Les économies mondiales reprennent de la vigueur après la récession de l’an dernier, et nous estimons que nous nous situons au début d’un nouveau cycle économique. Les taux d’intérêt demeurent faibles, letaux de chômage reste élevé, mais s’améliore, et l’économie est stimulée par d’importantes mesures de relance budgétaire qui pourraient même être accrues. Tout bien considéré, nous pensons que l’expansion économique a de beaux jours devant elle, voire qu’elle pourrait durer plusieurs années. La propagation rapide des nouveaux variants du coronavirus et l’augmentation du nombre de cas dans plusieurs régions du monde constituent les principales menaces qui pèsent sur nos perspectives. Toutefois, les progrès réalisés sur le plan de la vaccination devraient finir par endiguer la maladie. Comme l’économie a affiché une résilience impressionnante pendant la pandémie, il est peu probable que la COVID-19 ait sur elle de graves conséquences. Selon nous, la croissance des principales économies du monde devrait se situer entre 4 % et 8 %, en termes réels, en 2021. La cadence ralentira légèrement, mais restera soutenue en 2022. Nos prévisions de croissance demeurent supérieures à la moyenne, mais l’écart s’est un peu resserré en raison du relèvement des prévisions générales (figure 1).
Figure 1 : PIB réel moyen pondéré selon les prévisions générales
Prévisions de croissance des principaux pays développés
Nota : Au 22 mars 2021. Source : Consensus Economics
L’activité économique est robuste et généralisée
Les indices des directeurs d’achats (PMI) confirment qu’une forte expansion économique se profile à l’horizon. L’indice PMI de l’industrie manufacturière américaine ISM a grimpé à son plus haut niveau depuis des décennies, et les relevés s’avèrent exceptionnellement solides à l’échelle mondiale (figure 2). Selon nos observations, la progression des indices PMI est associée à une accélération de la croissance économique. La figure 3 illustre la fourchette de croissance du PIB réel des États-Unis en fonction du niveau de l’indice PMI de l’industrie manufacturière américaine ISM. Le graphique montre que lorsque l’indice PMI se situe entre 60 et 65 (actuellement, 64,7), le taux de croissance réel des États-Unis s’établit en moyenne à 4,6 %. Vu que les campagnes de vaccination vont bon train, que les économies rouvrent et que des mesures de relance massives favorisent la reprise, la croissance du PIB réel des États-Unis se situera fort probablement dans la partie supérieure de la fourchette de 2,5 % à 6,6 % en 2021.
Figure 2 : Indices mondiaux des directeurs d’achats
Nota : Au 7 avril 2021. Sources : Haver Analytics, RBC GMA
Figure 3 : États-Unis
Niveau de l’indice ISM et estimation de la croissance du PIB réel
Nota : Au 7 avril 2021. Source : Wolfe Trahan & Co.
Les banques centrales conservent une politique accommodante
Les taux d’intérêt demeurent extrêmement bas dans les pays développés et la plupart des grandes banques centrales ont l’intention de les maintenir ainsi pendant quelque temps, même si la croissance économique s’accélère. Selon les dernières projections du Comité fédéral de l’open market (FOMC), les taux d’intérêt à court terme pourraient rester inchangés aux États-Unis au moins jusqu’en 2022, voire jusqu’en 2023 ; la majorité des membres du comité ont déterminé qu’il était approprié de garder le taux des fonds fédéraux près de zéro pour les deux prochaines années (figure 4). Par contre, si l’inflation surpassait sa cible pendant une longue période les décideurs pourraient augmenter les taux plus tôt que prévu. Bien que les attentes inflationnistes se soient fortement intensifiées au cours de la dernière année, elles ne se situent pas à un niveau inquiétant ; elles se sont plutôt éloignées d’un creux alarmant (figure 5). Pour convaincre les banques centrales de relever les taux, il faudrait que les attentes inflationnistes s’accentuent encore bien davantage et dépassent la moyenne historique.
Figure 4 : Taux cible des fonds fédéraux à la fin de l’année
Politique monétaire appropriée selon les membres du Comité fédéral de l’open market
Nota : Données au 17 mars 2021. Les cercles indiquent le niveau approprié (arrondi au 1/8 point de pourcentage le plus proche), selon chaque membre du comité, du taux cible des fonds fédéraux à la fin de chaque année civile présentée ou à plus long terme. Un membre n’a pas soumis de projections à long terme pour le taux des fonds fédéraux. Source : Réserve fédérale américaine
Figure 5 : Prime d’inflation implicite à long terme
Point d’équilibre du taux d’inflation : taux nominal par rapport aux obligations à rendement réel à 10 ans
Nota : Au 1er avril 2021. La courbe de la zone euro représente le point d’équilibre de l’inflation pondéré en fonction du PIB de l’Allemagne, de la France et de l’Italie. Sources : Bloomberg, RBC MC, RBC GMA
Des facteurs sont favorables aux obligations souveraines
Après une hausse marquée, les taux des obligations mondiales ont pris une pause, ce qui pourrait renforcer l’attrait des titres à revenu fixe d’État. Bien qu’il ait presque doublé depuis le début de l’année, le taux des obligations américaines à dix ans oscille entre 1,60 % et 1,75 % depuis la mi-mars, car l’accélération de la croissance, le regain d’inflation et la diminution des risques ont réduit la demande pour les actifs refuges. Les rendements en revenu plus élevés sont maintenant plus attrayants pour les investisseurs. Mais surtout, l’énorme risque d’évaluation qui perdurait depuis leur chute au début de 2020 est atténué par le fait que le taux des obligations américaines à dix ans est remonté dans la fourchette d’équilibre de notre modèle (figure 6).
Figure 6 : Taux des obligations du Trésor américain à dix ans
Fourchette d’équilibre
Nota : Au 1er avril 2021. Sources : RBC GMA, RBC MC.
Les actions mondiales procurent des gains records
La plupart des principaux indices boursiers mondiaux ont atteint des sommets sans précédent en avril, alors que les investisseurs sont passés outre les préoccupations à court terme soulevées par le virus pour miser sur l’amélioration de la croissance et le maintien de vastes mesures de relance. Pour la première fois, l’indice S&P 500 a grimpé au-dessus de 4 000 ; il a ainsi gagné un peu plus de 8 % depuis le début de l’année et pas moins de 80 % par rapport au creux de mars 2020. Le marché des titres de sociétés américaines à grande capitalisation est le plus cher parmi ceux que nous surveillons, l’indice S&P 500 se négociant à plus d’un écart type au-dessus de la juste valeur estimée par notre modèle (figure 7).
Figure 7 : Point d’équilibre de l’indice S&P 500
Bénéfices et valorisations normalisés
Nota : Les estimations de la juste valeur sont présentées à titre indicatif seulement. Des corrections sont toujours possibles et les valorisations ne limiteront pas le risque de dommages résultant de chocs systémiques. Il est impossible d’investir directement dans un indice non géré. Source : RBC GMA
Certes, le S&P 500 semble hors de prix, mais d’autres marchés boursiers dans le monde demeurent attrayants. L’accélération de la croissance pourrait d’ailleurs profiter à des régions sensibles à l’économie, comme le Canada et certains pays émergents, ainsi qu’à plusieurs pays de la zone EAEO qui présentent des valorisations plus intéressantes. Il convient néanmoins de noter que bon nombre des indices qui représentent ces marchés ont été à la traîne du S&P 500 pendant la majeure partie des dix dernières années, dans un contexte de croissance économique atone (figure 8). Les valorisations des actions de sociétés américaines à grande capitalisation peuvent donc sembler exagérées, mais les actions mondiales présentent un potentiel de hausse si certains de ces marchés repartaient de l’avant après une longue période de mauvais rendements.
Figure 8 : Principaux indices des prix par rapport au S&P 500
Indexés à 100 au début du graphique
Nota : Au 31 mars 2021. Le graphique présente les variations de prix des principaux indices relativement au S&P 500. Source : RBC GMA
Solide croissance économique susceptible de propulser les bénéfices des sociétés
Les valorisations des actions américaines sont très élevées notamment parce que les bénéfices devraient augmenter à un rythme extraordinaire à l’avenir, et que les investisseurs sont prêts à payer pour cette croissance à l’avance. L’une des façons d’estimer la croissance des bénéfices d’un point de vue descendant consiste à commencer par une prévision économique. Compte tenu de la régression historique entre les bénéfices des sociétés du S&P 500 et la croissance économique, ces bénéfices devraient augmenter de 27,3 % en 2021 si, comme nous nous y attendons (figure 9), le PIB nominal des États-Unis augmente de 8,2 %. En fait, la relation s’appuie sur les estimations générales de croissance de bénéfices des analystes, qui sont de 25,9 % pour 2021. Fait important, les analystes entrevoient en moyenne des gains légèrement supérieurs à 10 % en 2022 et en 2023, et leurs estimations ont augmenté au cours des derniers mois (figure 10). Bien que la hausse de l’impôt sur les sociétés proposée par l’administration américaine puisse être préjudiciable aux bénéfices, ses conséquences seraient minimes comparativement à l’explosion des bénéfices prévue dans un contexte de croissance économique inhabituellement forte.
Figure 9 : BPA du S&P 500 par rapport à la croissance du PIB nominal des États-Unis
Nota : Au 31 mars 2021. D’après les données trimestrielles remontant jusqu’en janvier 1990. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 10 : Indice S&P 500
Estimations générales des bénéfices
Nota : Au 7 avril 2021. Sources : Thomson Reuters, Bloomberg
Composition de l’actif – maintien de la surpondération des actions et de la sous-pondération des obligations
Alors que les campagnes de vaccination battent leur plein et que l’activité économique s’accélère, l’économie mondiale est en voie de connaître une croissance rapide, alimentée par des taux d’intérêt extrêmement bas et des programmes massifs de dépenses publiques. Dans ce contexte, les obligations d’État ne semblent pas particulièrement attrayantes. Toutefois, la récente hausse des taux obligataires signifie que le risque de pertes attribuables aux obligations d’État est considérablement réduit. Cela dit, les actions conservent un potentiel de rendement supérieur et, par le passé, elles ont produit des rendements plus alléchants aux premières étapes du cycle économique (là où nous sommes à notre avais) qu’aux dernières étapes (figure 11). Nous reconnaissons que les valorisations sont exagérées dans certains marchés, en particulier celles des actions de sociétés américaines à grande capitalisation, et qu’une forte croissance des bénéfices sera nécessaire pour justifier des cours élevés. Nous croyons toutefois qu’il est justifié de s’attendre à ce que les prévisions de bénéfices ambitieuses que supposent les estimations moyennes soient réalisées, voire surpassées. Par conséquent, nous conservons une surpondération en actions et une sous-pondération en obligations dans notre portefeuille de référence mondial équilibré. Les recommandations du Comité des stratégies de placement RBC GMA visant la répartition de l’actif d’un portefeuille équilibré mondial sont les suivantes : 64,5 % d’actions (répartition stratégique neutre de 60 %), 34,5 % d’obligations (répartition stratégique neutre de 38 %) et le reste en liquidités.
Figure 11 : Fourchettes des rendements annualisés du S&P 500 selon les phases du cycle
Nota : Au 12 mars 2021. La zone ombrée représente une fourchette. D’après les données allant du cycle économique de 1949 à 2021. Sources : Macrobond, RBC GMA
Soyez au fait des dernières perspectives de RBC Gestion mondiale d’actifs.