– Avec la collaboration de Josh Nye, de Vivien Lee, d’Ana Ardila et d’Aaron Ma
Webémission sur l’économie
Pour regarder notre plus récente webémission mensuelle sur l’économie, enregistrée le 2 juillet, cliquez ici : Diminution des craintes et détérioration décalée.
Report de la date limite pour les droits de douane
La suspension de 90 jours des droits de douane réciproques, qui devait prendre fin le 9 juillet, a été prolongée jusqu’au 1er août. Afin de maintenir la pression pour les négociations, la Maison-Blanche envoie à ses partenaires commerciaux des lettres précisant les nouveaux droits de douane qui entreront en vigueur le mois prochain. Jusqu’à présent, des lettres ont été envoyées à 14 pays, dont le Japon et la Corée du Sud. Les droits de douane vont de 25 % à 40 % et sont proches des taux des droits réciproques annoncés le 2 avril, ou inférieurs à ceux-ci. Le taux des droits de douane effectif moyen annoncé jusqu’à présent est conforme à ce qui avait été proposé précédemment.
D’autres lettres seront envoyées dans les prochains jours, et pourraient concerner les quelque 60 pays visés par les droits de douane réciproques annoncés le 2 avril. Il semble que l’Union européenne (UE) ne recevra aucune lettre et serait sur le point de conclure un accord commercial provisoire. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a laissé entendre qu’une centaine de pays pourraient continuer de payer des droits de douane de base de 10 % lorsque le processus sera achevé.
Ces droits de douane généraux sont distincts des droits de douane sectoriels dont il sera question plus loin. Les lettres préviennent que des droits de douane de représailles donneront lieu à l’imposition de droits comparables et que les biens qui feront l’objet d’un transbordement pour éviter des droits de douane plus élevés dans d’autres pays seront assujettis à ces taux plus élevés.
[L]’approche du 1er août et le défi constant de négocier avec plusieurs partenaires commerciaux mettent les marchés en alerte.
Si les nouveaux taux de droits de douane proposés restent proches des taux réciproques initiaux, la situation ne représente qu’un report de trois semaines de la date butoir du 9 juillet, ce qui laisse plus de temps aux partenaires commerciaux pour négocier. Le président Trump a indiqué que « quelques » autres ententes-cadres en matière de droits de douane devraient être annoncées au cours des prochains jours, tandis que M. Bessent a indiqué qu’il s’agirait d’une « vague » d’accords.
Cependant, l’approche du 1er août et le défi constant de négocier avec plusieurs partenaires commerciaux mettent les marchés en alerte. Depuis un certain temps, nous supposons que la Maison-Blanche pourrait être tentée de mettre les bouchées doubles en ce qui concerne son programme tarifaire, maintenant que le marché boursier a repris de la vigueur et que l’optimisme à l’égard de l’économie s’est partiellement redressé.
L’imposition de droits de douane de représailles se traduirait par un taux de droits de douane effectif plus élevé que ce que nous avions supposé. Il est toutefois encourageant de constater que le Vietnam, qui s’est vu imposer l’un des taux de droits de douane réciproques les plus élevés le 2 avril, est parvenu à obtenir une baisse des droits de douane à 20 %. Ce résultat donne à penser que d’autres pays pourraient aussi réduire substantiellement ces nouveaux droits de douane. Le fait qu’il s’agisse du dernier d’une série de reports de la date butoir pour l’imposition des droits de douane laisse aussi entrevoir de nouveaux reports.
Le président Trump a aussi menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 10 % à l’encontre des pays qui se rallient aux « politiques antiaméricaines du groupe des BRICS ». Ce groupe, composé auparavant du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, comprend désormais cinq nouveaux pays membres et dix autres pays « partenaires ». Aucun détail n’a été donné en ce qui concerne les politiques du groupe qui sont considérées comme « antiaméricaines », mais le président Trump a déjà menacé celui-ci de droits de douane de 100 % en cas de création d’une monnaie commune ou de soutien apporté à une autre monnaie qui remplacerait le dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale.
Accord commercial avec le Vietnam
Le 2 juillet, le Vietnam a conclu un accord commercial avec les États-Unis. Les produits du pays seront assujettis à des droits de douane généraux de 20 % au moment de leur importation aux États-Unis, tandis que les produits américains accéderont sans obstacle au pays. Les produits réputés avoir été transbordés au Vietnam avant d’être acheminés aux États-Unis seront assujettis à des droits de douane plus élevés de 40 %.
Il y a lieu de souligner certains aspects de cet accord.
1. Tout d’abord, il s’agit d’une entente d’importance. Le Vietnam est un gros exportateur vers les États-Unis ; il se classe au sixième rang derrière le Mexique, la Chine, le Canada, l’Allemagne et le Japon. C’est aussi un accord de taille pour le Vietnam, puisque près de 30 % de la production économique du pays est destinée aux Américains. Il s’agit d’une exposition considérable et la plus élevée parmi tous les pays du monde, dépassant même celle du Mexique et du Canada.
2. Il s’agit seulement de la deuxième entente-cadre conclue, après celle avec le Royaume-Uni. Elle donne donc une bonne idée de ce que les autres pays pourraient s’attendre à obtenir. Nous pensons que le Royaume-Uni offre un modèle raisonnable pour les pays développés, tandis que l’accord avec le Vietnam offre probablement un modèle plus réaliste pour les pays caractérisés par des excédents commerciaux considérables et des coûts de fabrication nettement inférieurs, comme c’est le cas de nombreux pays d’Asie du Sud-Est et d’Asie de l’Est. L’accord provisoire actuel entre la Chine et les États-Unis expire en août, et certaines dispositions pourraient servir de modèle pour un futur accord de la Chine (bien que les enjeux avec ce pays soient plus larges, allant de l’accès aux minéraux critiques et aux puces informatiques, à des accusations de dumping, des subventions gouvernementales et l’accès inégal des entreprises aux marchés).
3. Le Vietnam a conclu un accord assorti de droits de douane plus élevés que ceux qu’il payait auparavant (taux de base de 10 %). À première vue, cela semble étonnant. Toutefois, il s’attendait manifestement à ce que le taux des droits de douane réciproques de 46 % qui lui a été attribué au début d’avril s’applique intégralement à compter du 9 juillet, et a donc opté pour une issue somme toute moins pire. Son avantage concurrentiel par rapport aux États-Unis dans le secteur manufacturier de faible valeur est probablement encore suffisant pour lui assurer une présence importante sur le marché américain, même après l’imposition des droits de douane. Si d’autres pays asiatiques dans une situation semblable ne parviennent pas à conclure d’accord, le Vietnam pourrait même gagner des parts de marché.
Bruits de couloir au Canada
Le Canada continue d’affirmer qu’il s’attend à conclure un accord commercial avec les États-Unis dans un délai de 30 jours qui se terminera le 21 juillet. Il reste à espérer que cette confiance s’appuie sur des signes internes indiquant qu’un accord est sur le point d’être conclu.
Le Canada a manifestement fait des progrès importants dans le traitement des plaintes des États-Unis :
Il figure parmi les pays membres de l’OTAN qui se sont engagés à porter leurs dépenses militaires à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB). Pour atteindre cet objectif, il pourrait s’approvisionner davantage aux États-Unis ou participer au Dôme d’or, le plan de défense antimissile américain.
Il a récemment annulé sa taxe sur les services numériques en raison des objections des États-Unis, alors qu’elle était tout juste sur le point de générer de nouveaux revenus – un résultat que nous avions prédit depuis longtemps.
Il a modifié ses règles commerciales afin de bloquer le dumping d’acier et d’aluminium de la part de pays tiers, une autre priorité de la Maison-Blanche.
Il renforce la sécurité à ses frontières.
Il resserre ses politiques d’immigration en vertu de la Loi visant une sécurité rigoureuse à la frontière, dont certains éléments sont explicitement liés aux préoccupations des États-Unis.
Les secteurs à gestion de l’offre au Canada pourraient constituer un point d’achoppement. Ils ont à maintes reprises soulevé l’ire de la Maison-Blanche et le Canada pourrait avoir du mal à y remédier, étant donné l’adoption d’une récente loi interdisant toute concession commerciale dans ces secteurs.
Même si le Canada espère continuer à éviter les droits de douane généralisés des États-Unis, il semble peu probable qu’il les évite complètement. Le gouvernement aurait demandé aux dirigeants de divers secteurs économiques quel niveau de droits de douane ils pourraient tolérer, de sorte que l’imposition de droits de douane sectoriels reste probable. Les tarifs sur l’acier sont considérés comme les moins susceptibles de baisser (ou dont la baisse sera la moins marquée), tandis que ceux sur l’aluminium sont plus malléables.
Le Canada fait cependant peut-être partie des pays dont l’accord proposé est « à prendre ou à laisser », ce qui pourrait accélérer les négociations.
Nous avons brièvement pensé que le Canada pouvait être sur le point de conclure un accord avantageux avec les États-Unis, sinon, pourquoi se précipiterait-il à en conclure un alors qu’il ne paie actuellement pas de taux de base et que la date limite antérieure du 9 juillet est sans importance pour un pays sans droits de douane réciproques ? Selon toute vraisemblance, l’accord serait plutôt favorable.
Le Canada fait cependant peut-être partie des pays dont l’accord proposé est « à prendre ou à laisser », ce qui pourrait accélérer les négociations. Il ne faut pas non plus sous-estimer les répercussions négatives des droits de douane actuellement imposés aux secteurs de l’automobile, de l’acier et de l’aluminium, ni les dommages que cause au Canada l’incertitude entourant les droits de douane. C’est d’ailleurs l’un des pays qui, jusqu’à présent, a subi les dommages économiques les plus visibles.
Par conséquent, on ne sait toujours pas quel genre d’accord pourrait être conclu avec le Canada. Nous continuons de supposer que le taux moyen des droits de douane demeurera dans une fourchette de 5 % à 10 %, mais il y a d’autres possibilités.
Variabilité des droits de douane sectoriels
Les droits de douane sectoriels ont été un élément clé du plan tarifaire de M. Trump et demeurent une option attrayante pour les mesures à venir, étant donné qu’ils ont été confrontés à moins de difficultés juridiques. Les États-Unis ont annoncé qu’ils avaient l’intention d’imposer des droits de douane sur les produits pharmaceutiques, les puces informatiques, les produits forestiers, les minéraux critiques et le cuivre, en plus des droits déjà imposés sur l’acier, l’aluminium et les automobiles.
Le fait que les droits de douane sectoriels semblent soit très élevés ou qu’ils sont inexistants, mais nullement entre les deux, constitue un énorme paradoxe. À des fins d’illustration, le taux des droits de douane par défaut sur l’acier et l’aluminium est de 50 %, ce qui est même plus élevé que les droits de douane généralisés imposés à la Chine. Toutefois, le Royaume-Uni (et possiblement d’autres pays) a réussi à négocier un taux nul sur ses propres exportations d’acier et d’aluminium aux États-Unis.
La situation est semblable pour plusieurs secteurs sur lesquels plane la menace de droits de douane, qui n’ont pas encore été mis en œuvre. Les droits de douane réciproques visent la grande majorité des importations américaines, mais excluent explicitement d’autres secteurs stratégiques que les États-Unis prétendent vouloir protéger : le cuivre, le bois d’œuvre, les produits pharmaceutiques, les puces informatiques et les minéraux critiques.
Certes, l’idée est que ces secteurs seront ultérieurement frappés de droits de douane sectoriels. Mais le fait est que les secteurs stratégiques sont soumis à des droits de douane extrêmement élevés ou inexistants, rien entre les deux. Il est par ailleurs particulièrement curieux de constater que les États-Unis sont prêts à conclure des accords qui ouvrent ces secteurs stratégiques à la concurrence étrangère, notamment du Royaume-Uni, car cela compromet leur objectif d’autosuffisance dans ces domaines.
Autres nouvelles importantes concernant les politiques aux États-Unis
Bien que les droits de douane demeurent une considération clé pour les marchés, un plus large éventail d’aspects de la politique publique des États-Unis ont retenu l’attention au cours des dernières semaines. Il existe des parallèles frappants avec le contexte de la fin de 2024, lorsque les répercussions négatives potentielles des droits de douane et de la diminution de l’immigration sur l’économie étaient soupesées avec les avantages potentiels des baisses d’impôt, de la déréglementation et du regain d’optimisme.
Ces baisses d’impôt sont maintenant mises en place, la déréglementation est toujours attendue dans plusieurs secteurs, dont celui des services financiers, et l’optimisme s’est considérablement raffermi. Notre calcul approximatif laisse encore entrevoir un effet négatif net sur l’économie lorsque toutes les mesures politiques sont considérées dans leur ensemble, mais il est moins prononcé que lorsque l’on évalue séparément les droits de douane. Cela laisse encore place à une croissance modeste pour le reste de 2025, mais avec la possibilité d’une reprise notable en 2026 à mesure que les baisses d’impôt se feront sentir.
Le Big Beautiful Bill
Le 4 juillet, le président Trump a promulgué son vaste projet de loi budgétaire, qui devrait entraîner une hausse de 2 800 à 4 000 milliards de dollars américains du déficit cumulatif au cours de la prochaine décennie.
Le projet de loi a été adopté de justesse par le Sénat et la Chambre des représentants, et les sondages démontrent qu’il est impopulaire auprès du public, sans doute à cause de la façon disproportionnée dont les réductions d’impôt profitent aux riches et les coupes dans Medicaid et le programme d’aide alimentaire nuisent aux pauvres. Si les perceptions ne changent pas, les républicains pourraient perdre des partisans à l’approche des élections de mi-mandat prévues pour l’an prochain.
Voici les principaux points :
Les réductions d’impôt octroyées lors du premier mandat de M. Trump, qui devaient prendre fin le 31 décembre, sont prolongées.
De nouvelles mesures fiscales entrent en vigueur, notamment la majoration de la déduction forfaitaire pour les contribuables et l’élimination de l’impôt sur les pourboires et les revenus tirés des heures supplémentaires.
L’amortissement accéléré des dépenses en immobilisations est élargi et prolongé, ce qui pourrait débloquer des sommes considérables.
Davantage de fonds sont affectés à la sécurité à la frontière et à l’armée.
Le financement des initiatives écologiques, des bons alimentaires et du programme Medicaid est revu à la baisse. Pour ce qui est de Medicaid, de nombreux bénéficiaires devront désormais travailler afin de maintenir leur admissibilité, et l’enveloppe accordée aux États a été réduite. Le Congressional Budget Office s’attend à ce que 11 millions de personnes perdent leur assurance maladie d’ici 2034. En ce qui concerne les initiatives écologiques, une disposition clé du libellé final prévoit que les projets éoliens et solaires entrepris au cours des 12 mois qui viennent bénéficieront des crédits d’impôt arrivant à expiration, ce qui pourrait déclencher une vague d’activité avant que tout s’essouffle.
Conséquences budgétaires
Ce budget est préoccupant, car il amplifie le déficit déjà colossal des États-Unis. Selon notre feuille de pointage de la santé budgétaire, avant d’adopter cette loi, les États-Unis se trouvaient déjà dans la situation budgétaire la plus difficile parmi les pays considérés (voir le tableau suivant).
Feuille de pointage de la santé budgétaire de RBC GMA
Données de 2024 pour tous les indicateurs, à l’exception des versements d’intérêts (2023) et de la croissance du PIB. Les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pour 2030 sont utilisées comme indicateur de la « normale ». Le rajustement budgétaire désigne la réduction nécessaire du déficit budgétaire pour stabiliser le ratio de la dette au PIB. Sources : FMI, Macrobond, RBC GMA.
Il faut reconnaître qu’une part importante du déficit supplémentaire créé par cette loi sera vraisemblablement compensée par les recettes douanières. Par conséquent, le déficit ne devrait pas augmenter de plusieurs billions de dollars sur la période visée de 10 ans. Il n’en demeure pas moins que le point départ est problématique et que le poids du service de la dette reste accablant.
Plafond de la dette évité et assèchement de la liquidité à venir
Le plafond de la dette des États-Unis a été relevé de 5 000 milliards de dollars, et le gouvernement ne risque donc plus de se retrouver en défaut technique de paiement cet été. Ainsi, il peut maintenant suspendre les mesures spéciales mises en œuvre depuis plusieurs mois pour éviter de dépasser la limite précédente. Le Trésor, quant à lui, émettra de nouveaux titres de créance afin de reconstituer la réserve traditionnelle de son compte général. Il convient de noter que cela pourrait avoir des répercussions temporaires sur l’économie : des liquidités ont été injectées dans l’économie ces derniers mois, le Trésor vidant son compte général, et celles-ci seront dorénavant redirigées vers la réserve. De ce fait, la croissance de l’économie américaine est susceptible de ralentir légèrement dans les prochains mois, en attendant l’atteinte d’un point d’équilibre.
Conséquences économiques
D’un point de vue économique, le principal objectif de la loi budgétaire (soit les réductions d’impôt) devrait permettre à l’économie américaine de croître un peu plus rapidement en 2026. Cette croissance sera sans doute plus importante que prévu au cours des années subséquentes, sans toutefois s’accélérer. Par contre, il ne faut pas s’attendre à une croissance supplémentaire énorme, car la nouvelle loi repose en grande partie sur la prolongation de politiques qui arrivent à échéance. Il s’agit donc plutôt d’éviter une décélération que de favoriser une accélération de l’économie.
Hausse de la retenue d’impôt étranger évitée
L’inquiétude avait gagné les investisseurs mondiaux face aux premières versions du projet de loi qui incluaient l’article 899. Cette disposition prévoyait une forte hausse de la retenue à la source sur les intérêts et les dividendes américains, ce qui aurait amputé le rendement après impôt des investisseurs étrangers et des sociétés étrangères ayant des filiales aux États-Unis.
Heureusement, il a été décidé d’exclure cet article du libellé final, après que d’autres pays eurent indiqué qu’ils n’imposeraient pas aux sociétés américaines un élément clé du cadre mondial d’imposition minimale qui était à l’origine de la colère des États-Unis. Pour sa part, le Canada a aboli sa taxe sur les services numériques, sous la pression du gouvernement américain. Curieusement, tous les pays n’ont pas été contraints de supprimer la leur. En effet, celle du Royaume-Uni semble être maintenue dans l’accord commercial récemment conclu.
Renforcement du pouvoir exécutif
Le 27 juin, une décision juridique a considérablement renforcé le pouvoir à court terme du président américain. Dans la cause Trump c. CASA, la Cour suprême a décrété que les tribunaux fédéraux inférieurs n’avaient pas le pouvoir de bloquer les décrets présidentiels au moyen d’injonctions nationales rapides avant que le bien-fondé d’une affaire ait été pleinement évalué.
Or c’est précisément ce que les opposants aux politiques de M. Trump faisaient. Ils obtenaient des injonctions contre divers décrets de la Maison-Blanche, ce qui avait pour effet de les suspendre temporairement en attendant qu’un jugement plus étoffé soit rendu. La question de savoir si ces lois résisteront à moyen et à long terme dépendra de ce que décideront les tribunaux. En attendant que cela se produise, ce qui peut prendre des mois voire des années, ces décrets sont en vigueur par défaut.
Il y a une exception : les tribunaux peuvent toujours bloquer temporairement l’adoption d’un décret pour les plaignants particuliers d’une affaire, mais pas pour l’ensemble du pays. Il reste donc les recours collectifs qui pourraient encore permettre de suspendre les décrets présidentiels. Néanmoins, les recours collectifs imposent des exigences beaucoup plus élevées que les plaintes ordinaires, aussi bien en termes de temps que de similitude entre les demandes de toutes les parties, de telle sorte que bien souvent, ils avortent.
Voici quelques exemples d’initiatives de M. Trump qui ont été bloquées et qui sont maintenant théoriquement réactivées, du moins jusqu’à ce qu’un recours collectif soit entrepris ou qu’une décision officielle soit rendue par un tribunal :
La fin du droit du sol pour les personnes nées aux États-Unis de parents non américains.
La suspension du droit d’asile à la frontière sud des États-Unis.
Pour donner une idée des implications nuancées dans certains cas, l’injonction qui empêche la révocation des visas des étudiants étrangers de Harvard tient toujours, mais ne s’appliquerait plus aux universités situées ailleurs qu’au Massachusetts.
En revanche, la récente décision de la Cour suprême ne modifie en rien les répercussions sur les droits de douane en vertu de l’International Emergency Economic Powers Act, c’est-à-dire les droits de douane généraux appliqués à des pays sous prétexte de préserver la sécurité nationale. C’est parce que le jugement ne s’applique qu’aux cours de district, où la majorité des décisions juridiques liées aux décrets présidentiels sont rendues. Il ne s’applique pas au Tribunal de commerce international, qui s’occupe des litiges concernant les droits de douane.
Les deux décisions prises au cours des 13 derniers mois ont pour conséquence d’accroître le pouvoir présidentiel à court terme et de l’amenuiser à long terme.
Le point à retenir est que le président Trump semble beaucoup moins soucieux de mettre son programme à exécution, du moins à court terme. Cette situation pourrait mener à des changements de politique assez importants, selon ce que souhaite faire la Maison-Blanche. Cependant, à moyen et à long terme, les décrets du pouvoir exécutif auront toujours besoin d’être approuvés, et ils pourraient être rejetés par les tribunaux s’ils ne sont pas conformes aux lois en vigueur.
Rappelons qu’il y a un peu plus d’un an, la Cour suprême a infirmé le règlement Chevron, ce qui implique que les organismes gouvernementaux n’ont plus le droit d’exercer leur propre jugement lorsque les lois ne sont pas claires. Ce pouvoir incombe aux tribunaux, lesquels ont le dernier mot en la matière, plutôt qu’aux organismes gouvernementaux dont les interprétations ne sont pas nécessairement acceptées. Dans la mesure où les organismes gouvernementaux relèvent de l’organe exécutif, cette décision a pour effet d’amoindrir quelque peu le pouvoir exécutif.
Les deux décisions prises au cours des 13 derniers mois ont pour conséquence d’accroître le pouvoir présidentiel à court terme et de l’amenuiser à long terme.
Sphères d’influence : États-Unis et Chine
Après plus de deux décennies de rapide mondialisation et une ère d’hégémonie américaine encore plus prolongée, la voie est ouverte pour évoluer vers un monde multipolaire. Cette mutation est principalement due à l’intensification des tensions géopolitiques et commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui sont les deux plus grandes économies du monde et représentent à elles seules le tiers de la production mondiale.
L’isolationnisme et le protectionnisme qui émergent aux États-Unis poussent d’autres pays, y compris leurs alliés traditionnels, à remettre en question leurs liens économiques et de sécurité. D’un autre côté, les enjeux de sécurité nationale et les préoccupations au sujet de pratiques commerciales déloyales retiennent certains pays d’adopter la Chine comme partenaire de remplacement.
En même temps, les pays tiers subissent des pressions pour choisir leur camp. Les États-Unis souhaitent que leurs partenaires commerciaux diversifient leurs chaînes logistiques en évitant la Chine et qu’ils limitent leurs investissements dans ce pays, en échange d’un accès préférentiel au marché américain. Le président Trump a récemment menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 10 % à l’encontre des pays qui se rallient aux « politiques antiaméricaines du groupe des BRICS ».
La Chine cherche à combler le vide laissé par l’isolationnisme des États-Unis en recherchant une intégration plus profonde auprès des pays situés hors de sa sphère d’influence traditionnelle. Sa position prédominante de fournisseur d’intrants essentiels a rappelé à certains partenaires commerciaux que le découplage n’était pas sans risque. De plus, les investissements en infrastructures déployés par la Chine dans bon nombre de pays en développement au cours de la dernière décennie, dans le cadre de l’initiative « une ceinture, une route », ont resserré les liens.
Il sera compliqué pour ces pays d’équilibrer leurs relations avec les deux superpuissances. Afin d’évaluer la force relative des liens entre les pays tiers et les États-Unis et la Chine, nous avons examiné les connexions sur le plan des échanges bilatéraux, des investissements, des personnes et de la diplomatie, en nous concentrant sur les 50 premières économies pour lesquelles les données disponibles étaient suffisantes.
Voici quelques-unes des conclusions :
Le reste du monde est en relation à part plus ou moins égale avec les États-Unis et la Chine, bien qu’il existe de grandes variations d’un pays à l’autre et au sein des quatre régions examinées.
En moyenne, les pays tendent à être plus dépendants de la Chine pour les échanges commerciaux, et plus dépendants des États-Unis pour les investissements. Notre mesure relative aux « personnes » penche en faveur des États-Unis, alors que la « diplomatie » est à peu près répartie en parts égales.
De nombreux pays apparaissent clairement soit dans la sphère des États-Unis, soit dans celle de la Chine, mais une poignée d’économies d’Asie du Sud-Est dépendent fortement de ces deux sphères. Peu de pays pourraient facilement se dissocier de l’une ou l’autre des superpuissances.
De façon générale, les relations ont légèrement évolué en faveur de la Chine au cours de la dernière décennie. Cette tendance pourrait se poursuivre, dans un contexte marqué par la hausse des barrières commerciales et d’investissement aux États-Unis, le ralentissement de l’immigration, le recul des engagements en matière de sécurité et les opinions moins favorables à l’égard des États-Unis.
Vue d’ensemble
Nous avons examiné 15 indicateurs regroupés en quatre catégories : commerce, investissement, personnes et diplomatie. Pour chaque indicateur, la dépendance relative des pays par rapport aux États-Unis et à la Chine a été classée sur une échelle de 1 à 5 (chiffre plus élevé = dépendance plus grande ou liens plus étroits). Ces indicateurs ont été pondérés afin de calculer les moyennes dans chacune des quatre sous-catégories et de déterminer un indicateur de dépendance global, également selon une échelle de 1 à 5.
Le graphique à bulles ci-dessous illustre le portrait global résultant de notre analyse. La taille de la bulle de chaque pays représente sa part dans le PIB mondial. L’axe des x montre ses relations avec les États-Unis (plus à droite = plus de dépendance) et l’axe des y, ses relations avec la Chine (plus haut = plus de dépendance).
Sphères d’influence : note globale
Au 4 juillet 2025. Source : RBC GMA
Il existe manifestement un biais régional, selon lequel les économies de l’Amérique du Nord penchent en faveur des États-Unis, tandis que bon nombre de pays de l’Asie du Sud et du Sud-Est sont davantage alignés sur la Chine. Toutefois, certains pays comme la Corée du Sud et Singapour entretiennent des liens étroits à la fois avec les États-Unis et avec la Chine, et se trouvent donc dans une position particulièrement délicate pour gérer leurs relations avec ces deux superpuissances.
Si nous examinons les quatre sous-composantes, les relations commerciales bilatérales tendent à pencher en faveur de la Chine, à l’exception du Canada, du Mexique et du Royaume-Uni. Il en va autrement pour les investissements, où les États-Unis tendent à dominer. La composante « personnes » penche également en faveur des États-Unis, tandis que la diplomatie est plus contrastée (voir le graphique suivant).
Feuille de pointage des sphères d’influence
Au 4 juillet 2025. Note de 1 à 5 ; plus élevée = dépendance plus importante. Source : RBC GMA
Commerce
Sur le plan commercial, les États-Unis entretiennent plus d’échanges bilatéraux de services avec les pays de grande taille (pour lesquels les données sont limitées), comparativement aux relations établies par la Chine avec ces pays. Les grandes multinationales américaines prépondérantes dans les secteurs comme la technologie et la finance, ainsi que les importants investissements directs étrangers facilitant les échanges de services, aident les États-Unis à générer un excédent commercial considérable dans le secteur des services.
Toutefois, l’avantage commercial des États-Unis ne va pas plus loin. L’économie chinoise, qui est plus axée sur l’exportation, entretient plus d’échanges bilatéraux de biens avec les pays tiers, particulièrement en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe. En outre, davantage d’exportations chinoises sont en circulation dans les chaînes logistiques d’autres pays, c’est-à-dire que les exportations des pays tiers contiennent plus de produits chinois que de produits américains (ce que nous mesurons comme l’intégration des chaînes logistiques).
Qui plus est, la Chine a acquis une prédominance commerciale dans des secteurs stratégiques comme l’agroalimentaire, les produits chimiques, la santé, l’acier, la défense et l’aérospatiale, le transport et l’électronique. En ce qui concerne les produits dont les importations sont fortement concentrées et pour lesquels il existe peu de solutions de remplacement sur les marchés nationaux ou étrangers, les pays tiers sont « dépendants » de la Chine pour 67 produits stratégiques, contre seulement 9 en provenance des États-Unis.
Cette dépendance a récemment été mise en évidence lorsque la Chine a restreint ses exportations de métaux et d’aimants de terres rares, qui sont des composants essentiels dans les chaînes logistiques étrangères, poussant les constructeurs automobiles d’Amérique du Nord et d’Europe à mettre en garde contre de potentielles fermetures d’usines.
Ni les États-Unis ni la Chine ne disposent d’un avantage distinctif en ce qui concerne les coûts d’expédition en entrée et en sortie des pays tiers, bien que la Chine soit modestement avantagée du fait de sa connectivité avec les réseaux de transport maritime mondiaux qui facilite les échanges de marchandises avec d’autres pays.
Sphères d’influence : le commerce international
Au 4 juillet 2025. Source : RBC GMA
Placements
La plupart des pays tiers ont des liens d’investissement plus étroits avec les États-Unis qu’avec la Chine. Les États-Unis jouent un double rôle pour les investissements directs à l’étranger (IDE) dans le monde : ils en sont tant la source que la destination. En moyenne, les IDE bilatéraux avec les États-Unis sont l’équivalent d’environ 13 % du PIB des autres pays, contre 7 % avec la Chine. Outre une poignée d’économies asiatiques et d’importants bénéficiaires des fonds de l’initiative de la ceinture et de la route (p. ex. l’Indonésie et le Kazakhstan), la plupart des pays font partie de la sphère d’investissement des États-Unis.
Les placements de portefeuille (obligations et actions) attirent également davantage d’investisseurs étrangers aux États-Unis. Le marché des titres du Trésor y est le plus vaste et le plus liquide du monde, même si en raison des craintes concernant la viabilité budgétaire et d’une tendance générale à « vendre l’Amérique », les investisseurs commencent à exiger une majoration de la prime en fonction du terme en contrepartie de la possession de titres de créance américains.
Sur le plan des actions, les États-Unis ont attiré beaucoup plus de capitaux étrangers : son marché boursier a systématiquement surclassé les principaux indices étrangers et offre aux investisseurs l’occasion unique de détenir une participation dans certaines des sociétés les plus dynamiques et novatrices au monde. En Chine, les contrôles des capitaux constituent un frein à cet égard, tout comme sa gouvernance d’entreprise relativement moins développée et les complications éventuelles qui entourent les relations entre l’État et les grandes entreprises.
Sphères d’influence : les placements
Au 4 juillet 2025. Source : RBC GMA
Les gens
En raison de son système d’immigration relativement fermé, la Chine est à la traîne sur le plan des flux migratoires bilatéraux, surtout en dehors de l’Asie. L’immigration peut contribuer à faciliter le commerce international et les placements, ainsi que d’autres flux financiers – les résidents américains ont transféré 93 milliards de dollars à l’étranger en 2023, contre 20 milliards de dollars depuis la Chine.
Les étrangers ont aussi tendance à voir les États-Unis d’un œil plus favorable que la Chine. La situation commence toutefois à évoluer ; les cotes favorables à l’égard des États-Unis ont fortement chuté d’une année sur l’autre dans 15 des 24 pays inclus dans le sondage de PEW (recul de 20 points au Canada et de 32 points au Mexique).
La Chine présente en fait un léger avantage dans le domaine des liens culturels. Ces liens s’entendent ici de la corrélation sur le plan de six dimensions culturelles entre des pays tiers et les États-Unis ou la Chine. Des liens culturels plus étroits peuvent aider à instaurer la confiance et à faciliter les négociations. Au sein des douze pays avec lesquels la Chine entretient la plus forte corrélation culturelle, onze d’entre eux ont conclu avec elle des accords commerciaux préférentiels.
Sphères d’influence : les gens
Au 4 juillet 2025. Source : RBC GMA
La diplomatie
Sur les 50 pays qui forment notre échantillon, 17 d’entre eux ont conclu des accords commerciaux préférentiels avec la Chine, contre 10 avec les États-Unis. Si l’on tient compte de la force exécutoire et de la portée de ces accords (par exemple, selon qu’ils englobent des domaines politiques tels que les réglementations sur l’investissement, l’environnement et le marché du travail ainsi que la politique sur la concurrence), l’avantage de la Chine s’atténue quelque peu, tout en demeurant considérable.
Pour évaluer les relations sous l’angle de la sécurité, nous avons examiné le commerce bilatéral d’armes entre des pays tiers (principalement des importations) et les États-Unis ou la Chine. Ce commerce penche fortement en faveur des États-Unis, hormis quelques pays, dont la Russie, le Bangladesh et le Pakistan, ainsi que Hong Kong, à qui nous avons attribué la note maximale de 5 pour tenir compte de sa relation unique sur le plan de la sécurité avec la Chine.
En ce qui concerne l’harmonisation des politiques, représentée par les registres de vote des Nations Unies au cours des dix dernières années, la Chine a tendance à s’aligner beaucoup plus sur les autres pays que les États-Unis sur le plan de l’historique de vote. En fait, les États-Unis adoptent moins de votes à la majorité que tout autre pays. Cette année seulement, elle a été la seule voix dissidente lors de quatre scrutins des Nations Unies.
Les États-Unis et la Chine sont membres de plusieurs organisations internationales, par exemple l’Organisation mondiale du commerce, le G7 et le groupe des BRICS. Lorsque nous tentons de déterminer si d’autres pays tiers suivent davantage les États-Unis ou la Chine sur le plan de leur adhésion, la division est presque égale, avec une légère préférence pour les États-Unis.
Sphères d’influence : la diplomatie
Au 4 juillet 2025. Source : RBC GMA
Des tendances en évolution
Une comparaison de la feuille de pointage actuelle par rapport à il y a dix ans montre un léger déplacement en faveur de la Chine : l’avantage des États-Unis diminue de 0,13 point.
Sur les 50 pays de notre échantillon, 26 se sont rapprochés de la Chine depuis 2015. Il s’agit notamment du Mexique et de plusieurs pays d’Amérique du Sud qui, traditionnellement, se tournaient davantage vers les États-Unis. La plupart des pays qui se trouvaient déjà dans la sphère d’influence de la Chine ont poursuivi dans cette voie, à l’exception de la Corée du Sud et du Vietnam qui se sont légèrement rapprochés des États-Unis.
Les États-Unis ont renforcé leur avantage dans le commerce des services. En revanche, la plupart des autres volets du commerce, notamment l’intégration des chaînes logistiques et la dépendance à l’égard des importations, penchent davantage en faveur de la Chine, qui a renforcé ses liens au moyen d’accords commerciaux préférentiels. L’avantage des États-Unis dans les placements a également diminué parallèlement au flux constant d’investissements de la Chine dans le cadre de l’initiative de la ceinture et de la route.
Fonctionnement dans un monde multipolaire
Sans surprise, de nombreux pays entretiennent des liens étroits sur le plan commercial et financier avec les deux superpuissances économiques. Pour la grande majorité d’entre eux, le scénario idéal serait de conserver un accès tant aux États-Unis qu’à la Chine.
Or, la tâche semble de plus en plus difficile, à cause des frictions grandissantes entre les deux superpuissances et, plus particulièrement des restrictions imposées par les États-Unis sur le degré d’interactions des pays avec la Chine, s’ils souhaitent préserver leur accès aux États-Unis.
Il est essentiel de comprendre que nous vivons désormais pleinement dans un monde multipolaire, avec ce que cela implique : les États-Unis ont cessé d’être une hégémonie, l’équilibre des puissances penche activement en faveur de la Chine.
Qu’en est-il de l’avenir ? Dans l’hypothèse où les États-Unis continuent de se replier par rapport au passé, où l’économie chinoise surpasse l’économie américaine et où la Chine ouvre progressivement ses marchés au reste du monde, il y a de fortes chances que la Chine continue à réaliser des percées dans de nombreux pays, tout comme elle a renforcé sa mainmise au cours des dix dernières années.
Il est essentiel de comprendre que nous vivons désormais pleinement dans un monde multipolaire, avec ce que cela implique : les États-Unis ont cessé d’être une hégémonie, l’équilibre des puissances penche activement en faveur de la Chine et des pays tiers se trouvant sous une sphère d’influence unique qui tentent d’établir des liens avec des pays sous l’autre sphère d’influence pourraient se heurter à des frictions croissantes. Cette cassure pourrait ralentir graduellement la croissance mondiale et aviver l’inflation dans le long terme.
Il y a toutefois peu de chances que la Chine réussisse à gagner la faveur de tous les pays étant donné les préoccupations que suscitent la sécurité nationale et les pratiques commerciales déloyales et le désir de ces pays de ne pas être trop tributaires d’un seul pays.
– JN
Le point sur le conflit au Moyen-Orient
Le 13 juin, le conflit au Moyen-Orient s’est fortement enflammé avec la série de frappes menées par Israël contre les infrastructures militaires et nucléaires iraniennes. Les États-Unis ont ensuite participé en menant une frappe ciblée contre plusieurs installations nucléaires les plus fortifiées de l’Iran contre lesquelles les munitions israéliennes étaient impuissantes.
Quoi qu’il en soit, la situation s’est depuis lors généralement déroulée selon notre scénario le plus optimiste : la riposte de l’Iran étant de nature symbolique avec la frappe d’une base américaine au Qatar n’ayant fait aucune victime, puis un cessez-le-feu qui semble tenir le coup.
Par ailleurs, le prix du pétrole a presque retrouvé son niveau d’avant le conflit (voir le graphique suivant).
Les prix du pétrole brut retrouvent leur niveau d’avant le conflit
Au 2 juillet 2025. Sources : Macrobond, RBC GMA
Les prix du pétrole sont nettement inférieurs à ce qu’ils étaient il y a un an, et encore davantage par rapport à leurs niveaux il y a quelques années. Ce recul fait en sorte office d’antidote aux droits de douane. Autrement dit, il stimule la croissance mondiale et réduit l’inflation mondiale, aux antipodes de ce que menacent de faire les droits de douane. Certes, l’effet du recul observé au cours de la dernière année ne suffit pas à neutraliser complètement les dommages causés par les droits de douane, mais il y contribue tout de même.
Les perspectives nucléaires de l’Iran ont assurément diminué, bien qu’une incertitude considérable demeure à cet égard. Dans un premier temps, la Maison-Blanche a insisté sur l’« anéantissement » catégorique des sites nucléaires de l’Iran. D’après le Pentagone, les progrès de l’Iran ont seulement pris quelques années de retard, et certains experts déclarent que l’Iran n’a perdu que quelques mois. Ces deux derniers points de vue semblent plus réalistes.
Parmi les principales incertitudes se trouvent celles de connaître la portée des dégâts causés à l’infrastructure souterraine par les bombes antibunker et de savoir si l’Iran a réussi à déplacer l’uranium enrichi et les centrifugeuses avant les frappes. Dans l’ensemble, il semblerait que l’Iran ait essuyé des revers dans ses projets nucléaires, sans pour autant y avoir renoncé.
Polymarket évalue à 42 % la probabilité d’une nouvelle attaque d’Israël contre l’Iran avant la fin de l’année, ce qui reflète possiblement les préoccupations d’Israël quant à la présence d’un ennemi en possession d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Le marché des paris évalue quant à lui à 17 % les chances de fermeture du détroit d’Ormuz à un moment ou l’autre cette année par l’Iran. En pareil cas, le prix du pétrole risquerait d’augmenter.
Il est inquiétant, quoique peu surprenant, que l’Iran ait maintenant mis fin à sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Il sera donc plus difficile de surveiller ses capacités nucléaires à l’avenir. L’une des solutions envisagées serait la conclusion d’un nouvel accord nucléaire entre les États-Unis et l’Iran. Polymarket estime la probabilité d’un tel accord à 42 % d’ici la fin de 2025.
Pour l’heure, il semble que l’attaque israélienne n’entraînera pas de changement du régime iranien. Il est néanmoins trop tôt pour se prononcer catégoriquement, du moins avant que les machinations politiques n’aient pris fin. Polymarket évalue à 29 % la probabilité que le guide suprême Khamenei soit destitué en 2025 et à 15 % la probabilité d’une chute du régime iranien cette année.
Les prix actuels du pétrole West Texas Intermediate, qui fluctuent autour de 65 $, semblent assez satisfaisants. Alors que l’on s’attendrait normalement à ce que les prix augmentent légèrement compte tenu de la situation économique actuelle, l’OPEP conserve une grande capacité inutilisée de production et semble avoir abandonné sa stratégie de maintien de prix élevés afin d’obtenir des parts de marché précédemment perdues.
Un contexte mondial « plus dangereux»
Face au contexte international tendu, les membres de l’OTAN ont répondu aux pressions de la Maison-Blanche en augmentant radicalement leurs engagements militaires. Pendant longtemps, l’objectif avait été simplement de convaincre plusieurs membres d’atteindre un seuil modeste de 2 % du PIB consacré à la défense ; mais la situation et les attentes ont considérablement évolué ces derniers mois.
Les pays reconnaissent que le monde devient bel et bien plus dangereux, alors que des superpuissances comme la Russie, les États-Unis et la Chine affichent leur puissance dans un contexte marqué par la guerre en Europe de l’Est, les tensions au Moyen-Orient, avec l’essor de nouvelles technologies comme les drones et les cyberattaques, désormais au cœur des combats.
Le président Trump a également exercé une pression explicite sur d’autres pays, exigeant qu’ils augmentent leurs dépenses militaires jusqu’à un niveau considérable de 5 % du PIB. Pour appuyer son propos, il a simultanément réduit le soutien américain à l’Ukraine et entretenu l’ambiguïté quant à l’aide que les États-Unis pourraient accorder à leurs partenaires de l’OTAN à l’avenir.
La date limite pour porter les dépenses militaires à 5 % du PIB étant fixée à 2035, le processus sera progressif.
En réponse, les membres de l’OTAN se sont désormais engagés à consacrer 5 % de leur PIB à la défense. Mais précisons qu’une définition large est utilisée : il s’agit en réalité d’un engagement représentant 3,5 % du PIB consacré aux dépenses militaires classiques (personnel, armement, munitions, opérations), auquel s’ajoute 1,5 % du PIB destiné à des domaines connexes tels que la cybersécurité, la résilience des infrastructures critiques, les chaînes d’approvisionnement, la logistique et l’innovation en matière de défense. Cela dit, les dépenses militaires conventionnelles des États-Unis représentent actuellement 3,4 % du PIB. Cela revient essentiellement à demander aux autres pays d’aligner leurs dépenses militaires de base sur celles des États-Unis.
La date limite pour porter les dépenses militaires à 5 % du PIB étant fixée à 2035, le processus sera progressif.
Cela dit, ces engagements restent très importants. Ces chiffres représentent une part du PIB, et non une part des dépenses publiques. Pour le pays moyen de l’OTAN, consacrer 5 % du PIB à la défense équivaut à environ un quart des dépenses gouvernementales, celles-ci représentant en moyenne 20 % du PIB.
Un pays qui augmente ses dépenses militaires à partir de 2 % du PIB pourrait le faire de plusieurs manières. Il peut augmenter les impôts, mais il faudrait pour cela que les recettes publiques augmentent d’environ 15 %, ce qui représente une hausse considérable. Il peut aussi réaffecter les dépenses publiques : réduire par exemple d’environ 15 % le budget de l’État pour réorienter ces fonds vers la défense, ce qui représenterait un autre ajustement considérable. Enfin, le déficit peut augmenter, mais de trois points de pourcentage du PIB, ce qui est difficile à gérer pour de nombreux pays développés qui affichent déjà des déficits considérables de 3 % à 8 % du PIB.
Le but n’est pas de dire qu’il sera impossible pour les pays d’atteindre leurs objectifs, mais plutôt que ceux-ci devront prendre des décisions politiques difficiles. Certes, les dépenses supplémentaires, si elles se traduisent par un déficit plus important, ce qui semble le plus probable, offriront un certain coup de pouce économique. Mais, on peut s’attendre à ce que les dépenses militaires génèrent moins d’impulsions économiques positives que beaucoup d’autres types de dépenses. Bien entendu, la sécurité nationale a une valeur propre, même si elle est plus difficile à quantifier (éviter les conflits et les destructions nationales).
Stabilisation des données économiques américaines ?
Bref commentaire sur la dernière trajectoire des données économiques américaines. La tendance générale au cours des derniers mois montre un léger fléchissement de l’activité, apparemment attribuable aux dommages causés par l’incertitude élevée et les droits de douane.
Cependant, du moins momentanément, les données à haute fréquence ont légèrement rebondi au cours de la dernière semaine ou des deux dernières semaines. Les demandes hebdomadaires initiales de prestations d’assurance-emploi ont légèrement diminué après une tendance ascendante (voir le graphique suivant). L’indicateur économique hebdomadaire de la Réserve fédérale de Dallas a aussi affiché une légère hausse après un recul persistant.
Les demandes de prestations d’assurance-emploi aux États-Unis ont augmenté avant de fléchir légèrement
Données pour la semaine se terminant le 28 juin 2025. Sources : Department of Labor des États-Unis, Macrobond, RBC GMA
L’indice économique hebdomadaire de la Réserve fédérale de Dallas s'est amélioré après une période de faiblesse au printemps
Données pour la semaine se terminant le 28 juin 2025. L’indice économique hebdomadaire se compose de 10 indicateurs de l’activité économique réelle, mis à l’échelle pour s’aligner sur le taux de croissance du PIB sur quatre trimestres. Sources : Federal Reserve Bank de Dallas, Macrobond, RBC GMA
Perspectives canadiennes
Les données indiquent un ralentissement persistant au Canada
Par rapport aux autres grands partenaires commerciaux, le Canada a fait l’objet de mesures plus souples de la part de l’administration Trump au cours des derniers mois. En effet, épargné par des droits de douane de base de 10 %, ses exportations vers les États-Unis ont été assujetties à l’un des taux effectifs des droits de douane les plus bas en mai. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le Canada espère conclure un accord commercial provisoire avec les États-Unis au cours des prochaines semaines.
Il semble toutefois que l’incertitude liée aux droits de douane et à la politique commerciale continue de plomber l’économie canadienne. Les données économiques se sont détériorées et ont généralement été inférieures aux attentes depuis la fin de mai.
Les données économiques canadiennes à la baisse surprennent
Au 4 juillet 2025. Sources : Bloomberg, Macrobond, RBC GMA
Le PIB a reculé de 0,1 % en avril et en mai, inscrivant ainsi des résultats négatifs consécutifs pour la première fois depuis 2022. À ce stade, l’économie canadienne semble se contracter légèrement au deuxième trimestre. Cela fait suite à un gain annualisé de 2,2 % du PIB au premier trimestre, bien que ce gain ait été en grande partie attribuable à une hausse des exportations et à un investissement dans les stocks en prévision de l’imposition de droits de douane.
Le taux de chômage a augmenté pour atteindre 7,0 % en mai, contre 6,3 % un an plus tôt. Les pertes d’emplois se sont concentrées dans le secteur manufacturier et, dans une moindre mesure, dans celui du transport et de l’entreposage, ce qui laisse croire que les secteurs tributaires des échanges commerciaux subissent le plus gros des dommages économiques. Selon les dernières données de l’indice des directeurs d'achats (PMI), la confiance reste faible dans le secteur des services, mais l’emploi continue de progresser, quoique modestement.
La confiance des consommateurs s’est quelque peu redressée, mais elle ne s’est pas encore totalement rétablie après son plongeon des mois précédents. Les secteurs liés à la consommation ont enregistré une croissance modeste en avril, mais les données préliminaires annoncent un repli des ventes au détail en mai. Les marchés du logement montrent des signes de stabilisation, mais l’activité reste modérée.
Les données économiques décevantes laissent le champ libre à la Banque du Canada (BdC) pour recommencer à réduire légèrement ses taux au second semestre, à condition que l’inflation coopère. Après des résultats décevants au début de l’année, l’indice des prix à la consommation (IPC) du Canada a fait preuve d’une certaine stabilité en mai. Un autre fléchissement en juin pourrait donner lieu à des discussions plus actives sur une éventuelle baisse de taux lors de la réunion de la BdC à la fin de juillet.
Détérioration du marché de l’emploi au Canada
Selon les estimations, la population du Canada n’aurait augmenté que de 20 000 au premier trimestre, ce qui est une erreur d’arrondi pour un pays de 41,5 millions d’habitants. Hormis la fermeture des frontières durant la pandémie, il s’agit de la plus faible augmentation trimestrielle (en pourcentage) depuis la fin de la guerre.
Ce ralentissement est attribuable à l’approche restrictive de l’immigration annoncée par le gouvernement l’automne dernier. Il a abaissé ses objectifs de résidence permanente à 395 000 en 2025 et à 380 000 en 2026, comparativement à 500 000 auparavant. Il prévoit également réduire le pourcentage de résidents temporaires à 5 % de la population d’ici la fin de 2026, comparativement à un sommet de 7,4 % l’an dernier. Il a déclaré que ces cibles se traduiraient par des baisses modestes (-0,2 %) de la population totale en 2025 et 2026.
Le premier trimestre a été marqué par des évolutions sur les deux fronts. Le nombre de résidents non permanents a diminué de 61 000 au premier trimestre pour s’établir à 7,1 % de la population totale. Le nombre d’immigrants permanents a augmenté de 104 000 au cours du trimestre, ce qui est légèrement supérieur au rythme annualisé prévu par le gouvernement. L’accroissement naturel de la population au Canada a été légèrement négatif.
Le nombre de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants étrangers au Canada a considérablement diminué
En date de mars 2025. Les résidents temporaires comprennent les titulaires de permis de travail visés par le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et le Programme de mobilité internationale (PMI), ainsi que les titulaires de permis d’études qui sont au Canada au cours de l’année civile visée. Sources : OCRCVM, Open Canada, RBC GMA
La croissance de la population est un facteur clé de la main-d’œuvre qui, avec la croissance de la productivité, contribue au taux de croissance durable ou potentiel du PIB de l’économie. En raison de la croissance limitée de la main-d’œuvre disponible, la « vitesse maximale » de l’économie canadienne dépendra en grande partie des gains de productivité, qui ont été faibles pendant plusieurs années, mais qui ont récemment montré des signes d’amélioration.
Dans un contexte démographique presque stable, un gain mensuel moyen de 12 000 emplois depuis le début de l’année jusqu’en mai est de bon augure. Toutefois, ces statistiques amplifient probablement le rythme réel de la croissance de l’emploi. L’enquête sur la population active (EPA), dont Statistique Canada reconnaît qu’elle « n’est pas optimisée ni conçue pour suivre les variations de la taille de la population », tient compte des changements observés chez les résidents temporaires selon une moyenne sur 12 mois établie d’après les plus récentes estimations démographiques.
Par conséquent, les tournants dans la population de résidents temporaires, comme nous le voyons actuellement, ne seront que graduellement intégrés aux estimations de la population de l’EPA, ce qui entraînera une surestimation temporaire de la croissance de l’emploi.
Un sondage distinct sur l’emploi indique que 47 000 emplois ont été perdus au premier trimestre, comparativement à une augmentation de 45 000 selon l’EPA. Comme les données sur l’emploi sont publiées avec un certain décalage, elles attirent moins l’attention que l’EPA, qui est plus opportune. Toutefois, selon notre estimation, la croissance de l’emploi selon l’EPA au premier trimestre, sans nivellement de la population, serait beaucoup plus proche des données sur l’emploi.
D’autres mesures de l’EPA, comme le taux de chômage et le ratio emploi-population, devraient donner un portrait exact de l’état du marché du travail. Au Canada, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage depuis le début de l’année pour s’établir à un sommet cyclique de 7 %, ce qui indique un ralentissement de l’emploi. Nous nous attendons à ce que la BdC fasse preuve d’une tolérance limitée à l’égard de toute nouvelle hausse du taux de chômage, même si elle s’accompagne d’une croissance positive de l’emploi.
–JN
Évolution des politiques au Canada
La mise en place d’un nouveau gouvernement modifie la politique publique du Canada. Malgré un gouvernement minoritaire et l’absence d’une coalition officielle, cette modification est obtenue de diverses manières.
Premièrement, étant donné l’attrait apparemment universel des allégements fiscaux pour les Canadiens, tous les partis ont appuyé une motion visant à accélérer la mise en œuvre le 1er juillet des réductions d’impôt annoncées dans la plateforme électorale des libéraux. Elles sont désormais en vigueur.
Les baisses d’impôt comprennent une réduction du taux d’imposition pour le palier d’imposition inférieur sur le revenu des particuliers, qui passera de 15 % à 14 %, l’élimination de la TPS pour les acheteurs d’une première maison d’une valeur maximale de 1 million de dollars canadiens, et l’élimination du volet consommateur de la taxe carbone.
Ces changements n’ont pas encore été officialisés sous forme de loi. Ils feront donc l’objet d’un débat et seront adoptés plus tard dans le cadre d’un projet de loi traditionnel. Des ajustements peuvent même être apportés dans le cadre de débats ultérieurs, mais pas sur les éléments fondamentaux des modifications fiscales.
Les baisses d’impôt comprennent une réduction du taux d’imposition pour le palier d’imposition inférieur sur le revenu des particuliers, qui passera de 15 % à 14 %, l’élimination de la TPS pour les acheteurs d’une première maison d’une valeur maximale de 1 million de dollars canadiens, et l’élimination du volet consommateur de la taxe carbone (qui était fonctionnellement déjà entrée en vigueur en avril, mais qui devait être officialisée dans le cadre de cette motion).
Pour la vaste majorité d’entre nous qui ne connaissons pas les rouages du système parlementaire de Westminster, ce dernier peut s’avérer déroutant.
Le premier ministre avait émis une directive prévoyant l’élimination, le 1er avril, de la taxe sur le carbone pour les consommateurs. Cette motion de voies et moyens officialise davantage son retrait, mais un projet de loi doit encore être adopté pour que le changement soit mis en place de façon permanente.
Un autre revers procédural a eu lieu l’année dernière : dans le budget de 2024, le gouvernement fédéral proposait une augmentation du taux d’inclusion des gains en capital. Cette mesure a été mise en place par l’Agence du revenu du Canada avant que la législation ne soit adoptée (même par le biais d’une motion de voies et moyens), car on jugeait probable qu’elle soit officiellement adoptée à une date ultérieure. L’éventuel abandon de cette hausse d’impôt a causé bien des maux de tête aux déclarants et au gouvernement, puisque toutes les parties ont dû revenir sur les impôts perçus précédemment.
D’une manière plus générale, le nouveau gouvernement libéral a été étonnamment efficace dans la mise en œuvre de son programme, en dépit du statut minoritaire mentionné plus haut.
Un deuxième changement important de la politique canadienne a eu lieu le 26 juin. Le projet de loi C-5 a été adopté avec l’appui du Parti conservateur, parti d’opposition, qui avait prévu de lancer une initiative similaire s’il était élu.
Cette loi élimine les obstacles fédéraux au commerce interprovincial (bien que de nombreux obstacles subsistent au niveau provincial, pour le moment) et crée un cadre visant à accélérer les grands projets de ressources et d’infrastructure jugés d’intérêt national. Quoique controversée, cette mesure devrait permettre d’accroître l’investissement dans de tels projets, ce qui stimulera le secteur des ressources et pourrait accélérer la productivité canadienne au fil du temps.
D’une manière plus générale, le nouveau gouvernement libéral a été étonnamment efficace dans la mise en œuvre de son programme, en dépit du statut minoritaire mentionné plus haut. Rappelons que, outre les réductions d’impôts et la simplification du processus d’approbation de projets d’infrastructure et de ressources, le parti semble aussi être en voie de réaliser son engagement à hausser les dépenses militaires. Des efforts sont également déployés pour rationaliser les services fédéraux et accroître l’efficacité des processus gouvernementaux, ainsi que pour resserrer les règles en matière d’immigration.
Auteur : Eric Lascelles, sauf indication contraire.
Recherche menée par Eric Lascelles, Josh Nye, Vivien Lee, Ana Ardila et Aaron Ma
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