L’incertitude macroéconomique accrue et les discours différents en ce qui a trait au commerce mondial et au Brexit compliquent les choses, puisque les résultats possibles sont nombreux. Bien qu’on note bel et bien un ralentissement économique à l’échelle mondiale, les données ne sont pas aussi décourageantes qu’on le craignait au départ, comme en témoigne l’amélioration des indices des surprises économiques (figure 1).
Figure 1 : États-Unis
Indice des surprises économiques Citigroup
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : Citigroup Global Markets Inc., RBC GMA
Par ailleurs, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont apaisées, et les risques associés à un Brexit sans accord ont diminué, mais dans les deux cas, il est difficile d’en prédire l’issue. L’économie et les marchés continuent d’être confrontés à diverses difficultés, notamment l’avancement du cycle économique, l’aplatissement ou l’inversion de la courbe des taux et la faiblesse des indicateurs avancés de la croissance économique, qui chutent dans la plupart des grandes régions (figure 2).
Figure 2 : Indices mondiaux des directeurs des achats
Nota : Au 1er oct. 2019. Source : Haver Analytics, RBC GMA
Somme toute, nous reconnaissons que la probabilité de récession est plus élevée qu’à l’habitude, mais nous gardons en tête qu’il y a toujours une possibilité raisonnable que la situation s’améliore, ce qui récompenserait les détenteurs d’actifs à risque.
Le ralentissement de la croissance et l’incertitude macroéconomique poussent les banques centrales à adopter des mesures d’assouplissement
Dans ce contexte de décélération de la croissance et d’incertitude accrue, les banques centrales ont respecté leur promesse d’instaurer d’autres mesures de relance monétaire. La Réserve fédérale américaine (la Fed) a de nouveau abaissé les taux d’intérêt de 25 points de base en septembre et a répété que la politique monétaire est assez souple pour réagir aux nouvelles données, au besoin. Bien que les plus récentes projections de la Fed ne laissent entrevoir aucun assouplissement supplémentaire, les prix des contrats à terme semblent indiquer deux ou trois autres baisses de taux aux États-Unis dans la prochaine année, ce qui correspond à nos propres prévisions (figure 3). À l’étranger, le taux des facilités de dépôt de la Banque centrale européenne est passé de -0,50 % à -0,40 %. Cette dernière a aussi annoncé la reprise des achats d’obligations à un rythme de 20 milliards d’euros par mois à compter de novembre. En l’absence de tensions inflationnistes, les banques centrales peuvent continuer de se montrer accommodantes afin de favoriser la croissance, même s’il faudra quelque temps avant que la détente monétaire ait des répercussions sur l’économie.
Figure 3 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme de 12 mois
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale des États-Unis, RBC GMA
Bref soubresaut des marchés des obligations d’État
Les obligations d’État mondiales ont connu une liquidation massive au début de septembre, mais ont regagné le terrain perdu depuis. Compte tenu des progrès quant à la résolution du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine et de la probabilité que les mesures de relance stimulent la croissance économique, le taux des obligations américaines à 10 ans a connu une hausse de 45 points de base pour s’établir à 1,90 % dans les deux premières semaines de septembre. Cette hausse n’a toutefois pas duré, le retour de la demande pour les valeurs refuges ayant rapidement causé un recul. Le taux actuel de 1,66 % des obligations américaines à 10 ans est de nouveau en deçà de la limite inférieure de notre fourchette d’équilibre, ce qui indique que les valorisations des obligations d’État sont élevées (figure 4).
Figure 4 : Rendements des obligations du Trésor américain à 10 ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : RBC GMA, RBC MC
Si les États-Unis évitent une récession, le taux des obligations américaines à 10 ans devrait augmenter avec le temps, de sorte que notre fourchette d’équilibre augmentera à mesure que les taux d’intérêt réels remontent vers leur valeur moyenne à long terme. Ailleurs, les taux sont bien plus bas, et même négatifs dans certaines régions (figure 5), ce qui pourrait limiter la hausse du taux des obligations américaines à 10 ans. Parmi les marchés d’obligations d’État que nous surveillons, les effets du Trésor à 10 ans offrent le meilleur rendement et pourraient donc attirer les investisseurs internationaux.
Figure 5 : Taux des obligations mondiales
Obligations d’État à dix ans
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Des signes encourageants dans les tendances sous-jacentes du marché boursier
Les actions se sont appréciées en septembre après un mois d’août marqué par la volatilité, et certaines caractéristiques de cette remontée pourraient être considérées comme étant positives pour les perspectives. Les titres de valeur ont dépassé les titres de croissance de 3,3 points de pourcentage en septembre, ce qui leur a permis d’effacer toutes les pertes relatives subies par rapport aux titres de croissance depuis le mois d’avril dernier (figure 6).
Figure 6 : Rendement relatif de la valeur par rapp. à la croissance
Indice de valeur S&P 500/Indice de croissance S&P 500
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Il est encore trop tôt pour dire si cette récente période de rendement supérieur est le début d’une tendance, mais une telle situation est souvent annonciatrice de meilleures perspectives économiques, puisque les investisseurs préfèrent acheter des actions d’entreprises sous-évaluées quand la croissance économique s’accélère. Parmi les autres signes positifs pour le marché, soulignons la forte contribution des marchés mondiaux à la remontée et, plus particulièrement, l’excellent rendement des actions européennes depuis la mi-août (figure 7). Au Canada, l’indice composé TSX a atteint un niveau record en raison de sa forte pondération en actions du secteur des services financiers, qui se sont bien comportées en septembre. Si ces tendances persistent et s’avèrent durables, les actions pourraient connaître une autre appréciation.
Figure 7 : Principaux indices boursiers
Indices d’appréciation cumulative des titres
Nota : Au 30 sept. 2019. Appréciation des titres calculée en devise locale, à l’exception de l’indice MSCI Marchés émergents, qui est en dollars américains. Sources : Bloomberg, RBC GMA
La croissance des bénéfices est de plus en plus essentielle au soutien de la progression des actions
Le rebond de septembre a permis à l’indice S&P 500 de dépasser brièvement la juste valeur estimée par notre modèle, ce qui a rendu les actions plus vulnérables aux bénéfices décevants (figure 8). La hausse des valorisations pourrait demeurer une source de gains pour les actions, mais la durabilité du redressement dépend davantage de la croissance des bénéfices, compte tenu de l’augmentation des ratios cours/bénéfices. Or, les bénéfices ont été malmenés par différents facteurs, comme le ralentissement de la croissance mondiale, la hausse des tarifs douaniers et la réduction des marges de profit. Beaucoup d’analystes s’attendent désormais à ce que les profits des sociétés de l’indice S&P 500 n’évoluent guère en 2019 par rapport à 2018.
Figure 8 : S&P 500 : évolution du niveau d’équilibre
Bénéfice et valorisation normalisés
Nota : Au 30 sept. 2019. Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
La figure 9 présente les prévisions générales des analystes concernant les bénéfices et démontre que les bénéfices prévus ont constamment diminué d’un mois sur l’autre au cours de la dernière année. Toutefois, l’écart marqué entre les prévisions de 2019 et de 2020 sur le graphique laisse entrevoir une nouvelle accélération de la croissance des bénéfices l’année prochaine. Il convient de ne pas oublier ce potentiel de croissance dans un contexte où les menaces qui guettent l’économie et les marchés sont nombreuses. Nos modèles indiquent que les actions pourraient enregistrer une hausse de 5 % à 15 % au cours de l’année à venir si les scénarios négatifs ne se réalisent pas et si les prévisions actuelles des bénéfices sont respectées.
Figure 9 : Indice S&P 500
Prévisions générales de bénéfice
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : Thomson Reuters, Bloomberg
Composition de l’actif – Maintien d’une légère surpondération des actions et d’une sous-pondération des obligations
L’économie mondiale a de nombreux défis à relever, dont le ralentissement de la croissance, les risques géopolitiques et l’avancement du cycle économique. À notre avis, les risques de récession demeurent plus élevés que d’habitude, mais notre scénario de base prévoit que l’expansion de l’économie se poursuivra à un rythme modéré, quoiqu’au ralenti. Les résultats pourraient peut-être même être meilleurs si les risques s’atténuent et que les vents contraires s’estompent. Après avoir fait le bilan des éléments positifs et négatifs, nous maintenons notre pondération des actions à un niveau légèrement supérieur à la position neutre, puisque nous avons réduit l’exposition de manière importante au cours des derniers trimestres. Nous conservons également notre légère sous-pondération des titres à revenu fixe et de petites réserves de liquidités. Nous prévoyons encore que les actions surpasseront les obligations à long terme, mais nous ne croyons pas qu’il convient d’investir de façon importante dans des titres risqués en raison du contexte macroéconomique actuel. L’aplatissement ou l’inversion des courbes de rendement laissent entrevoir un maintien probable des niveaux élevés de volatilité (figure 10), et les actions seraient vulnérables en cas d’accentuation de tout risque mentionné précédemment ou de ralentissement de la croissance mondiale. Nous notons des éléments encourageants, comme le classement par style et divers indicateurs techniques, mais nous préférons attendre l’apparition de signes de durabilité dans les tendances avant de hausser le profil de risque de nos portefeuilles. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 57,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 55 %), 40,0 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 43 %) et 3,0 % en liquidités.
Figure 10 : Courbe de rendement des titres américains et indice de volatilité
Nota : Au 30 sept. 2019. Sources : Bloomberg, RBC GMA
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