suit :
52 pays interdisent d’une façon ou d’une autre les plastiques
non réutilisables à l’échelle nationale ;
24 pays imposent une taxe sur les plastiques non réutilisables
à l’échelle nationale (par exemple, ils perçoivent cinq cents sur
chaque sac de plastique) ;
18 autres pays ont désigné des régions où ils imposent une
forme de taxe ou d’interdiction9.


Starbucks, McDonald’s, Ikea, American Airlines, Disney et American
Express sont quelques-unes des sociétés ayant annoncé une interdiction
retentissante des pailles de plastique. De nombreuses sociétés se
sont aussi engagées à assurer la recherche et le développement
d’une solution plus durable. Et plus de 40 sociétés britanniques
ont signé le UK Plastics Pact. Cette entente se concentre sur trois
principaux aspects :
- Augmenter le nombre d’emballages de plastique réutilisables,
recyclables ou compostables ;
- Faire en sorte qu’un plus grand pourcentage d’emballages
de plastique soient effectivement recyclés ou compostés ;
- De façon générale, prendre des mesures pour éliminer les
emballages non réutilisables d’ici 202510.
L’autre partie de l’équation de la pollution par le plastique se situe
du côté de l’offre. L’industrie de l’emballage a été ou sera soumise
aux nouvelles tendances de l’industrie, notamment :
- un changement de comportement des consommateurs ;
- un changement des structures de coûts ;
- la tendance mondiale vers une réglementation accrue
en matière d’environnement ;
- la montée du commerce en ligne.
En 2017, pendant la période des Fêtes aux États-Unis, le magasinage
en ligne a devancé les achats en magasin pour la première fois. On
estime que d’ici 2020, le magasinage en ligne pourrait représenter 15
% de toutes les ventes au détail à l’échelle mondiale11. Par conséquent,
la préférence des consommateurs pour les achats en ligne pourrait
faire augmenter considérablement la demande d’emballages. De
surcroît, la croissance que connaissent les marchés émergents a
entraîné une consommation accrue dans ces marchés et donc un plus
grand besoin d’emballages 12.
Face aux conséquences négatives sur la société et sur l’environnement
des emballages nécessaires pour satisfaire la demande mondiale
croissante, les consommateurs exigent des améliorations quant aux impacts sur la sécurité et sur l’environnement. En outre, l’industrie
de l’emballage subit une hausse des coûts. RBC GMA et son équipe
Gouvernance et investissement responsable (GIR) s’engagent à
comprendre cet enjeu et à en évaluer l’évolution. L’équipe GIR,
créée en 2014, intervient auprès des sociétés bénéficiaires
d’investissements à propos des enjeux liés à l’ESG et supervise le
processus global de vote par procuration de RBC GMA. Elle facilite
l’intégration par les équipes des placements de RBC GMA des
principes ESG dans l’analyse des placements, en plus de collaborer
avec les investisseurs qui partagent les mêmes points de vue et
d’établir un dialogue avec les législateurs ou les organismes de
réglementation.
Gérer le risque du plastique
En résumé, la pollution par le plastique et l’utilisation d’emballages
durables sont devenues des questions importantes pour les
investisseurs. Cela s’explique par les contraintes imposées par
l’évolution des préférences des consommateurs, la réglementation
en matière d’environnement, la pression des pairs de l’industrie qui
cherchent à faire la une de l’actualité, les engagements à bannir le
plastique et les tendances qui pèsent sur l’industrie de l’emballage
pendant une période de sensibilisation mondiale à la pollution par le
plastique. D’importants risques d’atteinte à la réputation, financiers,
réglementaires et opérationnels sont désormais associés à la
contribution des sociétés à l’égard de cet enjeu mondial.
RBC GMA et son Groupe Gouvernance et investissement responsable
(GGIR) s’engagent à comprendre et à évaluer l’évolution de cet
enjeu. L’équipe du GGIR, créée en 2014, invite les sociétés dans
lesquelles nous investissons à s’intéresser aux questions ESG,
supervise l’ensemble du vote par procuration pour RBC GMA, fait
progresser l’intégration des principes ESG dans l’analyse des
placements par les équipes d’investissement de RBC GMA, en
plus de collaborer avec les investisseurs qui partagent les mêmes
points de vue et d’établir un dialogue avec les législateurs ou les
organismes de réglementation.
Progrès réalisés dans la gestion et la réduction des déchets de plastique après l’adoption des objectifs de développement durable des Nations unies (ODD)
Bonne santé
et bien-être
Villes et communautés
durables
Lutte contre les
changements
climatiques
Vie terrestre
Eau propre et
assainissement
Consommation
et production
responsables
Vie aquatique
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par l’ensemble des États membres de l’ONU en 2015, établit un cadre
commun pour la paix et la prospérité des personnes et de la planète, maintenant et à l’avenir. Il fixe 17 objectifs de développement durable
qui incitent tous les pays, développés ou en développement, à s’unir pour passer à l’action de toute urgence. Le programme reconnaît que
pour mettre fin à la pauvreté et aux privations, il faut mettre en place des stratégies visant à améliorer la santé et l’éducation, à réduire les
inégalités et à stimuler la croissance économique, tout en luttant contre les changements climatiques et en oeuvrant à la protection de nos
océans et de nos forêts.