L’incertitude des marchés entraîne souvent une volatilité accrue, se traduisant par des fluctuations boursières rapides. Cela peut influer sur le comportement des investisseurs au point de nuire au succès à long terme de leurs placements. Plus concrètement, cette incertitude peut effrayer certains investisseurs, qui iront jusqu’à déserter le marché, ou en inciter d’autres à tenter d’anticiper leur direction. Compte tenu de la volatilité récente et des répercussions variées qu’elle pourrait avoir à court terme sur l’économie et les marchés, Sarah Riopelle nous fait part de son point de vue sur la conjoncture et sur la façon d’aborder les mois à venir.
Cette année a été marquée par une forte volatilité des marchés. Comment avez-vous su gérer vos portefeuilles durant cette période d’incertitude ? Celle-ci a-t-elle fourni plus d’occasions de recourir à la gestion active ?
L’un des principaux avantages d’investir dans une solution de portefeuille d’actifs multiples comme les portefeuilles sélect RBC est la possibilité de bénéficier de la gestion active constante. Cette année, nous avons procédé plusieurs fois à l’ajustement des portefeuilles, car la volatilité des marchés nous a donné diverses occasions de le faire. Depuis janvier, nous avons opéré 11 de ces ajustements tactiques dans nos portefeuilles d’actifs. C’est légèrement plus que d’habitude, mais rien de surprenant compte tenu de la volatilité observée sur les marchés.
Au sein des portefeuilles sélect RBC, nous exprimons aussi nos points de vue au moyen de ce que nous appelons une composante tactique. Celle-ci offre la souplesse nécessaire pour effectuer des opérations plus fréquentes et de petite envergure afin de profiter des occasions sur les marchés. Cette année, nous avons effectué 15 ajustements au sein de la composante tactique. Ils concernent majoritairement les titres à revenu fixe, auxquels nous avons accru ou réduit notre exposition, ou dont nous avons ajusté la duration.
Au début de l’année, nous avons estimé que le risque majeur était lié aux obligations. Par conséquent, nous avons sous-pondéré les titres à revenu fixe dans nos portefeuilles d’actifs. Depuis, les obligations ont connu leur plus forte baisse en 40 ans. Comme leurs taux de rendement ont augmenté, nous achetons ces titres dans le but de réduire notre sous-pondération. Aux taux actuels, les obligations devraient offrir un bien meilleur contrepoids aux actions en cas de repli de l’économie.
Taux des obligations d’État à 10 ans
Au 12 octobre 2022. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Indicateur composite des marchés boursiers mondiaux
Au 11 octobre 2022. Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre. Sources : RBC GMA
Nous avons également réduit notre pondération des actions, en raison du risque accru de récession. Toutefois, nous avons récemment rajouté 50 points de base, car nous reconnaissons en effet qu’il existerait divers scénarios favorables pour les actions dans le cas où l’inflation diminuerait rapidement et que les économies éviteraient la récession.
Cela étant, notre surpondération des actions est beaucoup plus faible qu’elle ne l’a été ces dernières années, démontrant notre approche prudente à court terme. Compte tenu des risques et occasions, ainsi que des perspectives à court et long termes, nos pondérations restent proches de la neutralité.
Quels sont les risques susceptibles de poindre à l’horizon ? Vos perspectives ont-elles changé au cours des dernières semaines ?
Les perspectives économiques générales sont sombres, au vu du ralentissement de la croissance, de la hausse des taux d’intérêt et du niveau d’inflation beaucoup trop élevé. Viennent s’ajouter à ces difficultés la pandémie, la guerre en Ukraine et la crise énergétique en Europe. Les marchés sont extrêmement volatils, et les choses évoluent rapidement.
Il y a quelques mois, nous pensions que le pire était derrière nous sur le marché obligataire. Or, les chiffres de l’inflation publiés il y a quelques semaines ont déçu le marché.
En outre, les derniers commentaires de la Réserve fédérale indiquant le maintien de taux plus élevés plus longtemps ont entraîné une nouvelle réévaluation des obligations. Si, dans le passé, les banques centrales ont apporté leur soutien en période de récession, cette fois-ci, elles pourraient ne pas être en mesure de le faire – leur priorité étant l’inflation, et non la croissance économique. Nous pensons que les banques centrales peuvent gérer efficacement l’inflation et la ramener à des niveaux plus soutenables, mais que cela risque de prendre plus de temps que prévu.
Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme de 12 mois au 12 octobre 2022. Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Du côté des actions, bien que les valorisations aient connu des ajustements importants, nous portons maintenant notre attention sur les bénéfices. En effet, si l’économie se dirigeait vers la récession, ils seraient alors vulnérables à de fortes pressions à la baisse, ce qui pourrait entraîner un nouveau repli des marchés boursiers à court terme.
À quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre ?
Une chose est sûre : l’incertitude ne quitte jamais le marché. Or, en matière d’investissement, la clé de la réussite consiste à ne pas essayer de prédire l’avenir. Il est préférable d’élaborer des portefeuilles bien diversifiés et résistants, capables de surmonter les perturbations, quelles que soient les conditions du marché.
« Une chose est sûre : l’incertitude ne quitte jamais le marché » – Sarah Riopelle
Sans vouloir minimiser les tourments que peut causer la volatilité des marchés, surtout pour les investisseurs plus prudents, l’avantage des marchés baissiers est qu’ils peuvent finalement accroître les rendements potentiels à long terme. Étant donné que les rendements de départ des actions et des obligations ont été inférieurs aux prévisions, le rendement annualisé attendu sur les dix prochaines années a considérablement augmenté depuis le début de l’année. En conséquence, les investisseurs ayant un horizon de placement à long terme peuvent profiter aujourd’hui d’occasions d’investir se révélant bien meilleures que seulement neuf mois auparavant.
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