Transcription
Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson. C'est une journée de dur labeur pour l'économiste le plus actif du Canada, Eric Lascelles. Nous venons d’avoir les élections aux États-Unis. La Réserve fédérale prend une décision sur les taux d'intérêt cet après-midi. Eric, comment se fait-il que vous ayez même cinq ou dix minutes à me consacrer?
En fait, j’enregistre deux baladodiffusions en même temps. J'espère que les questions vont être les mêmes. Mais ça devrait aller.
Wow. Incroyable. Franchement, je ne sais pas comment vous faites.
Attendez, on me pose une question… Quelle est ma couleur préférée? Orange.
D'accord. Orange. Est-ce que j'ai de l’orange dans mon fond d’écran? Je suis content que nous ne soyons pas en vidéo aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, nous connaissons le résultat des élections. Nous avons fait quelques émissions avec nos meilleurs gestionnaires de placement pour parler de l'utilité pour les marchés d’avoir enfin un vainqueur, et d'avoir une idée des politiques à venir. Nous vous avions reçu au cours du mois dernier et avions parlé des nuances entre une victoire de Harris et une de Trump. Mais maintenant que nous avons le résultat, et que vous avez vu, vous aussi, quelques jours d'activité sur les marchés à ce stade, à quoi pensez-vous d'un point de vue économique après l'élection?
Oui, ce sont toutes de bonnes questions. Pour commencer, comme vous l'avez dit, l'incertitude n'a pas disparu, parce qu'il y a encore des questions sur les diverses promesses et mentions de Trump qui seront mises en œuvre et celles qui ne le seront pas. Nous avons néanmoins constaté une réduction significative de l'incertitude. Il y avait deux voies très différentes dans lesquelles les États-Unis pouvaient s'engager, et maintenant il n'y en a plus qu'une seule avec de l'ambiguïté, certes, mais néanmoins, la voie à suivre est beaucoup plus claire. Et les marchés s'en félicitent. Il est bon de réduire un peu l'incertitude, pour moi aussi, en tant que prévisionniste. Je peux dire que les marchés ont réagi à ce résultat exactement comme nous l’avions prédit. Ce n'est pas toujours le cas, alors je prendrai cette petite victoire. Nous n'étions pas les seuls à l'avoir fait, mais nous avions prévu que les marchés boursiers seraient en hausse, les rendements obligataires et le dollar américain, également. Et nous pensons que tous ces éléments correspondent largement aux implications économiques et de marché qui découlent d'une présidence Trump, et peut-être même d'autant plus qu'il semble très probable, pas tout à fait certain, mais très probable qu'il y aura eu un balayage pour les Républicains. Ils ont remporté le Sénat et il semble qu'ils aient remporté la Chambre des représentants. Ces résultats sont donc également cohérents. Chaque élément du programme de Trump n’est pas économiquement positif. Les droits de douane sont plutôt négatifs et pourraient ajouter quelque chose à l'inflation. La réduction de l'immigration est également une soustraction mathématique de la croissance du PIB. Il y a donc des aspects négatifs. Mais cette combinaison de déréglementation et de réductions d'impôts, en particulier, et peut-être aussi de déblocage de l'industrie pétrolière, est certainement bien accueillie par les marchés et nous pensons qu'elle peut, en définitive, faire progresser l'économie américaine un peu plus rapidement à court terme. Je devrais le mentionner, Dave, nous avons généralement dit, avant l'élection, qu'une victoire de Trump serait, à court terme, vaguement neutre sur le plan économique. Beaucoup d'éléments positifs, beaucoup d'éléments négatifs, mais en fin de compte, ils s'annulent à peu près les uns les autres en ce qui concerne le taux de croissance de l'économie au cours de l'année ou des deux années à venir. Parce qu'il s'agit d'un balayage républicain, cela ouvre la voie à un peu plus d'action. Nous avons relevé un peu ce taux en pensant qu'il pourrait y avoir un peu plus de réductions d'impôts, un peu plus de réductions de réglementations, un peu plus d'esprit animal aussi, juste pour exciter les entreprises, que l'environnement politique change beaucoup ou non. Nous avons donc un léger effet positif à court terme. Je ne m'attends pas à une augmentation considérable du déficit. Nous ne pensons pas que cela soit de l'ordre des impulsions fiscales qui se sont succédé immédiatement après la pandémie, loin de là. N'oublions pas qu'il existe toutes sortes de freins et de contrepoids aux États-Unis, et que les règles de réconciliation signifient qu'avec un avantage très mince au Sénat, ce n'est pas un scénario où l'on peut simplement faire sortir des billions de dollars par la porte, quels qu'ils soient. Mais nous pensons que, tout compte fait, cela peut être positif à court terme sur le plan économique. Il y aurait bien d'autres choses à dire, mais c'est peut-être là l'essentiel.
Je n'aime pas vous lancer une balle courbe sans vous en avoir parlé avant de commencer l'enregistrement. Mais je sais que vous êtes un athlète et que les balles courbes ne vous font pas peur. Il y a du talent de baseball dans la famille. D'ailleurs, si vous ne savez pas de quoi je parle, vous devriez appuyer sur le bouton «s'abonner» lorsque vous téléchargez cette émission, afin de pouvoir revenir en arrière et écouter les précédentes apparitions d'Eric et découvrir sa famille super talentueuse. Son fils est un grand joueur de baseball, et Eric est lui aussi un athlète. Cliquez sur «j'aime». Accordez-nous un commentaire cinq étoiles. C'est toujours utile pour nos efforts. Eric, quand vous entendez les analyses — et nous essayons de rester très apolitiques ici, nous parlons simplement de l'impact économique et de l'impact sur le marché quand nous parlons de l'élection. Nous ne nous prononçons pas en faveur d'une option ou d'une autre et nous ne parlons pas des émotions suscitées par cette élection. Mais l'un des arguments des personnes qui ont voté pour Trump est qu'il a été président de 2017 à 2021. Si l'on exclut la COVID, les trois premières années de sa présidence ont été marquées par une très forte croissance économique. L'inflation et les taux d'intérêt étaient faibles. Les marchés se sont très bien comportés. Ensuite, vous regardez l'administration actuelle, représentée par Kamala Harris. Elle a suivi la COVID, mais nous avons connu une période d'inflation plus élevée, de hausse des prix de l'essence et de l'épicerie, et de déficits plus importants. Trump, certainement pour la partie COVID de son administration, a ajouté beaucoup à cela aussi. Mais les gens se disent : il l'a déjà fait, il est capable de le refaire. Les circonstances économiques sont certes différentes entre 2017 et 2025. Mais la prescription politique dont il a parlé, qui comprend des droits de douane et des réductions d'impôts, peut-elle donner les mêmes résultats? Les circonstances sont différentes. Cela pourrait-il fonctionner dans l'autre sens? Certaines des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenus disent que cela pourrait aller dans l'autre sens. Les droits de douane pourraient être très inflationnistes. On n’a pas encore enrayé l'inflation, on ne l’a pas enterrée. Qu'en dites-vous?
Permettez-moi de commencer par dire que nous avons certaines hypothèses, et que si ces hypothèses s'avèrent incorrectes, nous devrons alors changer de cap en ce qui concerne les implications de cette présidence. Nous supposons qu'il n'y aura pas de déportations à grande échelle d'immigrés sans papiers aux États-Unis. Nous supposons certainement qu'il y aura moins d'immigration et que les règles d'immigration seront plus strictes. C'est ce que nous avions également supposé avec Harris, mais dans une moindre mesure. Nous ne supposons pas que douze millions de personnes seront expulsées des États-Unis. Si cela devait se produire, cela bouleverserait radicalement la donne et aurait toutes sortes d'implications pour le logement, les salaires, la simple croissance économique et tout le reste. Nous ne partons donc pas de cette hypothèse. Nous ne supposons pas que l'ensemble de la plateforme tarifaire de Trump soit mis en œuvre. Nous ne sommes pas convaincus que le monde sera frappé par des droits de douane de 10% sur tout, en plus des 60% imposés à la Chine. Nous ne nous attendons pas à ce que la Fed ou la fonction publique soient fortement ébranlées. Je pense que nous allons assister à des tentatives de changement, mais je ne pense pas que ce soit au point de saper la capacité de la Fed en particulier à faire son travail. Le risque est réel, il faut bien le dire. Mais pourquoi pensons-nous cela? Pour un certain nombre de raisons. Gardez à l'esprit que, même avec un balayage républicain au Congrès, il y a toujours des freins et des contrepoids, et de nombreux sénateurs et représentants républicains ne sont pas enthousiastes à l'idée d'une perturbation de cette ampleur. Cela limite les possibilités. C'est un peu obscur, mais je mentionnerai l'arrêt Chevron. Il s'agit de l'un des arrêts de la Cour suprême de l'année dernière. Pour faire simple, les agences gouvernementales, et par extension, les présidents, ont beaucoup moins de marge de manœuvre pour interpréter les lois et lire entre les lignes. La loi dit qu'il n'y aura pas d'immigration illégale, et nous, nous interprétons cela comme signifiant également l'expulsion des personnes qui sont déjà là, à titre d'exemple. Il est beaucoup plus difficile de faire cela à l'avenir, et les tribunaux seront en fin de compte le juge final de ces décisions, et beaucoup de ces initiatives seront prises par les tribunaux d'une manière qui limitera la mise en œuvre de mesures non conventionnelles. L'autre idée, les gens qui ont soutenu, avec enthousiasme ou non, Trump. Il y a les grands manitous de Wall Street, les gens des fonds spéculatifs, les cadres supérieurs de divers secteurs. Il est clair qu'ils sont d'avis que les meilleures politiques économiques seront mises en œuvre et que les moins souhaitables ne le seront peut-être pas ou le seront avec une certaine retenue. Je soupçonne qu'ils espèrent également influencer la prise de décision sur ces politiques particulières. Et il y a de bonnes chances qu'ils y parviennent. Je voudrais également mentionner que, lorsque les choses se gâtent, il a été remarquable, de 2017 à 2020, que Trump ait utilisé le marché boursier comme instrument de mesure de son succès et de la réussite de ses politiques. Ainsi, si l'on annonce soudainement que la population américaine va diminuer de douze millions d'habitants ou que les droits de douane vont augmenter les coûts de tout un chacun de plusieurs points de pourcentage, ce ne sera pas très bon pour le marché boursier. Celui-ci n'apprécierait pas non plus la perte de crédibilité de la Fed et n'aimerait pas que le gouvernement ne fonctionne pas, même s'il y a une relation d'amour-haine avec les réglementations et le gouvernement. Je ne dirais pas qu'il s'agit d'un cas irréfutable selon lequel seules les bonnes politiques seront mises en œuvre et que les mauvaises ne le seront pas. Ce n'est pas si simple. Mais je pense qu'il est raisonnable de penser que certaines des propositions les plus exagérées ne seront pas mises en œuvre. Et celles qui le seront ne sont pas nécessairement les bonnes. Je ne pense pas que les droits de douane soient les bienvenus dans un contexte de croissance, mais ils seront limités d'une manière qui se prête aux prévisions que nous avons, à savoir un léger effet positif sur l'économie. Il pourrait y avoir des surprises, mais l'autre chose à dire est qu'il est rare que la politique soit le moteur dominant des marchés et de l'économie. Il y a d'autres forces. Je suis d'accord avec vous pour dire que les circonstances économiques sont différentes cette fois-ci. Nous nous retrouvons avec une certaine fragilité de l'inflation au sortir de cet environnement et des taux d'intérêt qui ne sont pas bas. Et il n'y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour qu'une économie évolue rapidement sans surchauffe, donc vous ne voulez pas ajouter aveuglément de l'huile sur le feu. L'année 2017 a été différente à bien des égards. Les taux n'étaient pas élevés, l'inflation n'était pas forte, mais ce n'était pas comme si l'économie était dans une grande dépression qui avait besoin d'être stimulée. L'économie tournait autour de son potentiel. Cette situation n'est pas totalement inconnue. On touche là au cœur du problème, à savoir que l'incertitude est en baisse. Nous savons qui a gagné. Il reste cependant une bonne part d'incertitude quant à la manière dont ces mesures seront mises en œuvre. Nous allons donc en apprendre davantage. Des mesures telles que les droits de douane et la politique étrangère peuvent être mises en œuvre assez rapidement après le 20 janvier, date de l'entrée en fonction de Trump. Certaines de ces mesures ne nécessitent pas de législation pour être mises en œuvre, et il n'est donc même pas nécessaire de courtiser le Congrès et d'obtenir son soutien. Nous allons donc apprendre certaines choses rapidement. Je soupçonne cependant, comme je l'ai dit, que nous obtiendrons ces choses avec modération plutôt que dans leur version la plus extrême.
Oui, c'est vrai. Ce à quoi je pensais à propos de la différence entre hier et aujourd'hui, c'est que vous aviez une économie, comme vous l'avez dit, avec une faible inflation et des taux d'intérêt bas au sortir des années Obama. Mais on parlait beaucoup à ce moment-là du potentiel de croissance de l'économie américaine. Alors, on réduit les impôts, on relance un peu l'économie et elle redécolle. Nous obtenons une croissance un peu plus élevée pendant un certain temps. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec une dette de 7 ou 8 milliards de dollars. Ou plutôt, des billions. Je devrais faire attention avec mes milliards et mes billions. 7 ou 8 billions de dollars, vous connaissez probablement le chiffre exact de cette dette supplémentaire. Et on sort d'une période avec un problème d'inflation. On ne peut commencer à réduire les impôts ou à creuser le déficit sans réfléchir, car on va créer de vrais problèmes à long terme ou même potentiellement à court terme, étant donné la situation actuelle du déficit fiscal aux États-Unis.
C'est tout à fait vrai. N'oublions pas que lorsque nous parlons de réductions d'impôts, il s'agit en grande partie de maintenir les réductions d'impôts existantes, car elles expirent à la fin de l'année prochaine. Une grande partie du discours sur les réductions d'impôts consiste à conserver ce que nous avons au lieu de les réduire davantage. Ce n'est donc pas aussi coûteux sur le plan fiscal. Il ne s'agit pas d'un nouveau plan de relance. Il s'agit de maintenir les chiffres actuels. N'oubliez pas non-plus que la déréglementation est, en théorie, gratuite. Vous changez les règles, vous éliminez de la paperasserie. Pour être honnête, cela a un impact ambigu sur la surchauffe ou non d'une économie. Il est certain que cela accélère les choses, mais cela peut aussi rendre l'économie plus productive, simplement parce qu'il n'y a pas de formalités administratives à remplir, qu'il n'y a pas d'approbation à obtenir, etc. Vous avez vu le secteur bancaire monter en flèche et, bien sûr, il s'agit d'un secteur particulièrement sollicité du point de vue de la réglementation. Il faut alors prendre du recul et se dire qu'il y a peut-être un risque de problèmes dans dix ou vingt ans si quelqu'un va trop loin dans un instrument financier hors-norme, et que l'on peut attribuer une partie de la responsabilité de la crise financière mondiale à la déréglementation des années 90. Il y a un risque, mais je pense également qu'il est juste de dire que c'est quelque chose qui pourrait aussi dégager un peu plus de productivité, même, dans la mesure où les entreprises fonctionnent simplement un peu plus en douceur. Mais je suis d'accord avec vous, ce n'est pas exactement la même chose. Il ne faut pas s'attendre à une répétition absolue. Et les enjeux sont un peu plus importants cette fois-ci dans le contexte d'une dette et de déficits très élevés, mais aussi parce qu'il s'agit de s'assurer que l'inflation ne s'emballe pas. Et nous pensons que l'inflation sera un peu plus élevée sous Trump. En fait, j'étais littéralement en train d'ajouter un tiers de point de pourcentage à nos prévisions pour l'IPC 2025. C'est donc à peu près l'ordre de grandeur auquel nous pensons. C'est donc visible. Et l'inflation pourrait être de 2.5%, voire un peu plus, plutôt que juste 2%, un chiffre fort différent sur le plan symbolique. La Fed a été très occupée ces derniers temps, mais elle pourrait aussi réduire un peu moins ses taux d'intérêt. Je me demande si cela n'a pas été exagéré, mais quoi qu'il en soit, le marché se dit maintenant, d'accord, ce chiffre descend dans les 3% élevés, mais pas dans les 3% bas, et certainement pas dans les 2% élevés. Il pourrait donc y avoir une légère différence. Il y a donc des implications malgré tout. Nous ne nous intéressons pas uniquement au marché boursier, mais celui-ci est très important pour les investisseurs et constitue un bon indicateur des perspectives en général. Le marché boursier est toujours très actif, très enthousiaste, et ce sont même les petites et moyennes capitalisations qui sont en hausse. On peut dire que les marchés votent et qu'ils pensent que le dosage des politiques qui s'annonce a plus de chances d'être bon que mauvais. Je ne veux pas me contenter de suivre aveuglément cette évolution. Nous sommes des investisseurs actifs. Notre objectif est de battre le marché, et nous ne pouvons donc pas nous contenter de suivre ce que dit le marché. Mais néanmoins, cela me réconforte un peu.
Oui, c'est vrai. Nous avons donc vu les marchés évoluer. Nous avons vu les rendements augmenter un peu. Ils semblent s'être un peu calmés par rapport à la réaction initiale. Cela nous amène à la décision prise aujourd'hui par la Réserve fédérale. Quelle a été la décision prise et quelles sont les choses intéressantes qu'elle a dites à la suite de cette décision?
Tout d'abord, c'est l'une des décisions les moins importantes de la Fed. Pas de nouveaux graphiques à points, Dave. Pas de nouvelles prévisions. Il s'agit d'une décision sur les taux, d'un communiqué et d'une conférence de presse. Mais il y a assez d’informations utiles pour qu’on en parle. Comme prévu, nous avons eu droit à une baisse de taux de 25 points de base. Ils avaient été à 50 en septembre. Ils ont décrit cela comme un bon début à l'époque. Ils ne voulaient pas suggérer que ce serait le nouveau taux normal de réduction, ce qui n'a pas été le cas. On a eu une réduction de 25 points de base. Il n'y a donc aucune surprise de ce point de vue. L'économie continue de croître à un rythme soutenu. Je suis d'accord pour dire que c'est une bonne description de l'économie. Ils ont dit que le taux de chômage avait augmenté mais qu'il restait bas. Pas sûr que ce soit le cas depuis septembre, mais quoi qu'il en soit, il est plus élevé qu'il y a un an, mais il reste assez bas. L'inflation a progressé vers l'objectif de 2%. Les nouvelles sont bonnes dans l'ensemble et, une fois encore, compatibles avec une baisse des taux. La conférence de presse a donné lieu à une petite concession sur l'inflation, à savoir que le dernier rapport sur l'inflation était un peu plus élevé que prévu, donc ce n'était pas parfait. Il reste encore quelques questions, mais dans l'ensemble, il s'agit d'une histoire familière. La Fed s'est toutefois montrée très discrète sur la suite des événements. En septembre, elle promettait à peine des baisses de taux pour novembre. Néanmoins, elle a décrit la situation comme étant dépendante des données. Le marché prend cela à cœur. Il a évalué à 64% la probabilité d'une baisse des taux en décembre. Il ne s'agit donc pas d'une baisse de taux entièrement prévue à la prochaine occasion. C'est seulement un peu plus que 50/50. Et pour un certain nombre de raisons, pas vraiment basées sur la déclaration de la Fed, mais en partie à cause de l'élection, en partie juste à cause de la croissance vraiment bonne que nous avons vue ces derniers mois et de la tendance plus large, le marché estime maintenant qu'il n'y aura que trois baisses de taux supplémentaires d'ici la fin de 2025. Ce n'est pas beaucoup. Nous sommes maintenant descendus à 4,75%, ce qui nous ferait entrer dans la fourchette très élevée des 3% pour l’année prochaine. Pour moi, c'est encore un peu élevé. Je comprends qu'il y a un nouveau président, que l'inflation est peut-être un peu plus élevée, que la Fed réduit peut-être un peu moins ses taux d'intérêt, mais j'ai toujours l'impression qu’on devrait parler d'un taux de 3% moyen, plutôt que d'un taux de 3% élevé. C'est ce que je pense. Je pourrais même être audacieux et aller un peu plus loin. Je veux dire que c'est une question délicate parce que si l'on regarde l'économie actuelle, on doit dire qu'elle se portait plutôt bien pour un taux directeur de 4 ou 5% jusqu'à une date récente. On ne peut donc pas dire qu'il faille descendre à 3,5% pour survivre. Il semble tenir bon, ce qui est étonnant. Mais je ne cesse de penser que les choses ont changé depuis 2019. Si à l'époque on aurait dit qu'un taux de 2% était neutre, et qu'aujourd'hui on dit que qu’un taux neutre devrait être de 4%, il aurait doublé au cours des cinq dernières années? Les distorsions dues à la pandémie ont pourtant disparu. D'accord, il y a un peu de dé-mondialisation, et il y a un peu de changement climatique et d'autres choses qui augmentent un peu l'inflation et ont d'autres effets. Mais bon. Vous pourriez me persuader que c'est un 3% élevé au lieu d'un 2%, mais j'aurais du mal à monter jusqu'à 4%. Et les marchés ont tellement réagi de manière excessive au cours de l'année dernière qu'ils ont prévu qu'il n'y aurait pas de réductions, puis qu'il y en aurait beaucoup et beaucoup, puis très peu. Il y a eu tellement d'allers-retours. Je commence à penser qu'il s'agit peut-être d'un niveau un peu trop bas. C'est le conseil d'Eric pour la journée, ou l'opinion d'Eric. Mais il y a encore des baisses de taux, mais avec moins d'urgence et un peu moins de rapidité. Je soupçonne la Fed de ne pas vouloir commenter l'élection ou même l'effet d'une réduction d'impôts. Elle s'est contentée de dire qu'elle allait voir ce qui allait se passer et qu'elle agirait en conséquence, ce qui, à mon avis, est la bonne attitude. Mais je suis sûr qu'en interne, tout comme vous et moi sommes intéressés et curieux de savoir exactement ce qui sera mis en œuvre, nous allons suivre de très près ce que la nouvelle Maison Blanche veut faire.
Tout cela me fait penser à notre cher Canada et à notre économie canadienne, car c'est là que se trouvent nos auditeurs. Vous dites que le dollar américain est fort. Peut-être que les taux ne baissent pas autant que nous l'espérions. Il y a le marché immobilier canadien et tout ce qui s'y passe. Quoi d’autre? Il y a des impôts moins élevés, peut-être un peu plus d'inflation, des déficits plus élevés. Quelle est votre appréciation de l'économie canadienne et de ce qui s'y passe? En quoi cela modifie-t-il nos progrès?
Oui, je pense que dans l'ensemble, cette élection est négative pour toutes les économies qui ne sont pas celles des États-Unis. Déjà, les droits de douane ne sont pas très avantageux pour les autres acteurs, et il y a un élément d'incertitude. Comme vous le dites, les réductions d'impôts aux États-Unis sont bénéfiques pour ce pays, mais elles rendent tous les autres acteurs un peu moins compétitifs. C'est une réflexion que j'ai eue et qui n'est pas propre au Canada, mais qui est pertinente pour le Canada également. Et il y a eu une certaine pression sur les pays pour qu'ils réaffectent leurs dépenses gouvernementales à l'armée et à des choses comme ça, qui rapportent peut-être moins à l'économie à court terme, en particulier dans une capacité non économique. Je dirais donc que l'impact net est un peu négatif. Il y a, il est vrai, des compensations. L'affaiblissement du dollar canadien, bien sûr, contribue à renforcer un peu la compétitivité. Et je ne suis pas personnellement convaincu que la Banque du Canada doive réduire ses taux moins rapidement à cause de ce qui s'est passé aux États-Unis. Dun point de vue réaliste, la trajectoire est probablement similaire, mais si vous me demandiez de choisir, je dirais que la Banque du Canada pourrait réduire ses taux un peu plus que moins, simplement pour faire face à certains de ces défis et à certaines de ces incertitudes. Je pense donc que la Banque du Canada peut encore procéder à des réductions assez importantes. Cela signifie que nous pouvons encore soulager les Canadiens qui ont des prêts hypothécaires ou le marché du logement en général. Je pense donc que cette histoire persiste. Lorsque je pense au Canada en ce moment, la première question qui me vient à l'esprit est la suivante : le Canada sera-t-il frappé par des droits de douane ou, de manière plus réaliste, quelles négociations réciproques les États-Unis imposeront-ils au Canada? Le Canada parviendra-t-il à s'en sortir? Ou le Canada devra-t-il faire des concessions? Et certaines de ces concessions pourraient être d'ordre économique. C'est donc la grande question. Mais au-delà de cela, l'immigration évolue si rapidement au Canada, Dave. Les récents changements de règles. Le gouvernement pense maintenant que la population va diminuer au cours des deux prochaines années. Je ne suis pas tout à fait convaincu que ce sera aussi négatif, mais c'est une perte importante de l'effet de levier économique. Nous nous croisons tous les doigts et nous supposons, avec un peu d'optimisme, que la productivité va se rétablir dès que l'immigration diminuera. Je pense que ce n'est pas déraisonnable. Je pense que c'est possible, mais il n'est pas certain que cela se produise au même moment. L'année 2025 pourrait être mouvementée pour le Canada. Je ne pense pas qu'il s'agisse nécessairement d'une récession ou de quoi que ce soit d'autre, mais il pourrait s'agir d'une période agitée alors que nous affinons notre croissance de la productivité et que nous nous adaptons à la croissance démographique la plus lente que le pays ait connue — sauf en 2020 — depuis la Seconde Guerre mondiale. Les problèmes existent pour vrai. Évidemment, les investisseurs au Canada et le marché boursier canadien sont très orientés vers les ressources, les banques et autres. Je dois dire que ce n'est pas particulièrement orienté vers l'entreprise moyenne ou vers l'expérience économique moyenne. Le secteur bancaire mondial est en fait très enthousiaste à l'idée de la victoire de Trump, simplement parce que le dernier volet de Bâle III pourrait ne pas être mis en œuvre. Ainsi, les banques n'auront peut-être pas à se désendetter, et cela s'applique à toutes les banques du monde, plus ou moins, y compris les banques canadiennes. Et si vous pensez que l'économie évolue un peu plus rapidement aux États-Unis, cela pourrait avoir des conséquences sur les prix des ressources. Je ne suis pas en train de dire que le marché boursier est en pleine célébration, mais l'économie n'est pas le marché boursier, y compris au Canada, et peut-être surtout au Canada. Il y a une grande différence sectorielle entre l'économie et le marché boursier au Canada. J'ai remarqué qu'au début, du moins pendant la nuit qui a suivi l'élection, le marché boursier américain s'est redressé de quelques points de pourcentage. La plupart des autres marchés régionaux ont également connu une légère hausse. Pour être honnête, ils ont peut-être tempéré leur enthousiasme depuis lors. Mais l'idée qu'il s'agit d'un phénomène purement négatif pour le marché de tous les autres reste à déterminer. Beaucoup de grandes entreprises ont des activités transfrontalières et bénéficient d'impôts moins élevés dans leur division américaine ou, à l'inverse, dans leur division canadienne. En fin de compte, je suppose qu'il y a beaucoup d'éléments en mouvement.
C'est vraiment fascinant. Mais si vous y réfléchissez bien, c'est la raison pour laquelle on s'y est tant intéressé, en particulier au cours des trois derniers mois, à l'approche des élections. Nous avons le résultat. Comme vous l'avez dit, certaines incertitudes ont été levées, mais il y a encore beaucoup de choses dont nous ne sommes pas sûrs. Il y a tellement d'éléments en mouvement dans ce qui sera probablement un changement de politique aux États-Unis. Cela touche de près certaines de nos portes d'entrée ici au Canada. Eric, c'est toujours un plaisir de vous rencontrer. Blague à part, je sais à quel point vous êtes occupé par tout ce qui a trait à cette élection et à la réunion de la Fed qui a suivi tout juste après. J'apprécie donc beaucoup le temps que vous m'accordez aujourd'hui.
C'est un plaisir. Si je devais écrire tout ce que je viens de vous dire, cela me prendrait deux jours. Alors, faire cela en une demi-heure, je me sens plutôt bien. Merci donc de m'avoir donné cette opportunité sur cette plateforme. Et prenez soin de vous, tout le monde.