Le portefeuille équilibré traditionnel, composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations a longtemps été considéré comme une stratégie de placement efficace. Mais nous tombons souvent sur des articles qui nous amènent à douter de la capacité de cette stratégie à offrir continuellement des résultats stables et cohérents. Ces doutes semblent surgir pendant les périodes de volatilité ou de changements rapides des marchés, comme ce fut les cas en 2022 lorsque les banques centrales ont relevé leurs taux d'intérêt de façon énergique. Même si les fonds équilibrés n’ont pas été à l’abri de la volatilité qui a suivi l’ajustement des marchés à la hausse des taux d’intérêt au cours des deux dernières années, nous pensons que les arguments en faveur du portefeuille équilibré 60/40 et du placement équilibré en général restent convaincants.
Une longue histoire de stabilité
Le succès du portefeuille 60/40 repose sur la conviction selon laquelle la diversification des avoirs dans plusieurs catégories d’actif au sein d’un même portefeuille permet d’obtenir des rendements plus stables. En effet, les diverses catégories d’actif (liquidités, obligations et actions) produisent des rendements variables en fonction de l’évolution de divers facteurs comme la croissance économique, les prévisions d’inflation, les bénéfices des sociétés et les taux d’intérêt (figure 1). Ce qui peut donner lieu à un large éventail de rendements d’une année à l’autre. Il est donc essentiel de comprendre la dynamique des catégories d’actif pour pouvoir bâtir des portefeuilles capables de produire des résultats à long terme.
Figure 1 : Les avantages de la diversification
L’approche diversifiée de la stratégie équilibrée a bien fonctionné au fil du temps, cette dernière ayant offert un rendement moyen de 8,4 %[1] au cours des 40 dernières années. Nous croyons que trois éléments clés ont contribué à ce succès.
Tout d’abord, le marché obligataire haussier de 40 ans a alimenté les solides rendements des obligations ; le taux des obligations du Trésor américain à dix ans est passé de son sommet 16 % dans les années 1980 à un peu plus de 1 % à la fin de 2021 durant la période.
Les politiques monétaires exceptionnellement stimulantes mises en place à la suite de la crise financière de 2008-2009 expliquent les solides rendements boursiers enregistrés tout au long de la décennie suivante et après.
Les actions et les obligations ont affiché une grande corrélation négative. On voit une telle corrélation lorsque deux facteurs ou variables évoluent constamment dans des directions opposées – lorsque les prix des actions chutent, les prix des obligations augmentent et inversement. Cette relation inverse indique que les obligations ont souvent servi de contrepoids fiable pendant les périodes de volatilité des marchés, offrant ainsi aux investisseurs en quête d’équilibre une expérience de placement plus stable. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la détention d’un investissement bien diversifié, comme un portefeuille équilibré 60/40, a été une stratégie importante pour les investisseurs.
[1] RBC Gestion mondiale d’actifs, Regard sur les placements mondiaux – Été 2024
Les portefeuilles équilibrés sont-ils toujours équilibrés ?
Un changement important a été observé sur les marchés des capitaux au début de 2022. Les banques centrales ont lancé un cycle de hausse des taux d’intérêt, le plus agressif relevé depuis des décennies, pour juguler l’inflation galopante. Ce relèvement rapide des taux d’intérêt a entraîné une réévaluation massive des prix sur les marchés obligataires, la hausse des taux d’intérêt ayant fait chuter les prix des obligations par rapport à leurs sommets antérieurs. Dans le même temps, les marchés boursiers ont chuté de leurs sommets historiques, en raison des craintes de récession liées à l’impact que la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt pourrait avoir sur la croissance économique.
Le rendement négatif des deux catégories d’actif en 2022 a entraîné une période de rendement difficile pour les portefeuilles équilibrés. Malgré une forte reprise dans les 18 mois qui ont suivi, le rendement négatif des actions et des obligations en 2022 a conduit certains à s’interroger sur la validité d’une approche diversifiée et à se demander si la corrélation positive ne marquait pas la fin du portefeuille équilibré 60/40.
Les arguments en faveur d’un placement équilibré restent convaincants selon nous.
Nous convenons que les placements ont radicalement changé en peu de temps, surtout dans le secteur des titres à revenu fixe, mais réfutons l’affirmation selon laquelle le fonds équilibré 60/40 n’est plus valable du fait qu’il n’a pas été rentable en 2022. Celle-ci ne tient pas compte des avantages à long terme de la diversification. Si les corrélations et les rendements négatifs des actions et des obligations à court terme sont des éléments importants pour un portefeuille diversifié, nous pensons que les arguments en faveur des fonds équilibrés restent convaincants pour plusieurs raisons.
1. Une corrélation positive peut également être synonyme de rendement positif.
La théorie de base des placements nous enseigne que la diversification est mieux réalisée en combinant des actifs qui sont négativement corrélés, autrement dit, dont les rendements évoluent dans des directions opposées. Mais dans la pratique, la corrélation et la mesure de fluctuation des rendements des catégories d’actif peuvent varier considérablement, surtout à court terme (figure 2).
Corrélation entre les actions et les obligations américaines (1978 - 2024)
Les investisseurs se préoccupent rarement de la corrélation positive lorsque les actions et les obligations offrent ensemble des rendements haussiers, ce qui arrive assez fréquemment. C’est en période de tensions sur les marchés boursiers que les investisseurs souhaitent que la relation négative entre les obligations et les actions se maintienne (figure 3).
Figure 3 : Rendement des actions et des obligations pendant les marchés baissiers
2. Les obligations peuvent aider à contrebalancer la volatilité des marchés boursiers même lorsque les rendements sont négatifs.
L’on peut noter au cours des 26 derniers marchés baissiers enregistrés depuis le début des années 1880 que les obligations ont présenté une grande corrélation négative par rapport aux actions, fournissant un rendement positif qui a permis de compenser les baisses du marché boursier près de 90 % du temps. Mais ce ne fut pas le cas pendant trois périodes, notamment en 2022. Durant ces marchés baissiers, les actions et les obligations étaient positivement corrélées et ont toutes deux généré des rendements négatifs. Il convient toutefois de noter que si les deux catégories d’actif ont chuté en même temps, les obligations ont, elles, connu une baisse beaucoup moins importante. Les actions ont affiché des rendements négatifs, en moyenne cinq fois plus importants que ceux des obligations au cours des trois périodes. Bien que les marchés baissiers ne soient jamais faciles à vivre, l’analyse montre que les obligations constituent toujours un précieux élément de diversification en cas de volatilité des marchés boursiers, même en période de corrélation positive, et qu’elles offrent une protection aux portefeuilles équilibrés lorsque les investisseurs en ont le plus besoin.
3. Nous pensons que les obligations reprendront leur rôle de diversification.
Après des années de rendements inférieurs à la moyenne, le risque d’évaluation des obligations n’existe plus comme avant 2022, et les taux se situent désormais bien dans la fourchette normale des 150 dernières années (figure 4). Aussi, nous pensons que les tensions inflationnistes continueront à s’atténuer et que la nécessité d’une politique monétaire très restrictive se fera moins sentir, ce qui devrait maintenir les rendements obligataires à l’intérieur de leur fourchette historique. La baisse de l’inflation a brièvement ralenti au printemps et au début de l’été de cette année, mais des données plus récentes indiquent que l’inflation semble être sur la bonne voie. Cela a des implications importantes pour les marchés obligataires et nous pensons que les perspectives de rendement des titres à revenu fixe sont raisonnablement attrayantes.
Taux des obligations américaines à 10 ans
Les obligations sont une bonne source de revenus d’intérêts et de gains en capital en cas de baisse des taux. Aux niveaux actuels, les gains de prix potentiels pourraient être encore plus prononcés si l’économie chancelle et suscite une demande d’actifs refuges. Plus important encore, nous pensons que cette revalorisation des titres à revenu fixe signifie que les obligations peuvent de nouveau servir de contrepoids fiable en périodes de volatilité des marchés dans les portefeuilles équilibrés. Nous en avons vu les signes lors de la liquidation survenue dans les marchés boursiers au début du mois d’août, lorsque les taux obligataires ont baissé et que les prix des obligations ont augmenté. Les titres à revenu fixe ont alors fourni le type de défense auquel les investisseurs s’étaient habitués au cours des décennies précédentes.
4. Les bonnes années ont tendance à succéder aux mauvaises.
Historiquement, les périodes de rendement négatif d’un portefeuille équilibré ont rarement duré plus d’un an. En fait, elles ont tendance à être suivies de rendements plus élevés les années suivantes. Si les investisseurs avaient été déstabilisés par la volatilité des marchés en 2022 et avaient vendu leurs placements, ils auraient manqué des rendements substantiels en 2023 et au premier semestre de 2024 (figure 5). Ces rendements élevés nous rappellent les principes de placement essentiels que sont le maintien des placements et la non-anticipation des marchés boursiers.
Portefeuille équilibré sélect RBC
Rendements par année civile
5. La diversification doit se mesurer en décennies et non en mois.
De nombreux investisseurs épargnent en vue de leur retraite ou d’autres objectifs, lesquels se situent souvent dans plusieurs années. Plus l’horizon temporel est long, plus il y a de chances d’obtenir un rendement positif. Le rendement du Portefeuille équilibré sélect RBC en est un bon exemple. Depuis sa création, le fonds n’a jamais enregistré de résultats négatifs au cours de cette période (figure 6).
Portefeuille équilibré sélect RBC
Rendements sur des périodes mobiles de dix ans
Le portefeuille équilibré 60/40 a encore de beaux jours devant lui
S’il est vrai que 2022 a été une période très difficile pour les fonds équilibrés, croire que le portefeuille 60/40 n’est plus d’actualité est une erreur. La stratégie n’est pas conçue pour éliminer le potentiel de pertes sur de très courtes périodes et, au fil du temps, elle a produit de solides rendements tout en offrant une certaine stabilité, surtout pendant les périodes de volatilité des marchés boursiers. Nous croyons que le portefeuille 60/40 reste d’actualité et est prêt à offrir des rendements conformes aux rendements antérieurs, et qu’une approche diversifiée consistant à détenir une combinaison d’actions et d’obligations continuera d’être une stratégie de placement fructueuse en termes de rendements et de risques assumés.
Données de rendement standard