Transcription
Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson, et c'est le mardi de Stu, qui devient tellement populaire que je me demande quelle province sera la première à faire du mardi de Stu un jour férié pour le personnel? Allez-vous faire cette prévision?
Non, je ne vais pas essayer, Dave. Vu l'état de la productivité au Canada, on pourrait presque dire que c’est déjà le cas en ce moment. C'est possible.
Alors, Stu, moi je vais en faire une prédiction. Je disais l’autre jour à quel point vous êtes fort. Je ne sais pas si je l'ai mentionné ici ou si c’était lors d’une de mes présentations. Vous et moi étions à Montréal, attablés devant des hot-dogs vapeur comme nous les adorons. Et vous, de me parler des petits pains. Vous regardez le pain, vous l'évaluez, en vous rappelant que vous avez investi justement dans une de ces entreprises de petits pains. Et vous examinez le volume, la qualité du pain. Vous êtes en train de penser à l'investissement que vous avez fait pour les personnes qui investissent avec vous. Puis, il y a quelques semaines, sur ce plateau, vous mentionnez les repas McValeur de chez McDonald et ceux des autres chaînes de restauration rapide. Alors, vendredi dernier, je regarde CNBC et un analyste d'une banque américaine vient faire un gros pari sur une entreprise de fabrication de petits pains parce que la demande allait augmenter pour ces repas du type McValeur. La valeur de l'entreprise de petits pains vient tout juste d’augmenter. Sans blague, vous avez tout compris avant tout le monde.
C'est vrai qu’on en parle de plus en plus. Je n’avais jamais fait attention aux petits pains avant. Il y avait peu de choix avant. Maintenant il y a de la brioche, du pain de pommes de terre, du pain blanc, du pain de blé entier, et j'en passe. On accorde autant d’importance à l'extérieur qu’au contenu à l'intérieur.
C'est exact. Et les gens en mangent de plus en plus. Ils peuvent manger des petits pains parce qu'il y a tous ces médicaments qui aident à perdre du poids. Ils n'ont plus à s'inquiéter de manger des petits pains. Auparavant, on voyait souvent des gens mettre le petit pain de côté.
Ce doit être la combo Ozempic-Wegovy.
Exact. Mangez un Big Mac et ensuite, vous pouvez vous poignarder. Bon, disons plutôt vous piquer avec une seringue. Poignarder sonne un peu violent. Ne soyons pas violents à cette émission, Stu. Après tout, nous sommes des pacifistes. Mais l'autre histoire que vous nous avez racontée la dernière fois, celle du bal de fin d'année et de l'épinglage du corsage. J'ai eu ma propre crise du bal de fin d'année vendredi dernier. Il était donc bon de savoir que mes investissements dans les petits pains rapportaient de l'argent. C'est bon à savoir. Je me suis senti mieux quand tous ces jeunes ont saccagé ma maison. Mais venons-en à quelque chose dont vous êtes probablement l'expert. Vous allez faire le modeste et dire que vous n'êtes qu'un expert parmi d'autres. Mais les banques canadiennes et leurs bénéfices. Tous les résultats viennent d’être publiés. On peut maintenant savoir ce qui se passe dans les banques. Et dans une large mesure, c'est aussi un reflet de ce qui se passe dans l'économie canadienne et avec le consommateur, ce qui peut conduire à certaines conclusions sur les placements. Vous regardez les bénéfices des banques, les bons ou les moins bons. Y en a-t-il qui ressortent particulièrement du lot? D'une manière générale, les résultats correspondent-ils à vos attentes et sont-ils satisfaisants?
Le mécanisme sous-jacent, c'est que l'on peut examiner les banques sur toutes sortes d'horizons temporels. Lorsque nous les examinons dans une perspective à long terme, que regardons-nous? Nous regardons les ratios de capital, et nous voulons qu'ils soient solides. C'était le cas pour la plupart des banques. Ensuite, nous examinons ce que nous appelons les bénéfices avant impôts et avant provisions, parce qu'il s'agit de bénéfices indépendants des conditions de crédit actuelles. Ils n'ont pas été mauvais non plus. Les dépenses ont été bien maîtrisées dans l'ensemble, ce qui a permis une croissance des revenus qui, sans être fulgurante, a été amplifiée par un certain effet de levier opérationnel au sein du système bancaire. Ensuite, certains secteurs d'activité des marchés de capitaux ont été assez forts. La gestion de patrimoine a été plus forte parce que les marchés sont meilleurs. Mais certaines activités bancaires traditionnelles sont encore assez lentes. La croissance des prêts n'impressionne personne. Les marges d'intérêt nettes sont variables, mais elles ne sont pas mauvaises parce qu'elles sont compétitives. Vous payez pour les dépôts, mais les banques ont aussi beaucoup de titres qui se renouvellent au fil du temps, et ils se renouvellent aussi à des taux d'intérêt plus élevés. Tout bien considéré, on peut donc dire que ce n'est pas si mal. Et les banques qui ont prospéré sont celles où le crédit était un peu plus contenu que les autres et où les marchés de capitaux étaient plus solides. Lorsque nous entrons dans un cycle comme celui que nous connaissons, les taux d'intérêt commencent à augmenter, la croissance des prêts commence à ralentir et il y a des provisions pour le crédit. Nous en sommes au troisième symptôme de ce ralentissement. Je le vois un peu comme lorsque j’ai un rhume. Le premier symptôme est le mal de gorge. Ensuite, j'ai mal à la tête. Enfin, je finis par tousser. Mais la toux est le dernier symptôme, au moment où le rhume commence à disparaître. Les pertes de crédit sont le dernier cycle, le dernier symptôme dans le contexte du cours de l'action d'une banque et de son évolution. Nous avons pensé que le crédit atteindrait son apogée au cours du second semestre de cette année ou au cours du premier semestre de l'année prochaine, et cela continue d'être le cas. Mais dans quelques banques, le crédit a été un peu plus élevé que prévu, ce qui provoque une certaine angoisse à court terme. Mais encore une fois, nous pensons qu'il s'agit là d'un des derniers symptômes de ce mouvement. En fin de compte, les taux d'intérêt commencent à baisser, la croissance des prêts reprend, ce qui a pour effet de remettre le train sur les rails. Ainsi, lorsque les taux baissent et qu'il y a plus de financement disponible, les entreprises qui ressentent les effets de l'environnement actuel commencent à moins les ressentir et à avoir moins de provisions pour le crédit. Et finalement — ce sera probablement le cas dans dix-huit mois — il y aura des recouvrements sur certaines des pertes pour lesquelles les banques ont constitué des provisions. Pour l'instant, je dirais que tout se passe comme prévu en ce qui concerne la façon dont nous envisageons les banques. Concernant la croissance des prêts, à l'approche de l'automne et des élections, les entreprises vont se demander si c’est le meilleur moment d’emprunter plus d'argent. D'un côté, vont-elles attendre que les taux soient plus bas? De l’autre, les choses seront-elles plus claires après l'élection, ce qui donnera plus de confiance pour entreprendre des activités? À l'approche de l'automne, les banques centrales abaisseront leurs taux d'intérêt. Cela stimulera la croissance des prêts, et cela donnera un coup de fouet à l'autre côté du cycle.
Permettez-moi de pousser votre analogie du rhume un peu plus loin et de commencer à comprendre à quel moment pour ce groupe de banques — quelles qu’elles soient; nous n’allons pas en choisir une en particulier — on peut commencer à augmenter l'exposition. Vous avez ce rhume. Je vous entends tousser. Vous m'avez raconté comment vous êtes tombé malade et comment vous vous rétablissez, mais vous êtes toujours malade. Et de mon côté, je pensais vous inviter au match des Blue Jays jeudi après-midi. Ce sera un bon match en après-midi. Nous sommes lundi. J’attends un peu avant de demander à mon patron de prendre mon congé jeudi après-midi. Et je ne le ferai pas tant que je ne serai pas certain que vous puissiez venir au match avec moi. En d'autres termes, c'est au moment où je vais m'exposer à cette action que je demanderai à mon patron si je peux prendre mon congé le jeudi. Le faites-vous quand vous toussez encore? Je sais que je vais aller mieux dans un avenir assez proche. Est-ce que je commence à acheter en prévision de cela? Le marché commence-t-il à l'identifier et c'est à ce moment-là qu'il commence à faire monter les prix? Ou cela vient-il plus tard? Avons-nous besoin d'un signe définitif de retour à la santé? Et c'est à ce moment-là que je devrais commencer à considérer certaines de ces actions comme plus attrayantes?
Cela concerne un peu votre horizon temporel et tous les secteurs d'activité de la banque. Nous avons quelques banques qui se négocient aujourd'hui à des sommets historiques au Canada. Et ces banques ont tendance à avoir des secteurs d'activité très universels. Ainsi, les opérations sur les marchés des capitaux ont peut-être été fortes. Il y a des provisions pour le crédit, mais d'autres secteurs d'activité qui tournent à plein régime aident à payer ces provisions. D'autres n'ont pas la même universalité ou ne fonctionnent pas dans tous les registres. Ce que l'on recherche normalement, c'est que les provisions pour crédit atteignent leur maximum. Dans le passé, le problème était qu'elles atteignaient généralement un pic important. Vous mettez ce pic de côté et vous vous dites qu’il en est ainsi. Et comme le dit le vieil adage, on ne peut pas perdre de l'argent deux fois sur le même prêt. Vous avez constitué cette provision pour crédit, et vous revenez rapidement à une capacité bénéficiaire normale, et éventuellement, vous pouvez obtenir des recouvrements sur cette provision. La comptabilité fonctionne un peu différemment cette fois-ci. Le plateau pourrait durer un peu plus longtemps. C'est un point sur lequel nous travaillons. Mais c'est au cours de ce processus de plafonnement qu'il faut acheter des actions, car ce que nous savons, c'est que le plafonnement finira par cesser. Les taux d'intérêt commenceront à baisser. La croissance des prêts reprendra. Et je l'ai dit, nous arriverons à une période de reprises et où les choses commenceront à s'améliorer. C'est donc ce processus qui est en cours. Lorsque vous arrivez au troisième symptôme, dans votre tête, vous vous dites, d'accord, nous avons traversé les deux premiers, nous sommes sur le point d'arriver au dernier. Pour les personnes qui ont une mentalité de négociateur, il y a probablement un peu d'attente avec l'élection. Mais d'un point de vue à moyen terme, vous vous dites, oui, c'est la fourchette où les chances de gagner de l'argent sur le cycle sont assez bonnes.
Et c'est là que je dois connaître le patient. Je connais Stu, c'est un homme assez robuste. Même s'il n'est pas en forme à 100%, il va certainement venir au match de jeudi. Quelqu'un d'autre peut encore avoir un rhume de cerveau; il n'en est même pas rendu à tousser. Savoir où en est chaque banque dans ce processus est également un élément essentiel.
Oui, c'est vrai. Bien que je veuille rappeler que pour les ratios de capital, toutes ces banques vont certainement venir au match.
Oui, tout à fait. Soyons clairs là-dessus. Ne poussons pas trop loin l’analogie.
Et ce que nous faisons pendant ces périodes de provisions élevées, c'est que nous passons également beaucoup de temps avec la direction pour nous assurer que nous comprenons la capacité bénéficiaire de la banque de l'autre côté, et pour nous assurer que ces équipes de direction isolent l'expérience de crédit afin qu'elle ne s'infiltre pas dans tous leurs autres plans de croissance normaux.
Et, Stu, on s'attend tous à ce que la Banque du Canada réduise ses taux cette semaine. Ce n'est pas sûr à 100%. Ce n'est pas une affaire réglée, mais c'est ce à quoi on s'attend. Et si ce n'est pas maintenant, ce sera au cours des deux ou trois prochains mois. La baisse du taux sera-t-elle un avantage net pour les grandes banques, ou un inconvénient lorsqu'elles commenceront à les réduire?
Je pense que dans ce cas, ce serait positif simplement parce que, plus récemment, les données sur l'économie ont été un peu léthargiques. Aux États-Unis, certaines données sont léthargiques, mais d'autres sont encore très saines. Au Canada, on a l'impression que l'économie est plutôt en perte de vitesse. Des taux d'intérêt plus bas seraient donc utiles. Si les taux d'intérêt baissent légèrement, on commence à avoir un peu plus d'argent pour tout le reste. Si vous êtes un consommateur, vous avez plus d'argent à dépenser, vous pouvez l'utiliser pour d'autres dettes ou pour recommencer à consommer. Vous pouvez l'utiliser pour toute une série de choses qui sont plus utiles à l'économie. Je continue de penser qu'il est très probable que nous assisterons à une baisse des taux d'intérêt à court terme, mais la chose qui est compliquée, c'est que nous avons eu un niveau d'immigration très élevé, de sorte que les statistiques par habitant ne semblent pas très solides. Dans le même temps, l'immigration met du temps à se répercuter en termes de croissance. Mais quand on écoute les commentaires des banques et le stress que ressentent les consommateurs, je pense que la Banque du Canada en est assez proche. Cela dit, je ne suis pas le gouverneur de la Banque du Canada.
Sinon vous seriez Tiff Kedwell. Et le mardi de Tiff, ça ne sonne pas si bien. Il faudrait trouver un autre jour pour faire notre émission. Mais le défi, c'est que vous regardez le nombre de prêts hypothécaires qui arrivent à échéance dans tout le pays, même pour le reste de l'année. Ce ne serait pas nécessairement au plus bas ou au niveau le plus bas du milieu de la COVID. Les prêts hypothécaires arrivent à échéance autour de 3% cette année; ils sont à 4,5 ou 5%, selon la durée. Si l'échéance est plus courte, ils sont encore plus élevés. Et c'est une grosse ponction sur le revenu disponible d'une personne. 300, 400 ou 500 dollars par mois qui disparaissent tout à coup, qui étaient consacrés à la consommation et qui servent maintenant à payer les intérêts de la même maison dans laquelle vous vivez. Rien n’a changé, mais je n'ai plus autant d'argent à dépenser. Cette année est le point le plus bas de la courbe. Ce sera dans les années 2025 et 2026 que les prêts hypothécaires à taux très bas vont arriver à échéance pour se négocier à des taux beaucoup plus élevés, si les taux restent au même niveau et ne commencent pas à baisser à un moment ou à un autre. Et cela pèse vraiment sur l'économie.
Oui, c'est tout à fait vrai. Et il y a des éléments positifs. Les revenus ont augmenté. Ils n'ont pas augmenté autant en termes réels, mais ils ont augmenté, ce qui permet de couvrir davantage d'intérêts. Mais vous pouvez constater que le revenu discrétionnaire est plus faible, en particulier pour les hypothèques qui ont été réinitialisées. Les banques nous disent qu'elles ont baissé de 5 ou 10%. Comme vous le dites, ce sera vraiment à partir de 2025 et 2026. Si vous aviez un prêt hypothécaire à cinq ans en 2019, il aurait pu être à 2%. Aujourd'hui, nous sommes à 3,5%. C'est 1,5% de plus. Mais ce sont les cohortes de 2020 et 2021, lorsque le taux à cinq ans était inférieur à 1%, qui risquent d'être les plus pénalisées. Aujourd'hui, le taux à cinq ans a culminé en octobre dernier à 4,30%, et nous sommes aujourd'hui à 3,58%. C'est une amélioration notable. L'inflation va dans la bonne direction. Que ce soit ce mois-ci ou lors de la prochaine réunion, je pense que les faits plaident en faveur d'une baisse des taux d'intérêt à court terme à un moment donné.
Comme vous l'avez dit, en fin de compte c’est bon pour l'économie. Dans l'état actuel, c'est quelque chose que les banques apprécieraient. Il faut que les choses progressent, que l'économie bouge un peu plus et, encore une fois, que les provisions soient réduites à l'avenir.
Oui, je pense que c'est exact, Dave.
Wow. Alors, Stu, avez-vous mangé un de ces combos Big Mac?
Je ne suis pas allé chez McDonald's récemment. Je me suis concentré sur la pizza. Je reçois des annonces sur mon fil Instagram, et j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de pizzerias à Toronto que je dois essayer. Il y en a une à Hamilton qui a remporté le prix de la meilleure pizza en Amérique du Nord. L'un de mes collègues s'y est rendu pour y goûter. Alors oui, je me suis concentré sur la pizza, malgré mon amour des combos McDonald's.
Vraiment? Il va falloir me donner le nom de cet endroit parce que j'aime bien les bonnes pizzas quand je peux les trouver. Je ne savais pas qu'il y avait des pizzas primées à Hamilton. C'est assez excitant. De votre côté, vous allez retourner évaluer des entreprises de petits pains, et nous nous reverrons la semaine prochaine quand, espérons-le, nous aurons des taux plus bas et un autre rapport sur l'emploi au Canada et aux États-Unis, et que nous aurons peut-être une meilleure idée de la direction que prennent les choses. Merci encore, Stu. C'est toujours un plaisir de vous retrouver.
Très bien. Merci, Dave.