Dans cette vidéo, Stephen Thariyan, Cochef, Marchés développés, BlueBay Asset Management, discute de l’évolution des marchés obligataires mondiaux et de la façon dont BlueBay a adapté ses techniques de placement au cours des cinq dernières années en vue d’exploiter le regain d’incertitude sur les marchés.
Transcription
Compte tenu de l’incertitude actuelle, quelle est votre méthode de placement relativement aux titres à revenu fixe ?
En fait, les marchés obligataires ne sont pas censés être aussi intéressants. Pendant dix ans, l’assouplissement quantitatif et les billions de dollars injectés dans les marchés ont eu pour but de stimuler la croissance mondiale et de redonner de la crédibilité aux institutions financières (dont aucune entreprise ni aucun pays ne peuvent se passer). Ces mesures ont porté leurs fruits jusqu’à un certain point. À présent, nous entrons dans une ère de resserrement quantitatif, qui réduit l’abondance d’obligations. Comme les taux montent, les rendements des titres à revenu fixe baissent et pourraient même devenir négatifs, de sorte qu’investir dans ces titres peut sembler inutile.
Ce serait effectivement le cas si le resserrement quantitatif était proportionnel à la croissance. Or, celle-ci est tout sauf vigoureuse à l’échelle mondiale et, en théorie, la Réserve fédérale américaine a suspendu ses interventions. La zone euro stagne et on craint une « japonisation » des marchés émergents. Et n’oublions pas l’éventail habituel de situations préoccupantes, comme en Argentine et au Venezuela.
Le milieu des placements est donc très incertain, et l’incertitude engendre de la volatilité. Qui dit volatilité, dit production d’alpha, ou occasions d’alpha. Les bonnes vieilles méthodes d’analyse du crédit et des sociétés demeurent pertinentes : on peut mettre en place des portefeuilles mondiaux, envisager différentes stratégies et utiliser divers instruments. Cependant, les pays agissent parfois de façon inhabituelle et la principale raison en est que les gouvernements dépendent des choix des électeurs.
Les États-Unis sont dirigés par Donald Trump ; le Royaume-Uni s’embourbe dans le Brexit ; l’Italie est menée par un gouvernement désuni qui présente des politiques plutôt disparates à la BCE ; la France est sous la gouverne d’un nouveau président qui a créé un nouveau parti ; l’Espagne doit composer avec la décentralisation. Comme on le voit, les facteurs d’incertitude ne manquent pas. Nous devons donc employer de nouvelles méthodes afin de tenter de comprendre comment tirer parti de cette incertitude.
De quelle manière les méthodes de placement ont-elle évolué au cours des cinq dernières années ?
Comme j’ai pu le constater grâce à mon expérience d’analyste du crédit, les méthodes de placement ont changé. Auparavant, on accordait beaucoup d’importance à la compréhension des entreprises et aux modèles financiers, et c’est encore le cas. Par contre, aujourd’hui, lorsque vous traversez notre salle des marchés, vous voyez que Twitter occupe autant de place sur les écrans que les outils de négociation. L’information a acquis une importance capitale. Une fois que nous comprenons comment le vote populaire influence les gouvernements, nous devons comprendre comment à leur tour ils influencent notre jugement en ce qui concerne les placements. C’est pourquoi nous parlons aux décideurs et aux banques centrales. Nous essayons de suivre l’évolution des gouvernements et la façon dont leur analyse économique est intégrée.
La majeure partie des renseignements ne provient pas des marchés financiers. Elle circule sur les réseaux sociaux et, parfois, très rapidement. Nous avons donc besoin d’instruments qui nous permettent de tirer parti de l’incertitude. Pour cette raison, la gamme d’instruments a changé et des options ont été introduites. Cependant, l’information qui circule dans les médias sociaux est souvent tout aussi importante que l’analyse financière pure.