Dans un monde envahi par les gros titres accrocheurs, il est facile de trouver des excuses pour ne pas investir. Cette année encore, une myriade de nouvelles ont joué avec les nerfs des investisseurs. Les investisseurs ont dû réfléchir à l’importance à accorder aux événements, notamment à la décote de la dette souveraine des États-Unis et à la menace de récession, sans perdre de vue les facteurs positifs tels que le refroidissement de l’inflation et la résilience de la consommation.
Comme je l’ai souligné dans Mes dix principes de base en matière d’investissement – 2.0, les manchettes ont tendance à mettre en avant les nouvelles à sensation, l’actualité à court terme et tout ce qui est négatif. Or, ce genre de nouvelles ne devraient pas avoir d’importance pour les investisseurs à long terme. Nous verrons toujours des événements économiques, financiers et politiques influer sur le rendement des marchés et attiser la volatilité à court terme. Bien qu’il soit tentant d’essayer d’anticiper le marché sur de courtes périodes, nous savons par expérience à quel point c’est difficile, et nous connaissons les graves répercussions que cela peut avoir sur les objectifs de placement à long terme.
« Il est souvent tentant d’arrêter quelque part sur la voie du succès. »
- Will Rogers
Pendant les périodes de volatilité, les investisseurs deviennent craintifs en raison des pertes potentielles. Ils ont alors tendance à réduire ou éliminer leurs positions sur les marchés financiers, en pensant qu’ils les rouvriront une fois que l’orage sera passé. Cela signifie qu’ils modifient souvent leurs pondérations pour répartir plus d’actifs que d’habitude dans les instruments en espèces et équivalents. Nous avons observé cette transition au cours du cycle actuel, où la détermination des banques centrales à relever rapidement les taux d’intérêt, depuis un niveau proche de zéro, a renforcé l’attrait des espèces tout en réduisant celui des actions et des obligations, comparativement. L’année 2023 a ainsi connu des sorties de capitaux record des catégories des actions et des titres à revenu fixe au profit des espèces, et les actifs du marché monétaire dépassent maintenant 5 000 milliards de dollars (figure 1).
Figure 1 : Les placements en espèces ont beaucoup augmenté
Nota : Au 22 août 2023. Source : Bloomberg, Investment Company Institute (ICI) Tous les fonds du marché monétaire Total de l’actif net (marché américain)
Bien qu’il soit tentant de rester sur la touche pendant les périodes de volatilité, les investisseurs doivent se demander combien coûte l’inaction. Comment saurez-vous qu’il est temps de revenir, et quelles seront les répercussions sur le rendement de vos placements pendant que vous attendez ? Le fait d’éviter les journées baissières les plus marquées est sans aucun doute avantageux pour l’investisseur, mais le fait de manquer quelques-unes des journées les plus fructueuses peut également avoir une incidence importante sur ses résultats de placement globaux.
À notre avis, il est presque impossible de définir le moment idéal. Pour ce faire, il faudrait prendre deux décisions : quand vendre et quand racheter ? Même si vous sortez du marché au bon moment, vous n’aurez probablement pas la même chance quand il s’agira d’y revenir. C’est lorsque les gros titres sont les plus effrayants que vos instincts vous incitent à rester à l’écart. Mais l’histoire montre que les manchettes les plus effrayantes peuvent déboucher sur les meilleurs rendements futurs.
Certes, les investisseurs qui restent en dehors du marché pendant les périodes de volatilité échappent aux déclins les plus défavorables, mais ils manquent aussi des occasions de réaliser des rendements importants. En effet, les meilleures journées de négociation ont tendance à s’accumuler autour des pires (figure 2). La conclusion à tirer de cette tendance est qu’une grande partie des rendements qui font les meilleurs résultats à long terme se matérialise au cours des premières phases des reprises.
Figure 2 : Les meilleurs et les pires jours ont tendance à se suivre de près
Appréciation des titres du S&P 500, base quotidienne (1986-2022)
Nota : Au 31 décembre 2022. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Le graphique ne tient pas compte des frais liés aux opérations, des frais de gestion et des taxes ou impôts. Si ces coûts et ces frais étaient pris en compte, les rendements seraient plus bas. Les rendements antérieurs ne sont pas garants des résultats futurs. Source : Bloomberg
Selon les données de marché recueillies depuis 1973, un investisseur qui aurait manqué les 10 jours de négociation les plus porteurs sur le marché boursier au cours de cette période de 50 ans (sur un total de plus de 12 000 jours de négociation) n’aurait généré que la moitié du rendement réalisé par un investisseur ayant conservé ses placements (figure 3). Cette année fournit un autre exemple intéressant : un investisseur qui aurait été absent du marché boursier au cours des 10 meilleurs jours de négociation de 2023 aurait subi des pertes à la fin du mois d’août, alors que le rendement réel du S&P 500 a oscillé autour de 18 %.
Figure 3 : Valeur de 10 000 $ investis dans le S&P 500
(1973–2023)
Nota : Au 31 août 2023. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Le graphique ne tient pas compte des frais liés aux opérations, des frais de gestion et des taxes ou impôts. Si ces coûts et ces frais étaient pris en compte, les rendements seraient plus bas. Les rendements antérieurs ne sont pas garants des résultats futurs. Source : Bloomberg
Conserver ses placements est essentiel
En matière de placement, la clé de la réussite est d’adopter une approche de placement réfléchie et stratégique tout en restant concentré sur un rendement robuste et constant à long terme. Gardez à l’esprit que les marchés financiers ont connu des ralentissements dans le passé et qu’ils en verront d’autres à l’avenir, mais aussi qu’ils se sont toujours redressés et qu’ils ont tendance à monter sur le long terme. Bien qu’il soit naturel d’avoir des appréhensions en période de volatilité et de vouloir échapper à la douleur, agir sous l’emprise de la peur peut faire manquer des occasions de rendements importants. Comme je l’ai dit auparavant et continuerai de le rappeler, la clé du succès est le temps passé sur le marché, et non l’anticipation du marché.