La volatilité des marchés a persisté au cours des cinq premiers mois de l’année. Les investisseurs montrent visiblement des préoccupations persistantes à propos de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et du risque de récession. Stu Kedwell, cochef, Actions nord-américaines, nous a récemment fait part de ses réflexions sur l’état des marchés.
Comment les banques centrales peuvent-elles lutter contre l’inflation ?
Pendant la majeure partie de la dernière décennie, les banques centrales n’ont pas eu à composer avec une inflation élevée. Elles se sont donc concentrées sur l’assouplissement des conditions financières pour stimuler l’activité économique, en mettant principalement l’accent sur la réduction du chômage. Aujourd’hui, leurs dirigeants ont les yeux rivés sur l’inflation. Pour la maîtriser, ils resserrent les conditions financières (en relevant les taux d’intérêt et en diminuant les mesures d’assouplissement quantitatif). Par conséquent, les taux d’intérêt augmentent, les écarts de crédit se sont élargis et les cours boursiers ont chuté. Les banques centrales devront attendre que l’inflation ralentisse avant d’assouplir à nouveau les conditions financières.
Comment le risque de récession se reflète-t-il dans les valorisations des sociétés ?
Les valorisations se sont améliorées en Amérique du Nord par rapport aux niveaux élevés du début de l’année, mais nous observons de près les bénéfices. Les bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 devraient atteindre 230 $ US cette année et 245 $ US l’an prochain. Bien que ces prévisions tiennent compte de certaines pressions sur les marges et d’un ralentissement de la croissance économique, elles ne reflètent pas les répercussions potentielles d’une récession. Même s’il est difficile d’estimer la probabilité d’une récession, le déclin des marchés boursiers observé jusqu’à présent donne à penser qu’elle s’établit à environ 50 %, ce qui est plus élevé que ce que beaucoup d’économistes prédisent. Cela dit, dans l’éventualité d’une récession, les bénéfices pourraient diminuer de 15 % à 20 %, ce qui entraînerait un nouveau repli des actions.
Les manchettes sur le rendement du marché et les valorisations boursières ne disent pas tout.
Les valorisations de certains secteurs sont en fait inférieures ou égales à leur moyenne à long terme. Ces secteurs sont composés en grande partie d’entreprises qui devraient enregistrer une forte croissance de leurs bénéfices et de leurs flux de trésorerie à l’avenir. À l’inverse, les actions ayant des qualités défensives se négocient à des niveaux relativement élevés, car les investisseurs leur attribuent une prime de valorisation à court terme en raison des craintes d’un ralentissement économique.
Valorisations des secteurs du TSX
Source: Bloomberg. Cours de clôture au 31 mai 2022
Quelles sont vos prévisions de rendement à long terme pour le marché ?
Tout le monde sait qu’il est primordial de maintenir une optique à long terme, mais certains l’oublient durant les périodes de volatilité accrue. Sur un horizon de dix ans, en supposant une croissance raisonnable des bénéfices de l’ordre de 6,5 % à 7 % (ce qui correspond aux niveaux historiques) et un retour à un ratio d’évaluation normal de 15 fois les bénéfices (le niveau actuel est de 17), le potentiel de rendement total du marché est de 7 % à 8 %. Bien qu’inférieur aux gains habituels de 8 % à 9 % procurés par l’indice S&P 500 dans le passé, ce résultat demeure attrayant. Dans le cadre d’un plan sur dix ans, il est prudent de prévoir et d’inclure au moins une période de récession.
Quelles stratégies les investisseurs devraient-ils adopter en ces temps incertains ?
Lorsque la liquidité du marché diminue, la volatilité augmente forcément. Comme les fluctuations du marché boursier peuvent être amplifiées par le comportement de certains participants au marché, il est essentiel de reconnaître la volatilité et de s’y adapter. Lorsque le marché se replie, il augmente le potentiel de rendement d’un investisseur à long terme. La méthode d’achats périodiques par sommes fixes constitue une excellente façon de surmonter les hauts et les bas du marché. Cette stratégie, qui consiste à investir un montant fixe à intervalles réguliers, évite aux investisseurs de jouer aux devinettes en essayant d’anticiper le marché.
Bien que les creux du marché boursier soient difficiles à prévoir, les achats périodiques par sommes fixes vous permettent de profiter des baisses en investissant à des prix raisonnables. Il s’agit d’un moyen efficace de surmonter les émotions suscitées par la volatilité sans faire dérailler un plan à long terme.
Nous traversons une période particulièrement difficile pour les investisseurs. Pourtant, c’est en pareilles circonstances qu’il est essentiel de posséder un bon plan financier qui intègre des reculs dans un horizon de placement à long terme.
Écoutez la plus récente baladodiffusion sur la volatilité du marché, animée par Stu Kedwell.