Les investisseurs ont connu des turbulences au cours du mois de septembre. Nous avons décidé de consulter Sarah Riopelle, vice-présidente et première gestionnaire de portefeuille, pour connaître son point de vue sur les récentes fluctuations du marché et la façon dont elle structure les portefeuilles pour l’avenir.
La volatilité a augmenté au cours des dernières semaines, tant sur les marchés boursiers que sur les marchés obligataires. Que pensez-vous de cette instabilité et que signifie-t-elle pour les investisseurs ?
Depuis les creux liés à la pandémie, les marchés boursiers ont enregistré une forte hausse et nous avons indiqué que les investisseurs devaient s’attendre à une volatilité accrue. À mon avis, différents facteurs ont rendu les investisseurs un peu plus nerveux au cours des dernières semaines.
- Le virus continue de poser problème aux économies, surtout dans les pays en développement où les vaccins se font plus rares et sont plus difficiles à administrer.
- La pandémie a perturbé les chaînes logistiques mondiales et nui à la circulation des biens, causant des pénuries mondiales ou des hausses de prix susceptibles de se prolonger à plus long terme.
- Les sociétés ont commencé à diffuser des prévisions négatives, ce qui a entraîné de légères révisions à la baisse des attentes de bénéfices.
- De plus, des manchettes négatives ont circulé au sujet d’Evergrande, l’une des plus grandes sociétés immobilières de Chine, et de sa capacité à rembourser ses dettes. Des nouvelles récentes laissent croire que le gouvernement chinois semble souhaiter résoudre rapidement cette question.
Bien que ces événements aient ébranlé les investisseurs, il est important de se rappeler que les marchés peuvent monter et descendre. Par conséquent, nous devrions toujours nous attendre à une certaine volatilité à court terme.
Malgré les manchettes et la volatilité observées au cours des dernières semaines, nos prévisions de croissance du PIB restent plutôt favorables d’un point de vue historique et les perspectives de bénéfices demeurent attrayantes. Même si nous nous attendons à ce que la croissance en 2022 ralentisse par rapport à 2021, notre scénario de base prévoit que l’économie continuera de croître à un taux au-dessus de la moyenne, quoiqu’à un rythme moins soutenu.
Figure 1 : Moyenne pondérée du PIB réel établie par consensus
Prévisions de croissance des principaux pays de l'OCDE
Nota : dès le 28 septembre, 2021. Source: Consensus Economics
Dans ce contexte de croissance raisonnable et d’inflation modérée, nous maintenons la surpondération des actions. En outre, nous détenons une réserve de liquidités afin de nous prémunir contre la volatilité et de saisir les occasions qui pourraient se présenter.
Une grande question qui préoccupe les investisseurs, surtout les plus prudents, est de savoir comment la hausse des taux d’intérêt pourrait influer sur le volet obligataire de leurs portefeuilles. Comment voyez-vous les choses à cet égard et comment les investisseurs devraient-ils structurer leurs portefeuilles ?
Les taux des obligations d’État frôlent encore leurs plus bas niveaux en 150 ans, et nous ne croyons pas que ces taux extrêmement bas soient durables. Un contexte de hausse des taux a des répercussions importantes pour les investisseurs qui détiennent des obligations dans leur portefeuille, en particulier ceux qui ont une position plus prudente.
À partir des niveaux actuels, une augmentation même légère des taux obligataires se traduirait par des rendements négatifs pour les obligations d’État. Nous prenons donc les mesures suivantes :
- Sur le plan tactique, nous sous-pondérons les obligations dans les portefeuilles.
- Il y a un an, nous avons aussi modifié la composition stratégique de l’actif pour privilégier davantage les actions au détriment des obligations. Nous avons abaissé la pondération des obligations de façon stratégique et tactique dans l’ensemble de nos portefeuilles.
- Les pressions exercées sur les taux toucheront plus particulièrement les obligations d’État. C’est pourquoi nous allons plus loin dans la gamme des titres de créance et intégrons davantage d’obligations de sociétés de catégorie investissement et d’obligations à rendement élevé. Ces types d’obligations devraient procurer de meilleurs rendements, même dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.
- Nous ajoutons des solutions de rechange aux obligations d’État traditionnelles, comme des obligations du secteur immobilier et des obligations à rendement absolu. Nous examinons aussi d’autres idées, comme les titres hypothécaires et les infrastructures.
Essentiellement, en raison du contexte actuel, les investisseurs – en particulier ceux qui ont un profil plus prudent – devront évaluer si leurs portefeuilles sont structurés de façon qu’ils puissent atteindre leurs objectifs à long terme.
Il est également important de ne pas perdre de vue les raisons pour lesquelles les investisseurs détiennent des obligations, à savoir fournir un revenu, une diversification et une liquidité au sein des portefeuilles, surtout en période de volatilité des marchés boursiers.
Une autre grande question des investisseurs a trait à la part de leur portefeuille qu’ils devraient attribuer aux actions. Étant donné que de nombreux marchés boursiers ont atteint récemment des sommets historiques, quel est votre point de vue et comment structurez-vous les portefeuilles ?
L’indice S&P 500 a plus que doublé depuis son creux de mars 2020, et de nombreux indices mondiaux ont atteint de nouveaux records. Nous prévoyons que l’économie croîtra à un bon rythme l’an prochain, ce qui devrait se traduire par une augmentation continue des bénéfices et soutenir les marchés boursiers.
Cependant, les actions semblent avoir atteint leur pleine valeur à ces niveaux et la progression continue des bénéfices est de plus en plus essentielle, compte tenu des valorisations plutôt élevées. Les fortes valorisations suffisent rarement à elles seules à provoquer un marché baissier, mais elles rendent néanmoins les actions plus vulnérables aux chocs et peuvent entraîner des périodes de volatilité accrue, comme nous l’avons vu en septembre.
Indice composite des marchés boursiers mondiaux
Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre
Nota : Au 31 août 2021. Moyenne pondérée en fonction du PIB des modèles de juste valeur de RBC GMA pour divers pays. Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Nous devons reconnaître que, compte tenu des valorisations élevées et du fait que les bénéfices ont renoué avec leur tendance à long terme, il est peu probable que des gains semblables soient enregistrés à l’avenir et il nous faut réduire nos attentes de rendement. Selon notre scénario de base, les rendements des actions devraient progresser de 5 % à 10 % au cours de l’année à venir. Ce rythme est bien inférieur à ce que nous avons connu au cours des 18 derniers mois, mais tout de même supérieur à nos attentes à l’égard des titres à revenu fixe.
Malgré la présence de divers risques, nous avons hésité à réduire la pondération des actions, car nous estimons que le cycle économique est encore quelque part entre le début et le milieu de sa période et que les bénéfices des entreprises pourraient encore croître.
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