Les indicateurs avancés de la croissance mondiale continuent de baisser et la majorité des indices de directeurs d’achats mondiaux sont passés sous la barre des 50, ce qui laisse entendre une décélération générale de l’activité économique (figure 1). L’escalade des tensions commerciales, le ralentissement économique en Chine et l’incertitude entourant le Brexit sont autant de facteurs qui pèsent lourd sur les économies. Heureusement, les banques centrales apportent leur soutien en appliquant des mesures de stimulation monétaire. Nous avons légèrement révisé à la baisse nos prévisions de croissance économique et, même si nous ne nous attendons pas à une entrée en récession au cours des douze prochains mois, nous reconnaissons que la menace est plus palpable qu’elle ne l’était.
Le cycle économique aux États-Unis arrive à maturité
La plus longue phase d’expansion ininterrompue qu’ont jamais connue les États-Unis montre des signes d’essoufflement. La diminution des capacités inutilisées et la faiblesse du taux de chômage ne laissent pas vraiment penser que l’économie pourrait trouver un second souffle. De plus, la courbe de rendement aux États-Unis, un indicateur de récession qui s’est avéré fiable par le passé, est inversée et la volatilité des marchés s’est accrue, comme on peut s’y attendre dans un tel contexte (figure 2). Selon notre analyse générale, l’essor économique aux États-Unis en est au stade ultime et il se peut de plus en plus qu’il prenne fin bientôt. Cependant, nous établissons à moins de 50 % la probabilité que le cycle économique se termine au cours des douze prochains mois.
Figure 1 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Les banques centrales mettent diligemment en branle leur programme de relance monétaire
Comme c’est souvent le cas à la fin d’un cycle économique, de nombreuses banques centrales ont diligemment réduit leurs taux d’intérêt ou ont annoncé leur intention d’instaurer d’autres mesures d’assouplissement monétaire. À la fin de juillet, la Réserve fédérale des États-Unis a diminué son taux directeur de 25 points de base en guise d’assurance contre la montée des tensions commerciales et le ralentissement de l’activité économique ailleurs dans le monde. Nous prévoyons que la Réserve fédérale procédera à d’autres baisses de taux au cours de l’année à venir. En Europe, les banques centrales ont laissé entendre qu’elles pourraient rendre leurs taux encore plus négatifs et pourraient également relancer leur programme d’assouplissement quantitatif. En définitive, toutes ces mesures d’assouplissement devraient faire décoller de nouveau la croissance, mais l’histoire enseigne qu’il faudra peut-être du temps avant que l’impact de la réduction des taux sur l’économie ne se fasse sentir.
Figure 2 : Courbe de rendement des titres américains et indice de volatilité VIX
Sources : Bloomberg, RBC GMA
Le risque d’évaluation s’amplifie pour les titres à revenu fixe
Les taux obligataires ont atteint des creux record durant le dernier trimestre, affaiblis par la décélération de la croissance, l’augmentation du risque de repli économique et l’adoucissement du ton des banques centrales. Dans toute la gamme des échéances allant jusqu’à 30 ans, le taux des obligations d’État allemandes est maintenant inférieur à zéro, alors que plus de 16 billions de dollars américains de titres à revenu fixe mondiaux se négocient à des taux négatifs. Le taux de l’obligation américaine à 30 ans est passé sous 2,00 % pour atteindre un creux sans précédent, et le taux des obligations du Trésor à dix ans s’approche du plancher de 2016. Notre composite mondial d’obligations d’État place les taux à leur plus bas niveau jamais enregistré par rapport au point d’équilibre estimé par notre modèle. Il en ressort que le risque d’évaluation est élevé partout, tout particulièrement à l’extérieur de l’Amérique du Nord (figure 3).
Figure 3 : Indice composite mondial des obligations
Taux des obligations d’État à 10 ans par rapport au point d’équilibre
Source : RBC GMA
Les actions éprouvent des difficultés, mais pourraient procurer des gains raisonnables si la récession est évitée
Après avoir commencé l’année en lion, les marchés boursiers ont été en proie à la volatilité, de sorte que la période estivale a été marquée par des rendements plus variés. Les titres des marchés développés ont légèrement reculé, mais affichent toujours des gains de plus de 10 % depuis le début de l’année. L’aggravation des tensions commerciales semble toutefois avoir des répercussions plus importantes sur les titres des marchés émergents, qui ont cédé tous leurs gains de l’année et dont le cours frôle les creux de 2018 (figure 4). Selon nos modèles, les titres américains sont près de leur juste valeur, mais les marchés non américains offrent des primes de risque relativement intéressantes.
Figure 4 : Rendement relatif
Cours, indexés à 100 au début du graphique
Sources : MSCI, Bloomberg, RBC GMA
La volatilité du marché est principalement attribuable au changement d’humeur des investisseurs, et la reprise de la croissance des bénéfices constitue une condition préalable à la hausse des cours. Les bénéfices des sociétés du S&P 500 ont connu une croissance faible, voire nulle en 2019, alors que les baisses d’impôts et l’accélération de la croissance économique avaient engendré une hausse des bénéfices de plus de 20 % en 2018. Les analystes prévoient en moyenne des bénéfices stables pour le reste de 2019, mais une reprise de leur progression en 2020 (figure 5). Compte tenu des valorisations raisonnables et de la faiblesse des taux d’intérêt et d’inflation, même une croissance modérée des bénéfices des sociétés suffirait à propulser les actions. Toutefois, si une récession se produit, ou si les tensions actuelles engendrent une véritable guerre commerciale, il est probable que les valorisations et l’ensemble des bénéfices chuteront, ce qui entraînerait une baisse considérable des cours.
Figure 5 : Bénéfice par action des sociétés du S&P 500
Variation en % du bénéfice trim. par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente
Sources : Thomson Reuters, RBC GMA
Répartition de l’actif : réduction de la surpondération en actions et augmentation de la réserve de liquidités
Selon notre scénario de base, l’économie continuera de progresser à un rythme modéré, mais notre analyse prévoit une probabilité supérieure à la normale de récession et de résultats à la baisse pour les actifs à risque. Nous sommes aussi conscients que les taux obligataires sont extrêmement bas et que les rendements prospectifs des titres à revenu fixe sont particulièrement inintéressants. Les actions continuent de présenter un potentiel de rendement total à long terme supérieur à celui des obligations. C’est pourquoi nous continuons de préférer les actions aux obligations dans notre composition de l’actif. La probabilité de récession est désormais plus élevée qu’elle l’était à des stades antérieurs du cycle. Nous croyons donc qu’il est préférable de continuer à réduire le risque de nos portefeuilles, comme nous le faisions déjà en vue de l’arrivée à maturité du cycle économique. Nous avons réduit notre pondération en actions d’un demi-point de pourcentage au cours du trimestre et avons investi le produit dans les liquidités. Nos recommandations actuelles de répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 57,0 % en actions (pondération stratégique « neutre » de 55 %), 40,0 % en obligations (pondération stratégique « neutre » de 43 %) et 3,0 % en liquidités.