Aperçu
Cette semaine, le MacroMemo traite des dernières statistiques sur le nombre d’infections, de l’ampleur de la réouverture des économies et du taux de vaccination. Nous nous intéressons à la possibilité que l’immunité collective se révèle inaccessible, ainsi qu’aux prévisions relatives au télétravail et à l’urbanisation après la pandémie. Nous passons en revue les actualités économiques, notamment les données étonnamment sombres sur l’économie américaine, les attentes en matière de stimulation budgétaire aux États-Unis et les perspectives d’immigration au Canada.
Dans l’ensemble, la semaine dernière a été marquée par des événements plus positifs que négatifs.
Principaux points positifs :
- Le taux d’infections et de décès attribuables à la COVID-19 continue de reculer à l’échelle mondiale.
- Le taux de vaccination s’accélère dans la plupart des pays.
- L’efficacité du vaccin en Israël s’avère étonnamment élevée.
- Les préoccupations liées au nationalisme vaccinal ont quelque peu diminué.
- Contre toute attente, les données économiques récentes sont bonnes.
- Les mesures de relance budgétaire aux États-Unis pourraient être plus importantes que prévu.
- Nous continuons de croire qu’il y aura étonnamment peu de conséquences durables une fois la pandémie terminée.
Il y a néanmoins quelques éléments négatifs importants :
- Chose inquiétante, les nouveaux variants continuent de se propager, ce qui laisse entrevoir le risque très réel d’une troisième vague imminente.
- Par ailleurs, la courbe des infections a cessé de baisser dans certaines régions, ce qui pourrait présager un renversement plus étendu.
Évolution de l’épidémie
La tendance mondiale des infections à la COVID-19 demeure extrêmement favorable. Le nombre de nouveaux cas quotidiens a maintenant diminué de 53 % par rapport au début de janvier, pour atteindre environ 350 000 (voir le graphique suivant). Il s’agit du résultat le plus bas depuis la mi-octobre. On observe également une forte baisse du nombre de décès.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 dans le monde
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Si la tendance s’améliore dans la plupart des pays, le déclin a été particulièrement impressionnant dans les pays développés. Pour la première fois depuis plusieurs mois, on y recense moins de nouveaux cas que dans les économies émergentes (voir le graphique suivant). Bien entendu, cela ne signifie pas que les pays émergents obtiennent de moins bons résultats – ils abritent 85 % de la population mondiale.
Nombre de cas de COVID-19 dans les pays émergents et dans les pays développés
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien d’infections. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Les améliorations depuis le début de janvier sont impressionnantes :
- Le nombre de nouveaux cas quotidiens a diminué de 66 % au Canada (voir le graphique suivant).
- Il a reculé de 72 % aux États-Unis (voir le graphique suivant).
- Il a chuté de 81 % au Royaume-Uni par rapport aux sommets du début de janvier. Le Royaume-Uni affiche maintenant son taux d’infection le plus bas depuis le début d’octobre.
- En Californie, les hospitalisations liées à la COVID-19 sont passées de 23 000 à 7 000 en seulement un mois. Les statistiques relatives aux décès ont aussi beaucoup diminué. Nous prévoyons une baisse encore plus prononcée au cours du mois à venir, à mesure que la vaccination progressera.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Canada
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
La situation s’améliore enfin en Israël
Israël est depuis longtemps en tête du classement mondial en ce qui a trait à la vaccination, mais curieusement, le pays n’avait pas réussi à endiguer le virus de manière significative. Ce n’est plus le cas. Les chiffres israéliens montrent une nette diminution du taux d’infection et de mortalité (voir le graphique suivant). Comme nous l’avions supposé auparavant, le pays était probablement sur le point de connaître une explosion des cas au moment où il a commencé à vacciner sa population. Par conséquent, son succès initial a consisté à neutraliser cette explosion plutôt qu’à réduire le nombre de cas. En effet, on estime que jusqu’à 90 % des cas en Israël seraient maintenant liés aux variants plus contagieux.
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Israël
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
Ralentissement du taux d’amélioration ?
L’une des préoccupations suscitées par ce grand succès mondial est que le taux d’amélioration semble ralentir légèrement. Une partie de ce phénomène s’explique par une illusion : on ne peut pas s’attendre à ce que le nombre de nouveaux cas quotidiens continue de baisser au même rythme, même si le nombre total de cas diminue. Il est sans doute plus juste d’évaluer le taux de progression sur une base de pourcentage. Selon cette mesure, l’amélioration est en fait assez stable dans de nombreux pays, même si les pentes descendantes sont moins prononcées.
Progrès insidieux des nouveaux variants
Certes, la tendance la plus inquiétante est que les variants davantage contagieux semblent gagner du terrain. Les chiffres restent flous, étant donné que la grande majorité des diagnostics positifs ne sont pas séquencés pour déterminer les formes sous-jacentes du virus.
Néanmoins, il va sans dire que les nouveaux variants sont plus transmissibles et qu’ils deviendront éventuellement la souche dominante à l’échelle mondiale. Le variant britannique a pris le dessus au Royaume-Uni après environ quatre mois. En France, les responsables estiment maintenant que jusqu’à 25 % des cas recensés au pays sont liés à des variants. Aux États-Unis, les estimations varient, mais on soutient généralement que le nombre de cas liés à des variants augmente d’environ 70 % à 100 % par semaine. En d’autres termes, alors même que le virus initial s’estompe, les variants se propagent secrètement.
Dans la mesure où les épidémiologistes croient que les nouvelles souches sont susceptibles de dominer d’ici la fin de mars, cela signifie que la tendance pertinente (celle concernant les nouveaux variants) est en hausse plutôt qu’en baisse, dans le contexte des restrictions actuelles en matière de distanciation sociale. Une troisième vague pourrait être imminente. La vaccination à grande échelle devrait prévenir une hausse fulgurante du nombre de décès et d’hospitalisations.
En fait, du point de vue canadien, une partie de cette prophétie est peut-être déjà visible. Par exemple :
- Terre-Neuve, qui n’avait auparavant que très peu d’infections, connaît aujourd’hui une accélération des cas en raison de la propagation d’un nouveau variant.
- Le nombre d’infections en Ontario a récemment cessé de diminuer (voir le graphique suivant)
- ll est reparti à la hausse en Alberta (voir le graphique suivant).
Il faut savoir qu’il pourrait y avoir des anomalies statistiques découlant du jour de la Famille dans ces deux provinces.
Propagation de la COVID-19 en Ontario
Au 21 février 2021. Calculé selon une moyenne mobile sur sept jours du nombre quotidien et du nombre total de cas. Sources : Gouvernement du Canada, Macrobond, RBC GMA
Propagation de la COVID-19 en Alberta
Au 21 février 2021. Calculé selon une moyenne mobile sur sept jours du nombre quotidien et du nombre total de cas. Sources : Gouvernement du Canada, Macrobond, RBC GMA
Parmi les autres pays, l’Allemagne voit également sa courbe recommencer à augmenter (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Allemagne
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
La situation pourrait aussi commencer à se détériorer en Inde, après une longue période d’amélioration (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Inde
Au 21 février 2021. Moyennes mobiles sur sept jours du nombre quotidien de nouveaux cas et de décès. Sources : OMS, Macrobond, RBC GMA
On ne sait pas dans quelle mesure ces constatations (en tout ou en partie) sont attribuables aux nouveaux variants, mais ces derniers constituent manifestement des suspects.
Tendance à la réouverture
Compte tenu de la diminution du nombre d’infections, d’hospitalisations et de décès, les autorités sont plus enclines à rouvrir qu’à fermer l’économie. Cette tendance à l’assouplissement des restrictions se reflète enfin dans notre indice de rigueur dans le monde (voir le graphique suivant).
Indice de rigueur dans le monde
Au 21 février 2021. L’indice de rigueur dans le monde évalue la rigueur des mesures de confinement qui restreignent la mobilité dans les 50 plus grandes économies. Sources : Université d’Oxford, Fonds monétaire international, Macrobond, RBC GMA
Bien que la réouverture soit bénéfique pour l’économie à court terme, nous craignons qu’elle ne soit prématurée :
- Le taux d’infection est encore assez élevé. Personne n’était satisfait en novembre dernier, quand le nombre de nouveaux cas quotidiens oscillait autour des chiffres d’aujourd’hui.
- Les gouvernements ont rouvert trop tôt et avec trop d’enthousiasme à la suite des vagues précédentes, ce qui a donné le champ libre au virus. La même chose risque de se produire cette fois-ci.
- Les nouveaux variants représentent une menace majeure. Comme on l’a vu précédemment, ils semblent se propager activement, malgré les restrictions en vigueur.
Même si la tendance est au déconfinement, certaines régions font l’inverse, notamment une province indienne et celle de Terre-Neuve-et-Labrador au Canada, de même que diverses écoles qui découvrent la présence de variants. Aux États-Unis, le Wyoming, le Dakota du Nord et l’Iowa connaissent une augmentation du nombre d’infections. Cela suggère qu’ils pourraient devoir imposer des restrictions supplémentaires.
Passeport d’immunité
Le printemps dernier, on a beaucoup évoqué la possibilité de délivrer un passeport d’immunité aux personnes qui s’étaient déjà rétablies de la COVID-19, afin de les aider à reprendre une vie presque normale. Cette idée ne s’est jamais concrétisée, en partie parce que les anticorps naturels ne semblaient pas procurer une protection de très longue durée.
Elle a cependant refait surface, puisque la vaccination procure maintenant une immunité plus durable. En fait, Israël devrait aller de l’avant et restreindre l’accès aux salles de sport, aux centres commerciaux et aux hôtels aux détenteurs d’un passeport d’immunité.
Cette stratégie pourrait-elle devenir la norme dans d’autres pays ? Le principal avantage d’un passeport d’immunité est un retour plus rapide à la normale du quotidien et de l’activité économique. Il encourage aussi les gens à se faire vacciner.
Il présente toutefois certains inconvénients :
- Mis à part Israël, il n’est pas certain que beaucoup de pays soient dotés d’un système de soins de santé électronique suffisamment perfectionné pour produire un passeport numérique efficace. Une version papier pourrait être contrefaite ou être partagée par plusieurs personnes.
- Ce passeport pénaliserait les personnes ne faisant pas partie des groupes prioritaires pour la vaccination, en les privant d’interactions sociales et en risquant de leur faire rater des occasions d’emploi.
- Selon que l’immunité naturelle est prise en compte ou non, il pourrait encourager certaines personnes à contracter intentionnellement la maladie.
Nous verrons les retombées de ce projet en Israël. Au bout du compte, malgré les inconvénients, il est probablement judicieux de mettre en place un système de passeport d’immunité, étant donné que contraindre les gens à pratiquer la distanciation sociale, même quand ils ne représentent probablement plus un risque pour les autres, n’est pas une stratégie efficace.
Des nouvelles de la vaccination
Vaccination
Plus de 205 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 ont été livrées dans 92 pays. Israël demeure le chef de file, avec un résultat impressionnant de 83 doses administrées par 100 habitants (rappelons que chaque personne doit recevoir deux injections pour être pleinement protégée). Ce rythme atteint maintenant 56 doses par 100 habitants aux Émirats arabes unis, 27 au Royaume-Uni et 18 aux États-Unis (voir le graphique suivant).
Nombre cumulatif de doses administrées par pays
Au 21 février 2021. Nombre cumulatif total de doses administrées par pays par 100 habitants. Sources : Our World in Data, Macrobond, RBC GMA
L’Europe continue de tirer de l’arrière, avec quelque 6 doses par 100 habitants. Le Canada accuse un retard encore plus prononcé, avec 3,7 doses par 100 habitants ; cela dit, le rythme des livraisons commence enfin à s’accélérer cette semaine.
Encore plus loin derrière, nous trouvons la Chine (2,8 doses), l’Inde (0,8 dose) et le Japon (qui amorce tout juste sa campagne de vaccination).
Optimisme découlant de la vaccination aux États-Unis
Nous continuons de surveiller un marché des paris qui cherche à prédire à quel moment 200 millions d’Américains auront été vaccinés. L’optimisme a considérablement progressé ces dernières semaines. Il y a tout juste un mois, moins de 20 % des prévisions laissaient entrevoir que ce seuil serait atteint au milieu de 2021. Ce pourcentage atteint maintenant 75 %.
Bonnes nouvelles au sujet de l’efficacité des vaccins
Le premier ministre d’Israël a fait savoir que plus de 97 % des décès attribuables à la COVID-19 dans ce pays touchent désormais des gens qui n’ont pas été vaccinés. Il s’agit d’un résultat impressionnant, étant donné que les personnes les plus vulnérables ont été vaccinées.
La stratégie d’inoculation d’une seule dose (qui consiste à injecter une seule dose au plus grand nombre possible de personnes, plutôt que deux doses dans un intervalle assez court, conformément au protocole recommandé) fait l’objet d’un débat houleux. Le bilan initial semblait peu encourageant. Selon diverses études, le taux d’efficacité n’aurait été que de 30 % à 50 % après une seule dose, portant à croire que cette stratégie était malavisée.
Heureusement, deux autres études plus approfondies sont arrivées à des conclusions beaucoup plus prometteuses. Selon un article du New England Journal of Medicine, le taux d’efficacité du vaccin de Pfizer serait de 93 % après une seule dose et celui de Moderna, de 92 %. Par ailleurs, une étude révisée par des pairs en Israël a montré qu’une seule dose du vaccin de Pfizer procurait une immunité effective de 85 %. Ces taux sont presque aussi élevés que ceux des essais portant sur deux doses, ce qui conforte l’idée selon laquelle la stratégie d’inoculation d’une dose représente une solution temporaire d’ici à ce que l’approvisionnement en vaccins ne représente plus une contrainte.
Israël a aussi publié les données sur l’efficacité des vaccins après deux doses. Fait remarquable, le nombre de décès, de personnes gravement malades et d’hospitalisations a chuté de 99 %. Globalement, le nombre d’infections à la COVID-19 a reculé de 96 %. Ces résultats sont conformes ou supérieurs à ceux des essais, ce qui représente un accomplissement notable.
Baisse du nationalisme en matière de vaccins
Bien qu’elle ait indiqué au cours des dernières semaines pouvoir limiter les exportations de vaccins si elle le souhaitait, l’UE ne l’a pas fait. Jusqu’à maintenant, elle a approuvé toutes les demandes d’exportation de vaccins, y compris au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Chine, au Japon et au Canada. À mesure que les contraintes d’approvisionnement diminueront au cours des prochains mois, ce risque devrait encore s’atténuer.
Immunité collective insaisissable
Avant l’arrivée des nouveaux variants du virus, l’immunité collective aurait pu être obtenue après que seulement 60 % à 70 % de la population se soient fait vacciner. Désormais, il semble que les autorités devront vacciner environ 75 % des gens avant de pouvoir éradiquer les nouveaux variants.
Franchement, il est difficile d’imaginer l’atteinte d’une telle cible. Il existe deux principales difficultés :
- Une grande partie de la population ne peut être vaccinée.
- Le taux d’efficacité des vaccins est inférieur à 100 %.
Le principal groupe exclu des campagnes de vaccination est celui des enfants. Les enfants de moins de 15 ans représentent collectivement 26 % de la population dans le monde, et environ 20 % dans les pays développés. Pour l’instant, ce groupe n’est pas admissible à la vaccination. Par conséquent, une immunisation de 75 % de la population est presque impossible, et ce, avant même que les taux d’efficacité inférieurs à 100 % ne soient pris en compte. De plus, des personnes atteintes de troubles de santé ne peuvent pas être vaccinées, et d’autres refuseront d’être vaccinées pour des raisons personnelles.
Parallèlement, même si certains vaccins semblent réduire les infections de 96 %, d’autres affichent des taux d’efficacité moins élevés. Par conséquent, nous supposons un taux d’efficacité de 90 % contre la souche initiale du virus. Le variant sud-africain du virus semble toutefois bien mieux résister aux vaccins existants, dont le taux d’efficacité pourrait n’être alors que de 50 %.
Ainsi, dans le pire des scénarios, c’est-à-dire une vaccination de peut-être 65 % de la population et un taux d’efficacité des vaccins de seulement 50 %, à peine 35 % de la population seraient protégés. Heureusement, les enfants semblent raisonnablement susceptibles d’être ajoutés au bassin des personnes admissibles à la vaccination au fil du temps. Par ailleurs, les fabricants de vaccins tentent de mettre au point des amplificateurs offrant une protection contre le variant sud-africain. Mais même si tout se passe bien, ce sera tout un défi d’obtenir l’immunité collective.
En bref, même si des campagnes de vaccination sont menées avec succès en 2021, le virus survivra probablement sous une forme ou une autre en 2022 et peut-être par la suite, un peu comme la grippe saisonnière. La vie pourrait reprendre son cours normal en majeure partie et la reprise de l’activité économique pourrait être presque complète. Cependant, il se peut que les gens doivent porter des masques en hiver et que des coutumes comme les poignées de main doivent être abandonnées.
Évolution de la conjoncture économique
Les données traditionnelles témoignent d’une croissance aux États-Unis en janvier
Les ventes au détail aux États-Unis ont grimpé de 5,3 % en janvier par rapport à décembre, un bond marqué qui fait suite à trois reculs mensuels d’affilée. Cette vigueur s’explique certainement en partie par les dernières mesures de relance budgétaire aux États-Unis (voir le graphique suivant). Néanmoins, elle signifie que l’économie américaine a probablement progressé même si la dernière vague d’infection a atteint un pic au cours du mois.
Preuves de l’efficacité des mesures de relance aux États-Unis
En date de janvier 2021. Sources : Census Bureau des É.-U., Macrobond, RBC GMA
En outre, la production industrielle, qui est moins influencée par la stimulation budgétaire, a connu une forte augmentation de 0,9 % en janvier.
Solide début de février aux États-Unis
Malgré la morosité persistante révélée par les inscriptions au chômage aux États-Unis en janvier et en février, les indicateurs avancés pour février étaient prometteurs. L’indice Markit des directeurs d’achats du secteur manufacturier n’a que légèrement reculé, passant de 59,2 à 58,5, ce qui reste tout de même élevé. Par ailleurs, l’indice des services touchés par la COVID-19 est passé de 58,3, ce qui est un bon niveau, à 58,9, ce qui est encore mieux. Il semble très probable que l’économie américaine a continué de croître en février.
Les signaux en temps réel sont également favorables
Notre ensemble d’indicateurs économiques en temps réel confirme l’impression d’une croissance économique en février. Les heures travaillées des employés à salaire horaire ont commencé à augmenter légèrement après un long repli depuis novembre (voir le graphique suivant – assurez-vous de regarder au-delà des diverses baisses survenues pendant les Fêtes).
Évolution en pourcentage du nombre d’heures travaillées des employés à salaire horaire aux États-Unis
Au 9 février 2021. Les répercussions reposent sur une comparaison du nombre d’heures travaillées en une journée par rapport à la médiane du jour de la semaine correspondant en janvier 2020. Utilisation d’une moyenne mobile sur sept jours. Sources : Homebase, RBC GMA
Cette mesure et d’autres indicateurs en temps réel sont ensuite regroupés dans notre indice de l’activité économique aux États-Unis, qui fait également état d’un rebond modéré après plusieurs mois de léger recul (voir le graphique suivant).
L’activité économique des États-Unis connaît une baisse de régime
Au 6 février 2021. L’indice de l’activité économique est la moyenne de dix séries de données économiques à périodicité élevée mesurant la variation d’une année sur l’autre, en pourcentage. Sources : Bank of America, Goldman Sachs, OpenTable, Macrobond, RBC GMA
PIB des États-Unis au premier trimestre et risques
L’indice GDPNow de la Federal Reserve Bank d’Atlanta estime maintenant que le taux de croissance annualisé du PIB américain s’établira à 9,5 % au premier trimestre. Ce taux a de quoi impressionner pour un trimestre théoriquement marqué par des restrictions économiques. De plus, les prévisions ont considérablement augmenté au cours du dernier mois.
Un nouveau risque négatif vient toutefois assombrir le portrait : une vague de froid extrême sévit depuis peu dans plusieurs États américains, et plus particulièrement au Texas. Plus de trois millions de personnes ont été privées d’électricité, 13 millions de personnes ont perdu l’accès à l’eau, et les activités de production et de raffinage de pétrole ont été, pour un moment, grandement perturbées. Le coût pour les compagnies d’assurance est estimé à 50 milliards de dollars américains, une somme presque aussi élevée que durant une année d’ouragans. Les activités commerciales sont également tombées au point mort ; la plupart des détaillants ont dû fermer leurs portes et une partie de la production manufacturière a été interrompue.
Bien sûr, les perturbations liées aux intempéries sont habituellement de courte durée. Le déclin de l’activité à la mi-février devrait être neutralisé dans les prochaines semaines et n’aura donc pas d’incidence majeure sur les perspectives annuelles.
L’économie du Royaume-Uni demeure chancelante
L’économie britannique a engendré une série d’indicateurs contradictoires. Malgré les mesures de confinement très strictes, l’économie a connu une croissance de 1 % au dernier trimestre de 2020. Au cours de cette période, on a assisté à une baisse de 2,3 % en novembre, puis à une hausse de 1,2 % en décembre.
Ces fluctuations devraient se poursuivre. Au Royaume-Uni, les ventes au détail ont chuté de 8,2 % en janvier, laissant entrevoir une autre contraction de l’économie au cours du mois.
Toutefois, les indices des directeurs d’achats (PMI) de février signalent encore l’inverse : l’indice PMI de l’industrie manufacturière a grimpé de 54,1 à 54,9, un niveau annonciateur de dynamisme. De son côté, l’indice PMI du secteur des services a nettement rebondi, passant d’un piètre 39,5 à un modeste 49,7. À la lumière de ces indices, on peut s’attendre à une croissance économique à tout le moins modérée en février. Les efforts remarquables du pays en matière de vaccination laissent entrevoir des progrès économiques notables au cours des prochains mois.
Les différences persistent dans la zone euro
Les indices PMI de février pour la zone euro évoluent dans des directions opposées. L’indice du secteur manufacturier a poursuivi sur sa lancée (de 54,8 à 57,7), tandis que l’indice du secteur des services a encore reculé (de 45,4 à seulement 44,7).
Piètre performance économique au Canada
Sans surprise, les ventes au détail ont baissé de 3,4 % au Canada en décembre. De plus, l’estimation éclair de l’agence de statistique pour janvier s’est révélée décevante, en tablant sur une baisse additionnelle de 3,3 %. Comparativement aux États-Unis, le Canada a mis en place des mesures de confinement légèrement plus strictes, vaccine plus lentement sa population et n’a pas adopté de nouvelles mesures de relance budgétaire. Tous ces éléments ont contribué à une différence de 8 points de pourcentage entre les deux pays au chapitre de la croissance des ventes en janvier. L’économie canadienne semble s’être légèrement contractée durant le premier mois de l’année.
Immigration au Canada : cibles manquées ou dépassées
Par rapport aux autres pays, le Canada dépend de l’immigration de manière disproportionnée. En effet, au cours des 30 prochaines années, la part nette d’immigrants au sein de sa population devrait être plus grande que dans tout autre pays important (voir le graphique ci-dessous). C’est une chose remarquable.
Flux migratoires dans le monde : des pays moins développés vers les pays plus développés
Sources : Projections démographiques mondiales de l’ONU, 2019 ; Macrobond ; RBC GMA.
Toutefois, à court terme, le fait d’être tributaire de l’immigration a nui au Canada. L’immigration s’est effondrée pendant la pandémie, en raison de la fermeture des frontières et des consulats. Néanmoins, le nombre de nouveaux immigrants n’a diminué que de moitié en 2020, le pays ayant accueilli 184 000 nouveaux résidents permanents contre une cible de 341 000. Cette cible manquée a nui à la croissance économique.
Le gouvernement canadien a réitéré qu’il prévoyait rattraper ce retard au cours des trois prochaines années. Par conséquent, la croissance économique devrait être plus rapide au pays qu’elle ne le serait autrement au cours de cette période, à mesure que l’on comble ce déficit.
Ce plan comporte deux risques :
- Le nombre d’immigrants hautement qualifiés pourrait être un peu plus bas en raison de ces efforts additionnels, puisque le Canada aurait déjà considérablement assoupli ses exigences.
- En parallèle, les États-Unis étant plus ouverts à l’immigration sous l’administration Biden, ils pourraient attirer des talents qui auraient autrement choisi le Canada.
Les attentes budgétaires aux États-Unis
Les États-Unis sont déjà très actifs sur le plan budgétaire, puisqu’un vaste plan de relance de 900 milliards de dollars a été mis en place à la fin décembre. Le président Biden propose depuis longtemps une nouvelle série de mesures de relance évaluées à 1,9 billion de dollars. Comme beaucoup d’autres, nous avons d’abord imaginé que ce montant serait ramené à environ un billion de dollars, pour tenir compte du fait que toute nouvelle loi exigerait un appui unanime des sénateurs démocrates, alors qu’ils ne sont pas tous favorables à une hausse de l’endettement.
Mais selon de récentes rumeurs à Washington, de plus en plus de législateurs soutiennent que le montant du plan de relance, qui est estimé actuellement à un billion de dollars, pourrait être de l’ordre de 1,5 billion. Cette différence de 500 milliards de dollars représente une importante part additionnelle équivalant à 2,5 % du PIB. Les estimations concernant ces nouvelles mesures de stimulation économique varient considérablement. Elles vont de seulement 0,6 %, selon le modèle budgétaire de Penn Wharton, à pas moins de 4 %, d’après le Brookings Institute. Nous pensons qu’elles seront plus proches de la limite supérieure de la fourchette. Nous entrevoyons déjà des perspectives de croissance supérieures aux prévisions générales pour les États-Unis, mais il faudra peut-être qu’elles soient revues à la hausse si cela devait arriver.
Voici quelques-uns des arguments en faveur d’un autre plan ambitieux :
- Le Sénat ne peut recourir qu’une fois par an au processus de réconciliation pour adopter une loi à la majorité simple au lieu d’une supermajorité. Il devra donc mettre toutes les chances de son côté.
- Plusieurs surprises désagréables sur le plan économique ont marqué les années qui ont suivi la crise financière mondiale, comme la hausse des prix du pétrole après le Printemps arabe et la crise du plafond de la dette en 2011. Cela peut être utile de disposer d’une puissance de feu budgétaire additionnelle après une récession.
- On a d’abord estimé que la crise financière mondiale avait causé moins de dommages économiques que ce à quoi on s’attendait, ce qui met en évidence le risque que les dégâts causés par la pandémie se révèlent aussi plus importants que prévu.
- Le taux de chômage du quartile inférieur de la population active est plus proche de 20 % que le taux de 6 % qui prévaut dans l’ensemble de l’économie.
- Il reste des problèmes de crédit non résolus, comme les 2,7 millions de prêts hypothécaires dont le délai de grâce arrivera à expiration entre mars et juin.
En dépit de ces considérations, nous croyons que ce plan de relance est probablement trop vaste, étant donné que l’économie américaine se porte déjà bien et qu’elle devrait connaître une forte expansion en 2021. De plus, la vaccination progresse rapidement, la dette publique est déjà considérable et les craintes liées à l’inflation augmentent. Mais ce n’est pas à nous qu’il revient d’établir des programmes politiques.
Il convient de noter qu’on parle également sérieusement d’un programme d’infrastructure qui pourrait atteindre 2 billions de dollars. Dans un sens, cela paraît logique. Le Congrès est maintenant dirigé par les démocrates, dont le parti passe pour être favorable aux dépenses. D’habitude, les politiciens se tournent vers les infrastructures une fois terminée la phase la plus aiguë d’une récession. Les coûts d’emprunt sont si bas que le rendement du capital investi serait probablement positif, et – en conséquence – le multiplicateur budgétaire tend à être assez bon pour les projets d’infrastructure.
Mais le processus de réconciliation ne peut être utilisé qu’une fois par an, et toute initiative en matière d’infrastructures pourrait nécessiter l’appui de dix républicains au Sénat. Même si la question des infrastructures a tendance à être un enjeu bipartisan populaire, la conclusion d’un accord au cours des dernières années s’est révélée problématique. Peut-être sera-t-il plus facile de parvenir à une entente maintenant que le président Trump n’est plus en poste, mais il n’est pas certain que le moment soit propice étant donné que :
- La plupart des retombées économiques se produiront entre 2022 et, peut-être, 2025 – à un moment où l’économie devrait déjà, théoriquement, être proche de son point culminant.
- Le niveau de la dette publique est déjà élevé.
Des séquelles à long terme
Nous avons traité en profondeur des différentes conséquences de la pandémie et de la possibilité que certaines d’entre elles persistent ou disparaissent une fois que le virus sera neutralisé. Notre scénario de base reste qu’elle laissera étonnamment peu de traces sur le plan économique et globalement peu de séquelles permanentes.
Dans le tableau suivant, nous divisons les conséquences de la pandémie en trois catégories : celles qui devraient disparaître rapidement, celles susceptibles de persister plusieurs années (mais qui finiront par se dissiper) et celles qui sont probablement là pour de bon. La majorité des conséquences permanentes devrait perdre de leur intensité, soit modestement ou de façon plus marquée. Dans les faits, les seuls effets susceptibles de perdurer sont l’alourdissement considérable de la dette publique et l’adoption accrue de l’automatisation observée au cours de la dernière année.
Répercussions durables de la COVID-19 : peu seront réellement permanentes et la plupart s’atténueront partiellement
Au 17 février 2021. Source : RBC GMA
Concentrons-nous sur deux des éléments mentionnés dans le tableau : le télétravail et les perspectives de revitalisation des villes.
- Le télétravail diminuera considérablement
Avant la pandémie, seulement 13 % des travailleurs canadiens effectuaient déjà une petite partie de leur travail à distance. Ensuite, au plus fort des mesures de confinement en mars 2020, le pourcentage de la main-d’œuvre travaillant principalement à domicile a grimpé à 39 %. Il ne fait toutefois aucun doute qu’une fois la pandémie terminée, la proportion de télétravailleurs se situera quelque part entre ces deux extrêmes. Mais où exactement ?
Comme en témoigne le graphique ci-dessous, le télétravail a ses charmes et la productivité n’a pas décliné à court terme. Cependant, en fin de compte, la grande majorité des dirigeants d’entreprise croient que la présence des employés sur place est importante ; plus des deux tiers d’entre eux s’attendent à ce que leurs employés se rendent au bureau au moins trois jours par semaine après la pandémie. On considère que la présence dans les bureaux favorise fortement la collaboration, renforce la culture d’entreprise et permet une meilleure interaction avec les clients. En fait, la majorité des hauts dirigeants envisagent d’augmenter la superficie de leurs locaux au cours des trois prochaines années. C’est pourquoi nous soupçonnons que le travail à domicile diminuera énormément lorsque la pandémie sera terminée, tout en restant une pratique beaucoup plus courante qu’elle ne l’était avant la crise sanitaire.
Diminution significative du télétravail, qui restera quand même une pratique courante
Au 18 février 2021. Sources : PwC, Statistique Canada, RBC GMA
- Les perspectives de revitalisation des villes
Les zones rurales et les banlieues ont connu un boom immobilier dernièrement, dont les appartements en copropriété situés dans les centres-villes n’ont pas profité. Les gens accordent naturellement une plus grande importance à l’espace physique et chérissent la possibilité de travailler à distance.
N’empêche que l’élan de l’urbanisation ne doit pas être sous-estimé, comme l’indique le graphique suivant. L’urbanisation est une force organisationnelle fondamentale pour le genre humain depuis des milliers d’années ; elle a surmonté les pandémies précédentes et bien d’autres chocs. Certains s’attendaient à ce que les villes s’étiolent après l’invention du téléphone, de l’ordinateur et, plus tard, d’Internet, mais l’urbanisation n’a jamais cessé de progresser.
Les villes et l’urbanisation ont souffert, mais devraient reprendre de la vigueur
Nota : Les données présentées pour les recensements de 1851 à 1 951 sont fondées sur la définition des zones rurales utilisées à cette époque. Au 18 février 2021. Sources : Statistique Canada, Université du Colorado, Forum économique mondial, PwC, Our World in Data, RBC GMA
En général, les villes offrent des emplois de qualité supérieure (dont la plupart nécessiteront au moins un certain temps passé au bureau) et une diversité d’employeurs. De plus, elles agissent comme des carrefours d’innovation, facilitent la prestation des services publics, procurent un accès plus direct à une éducation de qualité, aux soins de santé, à la culture et à la collectivité, et permettent d’être proches des membres de sa famille.
Ainsi, bien que l’on puisse imaginer que les banlieues et peut-être même les zones rurales continueront d’éclipser les centres-villes pendant un certain temps, il est peu probable que les villes seront délaissées pour toujours.
– Avec la contribution de Vivien Lee et de Sean Swift
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