Les données économiques ont été décevantes et les indicateurs avancés de la croissance économique continuent de signaler que l’économie mondiale ralentit. Les indices des directeurs d’achat du secteur manufacturier reculent depuis les 18 derniers mois, et l’indice PMI de l’industrie manufacturière mondiale de JP Morgan s’établit actuellement sous la barre des 50, son plus faible niveau depuis 2012 (figure 1). Parmi les risques qui pèsent sur les perspectives, notons les tensions commerciales à l’échelle mondiale, l’approche des dates butoirs relatives au Brexit et la décision du gouvernement américain de relever ou non le plafond de la dette pour éviter une possible paralysie du gouvernement. Certes, la croissance fléchit et des risques existent, mais certains signes indiquent que l’expansion actuelle peut se poursuivre. La consommation aux États-Unis s’en tire relativement bien, et l’indice PMI du secteur non manufacturier n’a pas cédé autant de terrain que ceux du secteur manufacturier. Certaines données révèlent que la productivité augmente et que l’économie des États-Unis peut croître à un rythme raisonnable, malgré le ralentissement de l’emploi.
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs des achats
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Les banques centrales adoptent une position résolument accommodante
En réaction au ralentissement de la croissance mondiale et à l’augmentation des risques macroéconomiques, les principales banques centrales ont récemment annoncé leur intention de mettre en œuvre d’autres mesures d’assouplissement. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a réitéré qu’il allait faire tout en son pouvoir pour stimuler l’inflation, ce qui laisse croire que les taux pourraient être abaissés aussi tôt que cette semaine, et la Banque d’Angleterre a récemment adopté un ton plus accommodant. Aux États-Unis, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a laissé entendre que la Fed était prête à agir, ouvrant ainsi la porte à des baisses de taux dès la prochaine réunion du Comité fédéral de l’open market (FOMC), le 31 juillet. Les analystes ont débattu de la question de savoir si la première baisse sera de 25 ou de 50 points de base (pb). Nous ne croyons pas que la conjoncture aux États-Unis requiert une baisse de 50 pb, puisque le taux de chômage s’établit près de son creux des 50 dernières années et que l’inflation, mesurée par les fluctuations d’une année sur l’autre de l’indice de prix des dépenses de consommation personnelle, est juste sous sa cible de 2,0 %. Les investisseurs s’attendent à d’autres mesures d’assouplissement après les premières et à des réductions de taux de 100 points de base d’ici la fin de 2020 (figure 2).
Figure 2 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme de 12 mois au 19 juillet 2019
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Le risque d’évaluation des titres à revenu fixe est élevé
Les taux des obligations d’État se sont repliés dans toutes les grandes régions au premier semestre de 2019, tandis que les investisseurs s’attendaient au ralentissement de la croissance mondiale et à des mesures d’assouplissement des banques centrales. Les écarts de crédit sont restés faibles, et les placements offrant des rendements intéressants sont de plus en plus difficiles à trouver. En fait, la dette à taux négatif a dépassé les 13 000 milliards de dollars (figure 3), et les taux de certaines obligations européennes « à rendement élevé » se sont retrouvés en territoire négatif. Dans ce contexte, le risque d’obtenir des rendements négatifs sur les placements en obligations est bien réel, et nos modèles indiquent un risque d’évaluation des titres à revenu fixe d’État particulièrement élevé, surtout à l’extérieur de l’Amérique du Nord.
Figure 3 : Indice global mondial Barclays
Capitalisation boursière des titres de créance dégageant des rendements en revenu négatifs
Sources : Bloomberg, Barclays, RBC GMA
Le redressement des actions pousse l’indice S&P 500 au-dessus de la juste valeur
Les actions progressent depuis le début de juin, soutenues par la politique monétaire accommodante des banques centrales et la dépréciation du dollar américain. L’indice S&P 500 a mené l’embellie mondiale, gagnant près de 10 % depuis le début de juin pour atteindre un sommet inégalé et légèrement dépasser notre estimation de la juste valeur (figure 4). Les gains des actions non américaines ont été moins substantiels, et les autres marchés boursiers du monde ont maintenu un écart intéressant en dessous de la juste valeur.
Figure 4 : Point d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Les bénéfices sont essentiels pour soutenir la progression des actions
L’indice S&P 500 s’établissant maintenant au-dessus de la juste valeur, d’autres gains suivront possiblement la croissance des bénéfices. Cependant, la croissance des bénéfices stagne. Seize pour cent des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats du deuxième trimestre et, même si environ les trois quarts ont dépassé les attentes, le taux de croissance des bénéfices totaux n’a pas bougé durant le trimestre. Les secteurs de l’énergie et des matières, ainsi que certaines grandes sociétés technologiques plombent le bénéfice global de l’indice. Toutefois, les répercussions négatives de la chute des prix des produits de base sur les bénéfices pourraient s’avérer temporaires, et les analystes s’attendent à ce que les bénéfices du S&P 500 se redressent au quatrième trimestre (figure 5).
Figure 5 : Bénéfice par action des sociétés du S&P 500
Variation en % du bénéfice trimestriel par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente
Sources : Thomson Reuters, RBC GMA
Composition de l’actif – maintien d’une légère surpondération des actions et sous-pondération des obligations
Nous nous attendons à ce que l’économie continue de croître, mais nous sommes conscients que l’expansion qui dure depuis une décennie aux États-Unis est arrivée à maturité. Les mesures de relance monétaire peuvent stimuler la croissance, mais une baisse de 25 pb par la Fed n’est pas substantielle et les baisses de taux coïncident généralement avec la fin d’une phase de croissance. Par conséquent, nous maintenons une composition de l’actif qui reflète un optimisme prudent. Les rendements prévus des titres à revenu fixe ne sont pas intéressants compte tenu de leurs taux historiquement bas, voire négatifs ; nous maintenons donc une sous-pondération des obligations. En comparaison, les actions offrent un bien meilleur potentiel de hausse, à condition que l’économie évite la récession et que les bénéfices renouent avec la croissance. Cela dit, les évaluations plus élevées des actions américaines indiquent que nos attentes de rendement global devraient être modérées. Pour ces raisons, nous n’affichons qu’une légère surpondération des actions. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 57,5 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 55 %), 40,0 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 43 %) et 2,5 % en liquidités.