Regard sur les placements mondiaux
Le dernier numéro de notre bulletin trimestriel Regard sur les placements mondiaux vient de paraître. Vous y trouverez notamment un article sur l’économie intitulé Des progrès malgré les nouveaux risques.
Sommaire
On peut dire que les nouvelles sur la COVID-19 commencent à pointer dans la mauvaise direction.
Bien que le nombre de décès demeure relativement faible et que l’économie continue de progresser, les données brutes sur le virus ont recommencé à se détériorer. La situation est possiblement en train d’empirer aux États-Unis. Le taux de croissance économique pourrait être sur le point de fléchir à mesure que les efforts de lutte contre le virus s’intensifient. Les perspectives de mise au point d’un vaccin se sont légèrement assombries (même si elles demeurent relativement bonnes). Les populations les plus pauvres du monde sont touchées de façon disproportionnée.
Évolution de l’épidémie
Le nombre quotidien de nouveaux cas de COVID-19 à l’échelle mondiale, qui a atteint 300 000, continue d’établir de nouveaux records (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 à l’échelle mondiale
Nota : Données en date du 18 septembre 2020. La pointe du 13 février 2020 est attribuable à un changement de méthode. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Au total, le nombre de cas s’élève maintenant à près de 30 millions, tandis que le nombre de décès est sur le point d’atteindre un million. Heureusement, les décès quotidiens n’établissent quant à eux pas de nouveaux records actuellement. Ils affichent même une légère baisse attribuable aux raisons évoquées plus loin.
La majorité des nouveaux cas se trouvent toujours dans les pays émergents. En Inde toutefois – le pays le plus touché de ce groupe en fonction du nombre absolu de cas –, la courbe s’aplatit timidement après avoir affiché une longue augmentation (voir le graphique suivant). Il faut dire que ce pays nous a déjà dupés, lorsque les données sur les infections s’étaient brièvement stabilisées à la mi-août. Cependant, l’aplatissement actuel est déjà plus durable que le précédent. Par conséquent, il y a de fortes chances que les données de l’Inde commencent à s’améliorer dans les semaines à venir.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Inde
Nota : Au 18 septembre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et des décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
En Amérique latine, le nombre d’infections demeure assez élevé. Cependant, dans les principaux foyers comme le Brésil, le Pérou et le Mexique, on observe principalement des améliorations. Ailleurs, la Chine continue de faire particulièrement belle figure. En Afrique du Sud, les données se sont considérablement améliorées. Cependant, la situation se détériore de nouveau en Iran et en Russie, et certains pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne, enregistrent maintenant un nombre croissant d’infections.
L’Europe est toujours en proie à la deuxième vague de l’épidémie sur son territoire. La France enregistre maintenant 11 000 nouveaux cas par jour, un chiffre qui continue d’augmenter sans relâche. En Espagne, malgré un nombre similaire de nouveaux cas quotidiens, le taux d’augmentation ralentit enfin et le pays a annoncé un nouvel ensemble de mesures de confinement (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Espagne
Nota : Au 18 septembre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et des décès.
Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Le Royaume-Uni, qui suit toujours une fâcheuse trajectoire à la hausse, enregistre maintenant quelque 4 000 nouveaux cas par jour, un chiffre qui continue d’augmenter rapidement.
De même, les problèmes empirent au Canada. Le pays affiche environ 1 000 nouveaux cas par jour après avoir touché un creux d’environ 300 à 400 cas par jour au cours de l’été (voir le graphique suivant). On observe des augmentations importantes en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Canada
Nota : Au 18 septembre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et des décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Jusqu’à récemment, la situation s’améliorait aux États-Unis, qui avaient quelque peu maîtrisé la deuxième vague sur leur sol. Cette tendance s’est toutefois interrompue et la situation a même recommencé à s’aggraver quelque peu (voir le graphique suivant). Il s’agit d’une évolution regrettable, étant donné que les États-Unis ont fait office de phare parmi les pays développés pour avoir réussi à maîtriser la deuxième vague sans subir trop de dommages économiques.
De plus, même si le nombre de cas aux États-Unis ne se remettait pas à augmenter malgré les difficultés entraînées par la réouverture des écoles, l’arrivée du temps froid ainsi que le redémarrage des secteurs économiques, le nombre absolu de cas est toujours loin d’être idéal, avec quelque 40 000 nouveaux cas par jour.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Au 18 septembre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et des décès.
Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Deuxième vague
Dans un contexte où la plupart des pays développés connaissent une deuxième vague, le processus d’assouplissement des mesures de distanciation sociale commence à s’inverser. En Europe continentale, cette inversion est déjà bien engagée.
Le Royaume-Uni et le Canada commencent aussi à resserrer leurs règles.
Au Royaume-Uni, la taille des rassemblements sociaux autorisés est passée à six personnes, un couvre-feu généralisé à partir de 22 h a été imposé dans le nord-est de l’Angleterre, et on demande aux gens de limiter leurs sorties et leurs interactions avec les autres. Les écoles de la région restent ouvertes, tout comme les entreprises de l’ensemble des principaux secteurs. Un groupe de conseillers scientifiques britanniques de premier plan a proposé un second confinement national qui coïnciderait avec les vacances scolaires d’automne. Cependant, le premier ministre a jusqu’à présent rejeté toute proposition de mise à l’arrêt considérable.
Au Canada, l’Ontario et le Québec ont adopté une approche très semblable à celle du Royaume-Uni : les rassemblements sociaux sont restreints à un nombre de personnes plus limité qu’auparavant dans certaines régions. Le Québec a également ordonné la fermeture des bars, des restaurants et des casinos à minuit.
Nous avons déjà expliqué que les responsables politiques essaient de jongler avec trois objectifs concurrents :
- réduire au minimum le nombre d’infections
- maximiser la production économique ;
- maximiser la quantité d’interactions sociales possibles (ce que l’on peut considérer comme « amusant »).
Or, des compromis considérables entre ces trois objectifs doivent évidemment être faits. À mesure que les problèmes liés au premier objectif s’aggravent, il faut inévitablement faire des sacrifices à l’égard des deux autres. Pour l’instant, ces gouvernements optent principalement pour la restriction des interactions sociales, de manière à garder la production économique intacte.
Au Canada, seule la Colombie-Britannique, qui a récemment fermé ses boîtes de nuit et ses salles de réception, fait exception.
À ce stade, il n’est pas clair que les gouvernements en font assez pour maîtriser la deuxième vague. Les nouvelles concernant l’intensification de la propagation de la COVID-19 pourraient persuader le public de faire preuve d’une plus grande prudence, ce qui représenterait une solution volontaire. Il se pourrait aussi que les gouvernements décident ultérieurement de redoubler d’efforts pour limiter les interactions sociales. Encore – et c’est le dénouement que nous considérons le plus probable –, ceux-ci pourraient devoir envisager de limiter explicitement les activités économiques les plus risquées : une décision coûteuse sur le plan financier, mais inévitable si aucune autre solution ne fonctionne.
Problèmes de dépistage
Dans de nombreux pays développés, il est devenu plus difficile d’obtenir un test de dépistage la COVID-19. Dans certains cas, la quantité de tests effectués a commencé à diminuer au cours de l’été, conséquence d’une réduction de l’offre.
Cependant, le problème est principalement attribuable à une augmentation de la demande de tests :
- Le nombre de personnes infectées par la COVID-19 augmente et, par le fait même, le nombre de personnes ayant été en contact avec une personne infectée.
- Actuellement, en raison de l’accroissement des interactions sociales au cours des derniers mois, une personne malade a été en contact avec, en moyenne, plus de personnes qu’aux premiers stades de la pandémie, ce qui nécessite un plus grand nombre de tests de suivi.
- Le retour à l’école est un nouveau vecteur possible de transmission. Ainsi, lorsqu’un élève reçoit un résultat positif, les autres élèves de sa cohorte, et peut-être même de toute son école, doivent passer un test.
- De nombreux gouvernements ont encouragé quiconque à se faire tester, même en l’absence de symptômes et de contacts avec une personne infectée. Les gouvernements devront peut-être revoir ce message.
- La saison du rhume et de la grippe commence : de nombreuses personnes présenteront donc bientôt des symptômes associés à la COVID-19.
Heureusement, le nombre de tests est actuellement en hausse dans de nombreux pays, mais d’autres augmentations importantes seront probablement nécessaires. Des résultats précis en temps réel représenteraient un pas de géant. La technologie est toutefois encore imparfaite pour le moment.
Cas et décès
Comme nous l’avons noté plus tôt, même si le nombre de cas d’infection quotidiens est sans précédent, le nombre de décès quotidiens ne suit pas la même tendance. À titre d’exemple, le Canada enregistre deux fois moins de cas d’infection qu’en mai, mais 50 fois moins de décès. D’autres pays font état de divergences tout aussi énormes.
Deux questions évidentes se posent : pourquoi cet écart s’est-il creusé et devrait-il inciter les gouvernements à rectifier le tir ?
Pourquoi cet écart est-il apparu ?
Les décès n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions que les cas pour plusieurs raisons :
- On sait qu’il faut plusieurs semaines avant que le nombre de décès suive le nombre de cas d’infection, mais ce facteur n’est pas la raison principale du décalage.
- La première vague d’infection a fort probablement été sous-estimée dans une large mesure. Par conséquent, la première vague a sans doute été beaucoup plus forte dans la plupart des pays que la seconde, même lorsque les statistiques officielles sur le virus laissent entendre le contraire. Il est donc logique que les chiffres des décès, qui ont été moins faussés dans l’ensemble, soient relativement meilleurs cette fois-ci.
- La deuxième vague de contamination tend à frapper les jeunes. Les personnes âgées et les plus vulnérables demeurent bien protégées. Il en résulte une énorme différence. La COVID-19 est des centaines de fois plus mortelle pour les gens de plus de 60 ans par rapport à la tranche d’âge de moins de 40 ans, sans parler du fossé entre les personnes très âgées et les plus jeunes d’entre nous.
- La qualité des soins médicaux s’est considérablement améliorée. Non seulement les hôpitaux sont moins débordés qu’au printemps, mais le traitement de la maladie a nettement progressé grâce à de meilleures procédures et aussi à de meilleurs médicaments, notamment le remdésivir et la dexaméthasone, qui réduisent chacun de 30 à 50 % la probabilité de décès.
Nous avons avancé il y a quelques semaines que si le taux de mortalité réel initial était de 0,5 % à 1,0 % - comme plusieurs études dignes de foi l’ont fait valoir - l’amélioration des soins médicaux aurait théoriquement dû réduire à elle seule le taux de mortalité à un pourcentage compris entre 0,1 % et 0,5 %, soit de deux à cinq fois moins qu’auparavant pour la même cohorte.
Les gouvernements devraient-ils rectifier le tir en conséquence ?
Il est très réjouissant d’apprendre que le taux de mortalité a probablement diminué et que, par conséquent, il est sans doute vrai que le nombre de décès lors de la deuxième vague est moindre.
Cependant, la COVID-19 demeure nettement plus mortelle que la grippe. De plus, elle se transmet plus facilement que la grippe, et semble également causer des dommages graves et potentiellement durables à un grand nombre de ceux qui survivent à son agression initiale. Par conséquent, il vaut mieux tout faire pour l’éviter.
Alors, les responsables des politiques devraient-ils revoir leurs stratégies de lutte contre le virus ? Cette évolution constitue indéniablement un argument supplémentaire en faveur de la relance de l’économie et de l’atteinte de l’immunité collective. Cependant, la meilleure stratégie consiste probablement encore à limiter la propagation du virus, d’autant plus que les efforts déployés à cette fin ne semblent pas nécessiter un arrêt complet de l’activité économique et qu’un vaccin sera probablement accessible au cours des prochains trimestres.
Les États-Unis ont-ils moins de décès que d’habitude ?
Nous avons récemment vu plusieurs rapports faisant référence à un graphique censé montrer une forte chute du nombre de décès aux États-Unis, qui serait nettement inférieur à la normale en ce moment (voir le graphique suivant).
Données non pondérées et ne tenant pas compte de la sous-estimation
Nota : Données pour la semaine se terminant le 5 septembre 2020. Les données des dernières semaines sont incomplètes du fait que la transmission des actes de décès au National Center for Health Statistics (NCHS) peut prendre huit semaines ou plus. Sources : CDC, Macrobond, RBC GMA
Il s’agit bel et bien de données réelles du Center for Disease Control des États-Unis. Toutefois, nous sommes loin d’être convaincus que le nombre de décès aux États-Unis soit maintenant nettement inférieur à la normale au moment même où une pandémie se déroule.
Il est essentiel de savoir que le graphique est construit à l’aide de données rétroactives indiquant le moment où chaque personne est décédée, et non le moment où le décès a été mis en tableaux. Étant donné que la préparation des documents associés aux décès entraîne un délai de déclaration pouvant atteindre huit semaines, les données des huit dernières semaines sont toujours en deçà de la réalité. En d’autres termes, le nombre de décès signalés - et donc le nombre de décès excédentaires - devrait toujours s’effondrer à la toute fin de la série et faire l’objet d’une correction plus tard, soit à mesure que les données tardives arrivent.
Ce raisonnement présente toutefois une faille non apparente : le CDC indique qu’il fait un ajustement afin de minimiser ce biais. Donc, la forte baisse annoncée est-elle réelle après tout ? Elle semble encore très douteuse, et ce, pour plusieurs raisons :
- La série de données correspondait parfaitement aux attentes jusqu’à il y a environ deux mois, moment où la distorsion théorique entre en jeu.
- Nous savons que la COVID-19 cause plus de 5 000 décès chaque semaine. Donc, toutes choses étant égales par ailleurs, le nombre de décès devrait être à l’heure actuelle légèrement supérieur à la normale.
- Il serait plausible d’affirmer que les décès non liés à la COVID-19 pourraient théoriquement être inférieurs à la normale en raison de la baisse des accidents de voiture résultant de la réduction du nombre de navetteurs, de la diminution des décès dus à la grippe, etc. Or, si ces facteurs avaient permis de sauver la vie de quelque 20 000 personnes par semaine selon les données finales du graphique, ce nombre n’aurait-il pas été plus élevé au moment où les mesures de confinement au pays étaient les plus strictes et où les déplacements par automobile étaient réduits au minimum en début d’année ? Nous constatons plutôt que le nombre de décès non liés à la COVID-19 a été assez stable et en apparence normal tout au long de la période précédant les deux derniers mois.
- Nous suivons maintenant les révisions de cette série de données depuis une semaine. La semaine dernière, le nombre de décès signalés pour la semaine du 29 août était de 46 079. Cette semaine, l’estimation est passée à 54 725. Au cours des prochaines semaines, ce chiffre continuera probablement d’augmenter au point d’atteindre un niveau réaliste d’environ 60 000.
Puisque nous nous sommes lancés à fond dans l’étude des données du CDC, soulignons aussi que les États-Unis ont enregistré 225 000 décès de plus depuis l’arrivée de la COVID-19. En fait, ce nombre est légèrement supérieur aux 199 000 décès officiellement causés par la COVID-19. Nous présumons qu’une grande partie de la différence représente des décès attribuables à la COVID-19 qui n’ont pas été déclarés comme tels en raison des nombreuses façons dont le virus peut frapper.
Comment la COVID-19 se propage-t-elle ?
Il s’agit depuis le début d’une grande question pour nous, à laquelle aucune réponse tout à fait satisfaisante n’a été apportée. Les gens qui tombent malades sont-ils pour la plupart des professionnels de la santé de première ligne ? Sont-ils des travailleurs du secteur des services en contact avec le public ? Font-ils partie de ceux qui ne suivent pas les recommandations concernant le port du masque et la distanciation sociale ? Ou sont-ils simplement des malchanceux qui, malgré leur prudence, croisent la mauvaise personne au mauvais moment ?
Nous n’avons toujours pas de bonnes réponses à ces questions, en grande partie parce que beaucoup de gens n’ont probablement aucune idée de la façon dont ils ont été infectés. Nombreux sont ceux qui auraient été contaminés par des personnes asymptomatiques, présentant des symptômes minimaux ou présymptomatiques. La personne dont les symptômes ne se manifestent qu’une semaine ou plus après l’infection aura beaucoup de difficulté à se souvenir de son emploi du temps pendant les nombreux jours précédents.
Les conclusions que nous sommes en mesure de tirer reposent principalement sur des recherches et des études en laboratoire dont les auteurs évaluent les statistiques plutôt que de rechercher les contacts des personnes infectées.
- La transmission par objets semble être minime.
- L’utilisation du masque facial contribue à réduire la transmission.
- La durée du contact avec une personne infectée est un facteur déterminant : plus la durée est longue, plus le risque est grand.
- Un récent article de la revue Lancet a révélé une forte corrélation de 0,7 entre les données sur la mobilité de chaque comté des États-Unis et la croissance du nombre de cas de COVID-19 dans le comté. En d’autres termes, les endroits où les gens se déplaçaient beaucoup étaient plus susceptibles de souffrir d’une épidémie. Cette constatation semble logique.
- Comme nous l’avons mentionné la semaine dernière, selon une récente analyse du CDC, bien que le virus risque davantage de frapper ceux qui ont pris part à un rassemblement de plus de dix personnes, qui ont utilisé le transport en commun ou dont un proche est atteint de la COVID-19, le prédicteur de loin le plus important est la fréquentation d’un restaurant avec service aux tables ou d’un bar. Il est franchement étonnant qu’une personne ait plus de chances d’être contaminée de cette façon que par un membre de sa famille atteint de la COVID-19 vivant avec elle.
- Dans une déclaration illustrant qu’à peu près rien ne peut être affirmé avec une conviction absolue, et qui semble contredire l’étude précédente, la province de Québec a récemment justifié ses dernières restrictions par un commentaire du ministre de la Santé selon lequel les rassemblements privés et les événements comme les barbecues et les mariages étaient la cause d’une grande partie de la propagation communautaire dans la province, alors que les bars et les restaurants n’avaient pas provoqué un nombre important de cas d’infection.
- Les jeunes transmettent maintenant le virus plus que les personnes âgées. On ne sait pas s’il en est ainsi parce qu’ils sont moins responsables (peut-être parce qu’ils se savent moins vulnérables), qu’ils constituent la plus grande cohorte de personnes (contrairement à ce que l’on croit généralement, les personnes faisant partie de la plus grande tranche d’âge de cinq ans aux États-Unis sont âgées de 25 à 29 ans), que les personnes de cet âge sont naturellement les plus actives et les plus sociables, ou qu’elles sont plus susceptibles d’occuper des emplois de première ligne dans le secteur des services, où le virus peut se transmettre plus aisément.
Le développement durable au point mort
La Fondation Gates a publié récemment son dernier rapport annuel Goalkeepers, qui passe en revue l’état d’avancement des objectifs de développement durable des Nations Unies. La plupart des années, ce rapport fait état de progrès encourageants en matière de réduction de la pauvreté extrême et de réalisation d’objectifs de santé. En effet, alors que l’économie mondiale n’a connu qu’une croissance molle au cours de la dernière décennie, l’amélioration de la qualité de vie mesurée par ces deux indicateurs a été une source de réconfort.
Mais après plusieurs années de progrès, bon nombre de ces indicateurs se sont gravement détériorés à cause de la pandémie. Voici quelques-unes des mauvaises nouvelles qui retiennent l’attention :
- La pauvreté extrême a augmenté de 7 % en raison de la COVID-19. Cela signifie que 37 millions de personnes de plus vivent désormais avec moins de 1,90 $ US par jour, qui correspond au seuil de pauvreté extrême. Les inégalités de revenu ont également augmenté.
- La couverture vaccinale des enfants (pas pour la COVID-19, mais pour une myriade d’autres maladies curables) a régressé de 25 ans en arrière, soit au niveau des années 1990. Il s’agit d’un indicateur représentatif du fonctionnement général du système de soins de santé.
- On prévoit que le nombre de nouveaux cas de paludisme augmentera de 10 % après avoir stagné pendant plusieurs années.
- Les pays les plus pauvres ont beaucoup moins de marge de manœuvre pour soutenir leur économie : le financement des mesures de relance représente en moyenne 22 % du PIB dans les pays du G20, contre seulement 3 % dans les pays d’Afrique subsaharienne.
- À l’échelle mondiale, la proportion d’enfants qui terminent l’école primaire en ayant atteint un niveau de compétence minimum en lecture devrait diminuer de 5 à 10 points de pourcentage.
- Si les pays les plus riches achètent les deux premiers milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 plutôt que de les distribuer de façon plus équitable, presque deux fois plus de personnes pourraient mourir de l’épidémie.
Tout cela est bien déprimant. Il y a lieu de penser que ce recul pourra être effacé en grande partie au cours des prochaines années, mais cela représente néanmoins un sérieux échec.
Baisse de la mobilité
Récemment, les indicateurs d’Apple sur la mobilité ont baissé de façon assez marquée (voir les trois graphiques suivants).
Tendances en matière de mobilité d’Apple, Espagne
Nota : Au 15 septembre 2020. Sources : Rapports d’Apple sur les tendances en matière de mobilité, RBC GMA
Tendances en matière de mobilité d’Apple, États-Unis
Nota : Au 15 septembre 2020. Sources : Rapports d’Apple sur les tendances en matière de mobilité, RBC GMA
Tendances en matière de mobilité d’Apple, Canada
Nota : Au 15 septembre 2020. Sources : Rapports d’Apple sur les tendances en matière de mobilité, RBC GMA
Pourquoi les indicateurs de mobilité sont-ils en baisse ?
- La baisse de la mobilité est peut-être simplement le reflet d’une augmentation du nombre d’infections et d’un resserrement des règles gouvernementales. Cela semble tout à fait probable pour l’Espagne. Cependant, les États-Unis bénéficiaient d’une amélioration du nombre de cas de COVID-19 jusqu’à tout récemment et le pays n’a pas renforcé ses restrictions. De plus, la baisse de la mobilité aux États-Unis est plus marquée qu’elle ne l’était au cours de la deuxième vague. Et bien que le nombre d’infections au Canada augmente de façon subtile depuis quelque temps, cela ne suscite pas de panique et la réponse politique est assez récente et a été plutôt mesurée. Par conséquent, bien que la pandémie explique probablement une partie de la baisse de la mobilité, nous croyons que d’autres facteurs entrent également en jeu.
- Les vacances d’été sont maintenant terminées dans l’hémisphère nord et le monde est retourné au travail ou à l’école. Au départ, il n’était pas évident de savoir si cela entraînerait une augmentation ou, au contraire, une diminution de la mobilité – les gens conduisent-ils davantage quand ils sont en vacances ou quand ils travaillent ? – mais on peut raisonnablement conclure que les personnes utilisent davantage leur voiture pendant les vacances. En outre, l’été est connu pour être la saison où on conduit le plus.
- Maintenant, le temps rafraîchit et, logiquement, les gens se rendent moins à la plage ou au parc. Peut-être aussi qu’ils marchent moins en général. Bien entendu, cela ne signifie pas nécessairement que l’économie a été plus faible qu’avant.
En conclusion, nous ne sommes pas convaincus que l’économie soit durement affectée, même si on constate une baisse des chiffres de la mobilité.
En règle générale, les données économiques traditionnelles sont corrigées des variations saisonnières : elles sont traitées de manière que les étudiants qui quittent leur emploi d’été ne fassent pas baisser le taux d’emploi, et que la période de magasinage des fêtes ne se traduise pas par une explosion, puis une chute, des ventes au détail.
Mais nous ne pouvons pas ajuster les données sur la mobilité de façon saisonnière, de même que la plupart des données économiques en temps réel. Pour le faire correctement, il faudrait de nombreuses années de données historiques qui n’existent tout simplement pas. Pour cela, nous aurions besoin d’au moins une année de données normales pour comparer la période de la COVID-19, et de telles données n’existent pas non plus, pour la plupart. Peut-être que les coefficients saisonniers des indicateurs traditionnels pourraient être réutilisés pour les indicateurs en temps réel, mais les résultats seraient trop peu précis.
Les distorsions saisonnières avaient peu d’importance au départ, car l’ampleur de la contraction et du rebond de l’économie a été si grande qu’elle a éclipsé tout aspect saisonnier. Mais ce n’est plus le cas maintenant que la reprise s’est stabilisée à un rythme plus lent.
À l’avenir, il semble que nous devrons nous fier davantage aux indicateurs économiques traditionnels. Cela ne représente pas un gros sacrifice dans la mesure où l’économie n’est plus aussi dynamique qu’auparavant, mais c’est regrettable puisque la deuxième, voire la troisième vague qui se profile à l’horizon mériterait un examen plus attentif.
À tout le moins, il existe heureusement quelques moyens d’obtenir des données à haute fréquence sur l’économie américaine. Par exemple, le nombre de demandes initiales de prestation d’assurance-emploi aux États-Unis est tombé la semaine dernière à 860 000 (contre 893 000), soit le niveau le plus bas depuis le début de la pandémie. La baisse des demandes continue a été encore plus impressionnante, passant de 13,5 millions à 12,6 millions, ce qui représente près d’un million de chômeurs de moins.
Si on y ajoute les prévisions générales de croissance – que reflètent la décision de la Réserve fédérale américaine et les récentes prévisions économiques générales, selon lesquelles 10 des 13 principaux pays développés ont enregistré une amélioration de leurs perspectives pour 2020 – il semblerait que la reprise se poursuive alors même que les données sur la mobilité sont en baisse.
Le point sur les mesures budgétaires
Mesures budgétaires aux États-Unis
Les États-Unis ont déjà été aux prises avec plusieurs murs budgétaires, d’abord lorsque les chèques forfaitaires ont été émis en avril (ce qui s’est traduit par une forte chute du revenu des ménages en mai), et, plus récemment, lorsque le programme amélioré d’assurance-emploi a été réduit début août.
Au total, le montant des mesures de soutien budgétaire aux États-Unis a diminué de quelque 200 milliards de dollars par mois par rapport à son sommet d’avril, bien que le niveau du revenu des ménages – c’est-à-dire le revenu propre des ménages plus le soutien financier du gouvernement – demeure conforme aux niveaux d’avant la pandémie, quoiqu’inférieur d’environ 13 % au maximum qu’il avait atteint brièvement.
Bien que la diminution du soutien budgétaire pourrait donner un sérieux coup de frein à l’économie, nous n’avons pas constaté trop de dégâts jusqu’à maintenant. Par exemple, les ventes au détail aux États-Unis ont été de nouveau en hausse en août, même si le chômeur moyen a perdu plusieurs centaines de dollars de revenu par semaine.
Les chômeurs qui choisissent de retourner sur le marché du travail pourraient aider à compenser la baisse de l’économie puisque le montant de leurs indemnités d’assurance-emploi est devenu moins intéressant. Cependant, un sondage réalisé par le Bipartisan Policy Center a révélé que seulement 16 % des personnes qui perçoivent des prestations sans chercher du travail avaient indiqué qu’ils le faisaient parce que le montant qu’ils recevaient était supérieur à celui du salaire qu’ils touchaient auparavant.
À présent, les négociations se poursuivent autour d’un nouveau plan d’aide visant à éviter une autre dégradation importante du soutien budgétaire. La Maison-Blanche a indiqué récemment qu’elle accepterait le compromis bipartisan de 1,5 billion de dollars proposé par des républicains modérés, mais peu de progrès tangibles ont été réalisés malgré le fait que la chef du parti démocrate, Nancy Pelosi, ait indiqué qu’elle approuverait un plan moins ambitieux pour couvrir la période préélectorale. La bataille à venir pour combler le siège laissé vacant à la Cour Suprême menace de saboter toute tentative sérieuse de compromis budgétaire.
Mesures budgétaires au Canada
Le discours du Trône du Canada sera prononcé le 23 septembre et, avec lui, la direction que prendra la politique fiscale du pays. Avec la nomination d’une nouvelle ministre des Finances et des rumeurs d’une nouvelle vision expansionniste audacieuse, une expansion massive de l’appareil gouvernemental est possible, que ce soit sous la forme d’un régime d’assurance-médicaments élargi, d’un soutien accru aux services de garde ou d’une augmentation permanente du soutien financier aux Canadiens sans emploi ou aux ménages à faible revenu. L’actuelle formation d’un gouvernement minoritaire penchant vers la gauche rend ces programmes possibles.
Cependant, comme une deuxième vague de COVID-19 déferle maintenant sur le Canada, les efforts des dirigeants sont de nouveau tournés vers les mesures visant à contrôler le virus et à soutenir l’économie pendant cette période difficile. Autrement dit, l’attention sera accordée au déploiement de mesures temporaires plutôt que permanentes.
La pandémie elle-même n’exige pas une expansion durable des pouvoirs publics ni un outil permanent de création de revenus. Et comme le pays émerge de la pire récession de son histoire, une hausse des impôts serait tout à fait surprenante.
La Prestation canadienne d’urgence (PCU), principal programme d’aide d’urgence du Canada pour les chômeurs, devrait prendre fin le 27 septembre et être remplacée par plusieurs nouveaux programmes. Des quatre millions de personnes qui touchent actuellement la PCU, trois millions devraient passer à une forme simplifiée d’assurance-emploi, tandis que l’autre million devrait être admissible aux nouveaux programmes du gouvernement : la Prestation canadienne de la relance économique, la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique et la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants. Le programme d’assurance-emploi a été amélioré tant sur le plan financier que de l’admissibilité. Toutefois, les prestataires de l’assurance-emploi et de la PCU toucheront un peu moins qu’avant, soit 400 $ par semaine comparativement à 500 $.
D’après une recherche de l’Institut C.D. Howe, les travailleurs qui ont perdu leur emploi à temps partiel continueront de toucher un revenu de remplacement pouvant atteindre 200 % de leur précédent salaire, ce qui est un frein important au travail. En revanche, les personnes qui travaillaient à temps plein au salaire minimum verront leur salaire remplacé par seulement 65 % à 86 % de leur précédent salaire, selon la province.
Le point sur les élections aux États-Unis
Il ne reste plus que six semaines avant les élections aux États-Unis. Les sondages continuent de donner une légère avance au candidat démocrate Joe Biden, d’environ 7 points de pourcentage.
Ce qui se comprend peut-être de façon plus intuitive, c’est la probabilité que M. Biden remporte la course à la présidence face au président sortant Trump. Le marché des paris PredictIt indique que M. Biden a une avance de 13 points de pourcentage. C’est une avance importante, mais peu concluante (voir le graphique suivant). En outre, la course s’est quelque peu resserrée au cours des derniers mois, bien que M. Trump n’ait pas réussi à reproduire la grande poussée qu’il a connue il y a quatre ans.
M. Biden dépasse M. Trump, mais l’écart s’est resserré
Nota : Au 17 septembre 2020. D’après les marchés de prédiction et les calculs de RBC GMA. Sources : PredictIt, RBC GMA
Il est intéressant de noter qu’il existe une variation importante de la probabilité que M. Biden gagne, selon la source. Les soi-disant superprévisionnistes du projet Good Judgement Open donnent à M. Biden un avantage de 30 points de pourcentage. Le site fivethirtyeight.com, qui s’appuie sur les sondages de chaque État, donne un avantage de 54 points de pourcentage à M. Biden, alors que le magazine The Economist lui donne une avance énorme de 72 points de pourcentage (autrement dit, cela signifie que M. Biden aurait 86 % de chances de l’emporter, contre 14 % pour Trump). Par conséquent, dur de prédire les résultats de l’élection – qui pourrait être serrée ou gagnée d’avance, selon la source.
Parmi les principales incertitudes, notons le fait que le résultat de l’élection de 2016 a été contraire aux attentes. L’analyse du New York Times indique que si les sondages se trompaient autant en 2020 qu’en 2016, M. Trump remporterait un second mandat. C’est certainement possible, mais loin d’être probable si l’on se fie aux probabilités ci-dessus. La réalisation de sondages tient autant de l’art que de la science. Un groupe démographique donné répond aux sondages différemment d’un autre groupe, selon un niveau de franchise différent. Pour corriger ces biais, les sondeurs ont toujours dû rajuster les résultats. Les rajustements apportés avant l’élection de 2016 étaient clairement insuffisants, ne parvenant peut-être pas à cerner le nombre important d’électeurs « timides » qui étaient réticents à révéler leur intention de voter pour M. Trump. Ces leçons devraient (du moins en théorie) se refléter dans les sondages de 2020.
Bien sûr, les conditions pourraient changer au cours du prochain mois et demi en raison du nombre inhabituel d’éléments imprévisibles dans l’équation (et d’autres possiblement à venir). Notamment :
- les manifestations contre l’injustice raciale ;
- le débat concernant la nomination d’un juge à la Cour suprême ;
- la perspective d’un scrutin postal sans précédent ;
- l’incertitude générale entourant une élection pendant une crise économique et sanitaire.
Il semble toujours probable que le Congrès passe aux mains des démocrates, bien que la course au Sénat demeure particulièrement serrée (voir le graphique suivant, et noter les deux axes différents).
Une victoire totale probable des démocrates
Nota : Au 17 septembre 2020. Écart entre la probabilité pour le Parti démocrate et le Parti républicain de remporter la course à la Maison-Blanche. D’après les marchés de prédiction et les calculs de RBC GMA. Sources : PredictIt, RBC GMA
Répercussions sur le dollar américain
Le dollar américain a été relativement stable au cours des derniers mois. Fait important à noter : il a fortement chuté par rapport à son sommet du début de mars ainsi que par rapport à la norme des dernières années. À notre avis, le dollar est maintenant dans un marché baissier structurel. Nous prévoyons qu’il perdra encore de sa valeur au cours des prochaines années, quoique de façon moins musclée que lors du premier épisode baissier.
Par ricochet, d’autres grandes devises se sont appréciées. Le dollar canadien, pour sa part, a bondi de 6 cents depuis son creux de la fin mars, ce qui ne fait que le ramener à la moyenne de 2019. Nous nous attendons à ce que le dollar canadien se raffermisse davantage au cours des prochaines années, mais pas dans la même mesure que d’autres grandes devises.
L’objectif de cette note n’est pas tant d’apporter une justification à cette perspective monétaire, qui repose sur diverses considérations, notamment la surévaluation du billet vert, la perte du leadership américain à l’échelle mondiale, la perspective d’un adoucissement de ton de la part de la Réserve fédérale, l’abandon de la modération budgétaire aux États-Unis et l’inversion du processus de dollarisation des réserves de change mondiales.
Nous voulons plutôt commencer à mettre en lumière les diverses répercussions de cette transition de devises. Voici quelques considérations importantes :
- La hausse du prix de l’or est en partie attribuable à l’affaiblissement du statut du dollar, qui permet aux autres devises de progresser (dont la plus ancienne quasi-monnaie : l’or).
- La dépréciation d’une monnaie peut avoir un effet modérément inflationniste pour un pays, et légèrement déflationniste pour d’autres. Les perspectives inflationnistes aux États-Unis sont donc un peu plus élevées et celles du reste du monde un peu plus faibles.
- La dépréciation d’une monnaie stimule la compétitivité d’un pays, ce qui rend les États-Unis un peu plus concurrentiels par rapport à ses pairs. Par conséquent, on pourrait s’attendre à ce que l’économie américaine croisse progressivement plus rapidement que d’autres économies.
- Cependant, il y a un autre point à considérer : compte tenu du rôle central du dollar américain dans les opérations internationales, une baisse de 1 % de la valeur du dollar est théoriquement associée à une hausse de 0,6 % du volume des échanges dans le reste du monde. Cela pourrait atténuer les bénéfices de la compétitivité susmentionnée.
- Bien entendu, la dépréciation d’une monnaie affaiblit le pays sur le plan technique. Dans le cas des États-Unis, cela signifie une moins grande capacité d’augmenter ses avoirs étrangers. Inversement, les actifs américains deviennent plus accessibles pour le reste du monde.
- La dépréciation du dollar américain peut être bénéfique, sous deux grands aspects, pour les pays émergents. En premier lieu, ils ne souffrent pas des sorties de capitaux qui se manifestent souvent lorsque le dollar gagne en vigueur. Et, en second lieu, leur dette en dollars américains devient moins importante en monnaie locale.
- Enfin, l’affaiblissement du billet vert signifie que les rendements des marchés financiers américains devraient être proportionnellement plus faibles pour les investisseurs non américains en monnaie locale. Le déclin de la devise rogne les rendements.
Jusqu’à présent, la transition de devises n’a été que modérée, bien que rapide. Or, si le présent cycle du dollar se révèle à l’image de nombreux autres cycles précédents – entraînant un changement considérable sur une période de cinq à huit ans –, certains de ces facteurs pourraient commencer à devenir plus pertinents pour les prévisions économiques, ainsi que pour les rendements des marchés financiers.
À l’heure actuelle, il ne semble pas que l’euro ni le renminbi chinois puisse raisonnablement aspirer à devenir la nouvelle monnaie de réserve mondiale – aucun changement cataclysmique n’est en train de se produire.
Quant à savoir si la fluctuation du dollar américain est avantageuse ou non, il suffit de déterminer parmi les variables ci-dessus les plus importantes pour la partie intéressée. Mais, de façon générale, on peut dire qu’une réduction éventuelle de l’ampleur de la surévaluation du dollar américain serait saine. Toutes choses étant égales par ailleurs, l’équilibre optimal serait d’avoir des devises près de leur juste valeur.
Répercussions à long terme
Au cours des premières semaines de la pandémie, nous avons tenu une séance intensive de remue-méninges sur les répercussions à long terme de la COVID-19. Bien que six mois se soient écoulés depuis, les facteurs n’ont guère changé.
Il est néanmoins intéressant de revoir à l’occasion les dommages que nous avions anticipés, étant donné leur grande importance. Nous avons par ailleurs affiné la liste en triant les répercussions selon trois catégories distinctes (voir le tableau).
Répercussions à long terme de la COVID-19
Source : RBC GMA
La première catégorie représente des changements réellement permanents. Il n’y en a pas tant que ça. L’une de ces répercussions est l’alourdissement probablement définitif de la dette publique. Nous ne voyons tout simplement pas de stratégie viable pour rembourser la dette engendrée par les mesures de lutte contre la crise de la COVID-19. Pour cette raison, les taux d’intérêt resteront probablement plus bas qu’avant pendant très longtemps. Cela ne veut pas dire qu’ils n’augmenteront jamais (ils finiront sûrement par remonter à long terme), mais malgré leur progression, ils demeureront sans doute inférieurs aux niveaux qu’ils auraient atteints dans des circonstances normales.
La deuxième catégorie regroupe également des changements permanents, mais qui seraient survenus même sans l’éclosion de COVID-19, quoique plus tard. L’adoption accrue du magasinage en ligne (qui a presque doublé), de l’automatisation et du télétravail est un très bon exemple. Ces tendances devraient s’atténuer un peu dans les années à venir, mais une grande partie de l’augmentation persistera. Selon une étude récente menée par le Brookings Institute, un cinquième du travail de bureau devrait passer durablement en mode télétravail. Sans la pandémie, il aurait peut-être fallu cinq, dix ou vingt ans avant d’en arriver là.
La troisième catégorie comprend des changements temporaires, mais néanmoins susceptibles de durer pendant plusieurs années, de sorte qu’il est pertinent pour les investisseurs d’en tenir compte. Notons, par exemple :
- la faiblesse économique, qui devrait persister pendant quelques années ;
- la probabilité, selon nous, que les gouvernements soient plus imposants durant quelques années, avant de revenir à un niveau normal ;
- la préférence des gens pour un milieu de vie à faible densité de population, tout à fait compréhensible aujourd’hui, mais qui s’estompera probablement avec le recul du virus dans les années à venir ;
- la possibilité d’un rendement du capital investi régulier temporairement moins élevé, en raison du ralentissement de l’activité économique.
Chacune de ces répercussions et les nombreuses autres classées dans cette catégorie devraient finir par disparaître.
Appuyant l’hypothèse selon laquelle une grande partie des répercussions seront passagères, la Chine, qui a presque éradiqué le virus, rapporte que les salles d’entraînement physique, les centres commerciaux, les restaurants et même les cinémas tournent maintenant à 90 % de leur régime habituel.
Dans une récente étude de la Réserve fédérale de San Francisco, on pouvait lire qu’à la suite des pandémies passées, le taux de rendement réel avait décliné pendant environ 20 ans et ne s’était pas complètement rétabli avant une quarantaine d’années. Comme la population avait été décimée, le capital ne pouvait pas générer un rendement aussi important qu’auparavant. Or, la pandémie actuelle diffère à cet égard ; bien que le nombre de décès soit considérable et tragique, on est loin des pertes de vies humaines causées par les pandémies antérieures. Le taux de rendement ne devrait donc pas demeurer faible pendant plusieurs décennies en raison d’une diminution marquée de la population.
– Avec la contribution de Vivien Lee et de Kiki Oyerinde
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