Transcription
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Bonjour et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson. Et le temps est un peu couvert. Vous ne pouvez pas voir, mais en passant, dès la semaine prochaine, nous allons enfin passer en mode vidéo. Stu s’est même procuré un nouveau casque d’écoute pour l’occasion. Stu, je vous vois regarder par la fenêtre. Comment est le trafic sur Toronto? Le retour à la maison?
Le trafic est plutôt bon sur la Gardiner cet après-midi. Dix minutes de retard à peine. Peut-être neuf.
Ah très bien. Dix minutes de retard. Avons-nous un jeu de mot avec trafic? Le trafic de Stu? Je suis très emballé aujourd'hui, Stu. Pour la troisième fois seulement au Canada, le McRib est de retour. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis un fervent adepte du faux sandwich au porc que McDonald's sort environ une fois par an aux États-Unis, mais qu’on n’a connu ici que deux fois, en 1982 et en 2008. Ah, notre productrice Nancy ne savait pas que le McRib était de retour. À partir d'aujourd'hui, le McRib est disponible au Canada. Et puis chez Tim Hortons, on a ressorti les classiques, les beignes rétro. Ça vous parle plus, peut-être, Stu. Le croquant aux noix est mon préféré. On l’avait retiré, et puis, il est de retour. Mon régime alimentaire est complet.
Alors on ferait mieux de faire ça court aujourd’hui.
C'est ce que je me dis, Stu. J'ai déjà faim et c’est l’heure de déjeuner. Y a-t-il quelque chose comme ça que vous aimez tout particulièrement, qu’on ne trouve pas tout le temps, mais qui vous ravit quand vous le trouvez?
Ah, les beignes classiques. J'adorais le glacé à l'érable, mais on ne le trouve plus comme avant. Je n'ai jamais aimé le hollandais, ou celui aux pommes. Mais le glacé à l'érable, ça oui.
Oui le fameux croustillant aux pommes. Bof. Je ne devrais rien dire. On ne veut pas s’attirer l’ire d’entreprises dans lesquelles on investit peut-être. Mais bon, à part les denrées alimentaires qui ont la cote, on continue de suivre les performances de cette poignée d'actions, les Sept Magnifiques. Il y en a peut-être une ou deux de plus. Peu importe, on a beaucoup parlé l'année dernière de la concentration dans ces grandes capitalisations technologiques. On peut bien s’emballer pour une action à dividende qui offre un rendement de 5% et qui va doubler dans les cinq prochaines années. Mais disons-le, ces actions qui ont l’air de doubler tous les six mois sont encore plus excitantes. N’y a-t-il pas un point, justement, où ces actions deviennent tout simplement trop chères, malgré les perspectives époustouflantes de l'entreprise. Est-ce quelque chose que vous voyez?
Oui, c'est vrai. Les gens sont emballés par ce qu’on appelle le TAM, le marché total adressable. C’est la formule magique, Dave. Dans cette ère de l'intelligence artificielle et du nuagique, le marché total adressable paraît sans limite. Et on se permet de rêver à l'avenir de la croissance du chiffre d'affaires. Souvent, ces entreprises augmentent leurs revenus à des taux élevés. Mais nous aimons nous tourner vers le passé pour nous rappeler quelques histoires vraiment intéressantes. Souvenez-vous d’Internet, à ses débuts, le commerce électronique, etc. Dans nos bases de données, nous avons répertorié les entreprises nord-américaines qui ont réalisé un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars, puis nous avons regardé, pendant les dix années suivantes, le taux de croissance annuel composé de leur chiffre d'affaires. La dernière fois que j’ai regardé, il n'y avait que deux entreprises dont le chiffre d'affaires avait augmenté de plus de 30% par an pendant dix ans après avoir atteint un milliard de dollars de chiffre d'affaires: Walmart et Google. Ces deux entreprises n'ont pas augmenté leur chiffre d'affaires de 30% par an tous les ans, mais c'était le total sur dix ans. Microsoft, aussi fantastique soit-elle, s'en est rapprochée, mais elle n'a pas atteint les 30%. Ce que nous savons avec le temps, c'est que si les cours des actions et les attentes sont aussi élevés, c’est que les gens s'attendent non seulement à une croissance très forte, mais aussi très linéaire. Prenons encore l’exemple de Microsoft. Aujourd'hui, sa valorisation est à son niveau le plus élevé, la croissance de son chiffre d’affaires est supérieure à 10%. Depuis les six derniers mois, sa valeur d'entreprise parait plus précise. Elle n’a pas de dettes à proprement parler, mais la capitalisation boursière rapportée au chiffre d'affaires sur la base des prévisions est de nouveau supérieure à dix fois. Au milieu de l'année dernière, elle était à sept et demi. On le comprend, l'activité sous-jacente réelle se compose d'un taux à deux chiffres, mais ce qui crée le véritable mouvement dans le prix de l'action sur une courte période, c'est le changement de la valorisation. Et on se demande alors quelle devrait être la croissance de la valeur de l'action à long terme pour que j’aie envie de l’acheter. En d'autres termes, pouvons-nous tolérer la volatilité inévitable qui vient avec ces valorisations encore plus élevées qu’à l'automne dernier? Dans certains cas, la réponse est oui. Dans d'autres cas, c’est non. Ce qui est important dans cette analyse, c'est le bilan des résultats. Beaucoup de ces entreprises génèrent des liquidités, elles n'ont pas de dettes, et il s’agit de regarder le chiffre d'affaires et de se demander quelle part de ce chiffre d'affaires peut être récurrente ou cyclique. Plus elle est récurrente, mieux c'est. Les gens paient tous les mois pour les services d’Office 365 ou d’Apple iCloud. Eux peuvent augmenter les prix, ajouter toutes sortes de fonctionnalités. Et vous, vous avez tendance à continuer. Les revenus sont donc assez récurrents. L’autre élément est la marge brute. On soustrait le coût des marchandises vendues. Plus la marge brute est élevée, plus le chiffre d'affaires augmente, et plus d’argent est injecté dans les flux de trésorerie ou les bénéfices de l'entreprise. On sait bien que certaines de ces actions se négocient à des valorisations élevées. Mais le chiffre d'affaires peut-il, oui ou non, continuer d’augmenter? Si ce chiffre d'affaires continue de croître, voit-on dans le compte de résultats une marge brute significative? Point suivant, y a-t-il des frais de vente et d'administration qui peuvent servir de levier, de sorte que si le chiffre d'affaires continue de croître, les marges peuvent augmenter et le flux de trésorerie peut augmenter plus rapidement que le chiffre d'affaires à terme. Vous rassemblez tout ça sur le dos d'une enveloppe, un modèle financier sur cinq ou dix ans, et vous êtes à même de dire, oui, même à cette valorisation, je suis capable de supporter la volatilité qui viendra. Il s’agit d’une très bonne entreprise et le prix de l'action peut encore augmenter.
Ce dont je parle souvent avec les investisseurs, lorsqu'ils envisagent d’acheter — et Stu, n’écoutez pas ceci, vous n’allez pas aimer — ces actions à dividendes tristes et ennuyeuses. N’est-il pas plus intéressant pour moi d'acheter une action technologique à forte croissance? On parle de valorisation, de l'avenir et de la situation actuelle. Cela prend un modèle pour évaluer correctement cette action à forte croissance. Bien sûr, elle paraîtra toujours chère selon les mesures conventionnelles, mais on voudra toujours la posséder. Cela prend un moyen d'identifier ou de déduire de manière réaliste, comme vous dites, compte tenu des circonstances, si l’action peut encore continuer à s'apprécier. S’agit-il toujours d’un bon investissement? Sinon, à quoi bon. Vous avez mentionné Walmart, Google, Microsoft. Vous les auriez laissées de côté? Vous auriez manqué de telles opportunités d'investissement, même après qu’elles soient devenues des entreprises aussi importantes?
C'est tout à fait exact. En tant qu'investisseur, il y a deux choses que l'on fait. On peut parier sur une hausse du prix de l'action à court terme, ce qui veut dire un peu de spéculation. Mais cela fait partie du jeu du marché. Pour cela, vous devez sortir votre autre boîte à outils. Si je désire acheter, si je suis prêt à mettre le prix, c’est parce que je pense que je peux encore gagner de l'argent dans un certain nombre d'années. Et c'est vraiment là qu'il faut entrer dans les mathématiques de la croissance des revenus et du compte de résultat. À très court terme, tout peut arriver. On regarde ces entreprises aujourd'hui. On peut parier que Microsoft se négociera encore à dix fois son chiffre d'affaires. Au plus fort de la bulle technologique, en 2000, Cisco était la plus grande entreprise du Nasdaq et elle s'échangeait à vingt fois son chiffre d'affaires. La valorisation de Microsoft semble élevée, mais elle est loin des niveaux observés lors de la bulle technologique. Et les activités sont différentes. Les revenus sont plus récurrents et les marges sont plus importantes qu'à l'époque. Néanmoins, il faut toujours se demander si, en achetant ce titre aujourd'hui et en le plaçant dans un coffre-fort pendant dix ans, on peut obtenir un rendement à un ou deux chiffres. Qu’est-ce que ça prendra? Et est-ce non seulement possible, mais probable? Il est essentiel, sinon raisonnable, de se poser ces questions. Beaucoup de ces entreprises très appréciées remplissent encore ces critères, et d’autres, pas.
Oui, j'ai reçu Marcello Montanari il y a quelques semaines, et nous avons discuté de ces grandes valeurs technologiques. On observe une ère technologique depuis trente ou trente-cinq ans, on catégorise les actions technologiques, et dans ce nouveau secteur, force est d’admettre qu’il y a une concentration élevée d'un petit nombre de gagnants et de perdants, voire un seul et grand gagnant. Et certaines des entreprises sont allées encore plus loin; elles ont été de grands gagnants dans plusieurs domaines technologiques différents. Mais parce qu'elles sont si grandes et qu'elles peuvent consacrer tant d'argent à la recherche et au développement, pour être à la pointe, ou simplement pour acheter de ces petites entreprises aux technologies émergentes, leur position globale sur le marché leur permet d'ajouter de nouvelles activités, comme vous l'avez dit, de nouveaux flux de trésorerie. Et comme vous l'avez dit également, vous avez besoin d'un moyen de mesurer si elles sont raisonnablement valorisées par rapport à dans cinq ou dix ans et de savoir si c'est le bon moment pour investir.
Oui, l'échelle est différente. On parle d'intelligence artificielle. La quantité d'argent nécessaire pour les modèles de langage et autres choses encore, pour construire des serveurs et des centres de données, ce sont les grands acteurs avec ce surplus de liquidités qui vont continuer à avancer.
Il y a quelques années, peut-être sept ou huit ans, vous vous en souviendrez peut-être, Stu, nous discutions d’une nouvelle société canadienne, Shopify qui atteignait des sommets inégalés. Elle venait en fait de devenir le plus gros titre du TSX. Et nous avions discuté de la façon de l’évaluer, selon votre base de données d'entreprises de certaine taille. Et vous aviez souligné à l'époque que Shopify semblait être survalorisée. Dans le contexte actuel — et je veux demeurer prudent ou ne pas donner l’impression que nous recommandons une entreprise plutôt qu’une autre — mais en regardant les valorisations sept ou huit ans plus tard, comment Shopify a évolué au cours de cette période. À quoi ressemble-t-elle aujourd'hui? Avez-vous détenu une telle action à un moment donné dans l'un de vos portefeuilles?
Eh bien, nous la détenons dans certains portefeuilles, et dans des positions plus saines aujourd'hui qu’à l’époque. Mais votre exemple est excellent. À la fin de 2020, Shopify se négociait à trente-cinq fois ses ventes à terme. Aujourd'hui, elle se négocie à dix fois son chiffre d'affaires. Il faut de la croissance pour que le chiffre d'affaires soit multiplié par dix, mais trente-cinq fois le chiffre d'affaires, c’est autre chose. Et si vous regardez les résultats financiers de l'entreprise au cours des quatre ou cinq dernières années, je parie que son chiffre d'affaires a plus que doublé. Si en 2020 ils avaient un revenu de 3 milliards, cette année ils auront peut-être un revenu de plus de 8 milliards. Il s'agit d'une entreprise à forte croissance, mais il faut dire que l'enthousiasme du marché boursier à l’époque était un peu surfait, ce qui avait mené à un tel succès. Aujourd'hui, le cours de l'action est à dix fois, et vous espérez une croissance de 10 à 20%. Si l'on regarde les marges brutes, les attentes sont encore assez élevées, mais elles ont changé de façon spectaculaire depuis quatre ans. Il s'agit donc d'un excellent calcul, comme vous l'avez mentionné, mais l’action valait 150 ou 160 dollars à son apogée, et aujourd'hui, elle se situe autour de 80 dollars. Elle a perdu la moitié de sa valeur. Dans le même temps, ses ventes ont plus que doublé, mais son ratio prix/ventes est passé de trente-cinq à dix. Additionnez tout ça et le cours de l'action a diminué de moitié. On en vient presque à plaindre la direction de l'entreprise. Si l'on pouvait doubler le chiffre d'affaires tous les quatre ans, ce serait trop beau. Mais le marché boursier s’était un peu emballé.
C'est une expression que vous utilisez: il y a l'entreprise et il y a les actions. Vous pouvez avoir une entreprise spectaculaire dont l’action, à un moment donné de son histoire, devient tout simplement trop chère. Quelle que soit la réussite de l'entreprise, un tel niveau de valorisation est intenable.
Vous venez de dire deux choses très importantes. La première est la loi des grands nombres. Il suffit de croître de 20% chaque année pour que le chiffre d'affaires soit très élevé dans dix ans. La seconde est que le monde des affaires est compétitif. Lorsque vous voyez les autres entreprises se développer aussi rapidement, vous voulez les copier. D’où le commentaire de Warren Buffett sur le fossé qui entoure une entreprise. Des fossés étanches pour faire face à la concurrence. C’est le cas de Shopify. Mais les autres vont tenter de l’attaquer au fil du temps et de trouver toutes les faiblesses qu'ils peuvent. Vous continuez à évaluer et analyser les entreprises au fil du temps, en observant tous les changements qui s'opèrent.
Excellent. Un bon point de départ pour le type de marché dans lequel nous nous trouvons. Nous avons parlé du S&P 500, des Sept Magnifiques, et des 493 autres. Et ce que cela prend aux 493 pour rattraper leur retard. Il y a la toile de fond économique et la façon dont elle affecte ces entreprises. Mais les gens aiment suivre ces sept-là. Ils s'enthousiasment, se demandent s'ils ont manqué le bateau. Et ensuite, quand et comment savoir si elles ont leur place dans le portefeuille? Encore une fois, Stu, c'était excellent. C’est un peu comme si nous avions notre propre guide de la circulation. Changez de voie, accélérez, tournez ici, et grâce à Stu, réduisez la durée de votre trajet de quarante à vingt minutes.
Oui, avec mon nouveau casque d’écoute. Bon, c’est le temps pour notre beigne à l’érable, Dave.
Ou pour un McRib. Avec les kilos en plus. Alors, cherchez à nous voir pour vrai. Il est presque certain que nous serons en vidéo la semaine prochaine, avec l'audio incluse. À part nos mères, tout le monde va nous dire de nous en tenir à l’audio, mais on va quand même essayer. Stu, à la semaine prochaine.
Très bien. Merci, Dave.