L’équipe Actions, Marchés émergents a privilégié deux aspects du rendement des indices et leur incidence sur les perspectives à l’égard des actions. Premièrement, notons l’augmentation de la concentration d’actions chinoises au sein de l’indice MSCI Marchés émergents, et deuxièmement, l’extrême contre-performance des titres de valeur des marchés émergents par rapport aux titres de croissance.
La concentration de l’indice de référence fait l’objet de bien des discussions, car l’inclusion d’actions chinoises de catégorie A signifie que la pondération de la Chine au sein de l’indice de référence MSCI a dépassé 40 %. Selon les prévisions de MSCI, elle devrait atteindre 57 % en 2027. De plus, la pondération des dix plus importantes composantes de l’indice de référence des marchés émergents, dont huit sont chinoises, est passée de 15 % en 2015 à plus de 30 % à l’heure actuelle. L’indice comporte 1 400 composantes. Les investisseurs continuent à discuter de la création d’un indice de référence des marchés émergents qui exclurait les actions chinoises.
Le deuxième élément que nous aimerions souligner est que les marchés émergents ont enregistré des rendements extrêmement variables cette année. En 2020, les marchés de la Chine et de Taïwan ont augmenté d’environ 30 % jusqu’ici, mais ceux du Brésil et du Chili ont chuté d’environ 30 %. De plus, les secteurs de croissance traditionnels, dont ceux de la technologie de l’information, de la consommation discrétionnaire (qui englobe le commerce électronique) et des soins de santé ont largement surclassé les secteurs de valeur traditionnels comme ceux de l’énergie, des matières et de la finance. Le rendement des actions de valeur des marchés émergents a donc été de 40 % inférieur à celui des titres de croissance. À en juger par le passé, il est probable qu’à l’avenir, les actions de valeur feront très belle figure.
Fourchette d’équilibre, indice Marchés émergents
Valorisations et bénéfices normalisés
Nota : Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Nous pouvons facilement trouver des arguments convaincants en faveur des actions de valeur, mais nous croyons que le marché continuera à osciller entre croissance et valeur en fonction des stades de la reprise. De plus, nous considérons que le rendement supérieur des actions de valeur pourrait être attribuable à des raisons fondamentales, comme la croissance des bénéfices et la robustesse des bilans. Par exemple, au cours de la dernière décennie, la croissance des bénéfices de l’indice de référence des marchés émergents a été nulle, et toute la croissance des bénéfices est attribuable aux actions du secteur des technologies.
Dans les pays émergents, les marchés boursiers des pays qui ont réussi à endiguer le coronavirus ont manifestement bien tiré leur épingle du jeu. La Chine, Taïwan et la Corée du Sud, qui constituent les deux tiers de l’indice des marchés émergents, ont pour ainsi dire éliminé le virus de leur territoire. Elles récoltent les bénéfices que leur apporte le rendement supérieur de leurs actions par rapport à celles des marchés de l’Inde, de l’Afrique du Sud et du Brésil. Comme les marchés émergents consacrent, dans l’ensemble, moins de 5 % de leur PIB à des mesures de stimulation budgétaire liées au coronavirus, alors que les marchés développés y consacrent 30 % de leur PIB, l’adoption de telles mesures reste donc possible au besoin.
Il paraît donc évident que nous pourrions être témoins d’une importante reflation, car il est probable qu’après plusieurs décennies de diminution de la vitesse de circulation de la monnaie, la démondialisation et les dépenses budgétaires stimuleront l’inflation et la croissance des PIB. Lors des périodes de reflation, le rendement des actions a tendance à surpasser celui des obligations et les marchés émergents surclassent généralement les marchés développés. On peut également s’attendre à ce que durant ces périodes, les secteurs de valeur classiques comme la finance, les matières et l’énergie se démarquent.
Le commerce électronique et les soins de santé sont des secteurs clés qui ont profité de la pandémie de COVID-19. Le comportement des consommateurs ayant changé de façon irrévocable, il est à prévoir que les tendances à long terme amorcées avant la pandémie entraînent une augmentation des bénéfices de ces secteurs.
Le commerce électronique a manifestement pris son essor, mais son taux d’adoption accélère lorsque le pourcentage de transactions au détail en ligne atteint 5 %. Le taux d’adoption du commerce électronique tourne déjà autour de 35 % en Chine et en Corée du Sud, et de nombreux pays des marchés émergents arriveront bientôt à cette phase d’hypercroissance. Le degré de pénétration du commerce électronique est bien inférieur en Inde, au Mexique, en Russie et au Brésil, mais ces pays ont tous atteint le seuil des 5 %.
De plus, le secteur des soins de santé affiche des tendances prometteuses dans les marchés émergents, qui y consacrent dans l’ensemble 5,6 % de leur PIB, alors que cette proportion s’établit à 12,5 % dans les marchés développés. Nous nous attendons donc à ce que la prospérité croissante et l’expansion des classes moyennes des pays émergents stimulent encore plus le rendement du secteur, qui est déjà supérieur.
Nous prévoyons qu’après avoir été faibles pendant trois ans, les bénéfices des marchés émergents reprendront leur essor au cours des deux prochaines années.
Pour le moment, il est assez difficile de prévoir l’évolution des bénéfices, et nous préférons donc nous fier au ratio cours-valeur comptable pour mesurer la valorisation. À cet égard, l’indice MSCI Marchés émergents présente un ratio de 1,7, ce qui correspond à sa moyenne historique, et est 35 % moins cher comparativement aux marchés développés.
Les bénéfices des marchés émergents tendent à osciller entre de longues périodes de rendement inférieur et supérieur qui dépendent beaucoup des tendances générales du dollar américain. La valeur des actions des pays émergents augmente généralement lorsque le dollar américain se déprécie, et vice-versa. Depuis 1988, cette corrélation a été observée au cours de quatre périodes. Nous sortons d’une décennie au cours de laquelle les actions des pays émergents ont produit un rendement inférieur et la valeur du dollar américain a été élevée, et nous pensons que cette tendance est sur le point de s’inverser. Nous considérons que le dollar américain pourrait s’affaiblir, ce qui serait positif pour les marchés émergents, qui ont 5,4 billions de dollars de dettes en dollars américains et en d’autres devises de marchés développés. Les devises des marchés émergents sont soutenues par la force du renminbi chinois, la reconstitution des stocks, le prix relativement bas du pétrole et l’augmentation de l’utilisation de la technologie.
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