Sommaire
La dernière semaine a été marquée par un mélange d’événements macroéconomiques positifs et négatifs.
Quelques points négatifs :
- Les espoirs qu’un vaccin soit mis au point à court terme se sont de nouveau amenuisés alors qu’un autre essai clinique a été temporairement interrompu pour permettre la tenue d’une enquête sur des effets indésirables.
- Le nombre quotidien de nouveaux cas de COVID-19 dans le monde continue d’atteindre de nouveaux sommets.
- En Europe, les données liées à la COVID-19 continuent de se détériorer.
- L’économie européenne commence possiblement à chanceler.
- Aux États-Unis, de nouvelles mesures de relance budgétaire semblent peu probables à très court terme.
À l’inverse, voici certains points positifs :
- Les marchés financiers se font à l’idée d’une probable victoire électorale de Joe Biden.
- En Espagne, le taux d’infection de la COVID-19 commence peut-être enfin à baisser, un indicateur important signalant possiblement un renversement généralisé de la tendance en Europe.
- Dans les pays émergents, le nombre de cas de COVID-19 demeure relativement stable.
- Aux États-Unis, les données liées à la COVID-19 ne se détériorent pas aussi rapidement que dans la plupart des autres pays développés (il ne s’agit toutefois que d’une mince consolation, car les statistiques continuent tout de même de se dégrader quelque peu au fil du temps).
- L’économie américaine semble avoir poursuivi sa croissance en septembre.
- Les prévisions générales de croissance pour 2020 et les prévisions de croissance émises par le Fonds monétaire international (FMI) pour 2020 ont toutes deux été revues à la hausse.
Évolution de l’épidémie
Le nombre de cas de COVID-19 dans le monde continue d’établir de nouveaux records, mais, heureusement, le nombre de décès demeure relativement stable (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 dans le monde
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Même si la majorité des nouveaux cas sont enregistrés dans les pays émergents, la situation se détériore rapidement dans les pays développés, qui pourraient bien dépasser leurs homologues des marchés émergents au cours des prochaines semaines (voir le graphique suivant).
Nombre de cas de COVID-19 dans les pays émergents et dans les pays développés
Nota : Au 19 octobre 2020. Calculé selon une moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas quotidiens. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
L’Europe, un point chaud
L’Europe continue de lutter férocement pour maîtriser la deuxième vague de l’épidémie sur son sol. En fonction de leur population, la France, le Royaume-Uni et l’Espagne subissent (ou enregistrent, du moins) plus de nouveaux cas quotidiens par habitant que les États-Unis ne l’ont jamais fait (voir le graphique suivant). C’est inquiétant.
Nombre de cas de COVID-19 en fonction de la population
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas par million d’habitants. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
La France est particulièrement en difficulté, avec près de 25 000 nouveaux cas par jour, un chiffre à la hausse (voir le graphique suivant). Quoique le nombre de décès y soit encore loin des records précédents, il a lui aussi considérablement augmenté. Le nombre de nouveaux cas augmente maintenant rapidement en Italie également, où il atteint près de 9 000 cas par jour. En Pologne, ce nombre a rapidement atteint 7 000 cas par jour, alors qu’il était pratiquement nul il y a peu de temps.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en France
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Le Royaume-Uni connaît également son lot de difficultés, avec environ 17 000 nouveaux cas par jour. Cependant, le taux de croissance semble perdre de la vitesse, au moins (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Royaume-Uni
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
De son côté, l’Espagne, pays qui a jusqu’à récemment le plus souffert de la deuxième vague en Europe, a non seulement vu son état cesser de se détériorer, mais même commencer à s’améliorer (voir le graphique suivant). Il importe toutefois de préciser que la situation ne s’est pas améliorée de manière si considérable en Espagne, mais plutôt qu’elle a continué de se dégrader fortement dans les autres pays d’Europe au cours des dernières semaines.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Espagne
Nota : Au 18 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
L’Espagne suscite tout de même un certain espoir que l’Europe finira enfin par déterminer le degré de distanciation sociale nécessaire pour maîtriser la transmission du virus, même si cela aura finalement pris plusieurs mois de plus que ce que nous avions initialement supposé.
Les défis du Canada
Au Canada, la situation continue de se détériorer, quoiqu’à un rythme moins catastrophique que dans la plupart des pays d’Europe (voir le graphique suivant). Le Québec, l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique continuent de suivre une trajectoire problématique. Les provinces les plus touchées limitent toutefois de plus en plus les activités à risque élevé selon la hiérarchie des risques énoncée dans le tableau suivant. Par conséquent, nous estimons que le Canada a de bonnes chances de ralentir ou même de renverser la tendance au cours des prochaines semaines.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Canada
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Activités par degré de risque (et ce qui pourrait devoir être arrêté pour endiguer l’épidémie)
Nota : Au 20 octobre 2020. Les activités en caractères gras ont des conséquences économiques directes. Sources : RBC GMA, gouvernement du Canada
Aux États-Unis, la situation se détériore moins qu’ailleurs
Aux États-Unis, en revanche, la situation semble plutôt favorable par rapport à celle des autres pays (voir le graphique suivant). Tout est relatif, bien sûr : on enregistre toujours plus de 50 000 nouveaux cas par jour aux États-Unis, un nombre qui suit une tendance légèrement à la hausse. Cependant, la détérioration est loin d’y être aussi prononcée que dans les autres pays. Les données des États-Unis demeurent inférieures au sommet de juillet, et le nombre de décès au pays continue de diminuer (jusqu’à maintenant).
Alors que ce sont les côtes américaines qui ont été les plus durement touchées lors de la première vague et que le Sud a subi la deuxième vague de manière disproportionnée, la troisième vague a maintenant des effets démesurés sur le Midwest américain. Il semble que chaque région doive apprendre ses leçons à la dure.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Même si la détérioration est graduelle, il est important de souligner que la majorité des États du groupe qui représente près de 90 % du PIB des États-Unis enregistrent des taux de transmission problématiques, supérieurs à un (voir le graphique suivant). De plus, un certain nombre d’États assouplissent activement leurs règles de distanciation sociale, ce qui laisse entrevoir la perspective d’une nouvelle accélération de l’épidémie aux États-Unis dans les prochaines semaines.
Part du PIB des États-Unis générée par les États dont le taux de transmission de la COVID-19 est supérieur au seuil clé de 1 et par ceux dont le taux de transmission est inférieur à ce seuil
Nota : Au 18 octobre 2020. Le taux de transmission correspond à la variation sur sept jours de la moyenne mobile sous-jacente sur cinq jours du nombre de nouveaux cas par jour, en tenant compte d’une moyenne mobile de sept jours. Un taux de transmission supérieur à un signale une augmentation du nombre quotidien de nouveaux cas. Comprend Washington DC. Sources : The COVID Tracking Project, BEA des É.-U., Macrobond et RBC GMA
La France et l’Allemagne
Il est intéressant de comparer les difficultés relatives de la France et de l’Allemagne dans le but de déterminer les meilleures pratiques. Bien que cette analyse arrive à un moment qui semble suspect étant donné que la situation se détériore maintenant aussi en Allemagne, le pays s’en tire néanmoins mieux que la France depuis le début de la deuxième vague (voir le graphique suivant). On y enregistre actuellement environ cinq fois moins de nouveaux cas chaque jour. Bien que ce ne soit pas évident à première vue dans le graphique, si l’on ajustait les chiffres en fonction de la population, qui est plus importante en Allemagne, on se rendrait sans doute compte que cette dernière a mieux réussi que la France durant la première vague également.
Propagation de la COVID-19 en France et en Allemagne
Nota : Au 19 octobre 2020. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
La meilleure tenue de l’Allemagne est vraisemblablement attribuable à sept facteurs :
- Dépistage : Au cours de la première vague, l’Allemagne a instauré beaucoup plus rapidement un programme efficace de dépistage, de recherche des contacts et de mise en quarantaine des cas. En effet, le pays a immédiatement fait appel au secteur privé et aux laboratoires locaux pour effectuer un plus grand nombre de tests, plutôt que de se fier uniquement aux laboratoires d’État.
- Protection des personnes vulnérables : L’Allemagne a pris davantage de mesures pour protéger ses citoyens les plus vulnérables. Par exemple, le pays a créé une équipe d’intervention pour répondre aux besoins précis des personnes âgées.
- La science d’abord : L’Allemagne a sans doute mieux réussi à permettre aux scientifiques plutôt qu’aux politiciens de diriger l’établissement des politiques et la communication avec le public.
- Respect des règles : Les Allemands ont beaucoup plus confiance dans leur gouvernement que les Français. Par conséquent, les règles de distanciation sociale étaient probablement davantage respectées en Allemagne qu’en France. Soit dit en passant, la confiance dans le gouvernement est encore plus élevée au Canada qu’en Allemagne, alors qu’elle est pire aux États-Unis qu’en France.
- Capacité médicale : L’Allemagne disposait d’une capacité médicale suffisante pour faire face à l’épidémie, avec huit lits par millier d’habitants, contre six en France. Cela dit, les deux pays font plutôt bonne figure à cet égard par rapport à leurs homologues. Le Canada est nettement à la traîne, avec seulement 2,5 lits par millier d’habitants.
- Distanciation sociale : Les règles de distanciation sociale en Allemagne n’étaient pas aussi strictes qu’en France au printemps dernier. Toutefois, rétrospectivement, bon nombre des restrictions imposées étaient exagérées. Plus important encore, l’Allemagne n’a pas assoupli ses restrictions autant que la France l’été dernier. Dans ce contexte, elle a évité de semer les graines d’une deuxième vague aussi intense (voir le graphique suivant). Les deux pays font maintenant preuve d’une rigueur assez similaire, bien que nous trouvions étrange que l’Université d’Oxford estime que l’Allemagne a assoupli ses règles récemment, puisque les médias font état de nombreux resserrements.
Rigueur des mesures de confinement par pays
Nota : Au 13 octobre 2020. Indice de rigueur au fil du temps et mesure dans laquelle les pays ont arrêté l’activité par rapport aux États-Unis. Sources : Google, Université d’Oxford, Apple, CEPCM, ONU, Macrobond, RBC GMA
- Enfin, l’Allemagne a eu un peu de chance, car ses premiers contacts avec la COVID-19 ont été imputables de façon disproportionnée aux jeunes qui revenaient des vacances de ski. Cette jeune cohorte a relativement mieux tenu le coup et a donné le temps au pays d’affiner sa réponse.
Le respect des règles et la capacité médicale peuvent difficilement être modifiés du jour au lendemain. Toutefois, d’autres pays pourraient aisément tirer des leçons des succès relatifs de l’Allemagne en ce qui concerne l’intensification du dépistage et de la recherche de contacts, la protection des personnes vulnérables, la mise de l’avant de la science, et l’instauration de règles de distanciation sociale appropriées. Hélas, l’Allemagne pourrait devoir réapprendre certaines de ses propres leçons dans la mesure où ses données ont également commencé à se détériorer.
En quête d’immunité collective
La « déclaration de Great Barrington » a récemment reçu une attention considérable. Il s’agit d’une proposition faite par un groupe de scientifiques qui vise l’adoption d’une stratégie radicalement différente pour vaincre la COVID-19. À première vue, la proposition semble non seulement cohérente, mais assez attrayante. Les principales affirmations sont les suivantes :
- Le moyen le plus rapide d’obtenir une immunité collective et donc d’éradiquer efficacement le virus est de permettre à celui-ci de se propager librement parmi la population en bonne santé.
- La plupart des gens présentent un faible risque de décès lié à la COVID-19. Ils peuvent donc être infectés sans grand danger. Dans la mesure où seulement 60 % de la population doit être immunisée contre le virus pour l’empêcher de se propager facilement, le sous-ensemble de la population composé des jeunes et des personnes en santé devrait être plus que suffisant pour mettre fin à la menace de la COVID-19.
- Les personnes âgées et vulnérables s’isoleraient pendant la période de transmission pour éviter d’être infectées, puis bénéficieraient du retour à la normale par la suite.
- Selon cette proposition, l’économie pourrait revenir sensiblement à la normale du jour au lendemain, et se rétablir ensuite complètement après l’obtention de l’immunité collective – probablement en l’espace de quelques mois.
- Une maîtrise plus rapide du virus permettrait de résoudre toutes sortes de problèmes secondaires associés à la pandémie, tels que la pauvreté élevée, un enseignement virtuel de moindre qualité, la solitude et la peur.
La Suède a envisagé cette stratégie, et la Maison-Blanche a récemment souscrit à cette idée.
Cependant, la déclaration de Great Barrington n’est probablement pas réaliste, et ce, pour plusieurs raisons.
- Il est étonnamment difficile d’identifier, puis de séparer les personnes en bonne santé des personnes à risque.
- Il est impossible d’identifier avec certitude qui sont les plus vulnérables ; des gens habituellement en santé sont décédés de la COVID-19, et bien d’autres ignorent qu’ils ont des facteurs de risque sous-jacents.
- Des personnes âgées ou vulnérables refuseront de s’isoler. Un tel comportement est sans doute bête, mais la mort est évidemment une punition excessive.
- Toutes les personnes âgées ou vulnérables ne pourront pas s’isoler. Beaucoup vivent dans des familles multigénérationnelles, de nombreuses personnes occupent des emplois dont dépend le bien-être de leur famille, et la plupart des gens devront sortir pour acheter des biens de première nécessité.
- De nombreuses personnes âgées et vulnérables reçoivent des aidants à la maison qui compromettraient la stratégie d’auto-isolement. Selon la déclaration de Great Barrington, seules les personnes immunisées contre la COVID-19 devraient occuper des emplois d’aidant. Or, ces travailleurs seront déjà en forte demande et réclameront sans doute des salaires bien plus élevés que ceux que touchent actuellement les préposés aux soins personnels. De plus, qu’adviendra-t-il des travailleurs actuels du domaine ?
- Par ailleurs, toutes les personnes jeunes ou en santé ne seront pas prêtes à s’exposer à la maladie et à socialiser même si elles y sont autorisées. Cela retarderait, voire empêcherait, l’obtention de l’immunité collective. À titre d’exemple, les autorités suédoises avaient prédit publiquement que quelque 40 % de la population du pays serait immunisée contre la COVID-19 d’ici mai 2020. Dans les faits, environ 15 % à peine l’étaient.
- L’augmentation des infections qui serait nécessaire pour porter la part de la population immunisée d’environ 6 % à 12 % actuellement (s’appuyant sur la situation aux États-Unis à titre d’exemple) à 60 % ferait probablement augmenter la demande pour des lits d’hôpitaux et exercerait sur ces derniers une pression, et ce, même si les jeunes et les personnes en bonne santé étaient les plus touchés.
- Il n’est pas souhaitable de contracter la COVID-19, même si on est jeune et en santé. Il n’y a rien d’agréable à être malade, et encore moins s’il s’agit d’une maladie qui s’apparente à la grippe ou à une affection pire. De plus, certaines personnes développent par la suite des problèmes chroniques. Le plus inquiétant toutefois, c’est que rien ne garantit que l’immunité dure. Les gens en bonne santé pourraient devoir être infectés chaque année toute leur vie, et les personnes âgées ainsi que les personnes handicapées devraient s’isoler pendant une longue période tous les 12 mois.
- L’Organisation mondiale de la santé affirme que la poursuite de l’immunité collective par l’infection est à la fois contraire à l’éthique et non scientifique, en partie parce qu’elle implique de laisser sciemment les gens tomber malades plutôt que de chercher à les protéger.
Par conséquent, il est sans doute insensé de suivre les recommandations de la déclaration de Great Barrington, surtout que des vaccins pourraient être prêts au cours de la prochaine année.
Qu’en est-il de la tactique opposée ?
Pour les besoins de l’exercice, envisageons l’inverse de l’immunité collective, à savoir tenter d’éradiquer le virus, comme l’a fait la Chine. Là encore, l’idée est séduisante : ayant presque complètement éliminé le virus en quelques mois, la Chine est, parmi les grands pays, celui qui a enregistré la croissance la plus soutenue.
Pour autant, là encore, cette voie n’est pas sans obstacle.
Pour faire disparaître complètement la COVID-19, il faut une distanciation sociale absolue que les citoyens, du moins ceux des pays développés, ne toléreront pas. Les autorités chinoises ont en effet obligé de nombreux Chinois à rester confinés chez eux pendant des mois.
En outre, la Chine a mis en place des mesures extraordinaires pour casser les mini-épidémies qui se sont produites. À titre d’exemple, dans une ville chinoise où le nombre de cas était limité depuis plusieurs mois, neuf personnes ayant un lien avec un hôpital ont contracté le virus. Les autorités de la ville, qui compte neuf millions d’habitants, entendent soumettre chacun d’eux à un test de dépistage. Il est difficile de mettre en place des mesures d’une telle ampleur dans des pays où le gouvernement n’est pas tout puissant.
À ce titre, la Nouvelle-Zélande constitue une exception en ce sens qu’elle a effectivement éradiqué le virus sur son territoire. Soulignons cependant qu’elle jouit de formidables frontières naturelles et que le nombre de cas ayant été peu élevé au départ, elle a pu mieux contrôler la propagation que d’autres.
Réussite à l’école
Les études ont clairement montré que les enfants peuvent contracter la COVID-19 et infecter d’autres personnes. Il semble cependant que ce soit moins le cas pour les jeunes enfants et que, globalement, les écoles ne sont pas d’importants foyers d’infection. Une grande étude récente a montré que les adultes étaient de plus importants agents de transmission que les enfants.
Dans la plupart des cas, la fréquentation scolaire en classe s’est bien passée. Au Canada, la plupart des cas d’infection liés à l’école concernent un cas unique ou une poignée de cas, et la transmission se produit généralement à l’extérieur de l’école. Aux États-Unis, le tableau de bord des mesures d’adaptation à la COVID-19 dans les écoles a suivi environ 230 000 enfants dans 47 États. L’étude a révélé que 0,14 % d’entre eux avaient contracté la COVID-19 au cours des deux semaines précédentes. Pour mettre les choses en contexte, signalons que ce pourcentage est légèrement inférieur au taux de 0,21 % pour l’ensemble de la population américaine qui a été infectée durant la même période.
Évidemment, la sécurité en milieu scolaire n’est pas automatique. Elle dépend en grande partie de l’intensité du virus dans la collectivité et de la mise en place de protocoles de sécurité, notamment le port du masque et le respect d’une distanciation suffisante.
Au début, la COVID-19 a représenté un problème de taille pour les universités américaines. À un moment donné, celles-ci étaient responsables de 15 % des cas d’infection au pays. Heureusement, cette tendance s’est estompée. Selon une analyse de Fundstrat Global Advisors, les 15 universités les plus durement touchées ont vu leur nombre de cas diminuer de 88 % par rapport à leurs sommets du début de septembre. Le recul pour l’ensemble du système est de 35 %. Par ailleurs, compte tenu de la jeunesse et de la santé relatives de la population universitaire, le taux de mortalité n’a été que de 0,04 % jusqu’à présent, soit environ le dixième du taux de mortalité global dans la société.
Une reprise non sans risques
Dans une optique à moyen terme, nous prévoyons que la reprise économique se poursuivra en 2021 et par la suite. Cependant, vu l’intensification de la deuxième vague d’infections à la COVID-19, il convient d’envisager à nouveau la possibilité que l’activité économique puisse se contracter à très court terme, soit au cours des deux prochains mois.
Auparavant, nous étions d’avis que la croissance devrait se poursuivre même en présence de nouvelles vagues d’infections, mais à un rythme moins rapide. Cette thèse se fonde sur le fait que l’économie américaine n’a jamais fléchi au cours de sa deuxième vague, cet été. Le trio constitué de la diminution du soutien budgétaire, des problèmes à retardement dans le domaine du crédit et de la faiblesse éventuelle de l’immobilier se révèle aussi moins terrible que prévu.
Cette conclusion reste parfaitement raisonnable. De nombreuses statistiques de septembre portent à croire que l’expansion se poursuit dans une grande partie des pays industrialisés, malgré l’augmentation du nombre d’infections au virus et des restrictions économiques.
Nous tenons toutefois à signaler qu’il existe un risque réel de voir l’économie ralentir légèrement en octobre et peut-être en novembre dans certains pays. Le meilleur argument théorique en ce sens est le fait que les gouvernements ont déjà commencé à fermer des secteurs de l’économie, comme le tourisme et les services alimentaires, qui avaient auparavant redémarré. Ces secteurs ne représentent pas une part énorme du PIB, mais ils sont suffisamment importants pour faire contrepoids à une croissance mensuelle normale.
En outre, même si l’économie américaine ne s’est pas contractée en juillet et en août malgré le resserrement des règles de distanciation sociale, on peut avancer que la situation était alors différente. L’économie avançait à pas de géant durant l’été, grâce aux effets retardés de l’assouplissement antérieur des règles de distanciation sociale. À titre d’exemple, les États-Unis sont parvenus à enregistrer une croissance d’environ 1,5 % en juillet, malgré le resserrement actif des règles. La deuxième vague n’a toutefois pas été sans conséquence : au Canada, en comparaison, la croissance a été de 3,0 % pour le même mois. Si l’on retient de ces données que la deuxième vague réduira la croissance de moitié, on peut penser que la croissance pourrait rester anémique en octobre et novembre. En revanche, si l’on retient que la croissance sera réduite de 1,5 point de pourcentage, l’économie pourrait bien se replier cet automne, dans la mesure où la croissance prévue pour ces mois ne devait guère dépasser plus de 0,5 % par mois.
Alors que la plupart des indices économiques européens continuent de monter, il convient de noter que l’indice des directeurs d’achats du secteur des services de la zone euro est quant à lui tombé en dessous du seuil critique de 50 en septembre, ce qui indique que les secteurs des services souffrent bel et bien des changements récents apportés aux politiques. L’Espagne, qui jusqu’à récemment était le pays européen le plus durement touché, a enregistré une baisse notable des ventes au détail en septembre.
Selon une analyse récente de Goldman Sachs, les règles de distanciation sociale supplémentaires mises en place à l’échelle mondiale au cours du dernier mois devraient amputer la croissance de quelques dixièmes de point de pourcentage de plus. On peut se demander si cela suffira à saper la croissance puisque la croissance dans les pays développés à la fin de l’été se situait à 1 % par mois, mais ne serait que de 0,15 % ou 0,2 % dans des circonstances plus normales.
Selon nous, il y a fort à craindre que l’économie ne recule pendant un ou deux mois cet automne, puisque des règles encore plus strictes ont été imposées. L’Europe est la région la plus vulnérable dans la mesure où elle a la limite de vitesse naturelle la plus basse, la pire deuxième vague, une histoire de piètres performances à la suite de récessions et des données économiques déjà chancelantes. Les autres régions ne sont pas pour autant tirées d’affaire. Mais le scénario le plus probable reste une croissance anémique au cours des prochains mois pour la plupart d’entre elles.
L’alphabet de la reprise
Les commentaires formulés pour décrire la forme des récessions et des reprises consistent souvent à représenter les tendances observées au moyen des lettres de l’alphabet. Par exemple, au début, la pandémie présentait les caractéristiques d’une reprise classique en « V », dans la mesure où la reprise économique initiale s’est avérée assez forte. Depuis lors, la reprise a ralenti au point qu’elle ressemble davantage à un « U » (habituellement utilisé pour décrire un rebond plus doux et plus graduel).
À vrai dire, une description encore plus appropriée serait le logo Swoosh de la marque Nike, lequel représente mieux l’idée d’un déclin rapide, mais sans heurt, suivi d’une longue période de reprise. Pour ceux qui ont des connaissances mathématiques plus approfondies, on pourrait soutenir que la reprise a un comportement asymptotique, ayant d’abord bondi brusquement, pour ensuite regagner le terrain perdu beaucoup plus lentement. En fait, presque toutes les récessions prennent ces diverses formes.
Comme nous l’avons également évoqué dans la section précédente, nous ne pouvons certainement pas non plus exclure une trajectoire en « W », car il pourrait bien y avoir deux périodes distinctes de déclin économique, quoique la première devrait être nettement plus profonde que la deuxième.
Récemment, certains ont même décrit la reprise à l’aide d’un « K », dans la mesure où certains secteurs sont restés abattus tandis que d’autres se sont bien rétablis, une réalité bien représentée par les lignes descendante et ascendante de la lettre. Voilà qui dépeint assez fidèlement la reprise actuelle, et bien qu’il y ait toujours des gagnants et des perdants lors de récessions, on a l’impression que l’écart est plus grand que d’habitude cette fois-ci.
Il en ressort peut-être principalement que l’alphabet romain manque d’une variété suffisante de formes pour illustrer la véritable modulation de l’activité économique. Autrement, il s’agit d’une reprise en V.U.S.A.W.K. Ce qui se prononce plutôt mal...
Évolution de la conjoncture économique
Données sur la mobilité
Google a recommencé à publier des données sur la mobilité. À ce stade, elles semblent plus fiables que les données sur la mobilité publiées par Apple. Les données de Google indiquent que les secteurs du commerce de détail et des loisirs affichent actuellement un niveau d’activité de stable à légèrement décroissant, alors que l’activité sur les lieux de travail se maintient en grande partie. Dans l’ensemble, les données sur la mobilité laissent entrevoir, au mieux, une croissance économique modérée.
Les données d’OpenTable sur les réservations dans les restaurants diminuent à présent dans certains pays, puisque les restaurants et les bars ont été forcés de fermer dans de nombreux pays.
Indicateurs traditionnels
Nous avons maintenant établi notre propre estimation mensuelle du PIB pour les États-Unis (voir le graphique suivant). Elle repose sur la synthèse de quatre indicateurs mensuels traditionnels qui sont publiés en temps opportun. Il s’agit ici d’effectuer une estimation ponctuelle, plutôt qu’une estimation extrêmement précise. On voit bien le déclin économique abrupt, suivi d’une reprise substantielle, mais incomplète.
Estimations relatives au PIB des É.-U.
Nota : PIB estimé, en date de septembre 2020, établi en fonction de quatre indicateurs économiques mensuels. PIB officiel au deuxième trimestre de 2020. Sources : Haver Analytics, Macrobond RBC GMA
En fait, et compte tenu de l’importance accordée au caractère opportun plutôt qu’à la précision, nous croyons que le véritable creux mensuel de l’activité économique avoisinait plus les -15 % que la baisse de 10 % illustrée par cette mesure. De même, la mesure affirme avec optimisme que jusqu’à 80 % du déclin économique a depuis été récupéré. Notre hypothèse, en regardant un plus vaste ensemble d’indicateurs, est que la véritable reprise a rattrapé environ les deux tiers du déclin économique antérieur.
Les données économiques traditionnelles des États-Unis ont été mitigées ces derniers temps :
- les ventes au détail ont connu une progression respectable de 1,9 % en septembre ;
- les données sur l’emploi ont été solides pour le mois (comme nous l’avons mentionné la semaine dernière) ;
- la production industrielle a diminué de 0,6 % pendant le mois ;
- le dernier relevé hebdomadaire du nombre de demandes initiales de prestation d’assurance-emploi a bondi de 53 000 nouveaux demandeurs, passant à 898 000. Cette hausse s’explique par d’importantes mises à pied annoncées au cours des dernières semaines.
PIB de la Chine
Le PIB de la Chine au troisième trimestre vient tout juste d’être publié. Bien qu’il soit légèrement en dessous des attentes, il témoigne néanmoins de l’incroyable relance économique du pays après la COVID-19. Le PIB de la Chine est aujourd’hui supérieur de 4,9 % à ce qu’il était il y a un an, soit une amélioration par rapport à l’augmentation de 3,2 % enregistrée au deuxième trimestre. Cette hausse demeure timide par rapport à la croissance annuelle de 5,75 % qui aurait été attendue sans la COVID-19, mais l’ampleur de la relance économique en Chine reste impressionnante. Même si la situation est quelque peu différente ailleurs dans le monde, les données de la Chine continuent de soutenir un scénario de reprise plus rapide que prévu à l’échelle mondiale. Et la reprise économique mondiale est bel et bien plus rapide que prévu jusqu’à présent.
Données canadiennes
Les données sur l’emploi au Canada pour le mois de septembre ont été plutôt bonnes, dépassant de loin les attentes avec un gain de 378 000 emplois ; ce qui correspond pratiquement au double du gain respectable de 206 000 enregistré le mois précédent. Le taux de chômage est donc passé de 10,2 % à 9,0 %, passant ainsi sous la barre des 10 %. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire avant que le marché du travail ne se normalise, environ les trois quarts des emplois perdus en raison de la pandémie ont depuis été récupérés. Ce rythme est bien supérieur à celui des États-Unis.
Le dernier sondage trimestriel sur les perspectives commerciales au Canada révèle que le moral des entreprises est plus solide que lors du dernier sondage. Les dépenses en immobilisations prévues sont redevenues stables après avoir chuté au trimestre précédent. Les intentions relatives à l’embauche demeurent bien ancrées en territoire positif, quoique à un niveau plus bas que celui d’avant la pandémie. Curieusement, elles ne sont jamais tombées en territoire négatif, mais cela peut s’expliquer par le fait qu’aucun sondage n’a été effectué au cours du mois de mars. Bien que les entreprises signalent des difficultés à répondre à la demande et à recruter des travailleurs (deux facteurs potentiellement inflationnistes), elles envisagent en revanche une augmentation moins importante des salaires et une diminution des prix à la production.
De leur côté, les ventes de maisons existantes au Canada continuent de s’accélérer, en hausse de 20 % par rapport au niveau d’avant la pandémie. Le marché pourrait toutefois ralentir à court terme, étant donné que les nouvelles inscriptions ont chuté de 10 % en septembre.
Changements dans les prévisions générales
Les prévisions économiques continuent d’être révisées à la hausse plus souvent qu’à la baisse. Plusieurs semaines après que nous avons mis à jour nos propres prévisions pour 2020 concernant les États-Unis (-3,5 %) et le Canada (-5,0 %), les prévisions générales ont augmenté de façon similaire. Les prévisions générales pour le PIB ont été revues à la hausse au cours du dernier mois pour s’établir à -4,0 % pour les États-Unis, et à -5,8 % pour le Canada.
La mise à jour trimestrielle des prévisions du FMI a également été publiée et comprend aussi des mises à niveau importantes. Le FMI a ajouté pas moins de 3,7 points de pourcentage à ses prévisions de 2020 pour le PIB des États-Unis, tablant maintenant sur un résultat de -4,3 %. Bien qu’il ait ajouté 1,3 point de pourcentage au PIB attendu pour le Canada, il ne prévoit pas plus que -7,1 %. Cette projection s’avère beaucoup plus prudente que le consensus et que notre propre prévision. Le FMI émet aussi une certaine réserve en ce qui concerne le Royaume-Uni et la zone euro. Il a en outre réduit de 5,8 points de pourcentage ses prévisions de croissance pour 2020 en Inde, s’attendant maintenant à un PIB de -10,3 %.
Deux autres points méritent d’être soulignés, par ailleurs.
- Les États-Unis surpassent encore une fois le reste du monde développé. L’économie américaine est plus dynamique que les autres. Cela est probablement dû à un ensemble de facteurs, dont de plus grandes économies d’échelle en raison de sa population nombreuse, une meilleure capacité à attirer des chercheurs étoiles grâce à ses célèbres universités, à un marché du travail plus flexible, à une réglementation moins stricte, à une plus grande propension à prendre des risques, etc. Même lorsque la crise éclate aux États-Unis, comme ce fût le cas lors de la crise financière mondiale, les États-Unis se remettent souvent plus rapidement que les autres. D’ailleurs, les États-Unis ont sans doute géré la crise provoquée par la COVID-19 bien plus mal que la plupart des autres pays, et malgré cela, le pays se trouve une fois de plus dans une situation économique enviable. C’est vraiment remarquable.
- Même si les données relatives au PIB de 2020 s’améliorent de façon constante depuis de nombreux mois, elles restent terribles dans l’absolu, représentant les pires données en près de cent ans. Qui plus est, comme les prévisions de croissance pour 2020 ont été révisées à la hausse, au moins une partie de l’amélioration escomptée a été soustraite des prévisions pour 2021. Une portion de la reprise devant se produire en 2021 a donc été retranchée. Pour le reste, l’espoir d’un vaccin au cours de l’année s’éteint quelque peu.
Les élections aux États-Unis sont dans deux semaines
Il ne reste plus que deux semaines avant les élections aux États-Unis. Passons en revue les principales analyses, les sondages et les répercussions.
Quelques réflexions sur ce scrutin
En plus des nombreuses observations dont nous vous avons fait part dans nos bulletins précédents, notamment au sujet du contexte d’incertitude exceptionnellement élevée découlant de la pandémie, du vote par correspondance et des manifestations contre l’injustice raciale, nous désirons aborder quelques nouveaux points. Dans la mesure où les sondages et les marchés des paris sont très majoritairement favorables aux démocrates et à Joe Biden, nous nous concentrons sur les observations qui pourraient remettre en question les attentes consensuelles :
- Le président Trump est de retour en campagne. Bien qu’il ait subi une perte de popularité lorsqu’il a interrompu temporairement sa campagne pour se remettre de la COVID-19, il pourrait bien profiter d’un coup de pouce, en particulier parce qu’il minimise la gravité de l’épidémie et l’efficacité des traitements qu’il a reçus.
- Alors que les démocrates ont pris de l’avance au chapitre du vote par anticipation et des inscriptions sur les listes électorales, on observe un bond des inscriptions des électeurs républicains dans les États clés de la Floride, de la Caroline du Nord et de la Pennsylvanie.
- La présence de Kayne West sur les bulletins de vote dans douze États pourrait encore priver le Parti démocrate d’un nombre important de voix. Cela dit, seul l’Iowa est réellement en jeu parmi ces douze États.
- Les intentions de vote ont à peine bougé après le débat des vice-présidents, contrairement au débat présidentiel qui a vu la popularité de Biden monter en flèche.
Une issue probable
Les sondages continuent de donner au candidat du Parti démocrate une confortable avance de 10 points de pourcentage. Pour mettre les choses en contexte, la plus grande surprise au cours des cinq dernières élections est venue d’un simple écart de 3,1 points, et d’un écart de 9,4 points si l’on remonte à 1948. Autrement dit, à moins d’un bouleversement dans les intentions de vote durant les deux prochaines semaines, une victoire de Trump est peu probable puisqu’il n’existe aucun exemple récent d’élections où les résultats aient contredit à ce point les sondages.
Le marché des paris PredictIt est demeuré stable au cours de la semaine dernière et continue de donner 64 % de chances à Biden de remporter la victoire (voir le graphique suivant). RealClearPolitics rapporte le même taux de probabilité.
Biden devance Trump ; l’écart s’est creusé après le premier débat
Nota : Au 15 octobre 2020. D’après les marchés de prédiction et les calculs de RBC GMA. Sources : PredictIt, RBC GMA
Les modèles élaborés par fivethirtyeight.com et The Economist continuent chacun d’avancer des chiffres beaucoup plus audacieux. Ils soutiennent chacun que la probabilité d’une victoire de Biden a continué d’augmenter et est désormais de 87 % pour le premier et de 91 % pour le second.
Nous nous positionnons quelque part au milieu. Nous pensons que les marchés des paris font preuve d’une prudence extrême dans leurs prévisions en raison de la surprise de 2016, mais nous avons des doutes quant aux 91 % de probabilité. D’après nous, Biden a 75 % de chances de remporter les élections.
En ce qui concerne le Congrès, il est toujours possible que les démocrates raflent la mise, bien que la course au Sénat soit plus serrée que les autres. À cet égard, les chances que les démocrates l’emportent sont de « seulement » 63 % (voir le graphique suivant). La lutte devrait être au moins plus serrée sur un plan purement numérique : l’issue la plus probable est que les démocrates se retrouvent avec 51 sénateurs contre 49 pour les républicains. Malgré cela, fivethirtyeight.com estime à 72 % la probabilité que la Chambre soit contrôlée par les démocrates.
Raz-de-marée démocrate probable
Nota : Au 15 octobre 2020. Sources : PredictIt, RBC GMA
En guise de recoupement, nous notons que huit des neuf États pivots penchent vers Biden, mais dans deux d’entre eux la lutte est très serrée (voir le graphique suivant). Il convient de souligner que le candidat démocrate n’a pas besoin de remporter un nombre aussi important de ces États que Trump pour gagner. En fait, si Trump perd la Floride, il lui sera difficile d’obtenir un second mandat.
Élections présidentielles aux É.-U. : Donald Trump c. Joe Biden
Nota : Données en date du 16 octobre 2020. Sources : Real Clear Politics, Macrobond, RBC GMA
Biden et le marché boursier
Dans le passé, nous avons soutenu qu’une victoire de Biden pourrait avoir un effet positif sur le plan économique, mais peut-être négatif quant au marché boursier. Mais ce deuxième point est maintenant mis en doute. Le marché boursier a peut-être changé d’avis au sujet de Biden.
Selon un simple modèle économétrique, nous estimons que chaque fois que Biden a grimpé d’un point de pourcentage dans les sondages entre juin et fin août, le marché boursier a baissé d’environ 1 %. Mais depuis lors, c’est le contraire qui s’est produit. Chaque point de plus pour Biden s’est traduit apparemment par un gain de 2,3 % pour les actions américaines. Il convient de noter qu’aucun de ces effets ne peut expliquer plus de 10 % de ce qui se passe sur le marché boursier, mais les deux jouent néanmoins un rôle statistiquement important dans un niveau de confiance qui atteint 95 %.
Si on interprète cela d’un point de vue économique, il semble que l’attrait d’une réduction des tarifs douaniers, d’une immigration accrue, d’une réponse plus scientifique à la COVID-19, d’une moins grande incertitude politique et, bien sûr, d’une augmentation des mesures de relance budgétaire, soit maintenant considéré par le marché boursier comme étant suffisamment positif pour compenser la perspective d’une hausse des impôts. Curieusement, les augmentations d’impôts n’ont jamais constitué un obstacle particulièrement important pour le marché boursier.
Ou peut-être estime-t-on que les politiciens sont généralement réticents à l’idée d’augmenter les impôts quand une reprise est en cours. Cela signifie que la hausse prévue dans le programme de Biden pourrait ne pas intervenir avant quelques années, peut-être même après les élections de mi-mandat de 2022, à un moment où les républicains pourraient récupérer une partie du Congrès et limiter de tels efforts.
Une autre raison pouvant expliquer ce nouvel enthousiasme de la Bourse pour Biden est que les marchés n’aiment pas l’incertitude. Ils peuvent se satisfaire de l’un ou l’autre des candidats, mais ne veulent pas d’élections contestées et désordonnées. Par conséquent, la perspective de plus en plus probable d’une victoire retentissante de Biden est bonne, bien qu’elle ne soit pas meilleure qu’une nette victoire de Trump.
Dans la même veine, la Bourse serait tout aussi satisfaite d’un triomphe démocrate ou républicain, puisque chacun des deux partis mettrait en place d’importantes mesures de relance budgétaire. Par contre, un Congrès divisé pourrait se révéler problématique, mais cette perspective s’est éloignée au cours des derniers mois.
N’oublions pas que la position du marché boursier à l’égard de Trump a changé radicalement le lendemain de l’élection, de sorte qu’il pourrait y avoir d’autres renversements. Notre tableau des répercussions de l’élection de Biden indique maintenant que l’effet du candidat sur le marché boursier est « sujet à débat », mais maintient ses autres conclusions (voir le tableau suivant).
Programmes de Biden et de Trump et leurs répercussions
Nota : Au 15 octobre 2020. Source : RBC GMA
Perspectives budgétaires aux États-Unis
Nous continuons de mettre en doute le fait que les États-Unis parviendront à mettre en place un nouveau plan de relance budgétaire avant les élections.
Malgré les nombreuses discussions au sujet d’un plan de 1,5 T$ à 2 T$, qui inclurait des propositions concernant le versement d’une somme forfaitaire, un soutien accru à l’assurance-chômage, une aide aux compagnies aériennes et un soutien supplémentaire aux salaires pour les entreprises, la motivation n’est tout simplement pas là.
L’économie n’est pas suffisamment en difficulté pour susciter une grande initiative bipartisane, et il est logique que les démocrates n’aient pas envie de conclure un important accord de relance, qui serait une victoire pour le président Trump, à peine deux semaines avant une échéance électorale aussi cruciale. Ils ont tout intérêt à attendre après les élections et à obtenir un accord avec les républicains, puis, ce qui est encore plus probable, à patienter jusqu’au Nouvel An, à un moment où ils pourraient contrôler une plus grande part de l’appareil politique.
– Avec la contribution de Vivien Lee et de Kiki Oyerinde
Soyez au fait des dernières perspectives de RBC Gestion mondiale d’actifs.