L’économie mondiale a tiré parti de plusieurs événements macroéconomiques positifs au cours du dernier trimestre, lesquels ont réduit le risque que la situation s’aggrave. La clémence de l’hiver en Europe a permis d’éviter une crise énergétique généralisée, l’abandon de la politique zéro-COVID de la Chine a donné lieu à une réouverture plus rapide et plus vaste que prévu, et l’inflation, bien qu’encore trop élevée, est à la baisse. Dans l’ensemble, les données économiques ont été plus solides que prévu dans la majeure partie du monde. Aux États-Unis en particulier, les dépenses de consommation ont fait preuve de résilience, et le marché du travail, de vigueur. Cela dit, un éventail de défis menacent la croissance. La demande de prêts et le marché du logement commencent à faiblir considérablement en raison de la flambée des taux d’intérêt. Les indicateurs avancés de croissance économique de la plupart des grandes régions se contractent. Nous nous attendons toujours à une récession sur un horizon d’un an, mais en raison des défis à court terme, elle ne surviendra pas avant le deuxième semestre de 2023, selon nous (figure 1).
Figure 1 : PIB réel moyen pondéré selon les prévisions générales
Estimations de croissance des principaux pays développés
Nota : En date de février 2023. Source : Consensus Economics
Atténuation des tensions inflationnistes
Bien que l’inflation demeure trop élevée, divers signes montrent que les pressions sur les prix s’atténuent et que les données sont de plus en plus favorables. Le prix de l’énergie et d’autres marchandises ont fortement reculé par rapport à leur niveau le plus élevé, le prix des propriétés et des loyers se situe maintenant en deçà de leur sommet, les chaînes d’approvisionnement se sont améliorées et le prix des voitures d’occasion s’est stabilisé. De ce fait, l’IPC aux États-Unis, qui a atteint un sommet de 9,1 % au milieu de 2022, a chuté à 6,4 %. Bien que la lutte s’annonce difficile, nous prévoyons que l’inflation aux États-Unis diminuera à 3,3 % en 2023 et à 2,4 % en 2024 (figure).
Figure 2 : IPC moyen pondéré selon les prévisions générales
Estimations d’inflation pour les principaux pays de l’OCDE
Sources : Bloomberg, Réserve fédérale américaine, RBC GMA
Vers la fin du cycle de resserrement des banques centrales
Dans le but de contenir les tensions inflationnistes, les banques centrales ont relevé les taux d’intérêt de la façon la plus énergique depuis les années 1970. La Réserve fédérale des États-Unis a augmenté les taux d’intérêt à court terme de 450 points de base au cours des 12 derniers mois, avec l’intention de continuer à les relever encore un peu. Il est important de noter que les hausses à venir seront probablement moins élevées que les précédentes et que, compte tenu du recul de l’inflation, le cycle de resserrement pourrait tirer à sa fin (figure 3). À ce propos, la Banque du Canada a annoncé qu’elle suspend le relèvement des taux pour donner le temps aux hausses antérieures de se faire pleinement ressentir sur l’économie et l’inflation. Avant que les banques centrales diminuent les taux, nous pensons que l’inflation devra redescendre résolument vers sa cible (qui est de 2 % pour la plupart des banques centrales), ce qui ne devrait pas se produire avant un an.
Figure 3 : Taux implicite des fonds fédéraux
Contrats à terme sur 12 mois
Note: As of February 2023. Source: Consensus Economics
Augmentation des taux des obligations et réduction du risque de valorisation des titres à revenu fixe
Les taux des obligations étrangères ont continué de grimper au cours du dernier trimestre, les investisseurs ne croyant plus à l’imminence d’une baisse des taux d’intérêt. Le taux des obligations américaines à dix ans a remonté vers les 4 %, celui des obligations allemandes à 10 ans a atteint un nouveau sommet cyclique de 2,7 % et celui des obligations canadiennes à 10 ans s’est rapproché de son sommet de 3,5 %, atteint à la fin de 2022. Soulignons que, bien que ces taux soient bien au-dessus de leurs niveaux extrêmement faibles des deux dernières années, ils sont actuellement près de ceux d’avant la crise financière mondiale de 2008-2009. De plus, le risque élevé de valorisation qui menaçait les obligations s’est fortement atténué. Si nos prévisions d’inflation selon notre modèle d’équilibre pour le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans sont exactes, les prochaines hausses seront moindres et le niveau du taux dans un an sera un peu plus élevé (figure 4).
Figure 4 : Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 28 février 2023. Source : RBC GMA
Reprise caractérisée par un changement des actions dominantes après le creux de 2022
Les principaux indices boursiers ont poursuivi sur leur lancée de la fin 2022, reflétant la diminution du pessimisme sur le plan économique et une croissance de l’optimisme quant à la rapidité à laquelle les tensions inflationnistes s’atténueront (figure 5). Les actions ont amorcé leur redressement dans un contexte de valorisations attrayantes et de survente. Les actions mondiales se négociaient en deçà de leur juste valeur lors du marché baissier l’an dernier, et les actions des régions autres que les États-Unis avaient atteint des niveaux particulièrement attrayants par rapport à leur juste valeur (figure 6). Il convient de noter que le rebond des cours boursiers était caractérisé par un type de leadership différent de celui auquel les investisseurs s’étaient habitués depuis la fin de la crise financière. Les actions de croissance des sociétés américaines à grande capitalisation ont tiré de l’arrière, tandis que les actions internationales, des marchés émergents ainsi que des sociétés à petite et à moyenne capitalisation des secteurs cycliques et sensibles à la valeur ont mené le bal de la reprise.
Figure 5 : Indice composite des marchés boursiers mondiaux
Indices des marchés boursiers par rapport au point d’équilibre
Nota : Au 28 février 2023. Source : RBC GMA
Figure 6 : Principaux indices boursiers
Indices de l’appréciation cumulative des titres en USD
Nota : Au 28 février 2023. Appréciation des titres en USD. Sources : Bloomberg, RBC GMA
La dégradation des perspectives de bénéfices pourrait limiter l’appréciation des actions
Les tendances sous-jacentes des marchés sont encourageantes, mais les bénéfices joueront probablement un rôle essentiel dans la durabilité de la reprise. Les prévisions de bénéfices ont d’ailleurs été revues à la baisse : selon les prévisions générales des analystes, les bénéfices des sociétés composant l’indice S&P 500 pour 2023 seront semblables à ceux de 2022. Les estimations antérieures tablaient sur une croissance de 10 % (figure 7). Si une récession se concrétise, ces prévisions pourraient encore diminuer, étant donné que les bénéfices ont reculé en moyenne de 25 % durant les contractions économiques antérieures. Si la récession est modérée, les bénéfices devraient s’avérer supérieurs aux résultats historiques. Par ailleurs, les bénéfices sont nettement plus élevés que leur tendance à long terme et les marges, qui se situent à un sommet historique, sont vulnérables à la hausse des coûts. Ces facteurs pourraient se révéler défavorables.
Figure 7 : Composition d’actifs recommandée
Nota : Au 28 février 2023. Source : RBC GMA
Répartition de l’actif : réduction de la pondération des actions et rapprochement d’une composition neutre stratégique
Notre répartition de l’actif vise l’équilibre entre les risques et les occasions, tout en tenant compte de l’incertitude élevée et de l’éventail des résultats potentiels plus vaste que d’habitude. Bien que la situation pourrait s’améliorer, notre hypothèse de base suppose une récession modérée au cours de la prochaine année. Les taux d’intérêt à court terme devraient atteindre leur sommet cette année et les banques centrales pourraient évoquer la possibilité de réduire les taux d’intérêt afin de soutenir la croissance. Dans cette optique, et compte tenu de leurs taux actuellement élevés, les obligations offriraient une meilleure protection en cas de repli des actions. Nous nous attendons encore à ce que les actions surclassent les obligations à long terme, mais notre position à court terme demeure prudente, puisque les actions pourraient souffrir d’une nouvelle dégradation des perspectives de bénéfices. Depuis leur dernière reprise, les actions ont commencé à tenir compte d’un scénario relativement optimiste pour l’économie, l’inflation et les taux d’intérêt. De ce fait, le ratio risque-rendement est devenu moins attrayant à notre avis, car nous prévoyons qu’une récession se produira probablement dans le courant de l’année. Au cours du trimestre, nous avons réduit de 100 points de base notre pondération en actions et en avons transféré 50 dans les liquidités et 50 dans les titres à revenu fixe. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 61,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 60 %), 37,5 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 38 %) et 1,5 % en liquidités.
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