Transcription
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Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson, et c'est le mardi de Stu— un vrai mardi, cette fois-ci, ce qui n’arrive pas souvent, Stu. Et c'est notre deuxième semaine d’affilée, un mardi, si je ne m’abuse. Nous sommes sur une véritable lancée.
C'est bien cela.
Et comme notre émission de la semaine dernière a été la mieux cotée de l’histoire, nous devrions essayer de maintenir les mardis de Stu le mardi. Les gens aiment ça.
Tout juste avant d'aller à la journée d'ouverture des Blue Jays, vous avez convoqué un mardi de Stu, c’est ça? La combinaison des deux événements. Un programme double, en quelque sorte.
Un programme double. Partout au Canada, il y a deux certitudes. Les gens aiment les Blue Jays et les mardis de Stu. C'était aussi notre émission la plus courte. C'est peut-être ça qui explique sa popularité.
Les gens aiment la concision.
Les gens aiment la concision. Mais faisons ça plus long aujourd'hui, Stu, parce qu’il y a beaucoup de choses. La saison des résultats arrive et aux États-Unis, cela veut dire que les banques— les grandes mais aussi certaines plus petites— publient leurs résultats par la même occasion. Et bien sûr, personne ne connaît les banques mieux que vous. Qu'avez-vous constaté, d'une manière générale, dans les résultats publiés par les banques américaines, grandes ou petites?
On a commencé avec JPMorgan, qui a enregistré des résultats solides, à la hauteur de toutes les périodes financières qu'elle a traversées dans son histoire. Nous avons aussi cette attitude dans la construction de nos portefeuilles, mais lorsque les banques ont plusieurs lignes d'activité, plusieurs facteurs entrent en jeu pour créer les bénéfices. Et pendant les périodes de volatilité, les chiffres des transactions sont parfois très élevés. Lorsque vous êtes une grande banque, vous recevez des dépôts pendant les périodes de stress, ce qui vous permet de gagner un peu plus d'argent. JPMorgan a fait preuve de grande solidité. Les autres grandes banques n'ont pas été aussi performantes, mais elles se sont généralement bien comportées. Dans certaines zones bancaires régionales, je ne dirais pas que les chiffres ont été nécessairement mauvais, mais nous avons vu se poursuivre certaines tendances plus inquiétantes: leur exposition à l'immobilier commercial est plus importante en pourcentage de leurs actifs que celle des grandes banques. Tous les dépôts ne sont pas partis, mais il y a eu une certaine sortie de liquidités. Elles sont donc allées chercher des solutions à taux d'intérêt plus élevé, ce qui a pesé sur la marge d'intérêt nette. Et on se demande toujours ce que sera l'environnement réglementaire pour ces banques dans les deux ou trois prochaines années. Et elles sont nombreuses. On verra sans doute une certaine forme de consolidation. Ces banques jouent un rôle essentiel pour les petites et moyennes entreprises aux États-Unis. Les banques canadiennes couvrent tous les profils de notre économie, mais aux États-Unis, ces banques à petite et moyenne capitalisation s'occupent des petites et moyennes entreprises. Elles sont donc très importantes. Mais il y a quelques points qui nous empêchent de savoir à quoi ressemblera leur rentabilité à l'avenir. Le premier est qu'une partie de ces biens immobiliers commerciaux devra sans doute faire l'objet de pertes sur prêts. Le deuxième est l'environnement réglementaire. Le troisième est l'évolution des marges d'intérêt nettes. Beaucoup de choses en jeu, et les règles comptables font qu'il est un peu difficile, à court terme, de les fusionner. Nous n'avons pas vraiment pu tirer de conclusions sur cette question cette fois-ci.
J'ai passé pas mal de temps dans l'ouest du Canada au cours des deux dernières semaines, dans des villes plus petites, et quelqu’un est venu me voir pour me demander ce qui se passe dans les grandes tours de Toronto. Vous travaillez dans un grand immeuble de bureaux; les gens sont-ils de retour au travail? Comment cela se passe-t-il dans le centre-ville de Toronto? C’est la même question pour New York ou Chicago, ou toute autre grande ville où la COVID a eu un impact. Tout le monde n'est pas revenu comme avant. Qu'arrivera-t-il à l'immobilier commercial si les choses ne reviennent jamais à la normale? Et c'est le risque dont vous parlez pour certaines de ces petites banques aux États-Unis. Toutes les banques ont des biens immobiliers commerciaux, et l'immobilier commercial est-il quelque chose dont on devrait se préoccuper?
Oui et non. Sans ne penser qu’à ça, les banques sont attentives aux pertes sur prêts et construisent leurs activités en sachant que celles-ci peuvent survenir. Parlons d’hypothèque sur un bâtiment, avant la COVID. Disons Dave, que vous avez acheté un bâtiment pour 100 dollars. Je vous en prête 60, donc 60% de la valeur. Vous et nous pensions que ce bâtiment allait générer un flux de trésorerie de 6 dollars. 6 divisé par 100 vous donne ce qu'on appelle un taux de capitalisation; un taux de capitalisation de 6%. Vous m'avez emprunté de l'argent, à hauteur de 60%, et 40% représentent vos fonds propres. Il se peut que ces 6 dollars de revenus soient tombés à 4 dollars et que, par conséquent, ces nouveaux 4 dollars de revenus exigent un rendement légèrement plus élevé. Ainsi, peut-être que sur les 4 dollars— je fais le calcul devant vous— ils veulent un rendement de 7% avec ces 4 dollars de flux de trésorerie. La valeur de l'entreprise à ce moment précis est donc probablement tombée au niveau de la valeur de l'hypothèque. 4 par 60, c'est un rendement de 6,75%. La banque a deux choix. Soit elle retourne voir le propriétaire de l'immeuble et lui dit qu'il doit augmenter ses fonds propres et rembourser une partie de son prêt. Soit elle reprend le bâtiment. Il y a toute une série de solutions possibles. Mais même dans ce scénario où l'on constate une baisse du flux de trésorerie et un élargissement de l'évaluation, la personne qui a contracté l'hypothèque n'est lésée que de quelques dollars. Bien entendu, il y aura des coûts de transaction et toutes sortes d'autres frais. Elle perdra donc probablement encore un peu d'argent, mais elle ne le perdra pas pour chaque bâtiment. En ce qui concerne les bureaux, il existe trois catégories. Il y a la catégorie «trophée», la classe A et les autres, les classes B, C et ainsi de suite. Et l’on parle des différentes géographies dans lesquelles elles se trouvent. Si vous possédez un actif «trophée» à New York ou dans une grande zone métropolitaine, ces immeubles sont encore très solides. Pour certains, les loyers augmentent. De nouvelles constructions se font encore au fil du temps. On parle aussi d'aménagement. Vous qui aimez votre café, Dave, vous aimerez que votre immeuble possède un café de qualité. Y trouve-t-on une salle de sport? Y trouve-t-on ces commodités qui m'incitent à venir travailler tous les jours? Dans les actifs de prestige, c'est le cas. Ils sont dans une ligue à part. Ensuite, on passe à la classe A, qui a encore des bases très solides, et on se demande si on va retourner au travail. D’accord, mais à quelle fréquence? Nous en avons déjà parlé, mais mon père avait l'habitude de dire qu'on ne construit pas une église seulement pour le dimanche de Pâques. Mais un immeuble de bureaux, oui. Il faut une capacité suffisante pour que le mardi, le mercredi et le jeudi, tous ceux qui veulent venir travailler aient une place pour le faire, et que l'environnement soit propice à un travail stimulant et à la productivité. Et si vous vous retrouvez au centre-ville le lundi ou le vendredi et que ça vous parait un peu mort, cela ne signifie pas nécessairement que c'est mauvais pour l'immobilier de classe A. Mais avec le travail à domicile, la réorganisation du travail et des emplois, certains édifices à bureau en feront les frais. La question qui se pose est double. Il y a un calcul à faire: si je conserve la même fonction et que je dois simplement louer à un taux inférieur, il me suffit de réévaluer le bâtiment pour que l'hypothèque soit maintenue. Le Wall Street Journal a publié hier un article sur la transformation de dix étages du Rockefeller Center en hôtel. On peut envisager de repositionner toutes sortes de biens immobiliers, et d'autres catégories sont en plein essor; le self-stockage, les appartements, etc. On doit considérer l'immobilier de différentes manières. Les flux de trésorerie, bien sûr, mais aussi ce que nous appelons la valeur d'entreprise par pied constructible. Il s’agit de la valeur du terrain. Si je devais démolir et repartir de zéro, pourrais-je construire quelque chose d'aussi intéressant et gagner de l'argent à cette valeur? Dans de nombreux cas, c'est vrai. À Toronto, des immeubles de bureaux sont bloqués dans la fourchette des 200-300 dollars le pied carré, tandis qu'un hôtel de luxe situé en plein Yorkville se négocie à 2100 dollars. L'immobilier peut être très peu flexible à court terme, mais davantage à long terme.
Oui, c'est vrai. Et c'est ce à quoi les gens doivent penser. Ces choses évoluent sans cesse et nous font croire qu'il faudra changer ou que notre façon de travailler va changer. Peut-être pas aussi radicalement que nous l'aurions pensé il y a un an, mais les choses évoluent tout de même un peu. Les choses s'ajusteront et le marché prendra le dessus et conduira le changement qui a du sens pour la façon dont vous réaffectez ces bâtiments et tirez parti de l'immobilier, des actifs fonciers que vous avez en reconstruisant. C'est donc une préoccupation et il y aura des changements, mais il est trop simpliste de dire que plus personne n'ira travailler et que tous ces bâtiments ne valent plus rien.
C'est ce que je crois. Le travail à la maison a certainement du bon, mais il y a aussi beaucoup de bon travail qui se fait au bureau. Il semble donc que la formule hybride soit la voie de l'avenir.
Oui. Et je voulais souligner que Stu était, en direct sur ce plateau, en train de faire des calculs avec sa calculatrice financière. C'est historique, mesdames et messieurs. Vous ne verrez pas d’autre baladodiffusion où l'invité vedette fait des calculs complexes sur sa calculatrice tout en répondant aux questions de l’animateur. Alors Stu, félicitations. Vous êtes un trophée à vous tout seul.
Ma calculatrice est carboneutre; c’est une calculatrice solaire. Par ailleurs, c’est vrai que j’aurais dû être en mesure de diviser tout seul 4 par 60, dans ma tête. Mais Dave, vous me rendez nerveux.
Je sais que vous avez beaucoup de pression. Quand une journée entière porte votre nom, c'est un poids énorme à porter sur vos épaules. Mais vous le faites bien. Et c'était vraiment intéressant. J'ai beaucoup appris. J'avais peut-être une vision trop simpliste des choses. Et vous avez probablement ouvert les yeux de beaucoup de gens sur la façon dont les choses évoluent. Il y a un peu de perturbation, mais cela finira par passer. Et beaucoup de gens intelligents vont s’en rendre compte en cours de route.
Oui, on en parle beaucoup, cela ne fait aucun doute.
Très bien, Stu, nous allons abréger cette semaine aussi et nous reviendrons vers vous la semaine prochaine. Et nous parlerons du secteur des matières premières.
Très bien. Merci, Dave.