Transcription
Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson. C'est l'heure de David et David. Nous recevons David Lambert, responsable des actions européennes chez RBC Gestion mondiale d’actifs au Royaume Uni. En fait, votre titre est encore plus élaboré que ça, non ?
Je ne sais plus. C'est un peu long. Oui, quelques trucs de plus. Je m’en tiens à juste David.
Alors, la grande roue européenne avec David Lambert. Comment se passe la nouvelle année ? Un bon départ ?
Oui, c'est toujours agréable. On revient après la pause, après une période plus ou moins longue de vacances. Même si c'est une nouvelle année et que le changement de calendrier ne devrait pas faire de différence, vous vous sentez rafraîchi et il y a beaucoup de nouvelles informations. Vous relisez tous les portefeuilles. Ce n'est pas que vous ne le faites pas tout le temps, mais on se dit qu’on veut revoir les actifs. Ceux qui vont bien, ceux qui vont mal, on regarde ce qui a marché, pourquoi ça a marché. C'est toujours un bon moment en janvier. Tout le monde est rafraîchi pour faire ce genre de choses. C'est pourquoi je trouve toujours intéressant, avant d'entrer dans la saison des revenus, qui commence dans quelques semaines, de faire une sorte de ménage et de clarifier ses idées. Parfois, il faut se débarrasser des éléments du portefeuille qui n'ont pas fonctionné pour vous ou qui ne vous conviennent pas. On a parfois l'impression d'avoir ce poids sur les épaules et on y pense tout le temps mais il semble que le Nouvel An est toujours un bon moment pour regarder les choses d'un nouvel œil.
Avant de parler d'investissement, vous avez une jeune famille, alors Noël doit être un moment très excitant chez vous en ce moment ?
Oui. Vous avez raison. Mon aîné a quatre ans, ma cadette a deux ans et demi. Alors oui, Noël est tout ce qu'il y a de plus important en ce moment. On en est encore à chanter les chansons de Noël, et elles ne sortiront pas de leur tête avant longtemps. Maintenant, c'est tout de suite le lapin de Pâques qui est à l'ordre du jour. Hier soir, à table, la conversation portait sur le lapin de Pâques et la fée des dents, même s'ils ont encore toutes leurs dents et que cela ne se produira que dans quelques années. C’est l’incessant défilé des personnages de contes de fées.
Incroyable. Ah, je dois dire que je m’ennuie de cette période. Comme vous le disiez, vous vous êtes ressourcé, vous prenez le temps, comme vous l'avez dit, chaque année à cette époque, de réfléchir à l'année précédente et peut-être au ménage que vous vouliez faire, avant d'aborder 2025. C'est le but de cette série. Nous avons environ quinze gestionnaires de portefeuille différents qui vont faire une rétrospective de 2024 et jeter un regard vers 2025, bien que nous ayons pris toutes sortes de tangentes différentes. Je suis sûr qu'il en sera de même avec vous. Et si vous souhaitez entendre toute cette rétrospective et cet aperçu de tous ces différents gestionnaires de placement, veuillez vous abonner. Cette fois-ci, nous sommes sur YouTube. Nous avons eu Habib juste avant, et maintenant nous avons David, qui lui aussi a fière allure. Notre producteur nous donne à tous une évaluation, en fonction de notre apparence. Moi j'ai eu un F, alors je suis sûr que vous allez faire mieux. Si vous aimez l’émission, abonnez-vous, suivez-nous d’où que vous nous écoutiez, donnez-nous une bonne note. Nous en sommes ravis. Les responsables du marketing aiment bien que nous ayons beaucoup d'adeptes et d'abonnés. Mais David, 2024 fut une bonne année. Vous êtes plutôt satisfait. La dernière fois que nous nous sommes entretenus, vous vous attendiez à ce que certains de vos gagnants montrent des signes d'essoufflement vers la fin de l'année. Alors quand vous regardez 2024, comment l’évaluez-vous, en particulier la fin de l'année ? Vous évaluez les choses, comment cela s'est-il passé ? Et comment vous préparez-vous pour 2025 ?
Oui, pour l'Europe, l’année 2024 se divise vraiment en deux moitiés. Au cours des quatre ou cinq premiers mois, les marchés ont été relativement solides. Ensuite, après le mois de mai, nous avons fait du sur-place. Il y a eu des hausses, puis des baisses, très agitées. Le marché n'a pas vraiment pu trouver de direction. En ce qui concerne l'Europe, les gens parlent toujours de choses comme l'incertitude politique, c'est-à-dire des élections, les choses qui se passent en France et aussi en Allemagne, plus tard dans l'année. Et puis évidemment, avec l'arrivée de Trump aux élections, il y a toujours cette inconnue avec les droits de douane, et comment cela va impacter l'Europe. Mais dans l'ensemble, l'année a été plutôt positive. La dernière fois que nous nous sommes entretenus, j'ai toutefois laissé entendre que les valorisations étaient l'un des éléments qui me rendaient un peu nerveux. Au cours des dernières années en Europe, qui n'a pas été aussi forte que les États-Unis, mais qui a tout de même été relativement robuste, le marché lui-même a dépassé la croissance des bénéfices. Par conséquent, nous avons assisté à une revalorisation. En tant que gestionnaires de portefeuille, nous pensons toujours aux grandes entreprises, mais nous réfléchissons également aux valorisations appropriées pour celles-ci. On peut voir les valorisations se tendre et rester tendues pendant une longue période, mais cela nous rend plus nerveux. Certaines des choses que nous avons faites au cours du second semestre de l'année, nous avons alléger certains noms que nous détenons depuis longtemps dans le portefeuille. On en retire un peu à la surface. On ne se débarrasse pas complètement de ces noms. On risque de les conserver encore pendant les cinq ou dix prochaines années. Mais il faut être pragmatique et se dire qu'ils sont allés loin. Le risque est plus élevé aujourd'hui. Les choses pourraient mal tourner. Nous l'avons vu avec certains de nos titres en fin d'année. Les actions ont baissé. Mais en fin de compte, si vous pouvez vendre ces actions un peu plus chères maintenant et qu’elles reviendront plus tard, cela vous donne plus de force pour réinvestir dans ces actions et faire évoluer les portefeuilles. Nous cherchons toujours à gérer le risque. Nous considérons les risques du portefeuille de manière holistique, de sorte que nous pouvons examiner notre exposition à la valorisation au niveau du portefeuille, et pas seulement au niveau des actions. Nous pouvons voir si le portefeuille dérive vers des sociétés plus valorisées dans l'ensemble. Nous cherchons à y remédier. Il s'agit d'un examen quotidien constant du profil de risque, et nous nous en occupons en permanence. C'est ce que nous avons fait au cours de la fin de l'année, en procédant à une rotation, en enlevant de la surface de certaines de ces sociétés coûteuses et en réinvestissant dans des sociétés moins chères. Mais nous n'avons pas beaucoup modifié le portefeuille. Nous l'avons gardé assez équilibré sur toute la période du second semestre 2024, parce que nous pouvions voir ces choses en ce qui concerne l'incertitude politique, évidemment l'incertitude géopolitique, et puis évidemment avec Trump et ses tarifs douaniers, etc. Nous pouvions voir ces éléments se pointer à l'horizon et, par conséquent, nous ne voulions pas vraiment incliner le portefeuille de manière agressive. Aujourd'hui, à l'approche de 2025, les choses sont assez similaires, mais nous sommes dans une position où l'on peut penser que l'incertitude politique est élevée, mais est-ce que cela va devenir encore plus incertain à partir d'ici ? J'en doute. Lorsque nous pensons aux mesures de relance de la Chine, nous commençons à les voir arriver au cours du second semestre. Ces choses prennent toujours du temps à se mettre en place, et la Chine est un partenaire très important pour l'Europe dans son ensemble. En somme, la fin de l'année 2024 et le début de l'année 2025 n’ont pas l’air si mal que cela, mais je pense que nous pouvons voir une amélioration séquentielle à partir d'ici dans certains domaines qui inquiètent les gens sur le marché. Cela me rend un peu plus confiant et me fait penser que je veux être un peu plus cyclique dans le portefeuille, potentiellement. Lorsque nous pensons à des éléments tels que l’indice PMI, aux États-Unis, il est relativement stable et supérieur à 50. Mais en Europe dans son ensemble, il est plutôt modéré. Il s'agit là de mesures oscillantes mais lorsqu'il est faible, c'est le bon moment pour s’y attarder car on sait qu’il devrait augmenter à un moment ou à un autre. C'est très intéressant d'un point de vue européen. Lorsque ces éléments s'améliorent, c'est un indicateur avancé pour des choses comme la croissance des bénéfices, la croissance du PIB, les révisions des bénéfices, qui sont toutes positives pour le marché. À la marge, il y a des raisons d'être plus optimiste, simplement parce que je pense que les choses vont s'améliorer. Même si l'on tient compte de Donald Trump et des droits de douane potentiels, on ne sait toujours pas ce qui va se passer. Mais si l'on considère l'Europe et les éléments qui seraient finalement exposés aux droits de douane, il s'agit d'une très petite proportion des revenus européens. En réalité, nous nous intéresserons aux produits fabriqués en Europe et expédiés aux États-Unis. Ce que nous constatons pour beaucoup d'entreprises européennes, c'est qu'une grande partie des revenus provenant des États-Unis est constituée de produits fabriqués aux États-Unis et vendus aux États-Unis, de sorte qu'ils ne seraient pas soumis à des éléments tels que les droits de douane. La proportion des secteurs affectés est moindre, sous les 10%. Nous ne devrions pas être aussi inquiets. Encore une fois, en séquentiel, je vois que la situation ne s'aggrave pas mais s'améliore, ce qui devrait nous donner une toile de fond solide pour les actions européennes. À cela s'ajoute évidemment la valorisation de départ, qui est toujours assez basse pour l'Europe, mais qui, par rapport aux États-Unis, atteint un niveau record. Le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie se négocient tous à moins de onze fois les bénéfices. C'est très bon marché, même par rapport à leur propre médiane des vingt dernières années. Nous considérons que les valorisations sont bon marché et que l'évolution de la situation est de plus en plus positive. Nous voyons une croissance des bénéfices. Le consensus prévoit une croissance de 8, 9, 10 % cette année grâce à des valorisations bon marché. Toute revalorisation au niveau du marché pourrait conduire à des rendements totaux intéressants pour les actionnaires d'ici 2025. Nous restons constructifs, même si nous sommes attentifs aux risques inconnus liés aux tarifs douaniers et à la Chine dont nous avons parlé. Mais c'est ainsi que nous voyons la situation à l'heure actuelle.
Vraiment intéressant. Je fais souvent des blagues à propos de mon poids. Après m'être gavé de nourriture et de boissons pendant les fêtes de fin d'année, je suis à peu près aussi lourd et en mauvaise santé que je ne peux l’être dans l'année. Mais je ne peux pas continuer à vivre à ces niveaux extrêmes. Donc, même si je reviens à la normale, c'est-à-dire à un mode de vie disons normalement équilibré, je vais perdre un peu de poids et me sentir en meilleure santé. Cette idée, comme Stu en a parlé et dont je parlerai plus en détail dans une minute, que les choses ne vont pas devenir pires ou plus incertaines qu'elles ne le sont. Si les choses ne vont pas empirer, cela signifie qu'elles ne peuvent que s'améliorer. Cela ne veut pas dire que ce sera parfait, ni qu'il n'y aura pas d'incertitude, mais nous en avons atteint le sommet. D'un point de vue canadien, nous avons beaucoup parlé de la même chose avec Stu. Il y a la politique, il y a l'économie et, bien sûr, il y a les États-Unis à côté de nous. Comme vous l'avez probablement vu dans les journaux là-bas, nous recevons beaucoup d'informations sur les droits de douane, l'annexion ou tout ce qui peut être discuté à un moment donné. Mais si l'on additionne tout cela, on se rend compte qu'il s'agit presque d'une explosion. C'est à peu près tout ce qu'il y a de pire. À partir de là, les choses se stabilisent et se normalisent. On peut donc dire que si les choses vont s'améliorer, j'investirai. Cela signifie que la situation pourrait également s'améliorer.
Oui, exactement, Dave. C'est intéressant parce qu'on peut ramener cela au niveau des actions, que l'on pense à des choses comme les révisions de bénéfices, à la façon dont les choses évoluent et que, si elles cessent de s’aggraver, cela veut presque dire qu’elles s'améliorent. Nous avons atteint le niveau le plus bas, et donc nous attendons la suite. Mais ce que les gens attendent comme signal, que ce soit au niveau macro ou au niveau micro, c'est que les bénéfices deviennent positifs. Et ça ne devrait pas être le cas. Le meilleur moment pour acheter des actions, c'est quand les choses commencent à se dégrader, et vous pouvez voir, sur une base relative, qu'elles ne sont pas aussi mauvaises qu'elles l'étaient le mois précédent, et que les améliorations séquentielles se concrétisent. Elles ne sont pas encore devenues positives, mais elles sont de moins en moins négatives. C'est à ce moment-là que les actions et les marchés commencent à se redresser. Il faut être en avance sur ces choses, et il ne faut pas attendre que les chiffres soient positifs. C'est pourquoi je pense que cette configuration est vraiment très intéressante. J'ai parlé de l'Europe dans son ensemble, mais nous avons des régions d'Europe très intéressantes qui enregistrent de très bons résultats. Nous avons regardé du côté de l'Europe du Sud. Si nous revenons à la crise financière, c'était l’ère des PIGS, souvenez-vous, vous ne vouliez pas toucher à ces zones du marché. Ce que nous avons vu, c'est l'aspect financier et bancaire des choses, mais aussi les économies elles-mêmes. Ces pays se sont repris en main. Ils affichent aujourd'hui une croissance du PIB parmi les plus rapides au monde. L’indice PMI, dont vous avez parlé au niveau européen, y a dépassé les 50. La situation semble positive. Les marchés eux-mêmes ont été positifs. Nous observons des régions très intéressantes en Europe, au Portugal, en Italie, en Espagne, de même qu’en Grèce, qui fait encore partie des marchés émergents, mais qui pourrait réintégrer les marchés développés. Ces pays enregistrent de très bons résultats. Il y a quelques points positifs. Les journaux s’attardent à ce qui se passe en France, la montée de la droite, ou sur ce qui se passe en Allemagne et sur les nouvelles élections qui auront lieu le mois prochain, sur l'instabilité qui y règne ou sur la stagnation de l'économie. Mais il y a ailleurs des choses très intéressantes qui se passent. En tant que gestionnaires de portefeuille, nous avons le luxe de pouvoir orienter nos portefeuilles vers des parties du marché ou des entreprises exposées à des parties du marché qui se portent beaucoup mieux et qui s'améliorent. Je tenais à le souligner parce que les commentateurs, lorsqu'ils parlent de l'Europe, ont toujours une vue d'ensemble ou bien ont tendance à se concentrer sur l'Allemagne ou la France. Mais il y a des parties qui vont très bien. C'est un aspect intéressant pour l'Europe à l'horizon 2025, tant en Espagne qu'en Italie, des endroits que nous convoitons et où nous avons augmenté nos expositions.
Oui, tout à fait. Nous avons eu une conversation similaire avec Phil Langham au sujet des marchés émergents, une conversation similaire avec Habib au sujet des marchés mondiaux. Son équipe peut aller n'importe où dans le monde. Nous avons eu Sarah et Irene sur les actions nord-américaines au Canada par rapport aux États-Unis. Mais vous pouvez aller n'importe où et dans n'importe quel secteur, et vous pouvez certainement faire la même chose en Europe. Considérer l'Europe, les marchés émergents ou l'Amérique du Nord comme un grand bloc où tout évolue de concert n'est tout simplement pas la réalité. Je pense que tout le monde le comprend, mais vous êtes en mesure d'analyser où se trouvent les opportunités peu importe la géographie. C'est une question d'entreprise par entreprise parce qu'il y a des domaines de l'économie et des secteurs qui sont positionnés pour se porter particulièrement bien et qui se sont bien portés, et d'autres qui sont assez stagnants, et vous ne vous attendez pas à une reprise de sitôt dans ces domaines. Je suppose que c'est pour cela que l'on aime ce que l'on fait, parce que cela crée des opportunités partout.
C'est exact. Je pense que c'est le cœur de la question, Dave. Nous avons ces conversations avec les gens, d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, et les gens font toujours l'amalgame entre l'économie et le marché, alors que ce n'est pas la même chose du tout. Ils n'évoluent pas dans la même direction. Cette année, l'Allemagne a atteint des sommets inégalés et a été très robuste. Ce n'est pas dû à l'économie nationale, mais aux entreprises concernées. Les gens se demandent alors si l'on est exposé aux actions européennes, si l'on est exposé à ce que l'on appelle l'indice, qui est le groupe de l'univers investissable, en fait. Mais vous n'êtes pas limité à cela. Nous ne sommes pas obligés d'aller dans des secteurs déficitaires ou à croissance nulle, ou dans des secteurs où l'attrition des marges est énorme. Nous pouvons nous en écarter et nous concentrer sur les activités dont nous savons qu'elles peuvent se développer, ce dont nous avons parlé très souvent ensemble. Et voilà. L'économie n'est donc pas le marché. Et puis, au sein du marché lui-même, nous pouvons aller dans les meilleurs endroits. C'est ce que nous faisons depuis vingt ou vingt-cinq ans.
Vous avez mentionné l'Europe du Sud comme une région qui, une fois de plus, a commencé à montrer des signes d'amélioration, et c'est à ce moment-là que vous avez commencé à pencher de ce côté. Si vous regardez secteur par secteur, où voyez-vous cela se produire, ou y a-t-il quelque chose de différent lorsque vous regardez secteur par secteur ?
Comme je l'ai dit, nous sommes restés assez neutres, mais je souhaite y ajouter davantage de cyclicité. Nous avons vu certaines des entreprises industrielles à cycle court, c'est-à-dire celles qui réagissent plus rapidement à l'économie, commencer à se redresser assez bien à la fin de l'année. Bien sûr, on ne peut jamais être sûr que l'arrivée de Trump et de ses tarifs douaniers ne soit pas un facteur déterminant. Il y a eu un certain mouvement dans certains produits à cycle court parce qu'ils craignent ce qui se passera après l'investiture la semaine prochaine. Mais nous avons constaté une certaine reprise. L'autre secteur que je continue de voir, et j'en ai parlé à plusieurs reprises, et que nous aimons toujours beaucoup, c'est le secteur financier et le secteur bancaire en Europe. Depuis 2008, il a été le grand perdant de l'Europe. Mais j’ai vu aujourd'hui sur mon écran que les actions financières de l'indice Europe 600 ont atteint leur plus haut niveau relatif depuis dix ans. Les banques s'améliorent. C'est le résultat d'une réglementation stricte, d’un grand ménage dans la maison depuis un certain nombre d'années. Nous avons également constaté une certaine croissance des prêts, et l'environnement des taux d'intérêt y contribue. Même à l'heure actuelle, que l’on soit pessimiste ou optimiste, le marché se montrait confiant en la baisse très agressive des taux. De toute évidence, les rendements à dix ans aux États-Unis et au Royaume-Uni en particulier restent relativement élevés. Les taux ne baissent pas aussi rapidement qu'on le pensait. Mais c'est une bonne chose pour les banques. Leur ligne de revenus nets d'intérêts s'avérera beaucoup plus robuste. Nous n'assistons à aucun déclassement. En fait, on le voit dans des secteurs qui sont à des niveaux historiquement bas. Je vous ai parlé de dix ou onze fois pour l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni au niveau du marché. Nous considérons toujours les banques sur la base des bénéfices. Nous regardons à six ou sept fois. Il s'agit d'actifs vraiment bon marché avec des rendements en dividendes décents, des rachats d'actions, un bon bilan, et je pense que les bénéfices vont être revus à la hausse car les gens se sont trop emballés sur le nombre de baisses de taux que nous allons connaître. Nous pensons donc que les valeurs financières sont encore assez solides. Le seul secteur qui me pose encore problème, lorsque nous pensons à la cyclicité, est celui de la consommation. Nous sommes toujours très équilibrés, voire légèrement sous-pondérés sur la consommation discrétionnaire et la consommation de base. Cela s'explique en partie par notre exposition à ce que nous aimons dans le domaine de la consommation discrétionnaire, à savoir les produits de luxe. C'est ce que l'Europe sait faire de mieux. On y trouve d’excellentes entreprises. Il est évident que les produits de luxe dépendent de la Chine et des États-Unis. Que se passe-t-il en Chine ? Nous avons constaté un certain ralentissement. Si l'on considère les chiffres globaux, on peut dire que pour une entreprise qui réalise de telles performances, une certaine croissance en Chine ou au niveau mondial dans le marché dans lequel nous sommes coincés est plutôt bonne, mais les attentes étaient beaucoup plus élevées. Nous avons répugné à nous montrer trop agressifs en repoussant les produits de luxe, même si nous commençons à les voir surperformer à nouveau, atteignant des sommets relatifs de trois mois dans certains domaines. Comme je l'ai dit à propos de la Chine, il s'agit là encore d'un long et lent rebond. Il pourrait être cahoteux, mais peut-on vraiment s'attendre à ce qu'il empire ? Non, pas nécessairement. Nous pourrions être plus constructifs dans le secteur de la consommation discrétionnaire. La consommation de base est un secteur qui est évidemment un peu plus défensif. Mais nous avons vu de grandes marques, des boissons par exemple, qui en ont arraché dans le monde entier. Nous aimons toujours les marques et nous apprécions toujours certains aspects des boissons, de la bière, des spiritueux, etc. Mais il y a eu cette préoccupation générale — et on reparlera de Novo Nordisk — et tout cela est lié à la préoccupation générale concernant les GLP-1 et la consommation future de certains aliments et boissons à l'avenir. Tout cela est lié. Novo Nordisk, comme vous le savez, représente un de nos placements des quinze ou vingt dernières années. Nous sommes un peu plus prudents dans ce domaine. Nous ne nous attendons pas nécessairement à une reprise cyclique dans le secteur de la consommation, mais nous voyons des signes dans d'autres domaines. Je dirais que les secteurs financier et industriel sont plus cycliques. Nous voyons des secteurs intéressants.
Je sais que nous avons beaucoup parlé des produits de luxe lors de vos visites, et nous nous sommes d'ailleurs croisés sur Bond Street et dans tous les magasins qui s'y trouvent. La Chine et l'émergence de la Chine ont été un marché incroyable pour ces marques au cours des vingt dernières années. Et nous commençons à voir d'autres économies se développer très rapidement et atteindre certains niveaux de richesse et des poches de richesse au sein de ces économies, là où la Chine aurait pu se trouver il y a quinze ou vingt ans. L'Inde, le Viêt Nam ou certains pays du Moyen-Orient montrent-ils les mêmes signes et le même intérêt pour les produits de luxe et les marques de luxe européennes que la Chine dans les années 90 et au début des années 2000 ?
C'est vrai, mais il y a une différence parce que je pense que culturellement, c'est la beauté de la chose, en particulier lorsque vous parlez à Phil dans les marchés émergents, les Chinois sont évidemment très différents culturellement de la population indienne, par exemple. La richesse et la prospérité en Chine — et le fait de vouloir bien l’afficher — font partie intégrante de la culture, bien plus que ce ne serait le cas en Inde, ce qui n'est pas nécessairement, à l'heure actuelle, quelque chose d'ancré dans cette culture. Toutefois, lorsque nous parlons aux sociétés de produits de luxe elles-mêmes, elles reconnaissent clairement la richesse croissante dans des pays comme le Viêt Nam et l'Inde, et c'est exactement là qu'elles s'installent. Elles déplacent leur publicité, construisent des infrastructures dans ces pays. Elles voient donc cela venir. En fin de compte, le luxe est un aspect très intéressant en ce sens qu'il peut se développer en se raréfiant et que, par conséquent, le désir de luxe s'accroît. Ils pourront facilement développer leur activité, car il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup de clients. Il suffit de quelques clients fortunés pour commencer à développer une activité décente en Inde. Nous parlons à LVMH, et ils sont déjà en train de s'y installer. Le marché n'est pas très important pour l'instant, mais ils sont en première ligne et ont commencé à s'implanter sur ces marchés depuis un certain temps. Ils doivent le faire, et c'est ce que ces entreprises devraient faire. Elles devraient être tournées vers l'avenir, contrairement à ce qui s'est passé historiquement. La Chine reste un marché important, mais l'Inde, le pays le plus peuplé du monde à l'heure actuelle, sera un jour ou l'autre un marché gigantesque. Mais je ne pense pas que la croissance initiale que nous avons connue en Chine sera tout à fait la même, simplement en raison des différences culturelles.
Mais comme nous en avons parlé, et encore une fois, ce qui est fascinant et ce qui échappe à tant de gens, et j'y reviens toujours, c'est que lorsque vous l'avez évoqué pour la première fois et que nous avons commencé à en parler, je n'avais pas fait le lien entre une nouvelle technologie incroyable et l'innovation et la créativité autour d'une nouvelle technologie. Vous pouvez faire le lien avec l'innovation, la créativité et l'avancée technologique qui permettent de facturer un sac à main 20 000 $ et la manière dont vous organisez cela dans votre entreprise pour que la demande soit toujours présente, que vous la gériez en fonction de l'offre, que vous changiez suffisamment les choses pour maintenir ou atteindre un certain statut avec la marque afin de maintenir cette tarification et cette marge. Il faut croire que ces entreprises, tout comme les grandes entreprises technologiques, peuvent innover et qu'elles trouveront un moyen d'obtenir ce dont elles ont besoin dans ces autres économies émergentes, n'est-ce pas ?
Absolument. L'un des meilleurs exemples d'entreprise pour illustrer ce que vous venez de dire est Ferrari. Si vous pensez au nombre de véhicules que Ferrari doit fabriquer, ils n'en fabriquent pas tant que ça, mais leur carnet de commandes est entièrement rempli des années à l'avance. Ils savent exactement comment fixer les prix. Ils savent exactement comment trouver les clients. C'est incroyable. C'est une histoire très simple, pour être tout à fait honnête. Mais les gens continuent à payer ces prix, et le carnet de commandes continue à s'étoffer plusieurs années à l'avance.
Oui, je vais récupérer la mienne en avril. Vous aurez la vôtre cet été, si je ne m’abuse ?
Je le souhaite.
En avril de l'été 2110 ou quelque chose comme ça, dans une centaine d'années. Non, nous ne sommes pas sur la liste Ferrari. Nous aimerions l'être. Mais oui, cette innovation est incroyable. Vous avez également parlé de Novo Nordisk, et je pense que ces dernières vingt-quatre heures, un rapport a été publié selon lequel Eli Lilly a mis au point une forme de pilule des GLP. Lorsque j'étais à Londres, vous disiez qu'il s'agissait de l'une des prochaines évolutions. Ces actions ont été soumises à une forte pression ces derniers temps. S'agit-il du début de cette nouvelle vague d'intérêt où vous voyez l'expansion de l'utilisation ? Ou bien est-ce qu’il faut attendre ? Nous en sommes encore à un stade très précoce et il y a encore de nombreuses étapes à franchir ?
Il est encore tôt. Il s'agit encore d'une grosse bête. Les cours des actions de Lilly et de Novo sont très fluctuants parce qu'il y a manifestement beaucoup d'attentes et qu’on s'inquiète de la concurrence. En fin de compte, l'histoire de ces deux sociétés est celle de l'offre. L'offre n'est pas suffisante. La demande est très forte. Les seuls à pouvoir développer l'offre sont Eli Lilly et Novo Nordisk. Ces deux entreprises ont donc mis de l'ordre dans le marché des injectables. En fin de compte, oui, vous avez raison, la prochaine étape sera le marché des médicaments oraux. En fait, Eli Lilly est en avance sur Novo. Novo n'a pas vraiment de produit oral. Mais le problème avec les produits oraux, c'est que l'efficacité sera toujours beaucoup plus faible que celle des produits injectables. Si vous pouvez faire passer les gens à des produits injectables à action plus longue et à l'efficacité beaucoup plus élevée, les résultats les plus récents que nous avons vus pour d'Eli Lilly ou pour le CagriSema de Novo, dont nous avons reçu les données en décembre, indiquent une perte de poids de 20 à 25 %. Vous n'atteindrez pas ce résultat avec un médicament oral, pas encore en tout cas. Les injectables ont encore une longueur d'avance. Les gens savent où continuer à investir. Pour être tout à fait honnête, à l'heure actuelle, le seul jeu en ville reste l'injectable, et il s'agit d'essayer de satisfaire cette énorme demande. Je vous ai déjà montré des chiffres dans mes présentations sur la petite partie de la population qui est réellement desservie, aux États-Unis également, en ce qui concerne l'obésité, et les chiffres que cela génère en termes de revenus pour Eli Lilly et Novo Nordisk. C'est quelque chose que nous examinons en permanence. Mais pour l'instant, les nouvelles concernant des produits qui n'arriveront probablement sur le marché que dans six ou sept ans font beaucoup fluctuer le cours des actions, alors qu'elles ne devraient pas. Il y a beaucoup de nervosité dans ces noms. Mais encore une fois, Lilly et Novo sont en baisse. Ils ont été très forts jusqu'au milieu de l'année, ont été beaucoup plus faibles à la fin de l'année, mais les bénéfices nets pour 2024 sont restés stables ou ont augmenté, ce qui n'est pas si mal. Par exemple, Novo a connu un très mauvais mois de décembre, selon les données, ce qui ne nous avait pas semblé si mauvais que cela. Mais c'est ce à quoi il faut s'habituer avec certains de ces titres, en particulier les produits et les sociétés pharmaceutiques. Nous devons simplement continuer à faire le travail, nous assurer que leur plateforme continue à fournir un bon retour sur investissement, et qu'ils peuvent continuer à investir dans l'offre, et par conséquent, construire ces douves, ces remparts contre la compétition, ce que ces sociétés font particulièrement bien. Encore une fois, nous avons vu la faiblesse d'un titre que nous aimons bien, mais nous considérons que c'est une excellente configuration à long terme pour une société qui va augmenter ses bénéfices dans les deux chiffres. Peut-être pas à trois chiffres, mais bien au-delà de 10, 15, 20 % dans un avenir prévisible. La valorisation est bien inférieure à vingt fois les bénéfices. Je pense qu'en tant qu'actif, ça va de soi, mais il faut accepter une certaine volatilité dans les flux de nouvelles.
Oui, c'est vrai. Terminons par une réflexion, dont la réponse sera sans doute assez simple, sur ce qui se passe en Europe qui, selon vous, sera particulièrement passionnant en 2025. Y a-t-il quelque chose qui se passe en Europe et qui, selon vous, sera particulièrement excitant en 2025 ? S'agit-il plutôt d'un grand nombre d'entreprises qui intègrent l'intelligence artificielle dans leurs activités afin d'accroître la productivité et la croissance ? Y a-t-il un domaine en Europe que vous jugez particulièrement intéressant ? Ou au Royaume-Uni, d'ailleurs, car nous ne voulons pas oublier nos amis britanniques.
Nous nous considérons toujours comme européens, même après le Brexit. Vous soulevez un point valable en ce qui concerne l'IA et les gains de productivité. Je pense qu'il s'agit d'un phénomène en cours. Je pense que c'est le cas pour toutes les entreprises et même pour nous chez GMA. Nous utilisons les produits d'IA qui nous sont fournis quotidiennement pour voir s'ils peuvent nous aider. Ils m'aident également au quotidien. La prochaine fois que vous m'interviewerez, je demanderai peut-être à la machine d'IA de répondre aux questions.
C’est vrai que vous semblez plus intelligent que d'habitude, Dave.
Mais en ce qui concerne l'Europe en particulier, je pense que deux aspects font que l'Europe est différente. Bien sûr, il y a les produits de luxe. Mais il y a l'adoption des énergies renouvelables. L'électrification et la transition énergétique. Dans ce domaine, je pense que nous sommes probablement plus avancés et que nous serons plus avancés que la plupart des pays du monde. Cela signifie des choses comme les dépenses d'infrastructure, des choses comme ça. Ainsi, certains services publics deviennent plus intéressants, les câbles électriques pour relier les éoliennes offshore au continent, etc. Je pense qu'il y a certainement un angle de croissance important que l'Europe domine toujours. L'Europe pourrait même se retrouver au centre de cette croissance parce que ce sont des secteurs que Trump aux États-Unis va vouloir fuir. Je pense que c'est intéressant. L'Europe a toujours été très douée pour l'optimisation industrielle, et je pense que cela continue. Il y a des domaines dans l'industrie où l'Europe se distingue. Ensuite, l'autre chose à propos de l'Europe — et c'est intéressant, cela concerne la macro comme ce qui se passe en Allemagne, étant donné les élections allemandes — quand vous regardez le bilan de l'Europe dans son ensemble, donc l'économie, l'Europe possède en fait beaucoup plus de marge de manœuvre que les États-Unis, que les régions d'Asie, simplement parce que les Allemands ont été si prudents. S'ils lèvent le frein sur la dette en Allemagne, nous pourrions voir l'Allemagne dépenser beaucoup, en devenant un peu moins prudente et en dépensant plus. Cela pourrait être un aspect ou un thème qui pourrait favoriser l'exposition aux revenus européens au sein de notre marché.
Je suis content d'avoir posé la question. C'était très intéressant. Je pense qu'il s'agit d'une autre question, encore une fois, nous en avons parlé en commençant, ce sommet de l'incertitude géopolitique. Mais vous commencez à creuser et vous vous demandez où nous sommes en avance sur le reste du monde dans de nombreux cas. Encore une fois, ces énergies de transition et la technologie verte, et qui seront les principaux concurrents ? Eh bien, la Chine. Vous dites qu'elle s'accélère, mais qu'il lui faut encore un peu de temps pour décoller, et les États-Unis sont peut-être en train de s'en éloigner. Encore une fois, ces opportunités sont créées, et ce qui est toujours intéressant quand on parle à des gestionnaires de placement, c'est qu'ils ont le pouls de tant de choses que lorsque je pose une question de ce genre, ils trouvent toujours quelque chose, et il est tout à fait logique que ce soit un domaine où l'on est fort. Et encore une fois, dans un monde où l'économie est en croissance et où il y a de l'argent, ces produits de luxe. Voilà quelques informations intéressantes pour les investisseurs qui nous écoutent, ce qui est toujours le cas lorsque nous avons David Lambert à l'antenne.
C'est toujours intéressant. Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre. Espérons que 2025 nous traite bien et que toutes les actions du portefeuille augmentent, ce qui n'arrivera évidemment pas.
C'est encore mieux avec le David «intelligence artificielle» Lambert suralimenté que nous avons eu sur ce plateau. Pour finir, comment se passe la saison de football pour vous ?
Ça va. Ce n'est pas génial. On aborde toujours la saison avec les mêmes espoirs. Mon équipe de football, en particulier, a le don de me surprendre. Parlons du beau milieu, de la médiocrité du milieu de tableau. Nous avons un match de coupe ce soir. Peut-être que cela améliorera les choses. Mais ça a été bien. Le football en général, je regarde tout. C'est très agréable à regarder. Le niveau du football au Royaume-Uni est le meilleur du monde, en fait, la Premier League, même si mon équipe est trois niveaux en dessous. Je rêve que mon équipe y soit un jour.
Très bien. Je sais que vous aimez le football et j'espère que lorsque je serai là-bas dans quelques semaines, nous pourrons profiter de tout ça que nous aimons tous les deux. David, merci de nous avoir rejoints aujourd'hui.
J'attends cela avec impatience, Dave. Merci beaucoup.