L’économie mondiale progresse dans un contexte d’alternance de mesures de confinement ciblées et de réouvertures, résultat de l’exercice d’équilibre délicat des gouvernements entre la santé de la population et la croissance économique. Même si les secteurs des services ont été les plus durement touchés en raison des restrictions de déplacement, des fermetures des restaurants et des entreprises de divertissement, l’activité manufacturière reste robuste et les indicateurs économiques avancés laissent entrevoir une expansion dans les régions où les mesures de confinement ont été moins sévères (figure 1). Les données publiées sont bien meilleures que prévu, et l’économie fait preuve d’une résilience impressionnante. La croissance pourrait s’essouffler un peu au quatrième trimestre advenant une flambée de cas de COVID-19, surtout en Europe, mais la promesse d’une mise au point d’un vaccin ouvre la voie vers une normalisation et laisse entrevoir de meilleures perspectives pour 2021. Nous revoyons à la hausse nos prévisions de croissance pour la plupart des régions, faisant ainsi situer nos estimations légèrement au-dessus de la moyenne.
Les scientifiques annoncent la réalisation d’un vaccin prometteur, dont la distribution et l’administration aux populations du monde entier posent des défis. Les groupes vulnérables pourraient recevoir plus tôt le vaccin qui, selon nous, ne devrait pas être offert à grande échelle avant le troisième trimestre de 2021. Les autres éléments de risque sont notamment la transition du gouvernement aux États-Unis et le Brexit en Europe/au R.-U. À plus long terme, les dépenses sans précédent du gouvernement durant la pandémie ont accentué les déficits budgétaires, remettant en question la croissance économique future. L’inflation pourrait augmenter quelque peu à moyen et à long terme, si l’on tient compte de toutes les mesures de relance qui ont été mises en œuvre, mais plusieurs éléments comme le recul des prix du pétrole et le chômage massif, devraient contenir les tensions inflationnistes à court terme.
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Nota : Au 1er décembre 2020. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Les banques centrales maintiennent une politique extrêmement accommodante
Les banques centrales continuent de se montrer accommodantes, puisque l’économie subit encore les conséquences de la pandémie et la menace d’inflation reste faible pour l’instant. Il n’est donc pas urgent d’augmenter les taux d’intérêt et plusieurs dirigeants de banques centrales ont fait part de leur intention de maintenir les taux d’intérêt à de faibles niveaux pendant une longue période. Selon les projections de la Fed, les taux d’intérêt à court terme resteront à la limite inférieure de zéro au moins jusqu’à la fin de 2023. Par ailleurs, des programmes d’achat massifs d’obligations restent en place pour soutenir l’économie et les marchés financiers.
Les obligations d’État ont progressé dans certaines régions, indiquant un risque d’évaluation important
Les taux obligataires demeurent près de creux historiques, mais ont légèrement grimpé dans certaines régions compte tenu de la reprise graduelle de l’économie et de la baisse des demandes des valeurs refuges. Les taux des obligations d’État étaient un peu plus élevés en Amérique du Nord au dernier trimestre, mais ont légèrement diminué en Europe en raison du resserrement des mesures mises en place pour contenir une deuxième vague de cas de COVID-19. Les rendements obligataires sont inférieurs à notre estimation du point d’équilibre dans toutes les régions, ce qui dénote un risque d’évaluation important (figure 2). Nous nous attendons à ce que les taux connaissent une augmentation graduelle à long terme, mais plusieurs facteurs à long terme, dont la démographie, l’importance grandissante accordée à l’épargne par rapport aux dépenses et l’émergence des pays en développement, sont susceptibles d’en limiter l’ampleur.
Figure 2 : Taux des obligations du Trésor américain à 10 ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 30 novembre 2020. Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Sources : RBC GMA, RBC MC
Les actions établissent des niveaux records à la faveur des bonnes nouvelles sur le vaccin qui provoquent une rotation des styles au sein des indices
Les marchés boursiers mondiaux ont poursuivi leur progression à la faveur des bonnes nouvelles sur le vaccin. Plusieurs grands indices boursiers ont atteint des sommets records en novembre. Les actions de croissance de sociétés américaines à grande capitalisation ont dominé durant la majeure partie de la pandémie de COVID-19, mais la reprise toute récente a été dominée par les actions de valeurs de sociétés à petite capitalisation et par les actions internationales (figure 3). L’écart de valorisation entre les actions de sociétés américaines à grande capitalisation et celles des autres marchés boursiers s’est légèrement rétréci par rapport aux niveaux extrêmes. Cela dit, l’indice le S&P 500 demeure le plus près de sa pleine valeur parmi les marchés mondiaux que nous surveillons (figure 4). Selon nos modèles, les valorisations demeurent attrayantes dans le segment des sociétés américaines à grande capitalisation, tout comme celles des titres liés aux nombreux secteurs et styles qui ne sont pas en tête en cette période de COVID-19.
Figure 3 : Rendement relatif des styles
Nota : Au 30 novembre 2020. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 4 : Point d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Nota : Au 30 novembre 2020. Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Les bénéfices dépassent les estimations et les perspectives s’améliorent
Les bénéfices des sociétés ont chuté au cours de la récession provoquée par la COVID-19, mais les dégâts n’ont pas été aussi importants qu’on l’avait craint au départ et les bénéfices remontent déjà (figure 5). Les analystes prévoient une baisse de 15 % des bénéfices de l’indice S&P 500 en 2020 comparativement aux prévisions de baisse antérieures de 25 %. Ils tablent à présent une croissance de 20 % des bénéfices du S&P 500 en 2021 et s’attendent à ce que les bénéfices reviennent à leurs niveaux d’avant la COVID-19 au cours de l’année prochaine.
Figure 5 : Indice S&P 500
Estimations générales des bénéfices
Nota : Au 1er décembre 2020. Sources : Thomson Reuters, Bloomberg
Composition de l’actif – Utiliser des obligations pour augmenter la pondération en actions
Notre scénario de base suppose que l’économie reviendra à son précédent sommet au cours des deux prochaines années et qu’elle s’approchera de sa trajectoire de croissance à long terme en 2023, sur la base d’importantes mesures de stimulation monétaire et budgétaire. Dans ce contexte, nous pensons que les taux des obligations d’État resteront faibles. Par conséquent, nous nous attendons à ce que les obligations d’État produisent des rendements très modestes, voire négatifs, au cours de la prochaine année. Les actions offrent cependant un potentiel de rendement supérieur, et bien que les valorisations soient élevées, l’arrivée d’un vaccin conforte la conviction qu’elles évolueront favorablement. De plus, l’économie commence à montrer plusieurs signes parmi ceux qui nous servent à confirmer une amélioration des perspectives. Au cours des derniers mois, la courbe des taux s’est accentuée, les titres de valeur ont devancé les titres de croissance, les actions internationales ont gagné du terrain par rapport aux actions américaines, les titres des sociétés à petite capitalisation ont surclassé ceux des sociétés à grande capitalisation et le dollar américain a fléchi. De tels facteurs sont représentatifs des premiers stades d’un cycle économique, ce qui indique que le marché haussier n’est pas terminé. Pendant le trimestre, nous avons donc utilisé le produit de la vente d’obligations pour rehausser en deux temps notre pondération en actions de 2,5 %. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 64,5 % en actions (pondération stratégique/neutre : 60 %), 34,5 % en obligations (pondération stratégique/neutre : 38 %) et 1,0 % en liquidités.
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