Grâce à l’assouplissement des restrictions, les économies ont progressivement redémarré et l’activité est revenue à ses niveaux antérieurs à la pandémie dans la plus grande partie du monde. La robustesse de la demande et les perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement entraînent l’augmentation des prix à la consommation. L’inflation devrait rester supérieure à la normale pendant quelque temps, mais bon nombre des facteurs qui influent sur les prix semblent temporaires. En fait, l’intensité de la reprise semble avoir déjà atteint son apogée. Les indicateurs économiques avancés ont fléchi par rapport à leurs récents sommets, ce qui laisse entrevoir une légère détérioration des perspectives de croissance, qui restent toutefois favorables (figure 1). L’effet positif des mesures de relance monétaire et budgétaire s’estompera lorsque les stimulants seront finalement retirés. En revanche, les consommateurs, forts de leur épargne, sont bien placés pour dépenser et apporter leur soutien à l’économie. Tout compte fait, nous prévoyons toujours une croissance mondiale supérieure à la moyenne l’an prochain, mais celle-ci sera moins rapide qu’en 2021.
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Nota : Au 31 août 2021. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Le virus et d’autres risques macroéconomiques
Le virus reste un défi important pour les économies en raison de la fluctuation des taux d’infection, mais les vaccins ont été largement distribués et offrent une protection contre la COVID-19. Malgré l’accélération de la propagation du variant Delta, l’ampleur de ses répercussions sur l’économie dépendra de la réaction des gouvernements. Or, bon nombre d’entre eux hésitent désormais à imposer des restrictions sévères. Parmi les autres risques macroéconomiques, mentionnons le resserrement des politiques en Chine et les tensions géopolitiques liées à l’Afghanistan.
La Fed envisage de réduire ses mesures de relance
Le retrait éventuel des mesures de relance monétaire mises en place au début de la pandémie pourrait représenter une autre source de préoccupation pour les investisseurs. Les banques centrales du monde ont injecté des billions de dollars dans le système financier au moyen d’achats d’actifs, mais certaines d’entre elles ont déjà commencé à réduire leurs mesures de relance. Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) envisage d’amorcer la réduction progressive de ses achats d’obligations cette année. En revanche, le relèvement du taux des fonds fédéraux ne devrait se produire que lorsque cette réduction sera achevée. Donc, la première hausse de taux ne devrait pas être décrétée avant la fin de 2022 ou le début de 2023 (figure 2). Un tel resserrement pourrait à la limite retirer un certain soutien aux prix des actifs, mais le fait que les décisions de politique monétaire sont communiquées longtemps d’avance diminue le risque que les investisseurs soient pris de court.
Figure 2 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois
Nota : Au 31 août 2021. Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Réapparition du risque de valorisation après la diminution des taux obligataires
Sur le marché obligataire, les taux ont sensiblement diminué au cours du dernier trimestre en raison du ralentissement de la croissance et de la baisse des attentes inflationnistes, ainsi que du rythme moins rapide que prévu du resserrement de la politique monétaire. Le taux des obligations américaines à dix ans, qui avait atteint un sommet de 1,75 % en mars, a reculé à 1,17 %, et presque partout, les taux sont de nouveau bien en deçà du point d’équilibre estimé par nos modèles (figure 3). Leur plus récente diminution a ramené un risque de valorisation appréciable sur le marché des titres à revenu fixe. Pour notre part, nous prévoyons que les taux augmenteront graduellement dans la foulée des taux d’intérêt réels, alors que l’économie reviendra à la normale et que les mesures de relance seront retirées.
Figure 3 : Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Note: Au 31 août, 2021. Sources : RBC GMA, RBC MC
Les actions poursuivent leur course aux records
Les actions mondiales ont poursuivi leur progression et les principaux indices boursiers ont atteint des niveaux records, étant donné que les investisseurs gardent confiance dans la reprise. L’indice S&P 500 a dépassé la barre des 4 500 points en août, soit plus du double que son creux de mars 2020 (figure 4). Les marchés boursiers des pays émergents ont tiré de l’arrière au cours du dernier trimestre. Leur retard s’explique notamment par le ralentissement de la croissance en Chine dans un contexte de resserrement des politiques, et par le fait que les pays en développement sont davantage éprouvés par le virus que les pays développés. Selon diverses mesures, les valorisations sont élevées, en particulier celles des sociétés américaines à grande capitalisation, mais d’autres marchés continuent d’offrir un potentiel de hausse attrayant.
Figure 4 : Fourchette d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Nota : Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
La progression des actions est alimentée par l’envolée des bénéfices
Le redressement des marchés boursiers a été alimenté par l’envolée des bénéfices des sociétés et les attentes selon lesquelles ces bénéfices continueront de grimper rapidement, au moins pendant les prochaines années. Les bénéfices meilleurs que prévu représentent un thème récurrent depuis le début de la pandémie : le bénéfice par action de l’indice S&P 500 pour les 12 mois précédents dépasse déjà le sommet de 165 $ atteint avant la pandémie (figure 5). Les analystes s’attendent à ce que ce chiffre dépasse les 200 $ d’ici la fin de l’année, soit 21 % de plus que le sommet précédent. Les augmentations d’impôts pourraient entraver cette hausse, mais les analystes tablent actuellement sur un bénéfice de 236 $ avant la fin de 2023. La poursuite de cette solide hausse tendancielle des bénéfices des sociétés justifierait des valorisations élevées, en particulier dans un contexte de faiblesse des taux d’intérêt et à cause du nombre limité d’autres options de placement.
Figure 5 : Indice S&P 500
Bénéfice par action des sociétés au cours des 12 derniers mois
Nota : En date du 24 août 2021. Les estimations sont fondées sur les prévisions générales ascendantes des analystes sectoriels. Sources : Thomson Reuters, RBC GMA
Composition de l’actif – réduction de la pondération des titres à revenu fixe au profit des liquidités
Compte tenu du rapport risques-occasions, notre répartition de l’actif conserve un penchant pour la prise de risque. Nous savons que la reprise économique ralentit après avoir fortement accéléré, mais nous estimons que nous sommes au début ou au milieu du cycle, de sorte que la croissance pourrait se poursuivre pendant des années. Les politiques de soutien devraient s’estomper à mesure que la phase d’expansion avancera. Dans ce contexte, nous prévoyons que les taux d’intérêt et les taux obligataires augmenteront graduellement, ce qui devrait se traduire par des rendements faibles, voire négatifs pour les titres à revenu fixe. Par conséquent, nous avons réduit nos placements en obligations au cours du dernier trimestre. Tirant profit des valorisations élevées des titres à revenu fixe, nous avons abaissé notre pondération en obligations d’un point de pourcentage en juillet, puis de 0,50 % à la fin d’août. Selon nous, les actions offrent toujours un meilleur potentiel de rendement, même si les valorisations sont exagérées dans certains marchés et que les risques liés au virus, à la Chine, à la situation géopolitique et à la politique fiscale aux États-Unis sont des sources potentielles de volatilité. Voilà pourquoi nous avons décidé d’investir pour l’instant le produit de la vente de titres à revenu fixe dans les liquidités, tout en continuant de surpondérer modestement les actions. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 64,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 33,5 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 2,5 % en liquidités.
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