Dans notre série Investir dans les obligations mondiales, nous avons démontré que le fait d’adopter une perspective mondiale peut offrir de nombreux avantages en ce qui concerne l’ensemble des opportunités dans l’univers des titres à revenu fixe. Cependant, pour justifier une allocation au niveau de la politique de placement, il faut plus qu’un profil historique favorable à la catégorie d’actif en isolation. Les investisseurs institutionnels gèrent des portefeuilles multi-catégories d’actifs conçus pour répondre à des objectifs spécifiques, dont certains ne sont pas entièrement basés sur le rendement des placements. En outre, prendre des décisions de politique de placement en se basant sur des données historiques peut amener à créer des portefeuilles mal adaptés à l’environnement futur. Par conséquent, l’objectif de cet article est d’examiner le rôle potentiel d’un ensemble d’opportunités en titres à revenu fixe mondiaux dans les portefeuilles institutionnels en prenant en compte un contexte prospectif, axé sur les objectifs.
Investir dans les obligations mondiales – parties I, II et III : principales considérations
- Dans leurs répartitions aux titres à revenu fixe, les investisseurs institutionnels ont souvent un fort penchant pour leur propre pays. Cela peut entraîner des contraintes, des biais et des risques indésirables.
- Le fait de disposer d’une perspective mondiale offre des opportunités de diversification significatives, en permettant de prendre une exposition à différents environnements économiques, fiscaux, inflationnistes et démographiques.
- Sur le marché des titres à revenu fixe mondiaux, il existe différents segments caractérisés par des degrés variables de risque de taux d’intérêt et de crédit, ce qui se traduit par différents profils risque-rendement.
- La gestion du risque de change est un élément essentiel de l’investissement dans les obligations mondiales, et aide à tirer parti de leurs avantages potentiels.
Contexte
Les investisseurs institutionnels ont généralement des objectifs très spécifiques associés aux portefeuilles d’actifs dont ils ont la gestion et pour lesquels ils agissent souvent en tant que fiduciaires. Un fonds de dotation, par exemple, cherche généralement à obtenir un rendement à long terme qui lui permettra de faire face à ses engagements de dépenses ajustés pour l’inflation, tout en préservant le capital lors des événements baissiers à court terme. En d’autres termes, ils investissent dans un contexte « actifs seulement ». Une caisse de retraite, en revanche, est généralement plus préoccupée par le rendement de ses actifs par rapport à ses passifs, ce qui peut donner lieu à une myriade de différents compromis axés sur les objectifs, allant de la réduction d’un déficit de financement à l’élimination totale d’un passif – ils investissent dans un contexte « actif-passif ». Par conséquent, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions stratégiques à long terme, comme l’introduction d’une nouvelle catégorie d’actifs dans la composition de l’actif visée par la politique de placement, il est essentiel d’évaluer le profil risque-rendement sous le bon angle. Il est également important d’évaluer la décision pour l’ensemble du portefeuille, où les différentes expositions qui entrent dans la composition de l’actif interagissent afin de répondre à ces objectifs de risque et de rendement.
Décisions stratégiques et décisions opérationnelles
Comme l’illustre la figure 1, établir une politique de placement relève d’une décision de nature stratégique. Cette décision pourrait par exemple consister à déterminer l’exposition aux grandes catégories d’actifs qui répondent le mieux aux objectifs à long terme de l’investisseur, en fixant la proportion de titres à revenu fixe, d’actions et de placements alternatifs dans la composition de l’actif visée par la politique. Par contraste, une décision opérationnelle peut consister à choisir entre plusieurs solutions d’implantation qui impliquent différentes considérations, par exemple la cible de valeur ajoutée par rapport à un indice de référence visé par la politique. Bien que les décisions opérationnelles influent en fin de compte sur les résultats globaux, elles sont distinctes des décisions stratégiques à long terme. Dans cet article, nous ne tiendrons pas compte du processus d’implantation pour évaluer les avantages liés aux titres à revenu fixe mondiaux à l’échelle de la politique de placement institutionnel.
Figure 1 : Le cycle de gouvernance fiduciaire
Source : PH&N Institutionnel
Tous les investisseurs institutionnels sont confrontés à un même défi : bien que le futur environnement des marchés financiers soit imprévisible et parsemé de risques, les décisions doivent être prises en temps réel. La modélisation prospective des portefeuilles peut être une source d’information très puissante pour aider à prendre ce type de décision stratégique. Cela nécessite cependant d’établir des hypothèses quant au profil risque-rendement futur des différentes catégories d’actifs, qui peut être très différent de ce qui a pu être observé sur des périodes passées. Ces paramètres sont souvent appelés « hypothèses prospectives pour les marchés des capitaux ».
Il est inévitable qu’une partie des hypothèses pour les marchés des capitaux soit influencée par des points de vue subjectifs, qui peuvent varier d’un investisseur à l’autre. Néanmoins, une méthodologie cohérente et robuste tend à produire des informations crédibles qui viennent appuyer la prise de décision et la gouvernance. En outre, si les hypothèses pour les marchés des capitaux changent à mesure que les marchés évoluent, que les opinions sont révisées et que de nouvelles informations apparaissent, certaines caractéristiques liées à la nature fondamentale des catégories d’actifs restent relativement stables dans le temps.
Par exemple, la figure 2 illustre les hypothèses prospectives trimestrielles établies par PH&N Institutionnel pour les marchés des capitaux en ce qui concerne les obligations universelles canadiennes et les obligations mondiales à haut rendement au cours des cinq dernières années. Bien qu’en de rares occasions, des conditions de marché extrêmes ont une incidence sur les prévisions à une date spécifique (par exemple le début de la pandémie en mars 2020), les différences de rendement relatif affichent une certaine stabilité dans le temps. Les obligations à haut rendement sont fondamentalement caractérisées par un risque de crédit plus élevé, ce qui entraîne une plus grande volatilité, mais aussi par une prime de rendement par rapport aux obligations de sociétés de haute qualité. La prime de rendement peut varier au gré de l’actualité et des points de vue, mais la modélisation prospective des portefeuilles reflétera toujours cette caractéristique fondamentale des obligations à haut rendement.
Figure 2 : Hypothèses pour les marchés des capitaux de PH&N Institutionnel (2016-2021)
Source : PH&N Institutionnel. Vous trouverez à la fin de cet article des précisions à propos de nos hypothèses pour les marchés des capitaux. Rien ne garantit que le rendement futur sera conforme à toute attente ex ante.
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