Dans le tourbillon de la rentrée scolaire, nous avons réussi à rencontrer Sarah Riopelle dans son bureau pour parler des récentes fluctuations du marché et de la façon dont elle a structuré les portefeuilles.
Au cours de l’été, les taux des obligations ont sensiblement diminué, bien que certaines banques centrales aient abordé la question de la normalisation de leur politique monétaire. Que pensez-vous de ce recul et avez-vous apporté des changements aux portefeuilles ?
Oui, les taux obligataires mondiaux ont chuté lourdement au cours du dernier trimestre, en raison du ralentissement de la croissance et des attentes selon lesquelles les banques centrales maintiendront des politiques monétaires accommodantes, du moins pour l’instant. D’après nos modèles, le marché des obligations d’État présente un risque d’évaluation important et les taux risquent d’augmenter.
Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 1er septembre 2021. Sources : RBC GMA, RBC MC
Une hausse des taux obligataires pèserait sur les rendements totaux des titres à revenu fixe, et nous prévoyons que les rendements des obligations d’État seront faibles ou légèrement négatifs au cours de notre période prévisionnelle d’un an. Nous avons apporté deux changements au cours des derniers mois :
- En juillet, nous avons réduit de 1 % notre position en titres à revenu fixe et avons affecté le produit aux liquidités.
- En août, nous avons de nouveau réduit la pondération des obligations, d’un demi-point de pourcentage cette fois, au profit des liquidités.
Nous avons tiré parti de la baisse des taux des obligations, et de la hausse de leurs prix, pour réduire encore la part des titres à revenu fixe, déjà sous-pondérés. Pour un portefeuille mondial équilibré, nous recommandons la répartition de l’actif suivante : 64,0 % en actions (position neutre stratégique : 60 %), 33,5 % en titres à revenu fixe (position neutre stratégique : 38 %) et le reste en liquidités.
Composititon de l’actif recommandée
Dans ce contexte, à quoi les investisseurs devraient-ils réfléchir à l’avenir et comment positionnez-vous les portefeuilles ?
Le rebond économique marqué ayant suivi la profonde récession de l’an dernier est maintenant derrière nous, et certaines perturbations extrêmes qui ont résulté de la pandémie se sont atténuées. Même si l’économie ralentit, la croissance demeure robuste et les consommateurs sont bien placés pour soutenir l’expansion.
Compte tenu du rapport risques-occasions, notre répartition de l’actif conserve un penchant pour la prise de risque. Nous savons que la reprise économique ralentit après avoir fortement accéléré, mais nous estimons que nous sommes au début ou au milieu du cycle, de sorte que la croissance pourrait se poursuivre pendant des années. Nous maintenons donc la surpondération des actions, car elles offrent de meilleures possibilités de hausse.
Ratio bénéfice/cours de l’indice S&P 500
Bénéfice des 12 derniers mois/niveau de l’indice
Nota : Au 31 août 2021. Sources : RBC GMA, RBC MC
L’indice S&P 500 a grimpé à un sommet historique de 4 500 au dernier trimestre, soit le double de son creux de mars 2020 et un gain de 20 % à ce jour cette année. L’augmentation rapide des actions a propulsé notre indicateur composite des cours boursiers mondiaux à sa valeur la plus élevée depuis la bulle technologique de la fin des années 1990. Bien que cette surévaluation ait surtout touché les actions américaines pendant la majeure partie du dernier marché haussier, de nombreux indices à l’extérieur des États-Unis se situent près ou au-dessus des estimations de la juste valeur.
À ces niveaux de valorisation, la hausse des bénéfices sera essentielle pour soutenir le marché haussier, et les bénéfices sont effectivement spectaculaires jusqu’à présent. Les bénéfices des sociétés du S&P 500 sont en bonne voie de connaître la meilleure reprise de leur histoire. Ils dépassent déjà le sommet d’avant la pandémie, et devraient croître à un rythme supérieur à la moyenne au cours des prochaines années. Comme les bénéfices sont revenus à leur tendance à long terme, il pourrait être plus difficile de réaliser d’autres gains. Nous ne devrions donc pas nous attendre à revoir la cadence que nous observons depuis le début du cycle actuel.
Malgré des valorisations élevées, nous pensons que les actions peuvent encore produire des rendements modestes, compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt, du caractère temporaire de l’inflation et de la solide croissance des bénéfices des sociétés. Nous prévoyons des hausses d’environ 5 % pour les actions nord-américaines et un potentiel de rendement légèrement supérieur ailleurs au cours de l’année à venir.
Compte tenu de vos perspectives actuelles, pouvez-vous nous expliquer pourquoi le produit de vos récentes ventes d’obligations a été affecté aux liquidités plutôt qu’aux actions ?
Plusieurs risques, en particulier liés au virus, à la Chine, à la situation géopolitique et à la politique fiscale aux États-Unis, sont des sources potentielles de volatilité à court terme. Nous voulons conserver une modeste position en liquidités, non seulement pour nous protéger contre toute volatilité, mais également pour financer les occasions qui pourraient se présenter.
Pour obtenir d’autres points de vue, rendez-vous sur la page de l’équipe Solutions de portefeuille, où vous trouverez toutes les publications de Sarah.