Transcription
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Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson, et bienvenue aux mardis de Stu. Pour moi, Stu, il s’agit d’un mardi de Stu à Sudbury, en Ontario. Qu’est-ce que vous dites de ça? Vous connaissez Sudbury?
Voulez-vous dire Studbury?
Oh, Studbury! Oui, c’est ça. Dans la langue de Stu, c'est comme ça qu’on dit. C’est la deuxième fois que je viens ici. J'étais à Espanola hier soir. Et beaucoup de gens écoutent notre émission là-bas. Alors bonjour à tout le monde à Espanola. Merci d’être à l’écoute. C'est une région formidable et nous y avons organisé un bel événement. Et nous allons en faire un autre ce soir ici à Sudbury. C’est agréable d’être sur la route. Ça vous arrive de passer par ici?
J'y suis allé quelques fois. J'ai pris le virage à gauche. Quand on est à Espanola, on tourne à gauche pour redescendre sur l'île Manitoulin. C'est une région magnifique et les gens sont sympathiques.
J’imagine, puisque vous investissez dans des actions canadiennes, que vous avez fait le tour. La visite des mines, les visites d'entreprises?
Oui, bien sûr, on les a faites. Maintenant que j'y pense, ma toute première présentation avait eu lieu à Sudbury, si je me souviens bien, il y a de nombreuses années de cela.
Ah oui? Et ça s’était bien passé?
Eh bien, nous y sommes toujours. Personne n’avait lancé de tomates. Ça a dû bien se passer.
Oui, à tout le moins, si on vous réengage, ce doit être un signe que vous êtes apprécié. Stu, nous parlons des marchés, de ce qui les fait bouger et de ce qui se passe dans l'économie actuelle et sur les marchés actuels. Et c’est bien. Il est utile de comprendre comment fonctionnent les marchés. Il faut apprendre au fil du temps. Et c'est l'objectif de notre émission. Nous voulons parler de choses qui aident les gens à prendre de bonnes décisions concernant leur portefeuille. Mais souvent, il est également bon de prendre du recul et de comprendre le pouvoir de l'investissement, et le pouvoir de l'investissement au fil du temps. On oublie parfois, en s’attardant à ce qui se passe à court terme, ce qui peut se produire à long terme. Vous avez eu une discussion avec votre fille de 18 ans. Les miennes ont 19 et 17 ans. Ce sont des discussions que nous avons, et je suis sûr que d'autres parents qui nous écoutent en ont aussi. Et vous avez eu une conversation intéressante avec elle ces derniers jours sur l'investissement à long terme.
Oui, comme tous les enfants, en grandissant, ils commencent à s’intéresser à l'argent, ou en tout cas, chercher des moyens d’en gagner davantage. Nous sommes allés dîner avec l'un de mes amis conseillers. Nos filles ont eu 18 ans la même semaine, alors on les a fêtées ensemble. Nous avons parlé de la création d’un CELI et de ces éléments constitutifs de votre futur patrimoine et de votre portefeuille. La première chose, c’est évidemment de commencer. À 18 ans, on peut ouvrir un CELI. Et je faisais le calcul avec ma fille: si vous êtes en mesure de cotiser 7000 dollars par année entre les âges de 18 et 65 ans — et je sais qu’à cette étape de la vie en particulier, 7000 dollars ne sont pas toujours faciles à obtenir — mais le calcul de 7000 dollars composés par année donnerait plus de 3 millions de dollars à un taux de 8%. Vos cotisations totales s'élèveraient à un peu plus de 300 mille dollars au cours de ces quarante-sept années. Vous obtiendrez dix fois plus en raison de cette capitalisation et du fait que vous avez commencé tôt. C'est tout simplement stupéfiant. Je lui en ai fait la démonstration et elle est restée bouche bée. Rien que de mettre les choses en perspective. Et bien sûr, il y a plus. Dans quoi vous cotisez, les déductions fiscales, bien d’autres choses encore. Ces éléments constitutifs des portefeuilles portent leurs fruits. C’est la même chose pour le marché. Les entreprises composent leurs bénéfices sur de longues périodes, et si vous pouvez le faire dans les bons types de comptes au fil du temps, vous pouvez faire encore mieux. Ces éléments sont tellement importants dans le processus de planification financière. Nous avons tendance à nous attarder à l’immédiat. Ce qui se passe en ce moment, bon ou mauvais, ceci et cela. Mais il faut penser au long terme, à la puissance de la croissance des bénéfices, à la façon dont elle entraîne la capitalisation, et le faire dans les meilleurs comptes disponibles. Et c’en est stupéfiant. Je possède moi-même de l'argent dans tous les portefeuilles que nous gérons. Il y en a un auquel je pense dans lequel nous avons investi, un portefeuille de dividendes, et vingt ans plus tard, c’est incroyable de voir la progression. Je ne vais pas jeter un coup d’œil si fréquemment, et je n’ai jamais rien retiré, mais le pouvoir du temps est étonnant.
En effet. Ce doit être bien, non, pour votre fille d’investir dans les comptes que son papa gère? Vous devez gagner des points à la maison avec votre fille adolescente?
J’avais convaincu mon beau-père d’investir dans l'un de nos portefeuilles, et quand je le voyais découper la dinde avec son couteau aiguisé, je pensais: bon, je vais aller retourner travailler. Quand la famille est impliquée, cela ajoute un peu de tension, mais ce n’est pas mauvais. Si un membre de la famille vous demande comment ça va, vous savez ce qu’il veut entendre. Il faut toujours être au top de sa forme.
Oui, c'est vrai. Vous parlez de l'exemple du CELI au Canada. 7000 dollars par année jusqu'à 65 ans, à un taux de rendement d'environ 8% — une action à dividende, avec un taux de rendement à long terme, et vous atteignez 3 millions. C'est la première raison pour laquelle il faut commencer tôt. C’est le fameux barbier riche, si vous vous rappelez ce livre. Ce qui était formidable dans cette histoire, c’est exactement ce dont nous parlons aujourd'hui. Des calculs pourtant très simples qu’on ne faisait pas beaucoup à l’époque. Ce n'était pas dans le discours courant, disons. Et pour dire vrai, ce ne l’est peut-être pas non-plus aujourd’hui, en particulier pour les jeunes de 18 ans. Mais le concept était le suivant: si vous commencez à investir à 18 ans 1000 dollars par an pendant huit ans, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de 26 ans, et que vous arrêtez là, vous allez obtenir le même résultat au final que la personne qui commence à investir à 26 ans et qui versera 1000 dollars jusqu’à l’âge de 65 ans. Le pouvoir de la capitalisation et le pouvoir de commencer tôt. Ce point est essentiel. L'autre point que vous soulevez, c'est la conversation avec vos enfants. J’espère qu’il y a de nombreux jeunes qui écoutent cette émission et qui, peut-être, en apprennent sur l'investissement. Mais pour les parents et les grands-parents qui accompagnent leurs enfants et leurs petits-enfants, un des sujets sur lesquels on devrait les sensibiliser c'est celui de l'inflation. L'inflation sur une longue période. Un jeune de 18 ans aujourd’hui n’a à peu près rien connu de l’inflation tout au long de sa vie. Il n’a pas eu à y penser. L’inflation était faible et stable, et les taux d'intérêt étaient faibles et stables. Et puis, tout d'un coup, l'inflation nous tombe dessus. Et on peut voir comment l'inflation, année après année, érode votre pouvoir d'achat. Ainsi, ces 3 millions de dollars, qui représentent un chiffre important à l'heure actuelle, ne permettront pas d'acheter ce que 3 millions de dollars permettent d'acheter aujourd'hui. Ce qu'il faut retenir, c'est que cette croissance au fil du temps vous permettra d'augmenter votre pouvoir d'achat, ce qui est la raison pour laquelle nous investissons à l’origine. Un des moyens de lutter contre l'inflation. Ce n'est pas le seul. Il y a d'autres choses qu’on peut faire. Mais vous devez continuer à faire fructifier votre argent au-delà du simple fait de le gagner, de l'investir et d'épargner. Lorsque les prix augmentent au fil du temps — et même avec une inflation faible, les prix augmentent au fil du temps — que vous soyez en mesure de vivre la vie que vous souhaitez vivre à l'avenir. C'est important non seulement pour un jeune de 18 ans, mais aussi pour une personne de 68 ans. Le genre d’événements que nous avions hier. Beaucoup de personnes âgées de 65 ou 70 ans viennent me voir quand je leur parle de penser à investir à long terme. Ils me regardent en disant: le long terme pour moi, vous n’y pensez pas. Mais attendez un peu. Ici au Canada, dans l’état actuel des choses, quelqu'un qui a 70 ans et qui est en bonne santé va se rendre jusqu'à 90 ans. On peut encore investir à long terme, et c’est à la fois une opportunité et un défi. Le défi, c'est de faire durer cet argent. S'assurer que la croissance de votre portefeuille est suffisante pour que vous puissiez maintenir votre niveau de vie jusqu’à la fin. Bon, c'est censé être le mardi de Stu, et c’est moi qui n’en finis plus de parler.
Non, Dave, vous avez raison. Continuez. Quand des actions ont des dividendes qui augmentent de 4% au fil du temps, cela représentera pas loin de deux fois l'inflation. Ainsi, même si le cours des actions est parfois un peu volatil, les dividendes augmentent et vous sont versés. Et ce pouvoir d'achat, ce flux de dividendes, augmentera aussi vite, voire plus vite, que l'inflation. C'est la raison pour laquelle ils sont une part importante d'un portefeuille dans lequel vous essayez de faire fructifier votre capital. Et si vous en utilisez une partie, il est bon de disposer d'une compensation de l'inflation. Ainsi, lorsque vous essayez d'obtenir un rendement de 7 ou 8% au fil du temps, si l'inflation est de 2 ou 3%, la différence est ce que vous appelez votre taux de rendement réel, le rythme auquel votre pouvoir d'achat augmente.
C'est exact. Il faut que le taux de rendement réel de votre portefeuille soit positif au fil du temps, sinon vous perdez du terrain. Mais ce n'est pas la raison première pour laquelle vous investissez. Les gens essaient de faire des choix à court terme. Revenons juste en arrière d’un an. On sort tout juste de 2022. Une année brutale pour les obligations; la pire qu’on n’ait jamais connue sur le marché obligataire. Les actions non plus, n'ont pas connu une année fameuse. À un moment donné, elles avaient baissé de 30%. Et les gens se fient là-dessus quand ils se tournent vers l’avenir. 2023 ne sera forcément pas très bonne non-plus. Or, il s'avère que 2023 a été une très bonne année du point de vue de l'investissement. Au lieu de penser à long terme et d'investir, ou au moins de commencer à investir par le biais de placements échelonnés — que nous aimons beaucoup à cette émission — les gens restent sur la touche et au final, ils ont regardé passer la plutôt bonne année 2023. La meilleure chose à faire est toujours de commencer à investir dès aujourd'hui, sous une forme ou une autre.
Vous avez un portefeuille d'actions et c’est toujours intéressant de regarder dans quoi vous investissez. Là où vous vous trouvez en ce moment, vous voyez peut-être passer les deux lignes de chemin de fer canadiens, le Canadien Pacifique et le Canadien National. Quand on regarde le prix de l'action dans le journal ou sur un écran, ça ne veut pas dire grand-chose, mais quand vous voyez le chemin de fer en vrai, c’est autre chose. Si je possède ces sociétés, je possède aussi de petites parts de ces lignes ferroviaires. Vous regardez l’évolution de ces entreprises au fil du temps, à travers les périodes de hausse ou de baisse de taux, et force est d’admettre qu’il y aura toujours de la croissance à l'avenir, en dépit de la volatilité au jour le jour. Et vous avez ça dans votre portefeuille. Au-delà du prix de ces actions ou les mouvements quotidiens, il faut se souvenir qu’il y a les entreprises en soi, les équipes qui les gèrent et les développent, et on en arrive à oublier l'angoisse que l'on ressent souvent en investissant.
Stu, nous en avons déjà parlé à quelques reprises, mais au cours de notre petite conversation avant le début de l'enregistrement, vous avez parlé de l'idée que tous les titres à dividendes ne sont pas identiques, et qu’on le voit sur le marché en ce moment. De quoi parlez-vous exactement?
Dans un portefeuille de dividendes, il y a des sociétés qui versent des dividendes élevés sans beaucoup de croissance, d'autres qui versent des dividendes modérés et qui essaient de faire croître le dividende, et d'autres encore qui versent des dividendes faibles et dont la croissance du dividende est le véritable objectif de l'entreprise. Selon les phases du cycle, les entreprises ont tendance à mieux se comporter. Lorsque les taux d'intérêt baissent et que la croissance économique est lente, les entreprises à dividendes élevés ont tendance à bénéficier du niveau élevé des flux de trésorerie actuels. Nous possédons de ces entreprises, mais nous avons tendance à préférer les deux premiers groupes, car à long terme, ce sont ces entreprises qui font le gros du travail dans le portefeuille. Leurs dividendes augmentent, elles versent des niveaux modestes de flux de trésorerie, mais elles assurent réellement la protection contre l'inflation et la croissance du portefeuille au fil du temps. Dans le contexte actuel, ces actions se sont mieux comportées et continuent de le faire. Celles qui ont moins de croissance et des bilans plus importants, celles qui empruntent de l'argent pour créer le capital qu'elles ont investi, ressentent davantage de pression, car même si les taux d'intérêt ont baissé, ils restent plus élevés que ce que beaucoup de ces entreprises auraient intégré dans leurs emprunts actuels. 4%, c'est mieux que 5%, mais avant d’avoir eu à se refinancer, elles payaient 3%. Elles ont à pallier ce manque à gagner. Il se peut donc que ces entreprises ne connaissent pas une croissance supérieure à 2 ou 4%, et qu'un quart de cette croissance soit absorbé par le fait de devoir payer des taux d'intérêt plus élevés, des coûts d'intérêt, même si les taux d'intérêt baissent. En revanche, les entreprises qui se situent dans les deux premiers camps, avec une croissance des dividendes plus importante et une redistribution plus faible, ont tendance à ne pas s'endetter beaucoup, de sorte qu'elles n'ont pas la même contrainte. Nous ne sommes pas entrés officiellement en récession — l'économie est au ralenti ici au Canada, bien qu’elle commence à se porter mieux — mais les perspectives de croissance de leurs dividendes semblent assez bonnes malgré tout. L'un des outils que nous utilisons dans les portefeuilles est l'arbitrage temporel. En tant qu'investisseur, vous allez détenir ces titres pendant 25 ou 30 ans dans votre portefeuille. Vous vous demandez toujours à quoi ressemblera cette entreprise dans quelques années. Comment sera-t-elle valorisée dans quelques années? Une entreprise fait un investissement qui commencera à porter ses fruits. Elle trouve un nouveau produit; elle génère de nouvelles formes de revenus. Il faut toujours se projeter dans 18 mois ou deux ans et se demander comment ces flux de trésorerie vont croître. Combien vaudront-ils quand ils auront augmenté. C'est un élément clé. Les entreprises qui se concentrent sur la croissance des dividendes ont tendance à être de très bonnes actions dans cet environnement.
Oui, c'est vrai. 2022, comme je l'ai déjà mentionné, a été une période de très forte volatilité sur le marché. Mais l'autre avantage de se concentrer sur ces actions, c'est qu'il n'y a pas autant de volatilité dans ce type d'investissement. Pour en revenir à cette personne de 70 ans qui désire encore un peu de croissance dans son portefeuille, elle ne veut pas détenir une action technologique qui pourrait perdre 90% de sa valeur. Elle veut une action qui lui procure un revenu et une croissance solide, qui lui permette de rester en avance sur l'inflation pendant très longtemps, et qui ne soit pas aussi volatile. Encore une fois, c'est ce qu'un bon portefeuille d'actions de dividendes fait pour vous.
Oui, c'est certain. Ces entreprises sont plus stables. Elles sont généralement assez faciles à gérer et malléables. Pensez à une entreprise qui possède des épiceries et des pharmacies. Il y a quelques années, souvenez-vous, on y trouvait ces fameux Photomaton. C’était très rentable. Les gens entraient et se faisaient prendre en photo. Mais depuis, les téléphones portables sont arrivés et tout ça a disparu. Tout d'un coup, on se retrouve avec tout un coin du magasin qui n'est plus aussi rentable qu'avant. En tant qu'investisseur, on peut se dire que c’est comme ça et voilà tout. Mais on peut aussi aller voir la direction et leur suggérer de faire quelque chose avec cet emplacement dans le magasin. Ils vont répondre qu'ils ont l’idée d’y mettre des produits frais, ce qui augmentera la fréquentation. Les gens viendront acheter des denrées périssables, et cela augmentera le trafic. Ou bien installer de petits centres de soins de santé avec un pharmacien, pour désengorger les cabinets de médecin, où il est si difficile d'obtenir un rendez-vous. Tout d'un coup, ce capital rapporte de l'argent. On a connu une pause, et puis les choses ont repris. C'est ainsi qu'une bonne équipe de gestion peut faire croître une entreprise au fil du temps. Et les flux de trésorerie au fil du temps peuvent connaître une croissance moyenne à élevée à un chiffre, même s'il y a des périodes où elle est un peu plus lente et d'autres périodes où elle s'accélère au fur et à mesure que les choses se mettent en place.
Oui, c'est vrai. Et encore une fois, il s'agit d'exemples concrets. L'exemple de la pharmacie. Je suis sûr que la plupart des personnes qui nous écoutent ont vu cette évolution lorsqu'elles se rendent à l'épicerie ou à la chaîne de pharmacies qu'elles fréquentent, et qu'elles constatent que ces entreprises essaient de maximiser chaque mètre carré d'espace dont elles disposent. C'était une discussion très intéressante. Je vais dire à mes filles: j'espère que vous avez apprécié, et j'espère que vous avez été attentives. Je vous ai déjà dit tout ça, mais venant de la bouche de Stu, vous n’avez pas le choix que d’être attentives. Alors investissons, les filles.
D'accord, très bien, Dave. Bon séjour à Sudbury et à Espanola, et à bientôt.
Super. Merci, Stu.