Résumé
Il y a de nombreux points positifs et négatifs concernant la COVID-19 à communiquer cette semaine.
Points négatifs
- Le taux d’infection quotidien à l’échelle mondiale continue d’augmenter.
- Dans de nombreux États américains et pays émergents, les données sur le virus continuent de s’aggraver.
- L’économie américaine semble chancelante.
- Par conséquent, nous sommes en train de réviser à la baisse nos prévisions de croissance pour les États-Unis.
Points positifs
- Le nombre de décès liés à la COVID-19 demeure étonnamment faible, même si le nombre d’infections ne cesse de s’accroître.
- En Arizona, le nombre d’infections commence à atteindre un pic – si c’est bel et bien le cas, il s’agit là d’un développement important, car l’Arizona sert en quelque sorte de baromètre.
- La relance économique se poursuit à l’extérieur des États-Unis.
Statistiques sur le virus
La situation mondiale entourant la COVID-19 demeure difficile. En effet, de nouveaux records sont établis en ce qui concerne le nombre de nouvelles infections quotidiennes, et le nombre de décès semble légèrement à la hausse (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 dans le monde – cas et décès
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Moyennes mobiles sur sept jours des nouveaux cas et des décès, indexées à 100. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Au total, on enregistre aujourd’hui environ 230 000 nouvelles infections par jour dans le monde, et près de 14 millions de personnes ont été infectées jusqu’à présent. Plus de 550 000 personnes sont décédées à ce jour, et au moins 5 000 décès s’ajoutent à ce nombre quotidiennement. Nous pouvons toutefois nous consoler du fait que le taux de mortalité équivalent en avril était plus élevé, soit environ 7 000 décès par jour.
Le contraste existant entre le nombre record d’infections et le taux de mortalité plus faible peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
- retard dans l’annonce du nombre de décès
- réalisation de tests supplémentaires qui ont permis de déceler un nombre croissant de personnes infectées
- hausse des cas chez les plus jeunes
- soins médicaux de meilleure qualité.
Cela étant dit, tous les pays ne sont pas en mauvaise posture. En fait, la plupart des pays développés font plutôt bonne figure en ce moment, notamment le Canada et le Royaume-Uni (voir les deux graphiques suivants). Une grande partie de l’Europe continentale se trouve dans une position tout aussi enviable. Toutefois, certains pays ont vu leur situation empirer dans la dernière semaine, et le fait que des bars et des restaurants intérieurs soient ouverts dans de nombreuses régions a de quoi inquiéter, car il s’agirait d’un facteur clé de transmission aux États-Unis.
Propagation de la COVID-19 au Canada
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Propagation de la COVID-19 au Royaume-Uni
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
À l’inverse, les États-Unis demeurent à l’extrémité problématique du spectre, avec 60 000 nouveaux cas enregistrés chaque jour (un nombre record dans le monde) et une tendance à la hausse marquée (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Comme c’est le cas ailleurs dans le monde, le nombre de décès aux États-Unis ne s’est pas détérioré aussi fortement que le nombre brut d’infections, bien qu’une tendance à la hausse commence à se manifester (voir le graphique suivant). La situation pourrait continuer de s’aggraver même si le nombre d’infections se stabilisait, car environ deux semaines s’écoulent entre un diagnostic et un décès. Néanmoins, le nombre de décès reste beaucoup moins alarmant qu’en avril – c’est un point positif qu’il importe de soulever.
Décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Situation dans les États américains
La plupart des États américains continuent d’éprouver des difficultés, bien que le nombre d’États ayant un taux de transmission supérieur à un ait diminué de façon appréciable ces derniers jours, passant d’un sommet de 47 États à « seulement » 30 aujourd’hui. Il n’en reste pas moins que la situation est hors de contrôle dans la majorité des États (mais plus dans l’ensemble du pays).
Le cas d’Arizona mérite d’être examiné de très près. Bien que son taux d’infection brut ne soit pas particulièrement élevé, il a été l’un des États les plus gravement touchés par la deuxième vague de COVID-19 en fonction de la population. Il est intéressant de noter que le taux tendanciel d’infections dans l’État commence à diminuer (voir le graphique suivant) et que le nombre d’hospitalisations semble s’être stabilisé. L’État a apporté plusieurs changements importants à sa politique au cours des dernières semaines, de sorte que le pic a peut-être été réellement atteint. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si ces changements ont véritablement eu un effet ou non. Si le pic a réellement été atteint, on pourrait s’attendre à observer le même phénomène dans d’autres États qui ont commencé à prendre des mesures plus strictes pour contenir le virus.
État de l’Arizona
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Moyennes mobiles sur sept jours des nouveaux cas quotidiens utilisées comme courbe de tendance. Les résultats positifs correspondent à la moyenne mobile sur trois jours des nouveaux cas/nouveaux tests. Sources : The COVID Tracking Project, Macrobond, RBC GMA
Au Texas et en Floride, toutefois, le nombre d’infections continue de croître. Le Texas enregistre 10 000 nouveaux cas par jour, et la Floride a récemment connu un pic de plus de 15 000 cas quotidiens (voir les deux graphiques suivants).
État du Texas
Nota : Au 13 juillet 2020. Moyennes mobiles sur sept jours des nouveaux cas quotidiens utilisées comme courbe de tendance. Sources : The COVID Tracking Project, Macrobond, RBC GMA
État de la Floride
Nota : Au 13 juillet 2020. Moyennes mobiles sur sept jours des nouveaux cas quotidiens utilisées comme courbe de tendance. Les résultats positifs correspondent à la moyenne mobile sur trois jours des nouveaux cas/nouveaux tests. Sources : The COVID Tracking Project, Macrobond, RBC GMA
Quand les États-Unis parviendront-ils à maîtriser le virus ?
Les décideurs politiques, les entreprises et les ménages américains ont commencé à s’adapter à l’augmentation du nombre de cas au pays. Il reste maintenant à savoir combien de temps il faudra pour que cet ajustement soit visible dans les données, et si les mesures prises seront suffisantes.
Sur la première question, l’Arizona a peut-être déjà atteint son pic, comme expliqué précédemment. Mais, en général, il faudra probablement attendre de deux à trois semaines pour que l’imposition de règles plus strictes se reflète dans les données, si l’expérience de mars-avril peut servir de référence. Par conséquent, si les mesures prises jusqu’à présent s’avèrent suffisantes, le taux d’infection quotidien pourrait recommencer à diminuer d’ici la fin de juillet.
Il est toutefois plus difficile de déterminer si ces mesures seront effectivement suffisantes. Comme les nouvelles restrictions ne vont pas aussi loin que les politiques mises en place à la fin mars, il est improbable qu’un changement radical se produise et que le nombre de cas commence à baisser abruptement.
Dans la mesure où les nouvelles règles des États-Unis ressemblent de plus en plus à celles du reste des pays développés – utilisation généralisée des masques et accès limité aux restaurants et aux bars –, les changements mis en place permettront probablement de stabiliser le taux d’infection, mais pas nécessairement de le réduire de façon significative, étant donné que la plupart des autres pays développés gardent un contrôle relatif sur la situation.
Compte tenu de la grande incertitude entourant la question, un sondage interne a été mené récemment, afin de demander aux répondants de se prononcer sur le moment où le nombre de cas atteindrait un sommet aux États-Unis. Bien que le dernier trimestre de 2020 ait été la réponse unique la plus courante, plus de personnes ont, collectivement, choisi les mois de juillet, d’août ou de septembre, le mois d’août étant une réponse particulièrement récurrente. Quelques voix dissonantes ont affirmé que le nombre de cas ne culminerait pas aux États-Unis avant 2021. Seul le temps nous le dira.
Bien sûr, même si le virus devait atteindre un pic dans quelques semaines, cela ne signifierait pas que l’économie pourrait immédiatement être relancée. Avec la première vague, les gouvernements ont attendu plusieurs semaines avant de commencer à redémarrer progressivement leurs économies.
D’autres pays développés connaîtront-ils des difficultés ?
Nous croyons que d’autres pays développés continueront de parvenir à limiter la propagation du virus.
Cela ne signifie pas pour autant qu’ils peuvent procéder à la relance de leur économie et de leurs activités sociales indéfiniment. On craint déjà qu’ils soient allés trop loin.
Toutefois, ces pays semblent avoir une plus grande capacité d’adaptation que les États-Unis, de sorte qu’ils devraient être en mesure de resserrer les règles si cela s’avère nécessaire, et ce, sans devoir attendre un mois pour qu’elles entrent en vigueur. Cette rapidité et cette souplesse ont déjà été démontrées par l’Australie et l’Espagne après de récentes éclosions.
Défis des pays émergents
Les pays émergents continuent d’être les plus durement touchés par la propagation de la COVID-19, mais plus de beaucoup (voir le graphique suivant).
Les pays émergents sont maintenant aux prises avec la COVID-19
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Les chiffres des marchés développés correspondent au nombre de cas en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis et représentent 34,7 % des cas dans le monde. Les chiffres des marchés émergents correspondent au nombre de cas au Brésil, en Inde, en Iran, au Pérou, en Russie et en Turquie, et représentent 33,1 % des cas dans le monde. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Le Brésil connaît son lot de difficultés. Son président a même contracté le virus récemment. Cependant, le nombre de cas signalés s’est quelque peu adouci récemment (voir le graphique suivant), et il est maintenant inférieur à l’équivalent américain, se situant à environ 40 000 nouveaux cas par jour. Une grande partie de l’Amérique latine reste touchée, notamment le Mexique, le Pérou et le Chili.
Propagation de la COVID-19 au Brésil
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
L’Inde enregistre aujourd’hui plus de 25 000 nouvelles infections par jour. Toutefois, compte tenu de son immense population, le virus y demeure beaucoup moins répandu que dans de nombreux autres pays (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 en Inde
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
L’Afrique ne s’en est pas complètement sortie indemne. On dénombre près de 600 000 infections dans le continent. L’Afrique du Sud figure en tête de liste, avec 10 000 nouveaux cas chaque jour, un chiffre qui continue d’augmenter (voir le graphique suivant). La situation du continent demeure difficile à évaluer, car de nombreux facteurs l’avantagent dans la lutte contre la COVID-19 (climat chaud, taux d’obésité plus faible, population jeune qui consacre une bonne partie de son temps dans des lieux extérieurs relativement sécuritaires). Toutefois, l’Afrique fait également face à de nombreux problèmes qui lui sont propres :
- malnutrition
- économie qui n’est pas propice à la distanciation physique
- nombre insuffisant de tests
- capacité médicale plus limitée).
Propagation de la COVID-19 en Afrique du Sud
Nota : Données en date du 13 juillet 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Évolution de la conjoncture économique
L’économie américaine est en perte de vitesse, ce qui s’explique probablement par la hausse du nombre d’infections et le resserrement des règles de distanciation sociale. Notre indice d’activité économique continue d’indiquer un léger recul de l’activité après une longue période d’accélération (voir le graphique suivant).
Le redémarrage de l’activité économique aux États-Unis se heurte à certains obstacles
Nota : Données en date du 1er juillet 2020. L’indice d’activité économique correspond à la moyenne de dix indicateurs économiques hebdomadaires mesurant la variation en pourcentage des résultats par rapport à la période précédant la COVID‑19 (d’une année sur l’autre ou par rapport à une période définie avant l’éclosion de la COVID-19). Sources : Bank of America, Goldman Sachs, OpenTable, Macrobond, RBC GMA
Il convient de préciser que le diagnostic n’est pas aussi clair qu’il en a l’air. D’abord, bien que la plupart des indicateurs soient en baisse, ce n’est pas le cas pour tous. Parmi ceux qui le sont, la tendance est loin d’être linéaire, comme en témoigne l’évolution en dents de scie des résultats d’un sondage sur les ventes des entreprises (voir le graphique suivant).
Effet dévastateur de la COVID-19 sur les nouvelles commandes et les ventes des entreprises américaines
Nota : Données en date du 5 juillet 2020. Estimations correspondant à la moyenne pondérée de la variation en pourcentage des nouvelles commandes ou des ventes pour l’ensemble des répondants. Sources : Enquête hebdomadaire de la Réserve fédérale de Philadelphie sur les perspectives des entreprises quant à la pandémie de COVID-19, RBC GMA
Il faut aussi tenir compte de la question de la saisonnalité. Les données économiques traditionnelles sont déjà désaisonnalisées, c’est-à-dire qu’elles ont déjà été ajustées pour tenir compte de facteurs comme le fait que Pâques n’est pas toujours célébré le même mois, la variation du nombre de jours de semaine d’un mois à l’autre, les emplois d’été des étudiants, etc. Cependant, une grande partie des données économiques en temps réel que nous utilisons actuellement n’ont pas fait l’objet de tels ajustements.
Par conséquent, une question clé à l’heure actuelle consiste à savoir dans quelle mesure la récente faiblesse apparente de l’économie aux États-Unis est tout simplement attribuable aux congés du 4 juillet et, de manière plus générale, aux vacances d’été. Lorsque l’on observe les données sur les heures travaillées (voir le graphique suivant), on peut voir l’incidence de Pâques et de la longue fin de semaine de mai. Ainsi, la dernière baisse pourrait tout simplement être attribuable à un tel facteur.
Répercussions sur les travailleurs à salaire horaire
Nota : Données en date du 9 juillet 2020. Les répercussions reposent sur une comparaison du nombre d’heures travaillées en une journée par rapport à la médiane du jour de la semaine correspondant en janvier 2020. Sources : Homebase, Macrobond, RBC GMA
Toutefois, un examen plus approfondi du graphique révèle que la diminution du nombre d’heures travaillées est plus importante dans les États où la COVID-19 frappe le plus fort. Cela donne à penser qu’il s’agit probablement d’une baisse réelle, du moins en partie, plutôt que d’une baisse attribuable à des facteurs saisonniers. Mais dans quelle mesure, exactement ?
Le graphique suivant illustre l’ampleur de la baisse des heures travaillées, par État. On pourrait supposer que l’aspect saisonnier explique une baisse d’environ 6 % des heures travaillées (en fonction de New York et de l’Illinois, où le nombre de cas est relativement peu élevé), ce qui signifie que la baisse réelle des heures travaillées en Arizona, au Texas et en Floride serait de l’ordre de -8 %, -6 % et -4 %, respectivement. Au niveau national, la baisse est certes faible, mais bien réelle.
La diminution des heures travaillées est plus marquée dans les États où l’épidémie de COVID-19 est plus active
Nota : Données en date du 7 juillet 2020. Comparaison des variations en pourcentage des heures travaillées par rapport aux récents sommets de juin 2020. Sources : Homebase, Macrobond, RBC GMA
Bonne nouvelle sur le plan de l’emploi
La semaine dernière, le nombre de demandes initiales de prestation d’assurance-emploi a légèrement diminué aux États-Unis, passant de 1,4 million à 1,3 million. L’évolution la plus notable correspond toutefois aux données relatives aux demandes continues de prestations : le nombre de prestataires de l’assurance-emploi a diminué de pas moins de 700 000 personnes d’une semaine à l’autre. Malheureusement, ces données relatives aux demandes continues s’arrêtent au 27 juin, ce qui signifie qu’elles sont antérieures au recul des données en temps réel qui s’est ensuivi. Le rapport qui sera publié ce jeudi pourrait se révéler instructif à cet égard.
Les occasions d’emploi aux États-Unis sont également assez intéressantes. La baisse considérable du nombre d’emplois offerts, qui est passé de 7,0 millions d’emplois avant la pandémie à 5,4 millions d’emplois aujourd’hui (voir le graphique suivant, qui illustre le rapport entre les postes vacants et les emplois occupés), n’a rien de surprenant. Ce niveau est tout de même respectable : il demeure égal ou supérieur à ceux enregistrés pendant toute la période de 2000 à 2014. La pandémie a entraîné une pénurie d’emplois et une pénurie de main-d’œuvre simultanées. La convergence de ces deux événements s’explique par la transformation radicale de l’économie, en raison de laquelle des millions de travailleurs des secteurs du commerce de détail, du tourisme et de la restauration se sont retrouvés au chômage, mais qui a simultanément créé des besoins pour des livreurs et d’autres travailleurs dans un certain nombre d’autres secteurs. Associer les nouveaux chômeurs à ces nouvelles occasions d’emploi n’est pas simple du tout compte tenu des difficultés que représente un changement de secteur ainsi que des obstacles liés à l’aide financière du gouvernement, à la garde d’enfants et à la peur de tomber malade.
La proportion d’occasions d’emploi aux États-Unis affichait déjà une tendance à la baisse avant l’épidémie de COVID-19
Nota : Données en date de mai 2020. Les zones ombrées représentent des récessions. Sources : BLS, Macrobond, RBC GMA
Données canadiennes
Au Canada, la publication du rapport sur l’emploi en juin a causé une agréable surprise : près d’un million de nouveaux emplois se sont ajoutés aux 300 000 emplois qui avaient été créés en mai. Ainsi 43 % des emplois perdus au pays ont été récupérés depuis. Parallèlement, une question spéciale dans le sondage a révélé que 800 000 Canadiens supplémentaires qui avaient auparavant déclaré travailler moins de la moitié de leurs heures normales ont maintenant récupéré une partie importante de ces heures.
Les dernières données de l’équipe Services économiques RBC sur les dépenses de consommation ont été publiées. Fait étonnant : selon cette mesure, les dépenses de consommation au moyen de cartes de crédit et de débit sont maintenant supérieures de 4 % par rapport à la même période l’année dernière (voir le graphique suivant). Cela laisse à penser que les consommateurs s’en sortent bien, même s’il ne faut pas oublier que cette augmentation est probablement en partie attribuable à l’abandon de l’argent comptant et qu’une portion des dépenses est artificiellement soutenue par les mesures de relance du gouvernement.
Les dépenses de consommation reprennent leur croissance à la fin du mois de juin
(variation d’une année sur l’autre des dépenses par cartes de débit et de crédit)
Données en date de juillet 2020. Sources : Services économiques RBC, Analyse de données et intelligence artificielle RBC
Regard sur l’avenir
Pour la semaine à venir, il semble qu’il y ait deux choses à surveiller :
- Les données de juin sur la production industrielle et le commerce de détail aux États-Unis seront publiées, ce qui donnera une meilleure idée de l’ampleur de la reprise économique américaine avant que le pays ne soit englouti par une nouvelle vague de COVID-19.
- Le PIB de la Chine au deuxième trimestre sera publié. Les prévisions générales tablent sur une croissance remarquable de 3 % d’une année sur l’autre. On s’attend à ce que l’économie chinoise soit plus vigoureuse qu’elle ne l’était il y a un an, ce qui est incroyable. Bien entendu, une telle croissance est peu impressionnante par rapport à celle de 6 % souhaitée par la Chine. Elle laisse toutefois espérer une reprise possiblement vive, du moins pour les pays qui ont emboîté le pas à la Chine en réduisant considérablement la présence de la COVID-19 sur leur sol.
Deuxième série de dommages
Nous continuons à réfléchir de temps à autre à la deuxième série de dommages économiques qui bouillonnent sous la surface. Celle-ci est tout à fait distincte de la deuxième vague de COVID-19 qui touche actuellement les États-Unis. La deuxième série de dommages se rapporte au fait que l’économie fonctionne toujours au ralenti malgré une reprise bien accueillie. Cela signifie que les travailleurs gagnent toujours moins que d’habitude et que les bénéfices des entreprises sont toujours inférieurs à la normale. Les pertes continuent de s’accumuler chaque mois. Cette situation pourrait entraîner des difficultés, à commencer par des problèmes d’insolvabilité.
Une étude universitaire a récemment recensé une autre variété de dommages de deuxième série. Les auteurs estiment que 42 % des personnes ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie ne récupéreront pas leur poste. Cela dit, ils estiment par la même occasion que pour chaque tranche de 100 emplois perdus, 30 personnes devraient trouver un nouvel emploi. Comme ces deux chiffres ne sont pas aussi complémentaires qu’on aurait pu l’espérer, on pourrait conclure sans trop se tromper que le marché du travail aura probablement du mal, en fin de compte, à combler l’écart entre ces deux données, qui correspond à environ 10 % des personnes ayant perdu leur emploi.
Les écoles vont-elles rouvrir ?
L’une des principales questions à se poser pour déterminer si l’expansion économique peut se poursuivre jusqu’à l’automne est de savoir si les écoles seront en mesure d’accueillir l’ensemble des élèves qu’elles reçoivent habituellement. Il s’agit d’une question difficile pour plusieurs raisons, parmi lesquelles :
- la vie des enfants est considérée par la société comme ce qu’il y a de plus précieux.
- il y a indéniablement un risque associé au retour des enfants à l’école.
- les commissions scolaires ne sont pas bien outillées pour déterminer ce qui constitue un risque acceptable.
De ce fait, il y a eu beaucoup de discussions sur la reprise de l’enseignement virtuel à l’automne ou sur l’adoption d’une approche hybride qui combine enseignement virtuel et physique.
Si elles sont retenues, ces options entraveraient sérieusement le rebond de l’économie, puisqu’il sera très difficile pour les parents de retourner au travail si leurs enfants ne sont pas physiquement à l’école. Alors que cette situation touche tous les parents d’enfants d’âge scolaire, elle menace également d’accroître les inégalités entre les sexes et les catégories de revenus.
Dans la mesure où les enfants ne peuvent pas se rendre à l’école et que leurs parents doivent travailler, les garderies auront sans doute un rôle à jouer. Toutefois, elles subissent probablement encore plus de contraintes en termes d’espace et les enfants y seront tout autant exposés au virus, avec l’éducation en moins. Pour certains, les grands-parents sont une option pour faire garder ses enfants, mais les personnes âgées sont les plus vulnérables face au virus.
Sur le long terme, il est peu probable que l’enseignement virtuel transmette le même capital humain aux enfants, qui seront alors moins bien préparés pour le monde du travail. D’ailleurs, nombre d’entre eux ont déjà pris un retard considérable. Sur le plan du capital social, les options virtuelles sont encore plus insuffisantes.
Les données disponibles jusqu’à présent montrent que les enfants sont beaucoup moins touchés par le virus que leurs aînés, et qu’ils sont aussi moins susceptibles de le transmettre aux autres. Par conséquent, il existe de solides arguments en faveur d’un retour à l’école à temps plein, du moins dans les zones qui ne sont pas totalement aux prises avec la pandémie. Une poignée de pays l’ont déjà fait et pour la plupart cela a eu un effet positif. Cet été, les camps offriront un autre terrain d’essai. Des garderies ont été ouvertes pour les enfants du personnel des services d’urgence tout au long de la pandémie. Même si l’expérience n’a pas été parfaite dans tous les cas, elles n’ont apparemment pas été des foyers d’infection.
Voici quelques solutions créatives (et peut-être un peu folles) qui ont été prévues pour les écoles cet automne :
- Installer des parois de plexiglas entre les élèves.
- Demander aux élèves du secondaire de suivre leurs cours en ligne et utiliser les écoles secondaires vides pour répartir les enfants du primaire dans d’autres salles de classe.
- Donner des cours dans les bibliothèques, les centres communautaires, les gymnases, les parcs et les cours de récréation afin de réduire la densité des élèves.
- Laisser les fenêtres des écoles au moins partiellement ouvertes en hiver puisque même une dose limitée d’air frais semble réduire considérablement la transmission du virus.
- Recruter des enseignants à la retraite pour donner certains cours en ligne.
- Dans les commissions scolaires, demander aux meilleurs enseignants du secondaire d’enregistrer les cours suivis par tous les élèves, tandis que les autres enseignants offriront des directives et de l’aide selon les besoins. Certains sous-groupes d’enseignants du secondaire pourraient alors être réaffectés au primaire.
Quelle que soit la décision des gouvernements dans le dossier de l’éducation, celle-ci aura des conséquences sur l’économie, tant à court terme (en permettant aux parents de travailler) qu’à long terme (en éduquant la prochaine génération de travailleurs).
Revue des prévisions économiques
Il y a deux mois, nous avons revu nos prévisions légèrement à la hausse, et ce, pour deux raisons : le ralentissement de l’activité économique a été relativement plus léger que ce que nous avions supposé, et la relance de l’économie est survenue plus rapidement que nous ne l’avions imaginé. Depuis, nous n’avons pas été contraints de revoir nos prévisions.
Cependant, plusieurs éléments sont intervenus entre-temps qui nous obligent à procéder à une actualisation.
- Nous sommes de plus en plus capables de cartographier nos données sur la mobilité ainsi que nos données économiques en temps réel sur le PIB. L’incertitude était au départ trop élevée pour que nous parvenions à le faire correctement. Mais maintenant que les données économiques traditionnelles sont disponibles jusqu’en mai, il est possible de calibrer dans les données non traditionnelles la baisse et le rebond partiel qui a suivi afin de déterminer les conséquences pour l’économie jusqu’au début de juillet.
- En ce qui a trait aux États-Unis, nous constatons maintenant que la reprise faiblit et nous devons en tenir compte dans nos prévisions, puisque nous avions tablé auparavant sur une reprise assez soutenue.
- Nous y avions fait allusion il y a plus d’un mois, et nous sommes maintenant de plus en plus convaincus qu’un retour complet à la normalité économique prendra plus de temps que prévu. La raison est simple : certains secteurs ne se redresseront pas de sitôt et les récessions ne sont généralement pas suivies d’un redémarrage immédiat de l’économie, mais plutôt d’une reprise qui s’&eacoles vont-elles rouvrir ?cute;tend sur plusieurs années.
En combinant ces trois éléments, nous avons baissé provisoirement notre prévision de croissance du PIB des États-Unis pour 2020, qui passe de -7,1 % à -8,0 %. Pour être clair, cette prévision peut être encore modifiée, mais elle donne une idée de la direction et de l’échelle approximative de l’ajustement à apporter.
D’après la nouvelle prévision, l’économie américaine n’aura probablement pas regagné la moitié du terrain perdu d’ici la mi-juillet. Elle y est presque parvenue, en épongeant 45 % des pertes à la fin du mois de juin, mais la production est de nouveau en retrait et nous pensons qu’elle baissera à 35 % d’ici la fin juillet avant de progresser de nouveau.
Par conséquent, il faudra maintenant attendre le mois de décembre avant que l’économie américaine récupère la moitié de sa production perdue, et jusqu’en avril 2022 avant qu’elle revienne à son précédent sommet (au lieu de décembre 2021 auparavant). Le retour à un niveau d’activité normal n’interviendra qu’au milieu de l’année 2023 (au lieu de la mi-2022 auparavant).
Nous n’avons pas encore terminé de faire le même exercice pour les autres pays. La plupart d’entre eux n’ont pas autant d’indicateurs économiques en temps réel que les États-Unis, mais nous pouvons établir une trajectoire approximative à partir des données sur la mobilité de chaque pays. Il n’est pas encore certain que la révision à la hausse des prévisions s’avérera opportune, ni que les autres pays obtiendront de meilleures prévisions de croissance pour 2020 que les États-Unis. À tout le moins, il est probable qu’on assiste à une convergence entre les États-Unis et les autres pays.
Optimisation de la réponse à la pandémie
La clé pour maîtriser la COVID-19 est de limiter le nombre d’occasions où les humains interagissent entre eux. Il y a deux façons de le faire. Si on juge qu’il est essentiel que les gens soient autorisés à fréquenter les bars et les salles de restaurant, cela pourrait être une solution viable tant que, par exemple, on limite les visites dans les bureaux et les lieux de culte.
Un récent rapport du Brookings Institute jette un éclairage intéressant sur ce sujet. Il évalue deux options : arrêter l’économie ou arrêter les interactions non économiques. Bien que l’une ou l’autre de ces options fonctionne dans une certaine mesure, leur modélisation soutient que les efforts pour lutter contre le virus entraîneraient moins de la moitié du nombre cumulé de décès, en permettant à l’économie de fonctionner librement tout en limitant considérablement les interactions non économiques, plutôt que l’inverse. Ainsi, il existe des moyens de faire fonctionner une grande partie de l’économie tout en contrôlant la pandémie, mais seulement si l’on est prêt à sacrifier des activités sociales comme fréquenter les lieux de culte, faire du sport, aller au cinéma, assister à des spectacles, voire participer à de grands rassemblements familiaux.
Pour le moment, il ne semble pas que la société soit prête à faire de tels sacrifices. Mais l’option existe s’il est nécessaire de procéder à une nouvelle fermeture importante de l’économie. Bien que nous ayons l’habitude de débattre de l’importance relative des vies humaines par rapport à l’économie, il semble qu’il faille maintenant tenir compte d’une troisième variable : l’importance relative des activités sociales.
Aplatir la courbe ou éliminer le virus
Nous disposons maintenant de suffisamment d’information pour tenter de déterminer si les pays devraient simplement chercher à « aplatir la courbe » – c’est-à-dire aplanir le taux de transmission – ou plutôt chercher à éradiquer complètement le virus. La dernière option paraît évidemment meilleure, mais elle doit être comparée aux dommages économiques associés aux efforts d’éradication.
La marge entre les deux approches peut être relativement étroite. Un taux de transmission de 1,1 entraînerait une multiplication par 141 du nombre d’infections quotidiennes en l’espace d’une seule année. Inversement, un taux de transmission de 0,9 (éradication) réduirait le taux d’infection quotidien de plus de 200 fois en l’espace d’un an. Entre les deux, un taux de transmission de 1,0 (aplatissement de la courbe) laisserait évidemment le nombre d’infections quotidiennes inchangé.
Alors que nous examinons la trajectoire des données sur la mobilité aux États-Unis, il nous semble que le pays était sur une voie soutenable jusqu’à début juin, date à laquelle le taux de transmission a commencé à dépasser le seuil critique de un. Cela donne à penser que c’est environ à ce moment que la limite de la mobilité aux États-Unis a été dépassée.
En toute franchise, il est difficile de déterminer la ligne de démarcation entre une stratégie d’éradication et une stratégie d’aplatissement de la courbe, puisque les gens, les entreprises et les gouvernements savent de mieux en mieux comment être en sécurité en respectant une distance de deux mètres, en portant un masque, en offrant de meilleurs tests, en installant des parois de plexiglas, etc. On peut maintenant faire plus qu’il y a quelques mois.
Néanmoins, notre tentative pour trouver une solution aboutit à la conclusion qu’une stratégie d’éradication se solde par un niveau de PIB inférieur d’environ 3 % par rapport à une stratégie d’aplatissement de la courbe. Dans le cas du Canada, cela représente une perte de production économique de 51 milliards de dollars américains sur un an.
Selon le taux de létalité actuel d’environ 20 décès par jour au Canada, une stratégie axée sur l’aplatissement de la courbe entraînerait environ 7 300 décès par année, tandis qu’une stratégie d’éradication causerait seulement 1 394 décès au cours de la première année. La question est donc de savoir si les 5 886 décès supplémentaires valent 51 milliards de dollars américains. Il faudrait en arriver à évaluer chaque vie à plus de 8,7 millions de dollars américains pour que ce soit un échange valable. Ce chiffre semble étonnamment élevé, mais c’est en fait assez près de la valeur standard que le gouvernement américain accorde à une vie. Ainsi, bien qu’il paraisse horriblement cavalier de le dire, les décideurs politiques devraient considérer presque indifféremment la poursuite d’une stratégie d’éradication ou d’une stratégie d’aplatissement de la courbe s’ils tiennent compte de ces paramètres.
Cependant, il y a un facteur supplémentaire à prendre en considération. Ce calcul ne fonctionne que si le virus disparaît dans un an. Cette hypothèse n’est pas mauvaise, car on s’attend à ce qu’un vaccin soit mis au point aux alentours de ce moment. Cependant, dans la mesure où le virus pourrait persister pendant plusieurs années, la poursuite d’une stratégie d’éradication s’avère plus pertinente, au moins pour la première année. Après la première année, le nombre de décès quotidiens devrait être presque nul, ce qui permettrait de passer à une stratégie d’aplatissement de la courbe par la suite (et de récupérer les trois points de pourcentage de production économique perdus les années suivantes). Dans la mesure où 5 886 vies supplémentaires seraient sauvées chaque année suivante, le calcul financier devient alors assez favorable à la stratégie d’éradication. Pour notre part, nous croyons qu’une solution devrait être trouvée au cours de la prochaine année – la stratégie optimale demeure donc ambiguë.
Et la Suède ?
Un débat connexe a fait rage sur l’approche adoptée par la Suède : permettre au virus de se propager plus librement par des restrictions économiques moins importantes.
Bon nombre d’articles de journaux ont conclu que la Suède n’a tiré aucun avantage économique de sa stratégie, mais ce n’est pas tout à fait vrai. La plupart des prévisions prévoient une baisse du PIB suédois de 5 % à 7 % en 2020, contre 5 % à 10 % pour la plupart de ses voisins. Le pays semble avoir un avantage de 2 points de pourcentage relativement à son PIB. De même, les données sur les cartes de crédit de particuliers indiquent une baisse de 29 % pour le Danemark, contre 25 % pour la Suède – un autre léger avantage.
Reste à savoir si cette légère impulsion économique vaut la peine, compte tenu des décès additionnels en Suède. Le pays a enregistré un taux de mortalité de 54 décès pour 100 000 habitants, contre 5 pour la Norvège, 6 pour la Finlande, 11 pour le Danemark et l’Allemagne (et 24 pour le Canada). Dans la mesure où cela représente moins de la moitié d’une année de décès liés à la COVID-19 (bien que les décès ne surviennent pas à un rythme constant), nous pourrions supposer que la Suède subira 10 000 décès supplémentaires par rapport à ses voisins. Cela représente un avantage économique de 1,1 million de dollars américains par décès supplémentaire. Compte tenu de nos observations précédentes, ce n’était probablement pas un compromis valable pour la Suède ; et cela le devient encore moins si la pandémie dure plus d’un an. La Suède aurait probablement dû arrêter davantage ses activités.
Un seul bémol toutefois dans cette analyse : si le développement d’un vaccin se montre difficile à réaliser, l’immunité collective pourrait dès lors s’avérer nécessaire. Dans ce cas, la Suède pourrait avoir une longueur d’avance dans la poursuite de cette stratégie parce que les décès seraient alors inévitables.
Déficits et impôts
Le cadre fiscal sera mis à l’épreuve dans les années à venir. Les pays accusent d’énormes déficits ; celui des États-Unis en 2020 devrait atteindre 3 billions de dollars. Quant au déficit du Canada en 2020, il devrait atteindre 343 milliards de dollars (16 % du PIB) – un chiffre sans précédent.
Le Fonds monétaire international (FMI) a déjà prévu des hausses de plus de 20 points de pourcentage du ratio dette publique/PIB pour de nombreux pays développés.
L’augmentation de la dette du Canada a été jugée suffisamment importante pour que l’agence de notation Fitch abaisse la note du pays, qui passe de AAA à AA+. En réalité, le pays maintient sa cote AAA, car les deux autres grandes agences de notation ne l’ont pas modifiée. La plupart des pays ont depuis longtemps perdu leur cote AAA, ce qui ne semble pas avoir inquiété les marchés obligataires – contrairement à ce qui s’est passé au Canada dans les années 1990. Ce changement ne devrait donc pas avoir de répercussions importantes sur le Canada. Il est toutefois le symbole d’une période difficile à venir.
La grande question est de savoir si les impôts devront augmenter pour éponger l’important déficit. Divers politiciens et experts se sont prononcés sur le sujet, un grand nombre suggérant qu’une hausse des impôt pourrait s’avérer nécessaire. Loin de nous l’idée de rejeter ce point de vue, surtout que ce sont les politiciens qui décideront en fin de compte de ce qui se passera, mais elle semble encore loin d’une probabilité de 100 %.
Pour qu’une augmentation des impôts s’avère nécessaire, il faudrait que l’un des quatre scénarios suivants se concrétise :
- Les programmes spéciaux de relance du gouvernement devraient être permanents. Ce n’est pas impossible, mais nous ne prévoyons pas que les principaux programmes deviennent des dépenses permanentes, en partie parce que la plupart sont clairement temporaires et que, même s’ils ne l’étaient pas, la demande diminuerait naturellement lorsque l’économie se redressera. Bien que certains des nouveaux programmes nous aient permis d’envisager des mesures pour réduire au minimum les difficultés pendant une récession ou pour lutter contre la pauvreté chronique, ils ont également démontré des lacunes : certains bénéficiaires auraient tardé à retourner au travail en raison des avantages notables des programmes.
- Il faudrait une volonté sérieuse de rembourser la dette supplémentaire qui s’est accumulée récemment. Nous doutons très fortement que cela se produira. Ce n’est tout simplement pas comment les gouvernements ont procédé ces dernières années. Les électeurs ne récompensent pas cette façon de faire. Il est très peu probable que les gouvernements décident par la suite d’accumuler d’importants surplus afin de pouvoir rembourser les énormes déficits d’aujourd’hui.
- Les coûts associés au service de la dette devraient devenir ingérables. Ce scénario semble peu probable, étant donné que nous évoluons maintenant dans un contexte de faiblesse structurelle des taux d’intérêt. Nos calculs indiquent que le fardeau du service de la dette augmentera inévitablement un peu compte tenu de la dette supplémentaire, mais pas au point d’avoir besoin d’une nouvelle source importante de revenus.
- L’économie devrait rester embourbée dans la récession ou du moins tirer de l’arrière pendant de nombreuses années. Bien qu’il soit maintenant évident qu’il faudra plusieurs années avant que les choses rentrent dans l’ordre (nous croyons maintenant que l’économie américaine ne reviendra pas complètement à la normale avant le milieu de 2023), les gouvernements ne devraient pas avoir besoin d’une nouvelle source permanente de revenus, à moins qu’un déficit important permanent ne soit prévu et que la reprise économique attendue accuse un retard considérable. Il est à noter que même si l’économie américaine a mis neuf ans à se normaliser complètement après la crise financière mondiale, les impôts ont diminué plutôt qu’augmenté au cours de cette période.
De plus, il serait assez inhabituel de hausser les impôts alors qu’on émerge d’une récession. Les gouvernements feront déjà face à des difficultés budgétaires quand les programmes de relance cesseront graduellement et les politiciens seront toujours inquiets à l’idée de faire redécoller l’économie afin qu’elle fonctionne à plein régime. À preuve, le Royaume-Uni songe maintenant à appliquer des réductions d’impôt plutôt que des hausses.
C’est pourquoi nous ne croyons pas qu’une hausse des impôts surviendra à coup sûr au cours des prochaines années.
Le risque d’augmentation des impôts a moins à voir avec la COVID-19 qu’avec le contexte politique. Le gouvernement minoritaire du Canada a dévié à gauche, rendant possible une hausse d’impôt. Aux États-Unis, les marchés des paris anticipent un balayage démocrate en novembre – ce qui, invariablement de la pandémie, pourrait également donner lieu à une hausse des impôts.
À quoi pourrait ressembler une hausse d’impôt, le cas échéant ? Malgré le vif débat entourant une hausse des impôts, une taxe de vente plus élevée semble peu probable du fait qu’il s’agit d’une taxe notoirement impopulaire auprès des électeurs, qui cible involontairement les ménages à faible revenu et les détaillants. À l’inverse, malgré son inefficacité économique, un impôt plus élevé sur les revenus de placement semble plausible, tout comme une nouvelle tranche d’imposition plus élevée ciblant les plus riches. Aux États-Unis, une administration démocrate pourrait aussi vouloir accroître le taux d’imposition des sociétés.
Mais, encore une fois, rien n’indique que la COVID-19 nécessite à elle seule une augmentation des impôts.
– Avec la contribution de Vivien Lee et de Kiki Oyerinde
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