De 2009 à 2017, le S&P 500 a gagné en moyenne 15,7 % par an. L’optimisme a régné durant cette longue période, tandis que la volatilité est restée faible. Les marchés boursiers ont enregistré des hausses généralisées à la faveur de politiques monétaire et budgétaire accommodantes qui ont stimulé non seulement la croissance des bénéfices, mais aussi les valorisations. Celles-ci ont remonté à leur moyenne à long terme, puis ont franchi légèrement ce cap à la fin de 2017.
Aujourd’hui, un grand nombre de changements se dessinent à l’horizon et inquiètent les investisseurs : le ralentissement probable de la solide croissance économique, l’incidence des tensions commerciales, les répercussions de la hausse des taux d’intérêt et la manière dont ces facteurs pourraient influer sur les rendements boursiers.
Les indicateurs économiques sont nuancés. La croissance est forte, mais elle perd de la vitesse. D’un côté, l’Accord provisoire États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC) a réduit le risque considérable lié au protectionnisme. De plus, l’économie des États-Unis va bon train. Elle croît rapidement selon les données publiées le 26 octobre, qui montrent également que l’inflation est inférieure aux attentes et que les dépenses de consommation demeurent élevées. Par contre, même si la croissance mondiale a augmenté par rapport au niveau où elle s’était maintenue après la crise financière, elle a perdu de la vitesse au cours de la dernière année et devrait ralentir encore en 2019.
La hausse des taux d’intérêt a été un important élément déclencheur des préoccupations sur les marchés boursiers. L’augmentation des taux obligataires nuit simultanément à la croissance de l’économie et des bénéfices tout en offrant, pour la première fois depuis des années, une solution de rechange tentante pour les investisseurs. Ces préoccupations ne sont pas négligeables. Heureusement, nous croyons que les cours sur le marché reflètent déjà une grande partie de la hausse des taux. Par ailleurs, les banques centrales peuvent toujours attendre avant de relever de nouveau leur taux de référence si la réaction des marchés et de l’économie s’avère négative.
À court terme, les taux de croissance des bénéfices attendus peuvent changer, et de faibles fluctuations des revenus peuvent être accentuées par la modification des marges de profit. Cependant, les perspectives à long terme des bénéfices restent beaucoup moins volatiles que le laissent penser les marchés boursiers, qui fluctuent énormément au quotidien. Au fil du temps, les sociétés sont en mesure de réagir à un contexte en évolution si les équipes de direction restructurent leurs activités en trouvant de nouvelles sources de revenus ou en mettant l’accent sur l’efficience.
En ce qui concerne les perspectives à long terme, quand le marché chute, le potentiel de rendement augmente. Prenons par exemple les prévisions moyennes de bénéfice par action pour 2019 (172 $) et appliquons un taux de croissance des bénéfices normal (7 %) assorti d’un ratio moyen (15 fois) et d’un rendement en dividendes raisonnable (2 %) ; ces chiffres laisseraient supposer un bon rendement total de 5 à 10 % pour l’indice S&P 500 au cours des dix prochaines années. Ce résultat serait inférieur aux rendements dépassant 10 % et supérieur à la moyenne enregistrée dans les dernières années, mais il procurerait quand même de solides gains aux investisseurs à long terme. Même dans un scénario de ralentissement de la croissance des bénéfices et de diminution des valorisations, le potentiel de rendement à long terme des actions demeure relativement plus attrayant que celui des liquidités ou des titres à revenu fixe.
Nous envisageons un éventail de résultats différents dans le cadre de notre démarche de placement sur les marchés. De plus, nous reconnaissons qu’il est peu probable que le chemin que nous suivons au fil du temps pour atteindre nos objectifs de placement soit linéaire. Sur un horizon de dix ans, il y aura des périodes de forte expansion et de stagnation. Fait important, le potentiel de rendement futur du marché boursier évoqué ci-dessus est compatible avec les rendements historiques à long terme des actions. Il convient aussi de souligner que ces rendements ont été obtenus au fil des ans, que les divers contextes économiques soient favorables ou non.
Lorsque la volatilité augmente, il est naturel de penser qu’elle pourrait persister et qu’on se doit d’agir. Il n’est pas facile en ce moment de mettre en balance le ralentissement que dénote le contexte économique et l’avancement du cycle économique avec l’amélioration du potentiel de rendement à long terme. Toutefois, les investisseurs qui le font dans le contexte d’un plan financier assorti d’objectifs de placement raisonnables et d’une tolérance au risque déterminée améliorent grandement leurs chances de réussite. Il est assurément difficile de prévoir les fluctuations à court terme. En revanche, la capacité du marché de procurer des rendements à long terme aux investisseurs demeure intacte.
Résumé
- À l’heure actuelle, les investisseurs s’inquiètent du ralentissement de la croissance, de l’incidence des tensions commerciales, des répercussions de la hausse des taux d’intérêt et de l’effet à court terme de ces facteurs sur les actions.
- Les indicateurs économiques sont nuancés : la croissance mondiale a augmenté par rapport au niveau où elle s’était maintenue après la crise financière, mais a perdu de la vitesse au cours de la dernière année. Elle devrait ralentir encore en 2019.
- Au besoin, les banques centrales peuvent attendre avant de relever de nouveau leur taux de référence.
- Les perspectives à long terme des bénéfices restent beaucoup moins volatiles que les marchés boursiers, qui fluctuent énormément au quotidien.
- Il est difficile d’anticiper l’évolution à court terme du marché, mais à long terme, celui-ci conserve sa capacité de générer des rendements pour les investisseurs.