Résumé
La pandémie de COVID-19 a à peine évolué au cours des dernières semaines, les facteurs favorables surpassant peut-être quelque peu les facteurs défavorables :
Facteurs favorables :
- Le nombre quotidien d’infections dans le monde continue de reculer.
- Le nombre de nouveaux cas quotidiens aux États-Unis continue également de diminuer et demeure bien en deçà de son sommet.
- La relance économique se poursuit, forte d’une récente amélioration des perspectives générales de croissance au Canada et aux États-Unis.
- L’optimisme quant au moment où un vaccin sera mis au point continue de croître modestement.
Facteurs défavorables :
- L’Europe rencontre des difficultés d’une ampleur surprenante dans le cadre de sa deuxième vague épidémique.
- L’ouverture des écoles et l’arrivée prochaine de l’automne entraînent de nouveaux risques associés au virus.
- Aux États-Unis, les mesures de relance budgétaire ont nettement diminué en août.
- Les données sur la mobilité ne sont plus infailliblement en hausse dans la plupart des pays développés.
Évolution de l’épidémie
Il est facile de laisser l’arbre cacher la forêt. En gardant cela à l’esprit, examinons d’abord la situation dans son ensemble : quels sont les pays où le nombre total de cas est le plus élevé ? Les États-Unis arrivent toujours au premier rang de ce classement, suivis par le Brésil et ensuite par l’Inde, l’écart entre ces deux derniers se resserrant toutefois rapidement (voir le graphique suivant).
Trajectoire de la propagation de la COVID-19 dans divers pays
Nota : Données en date du 24 août 2020. Les lignes pointillées représentent les pentes indiquant un doublement du nombre de cas tous les jours, tous les trois jours et toutes les semaines. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
À l’échelle mondiale, le nombre de nouveaux cas quotidien semble être à la baisse ; même le nombre de décès dans le monde a commencé à diminuer légèrement (voir le graphique suivant). Même si ces tendances s’observent déjà depuis plusieurs semaines, il s’agit tout de même d’une excellente nouvelle dans la mesure où il s’agit de l’indicateur ultime qui permet de déterminer si la COVID-19 est en mode offensif ou défensif.
Propagation de la COVID-19 dans le monde – cas et décès
Nota : Données en date du 24 août 2020. Moyennes mobiles sur sept jours des nouveaux cas et des décès, indexées à 100. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Marchés émergents
Le nombre de nouveaux cas demeure beaucoup plus élevé dans les pays émergents que dans les pays développés. Cependant, cette situation n’est probablement pas surprenante étant donné la population beaucoup plus grande de ces premiers comparativement aux derniers. Dans les pays émergents, le portrait demeure assez nuancé :
- Au Brésil, le nombre de nouveaux cas et de décès est certes élevé, mais à la baisse (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 au Brésil
Nota : Données en date du 24 août 2020. Le nombre de décès est calculé selon une moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas quotidiens et les nouveaux décès sont lissés au moyen d’une moyenne mobile sur sept jours. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
- L’accalmie préalablement observée en Inde n’était en fin de compte qu’un faux espoir, le pays suivant maintenant une nouvelle tendance haussière (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 en Inde
Nota : Données en date du 24 août 2020. Le nombre de décès est calculé selon une moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas quotidiens et les nouveaux décès sont lissés au moyen d’une moyenne mobile sur sept jours. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
- D’autres pays de taille moyenne, comme le Mexique et l’Afrique du Sud, semblent finalement être arrivés à faire baisser le nombre de cas.
Des turbulences en Europe
L’Europe continentale fait toujours face à une deuxième vague de l’épidémie. Nous nous attendions à ce que les pays d’Europe les plus touchés maîtrisent rapidement l’épidémie grâce aux leçons tirées des erreurs (et des réussites tardives) des États-Unis ainsi qu’au contexte dans lequel ils évoluent, moins politisé en ce qui concerne les politiques publiques. En réalité, ces pays continuent toutefois d’éprouver des difficultés.
Ainsi, alors que nous avions initialement supposé que le nombre d’infections en Europe commencerait à diminuer en l’espace de quelques semaines, il semble maintenant que cela pourrait prendre au moins un mois ou deux. L’Espagne, en particulier, continue de peiner. Elle enregistre environ 8 000 nouveaux cas par jour, un nombre en augmentation (voir le graphique suivant). Si ce chiffre équivaut presque aux niveaux observés au début d’avril, le nombre de tests est toutefois beaucoup plus élevé et la sous-évaluation est bien moindre qu’à cette période.
Propagation de la COVID-19 en Espagne
Nota : Données en date du 24 août 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
La situation n’est peut-être pas aussi grave ailleurs, mais :
- la France enregistre près de 4 000 nouveaux cas par jour ;
- l’Allemagne a atteint la barre des 2 000 cas par jour ;
- l’Italie en compte un peu moins de 1 000, mais ce nombre augmente lui aussi.
Soulignons que cette hausse est en grande partie attribuable à la reprise des voyages et de la vie nocturne.
Il est rassurant de constater que, comme aux États-Unis, la plus récente vague tend à toucher des personnes plus jeunes, ce qui fait en sorte que le nombre de décès devrait demeurer bien inférieur au sommet préalablement atteint. Cette situation est néanmoins loin de ne comporter aucun risque, étant donné que le virus peut facilement se transmettre d’une génération à l’autre.
Évidemment, l’Europe est peu encline à paralyser complètement son économie comme elle l’a fait en mars. Elle ne devrait toutefois pas avoir à le faire : des ajustements modérés devraient suffire à ramener le taux de transmission sous le seuil de 1 et à faire reculer le virus. Les États-Unis n’ont certainement pas arrêté de fonctionner dans le cadre de cette adaptation. Les pays les plus touchés ont apporté un grand nombre de changements, qui se sont toutefois traduits par peu de résultats visibles, à leur grande frustration.
Fait surprenant, un sondage récemment réalisé par AlphaWise et Morgan Stanley révèle qu’en France, 83 % des employés de bureau sont déjà de retour sur leur lieu de travail habituel. Comparativement au Royaume-Uni, c’est plus du double. Cette proportion doit certainement être moindre en Amérique du Nord aussi. Il est possible qu’elle soit tout simplement trop élevée pour être maintenue dans le contexte actuel.
L’amélioration se poursuit aux États-Unis
Aux États-Unis, les données liées au virus continuent de s’améliorer : le nombre de nouveaux cas quotidiens est passé d’un sommet d’environ 70 000 à quelque 40 000, et le nombre de décès diminue lui aussi (voir le graphique suivant).
Cas de COVID-19 et décès causés par la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Données en date du 24 août 2020. Le nombre de décès est calculé selon une moyenne mobile sur sept jours des nouveaux cas quotidiens et les nouveaux décès sont lissés au moyen d’une moyenne mobile sur sept jours. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Une autre question est de savoir s’il sera possible de maintenir cette amélioration dans un contexte de réouverture des écoles et de reprise progressive de l’activité économique. Nous discutons des perspectives pour les écoles ci-après.
L’une des critiques concernant la récente amélioration aux États-Unis correspond à la diminution du nombre de tests quotidiens. Celui-ci a chuté à quelque 600 000 ces jours-ci, par rapport au sommet d’environ 800 000 atteint à la fin de juillet. Ce facteur pourrait théoriquement se traduire par une exagération de l’amélioration réelle aux États-Unis. Cependant, nous constatons que la proportion de tests positifs a continué de baisser au cours du dernier mois, ce qui laisse supposer que les cas non diagnostiqués ne devraient pas avoir considérablement augmenté (voir le graphique suivant).
Dépistage de la COVID-19 aux États-Unis
Nota : Données en date du 23 août 2020. Les résultats positifs correspondent à la moyenne mobile sur trois jours des nouveaux cas/nouveaux tests. Sources : Our World in Data, CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Autres pays développés
Du point de vue de ses propres normes exemplaires, la Corée du Sud est aux prises avec une importante deuxième vague. Autrement dit, elle enregistre actuellement près de 300 nouveaux cas par jour, soit un faible nombre en termes absolus, qui correspond toutefois à près de la moitié du sommet atteint en mars (voir le graphique suivant). Ce pays a si bien réussi à maîtriser le virus dans le passé que nous croyons qu’il réussira de nouveau à la faire.
Propagation de la COVID-19 en Corée du Sud
Nota : Données en date du 24 août 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Au Japon, où sévit une deuxième vague, l’épidémie semble maintenant suivre une trajectoire descendante (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 au Japon
Nota : Données en date du 24 août 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Le nombre d’infections au Royaume-Uni demeure faible et stable ou en légère hausse. En comparaison, les données au Canada restent stables et faibles (voir le graphique suivant).
Propagation de la COVID-19 au Canada
Nota : Données en date du 24 août 2020. Sources : CEPCM, Macrobond, RBC GMA
Enfin, nous soulignons que la série de 102 jours d’affilée sans nouveau cas de COVID-19 transmis localement en Nouvelle-Zélande a malheureusement pris fin. Par conséquent, le pays a imposé certaines nouvelles restrictions. Dans la mesure où la Chine n’a pas été en mesure d’éradiquer le virus malgré des mesures draconiennes, l’objectif d’éliminer complètement la maladie, même à l’échelle nationale, est probablement irréaliste avant la mise au point d’un vaccin.
Les écoles au cœur des préoccupations
La nouvelle année scolaire est déjà en cours dans certaines régions du monde, y compris dans une grande partie des États-Unis, et elle débutera sous peu presque partout ailleurs.
Bien que la réouverture des écoles crée un nouveau vecteur pour la transmission du virus, cette mesure est très utile pour deux raisons. À court terme, elle permet aux parents de retourner au travail, et à long terme elle est essentielle au développement de l’enfant.
Aux États-Unis, 14,7 millions de familles ont des enfants de moins de 18 ans et deux conjoints qui travaillent. De plus, il y a 8,6 millions de parents célibataires qui travaillent. Au total, cela signifie qu’il y a jusqu’à 23,3 millions de familles qui ne peuvent pas pleinement intégrer le marché du travail tant que les écoles ne fonctionnent pas normalement.
Les données scientifiques actuelles indiquent que la COVID-19 représente un risque moins grave pour les enfants que pour d’autres groupes, et que les écoles ne sont pas, pour le moment, la principale source de transmission. Toutefois, cela dépend beaucoup de l’intensité du virus dans une région donnée, du nombre d’élèves par classe et des mesures prises pour imposer le port du masque, maintenir la salubrité des lieux et favoriser la circulation de l’air.
Dans la mesure où de nombreux enfants interagissent déjà les uns avec les autres dans les camps d’été, les garderies et les équipes sportives, ainsi que dans le cadre d’activités de socialisation plus informelles, il se peut fort bien que la hausse des transmissions à l’école (ou du moins une partie de celle-ci) ne soit que la transposition des infections qui se produisent à d’autres endroits. Au cours des quatre dernières semaines, on a déjà observé une augmentation de 90 % des nouveaux cas d’infection parmi les enfants américains. Cela est certainement lié, en partie, au redémarrage des écoles, mais beaucoup de cas seraient antérieurs à la reprise des cours.
Nous allons bientôt recevoir des données. Vingt-deux pays ont déjà rouvert leurs écoles, et 12 autres devraient le faire d’ici la mi-septembre. En outre, 55 autres pays ont autorisé une réouverture partielle des établissements scolaires. Les statistiques ne manqueront donc pas au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Il est à noter que des problèmes se sont déjà produits. Dix pays, dont l’Australie et la Corée du Sud, ont fermé certains établissements en raison du virus, bien que ces fermetures étaient dues dans de nombreux cas à des changements plus importants dans les mesures de distanciation sociale plutôt qu’à des problèmes particuliers dans les écoles. Entre-temps, cinq de ces établissements ont rouvert. La meilleure leçon que l’on pourrait en tirer est que les administrateurs scolaires doivent faire preuve de souplesse.
Aux États-Unis, la plupart des principaux systèmes scolaires commencent l’année en ligne. Cependant, des foyers d’éclosion ont été détectés dans des établissements en Floride, en Géorgie et au Mississippi, et certaines universités y pensent maintenant à deux fois et rejoignent leurs consœurs en mettant en place un enseignement virtuel.
Il n’y a pas de solution toute faite pour gérer la situation dans l’enseignement. La bonne solution dépend de l’intensité du virus dans une région donnée, des mesures prises par le système scolaire et, de ce fait, du degré de confiance de chaque famille.
Dans la mesure où nous sommes tous à l’affût d’une deuxième (voire d’une troisième) vague du virus, les écoles représentent un nouveau risque évident auquel pourraient s’ajouter des considérations saisonnières liées à l’arrivée de l’automne.
La semaine de travail de trois jours
Dans le cadre de nos efforts constants pour déterminer des situations passées comparables à celles de la pandémie de COVID-19 et, ainsi, de mieux anticiper la voie à suivre, un nouveau modèle singulier a récemment vu le jour.
Il ne s’agissait pas d’une épidémie, mais plutôt d’une grave pénurie de carburant au Royaume-Uni entre janvier et mars 1974. L’embargo pétrolier de 1973-1974 était en cours, ce qui limitait l’approvisionnement en pétrole. De plus, les mineurs de charbon britanniques étaient en grève à un moment où 70 % de l’électricité du pays était produite à partir de la houille.
Il n’y avait tout simplement pas assez d’électricité disponible et, au lieu, d’imposer des coupures de courant par rotation, le gouvernement a fait passer la semaine de travail de cinq à trois jours. Les activités industrielles et la plupart des activités commerciales étaient donc limitées à trois jours consécutifs par semaine. Au rang des autres mesures figuraient l’extinction de la moitié des lampadaires, l’arrêt des émissions de télévision à 22 h 30 et la diminution du chauffage dans les bâtiments publics et commerciaux.
Bien que la cause fondamentale soit très différente, il existe des parallèles frappants entre cette perturbation artificielle de l’activité économique durant plusieurs mois et celle qui se déroule actuellement. L’une des principales questions est de savoir jusqu’à quel point l’activité économique a été affectée et à quelle rapidité elle a réagi.
Dans l’ensemble, l’incidence économique a été étonnamment faible. La production a chuté brièvement d’environ 10 %, soit moins que la baisse de 40 % tirée d’un simple calcul à partir de la suppression de deux jours ouvrables sur cinq. Les employés et les entreprises ont travaillé de façon plus efficace et plus intensive pendant les périodes de travail qui leur avaient été attribuées. Le nombre de chômeurs a augmenté d’un million, mais seulement de façon succincte. Les revenus des ménages ont baissé de près de 5 % en janvier 1974, alors que les dépenses de consommation n’ont diminué que de 1,5 % au premier trimestre de la même année.
De même, le rebond a été particulièrement rapide une fois qu’ont été levées les restrictions sur l’électricité. Bien que cela puisse paraître évident, ce n’est pas le cas en réalité puisque les entreprises ou les ménages auraient pu facilement développer une aversion au risque ou ne pas avoir assez d’argent pour régler leurs dépenses habituelles.
Jusqu’à présent, il semble que la pandémie de COVID-19 se déroule de la même manière. Le recul économique initial – de 10 % à 20 % environ – a été nettement inférieur à ce que l’on craignait au départ. Si vous aviez entendu dire que, de façon inopinée, presque personne n’aurait été en mesure d’aller travailler pendant plusieurs mois, on aurait pu s’attendre à une baisse de l’activité économique de 50 %, voire plus. De même, comme pour la semaine de travail de trois jours, la reprise économique s’est avérée étonnamment stable et robuste jusqu’à présent. Il reste à espérer qu’elle se poursuivra comme en 1974.
Mise au point d’un vaccin
À mesure que nous passons de l’été à l’automne, nous approchons de la première période au cours de laquelle un vaccin pourrait théoriquement être approuvé pour une utilisation généralisée. La date de la mise au point d’un vaccin est essentielle, car c’est à partir d’elle que l’on peut déterminer le moment où l’activité économique et la vie en général peuvent revenir à la normale.
Les optimistes mettent en avant les facteurs suivants :
- Il y a littéralement des centaines de vaccins en cours de développement, ainsi qu’un nombre encore plus grand de médicaments thérapeutiques.
- De nombreuses personnes très brillantes ont été mises à contribution et ont reçu des ressources financières sans précédent pour soutenir leurs travaux de recherche.
- Il n’y a pas que les États-Unis ou le reste du monde développé qui s’affairent à trouver un vaccin. Certains pays émergents comme la Russie et, surtout, la Chine, sont également de la partie.
- La Russie prétend disposer d’un vaccin viable (bien que cela reste à prouver).
- Plusieurs vaccins en sont déjà à la phase 3 des essais cliniques, soit plusieurs années avant l’échéance habituelle.
- Les connaissances en matière de mise au point de vaccins continuent de progresser, ce qui inclut de nouvelles techniques comme les vaccins utilisant de l’ARN.
- La COVID-19 ne semble pas muter autant qu’on le craignait au départ.
- Les personnes qui ont déjà été infectées semblent avoir maintenu en grande partie leur immunité jusqu’à présent.
Et voici quelques-uns des arguments des pessimistes :
- Les médicaments thérapeutiques peuvent réduire le taux de mortalité. Mais dans la mesure où les gens doivent être suffisamment malades pour être hospitalisés avant de pouvoir bénéficier de ces médicaments, cela ne permet guère un retour à une vie normale.
- Il n’y a pas vraiment de centaines de vaccins uniques en cours de développement. Beaucoup sont assez semblables, et donc réussiront ou échoueront tous ensemble.
- Le développement d’un vaccin est lent par nature. Une grande partie du processus consiste à immuniser des milliers de personnes avec la substance d’essai et à attendre de voir si elles sont infectées ou souffrent d’effets indésirables sur une longue période. Aucun génie scientifique ne peut raccourcir cette attente.
- Il existe un risque que des pays ou des entreprises ne soient pas disposés à partager leur vaccin avec d’autres, ou retardent la distribution internationale tant que leurs populations nationales n’auront pas été entièrement traitées.
- Il n’y a pas de vaccin contre le paludisme, le SIDA ou le rhume. Par conséquent, il n’est pas garanti que le vaccin sera efficace contre la COVID-19, d’autant plus que le coronavirus est connu pour être difficile à décoder.
- Historiquement, il a fallu une décennie ou plus pour mettre au point les vaccins précédents. Un délai d’un an pourrait bien être irréaliste.
- Certains vaccins sont difficiles à produire, en particulier à grande échelle.
- La durée de l’immunité d’un vaccin (ou de l’immunité contre la maladie) est incertaine – une nouvelle inoculation pourrait être nécessaire chaque trimestre ou deux fois par an, ce qui pourrait poser des problèmes pratiques.
- En général, les vaccins ne sont pas efficaces à 100 % ; par conséquent, la mise au point d’un vaccin ne signifie pas que tout le monde pourra revenir immédiatement à la normale.
- Tout le monde ne sera pas prêt ou capable de recevoir le vaccin, ce qui entravera encore davantage la recherche d’une immunité collective.
Où cette situation nous mène-t-elle ? Nous continuons de tirer nos principaux indices des marchés des paris, qui estiment qu’il y a 48 % de probabilité que les États-Unis obtiendront des dizaines de millions de doses d’un vaccin d’ici la fin du premier trimestre de 2021. Cette probabilité a augmenté au cours des derniers mois. En cas d’échec, le marché estime qu’il y a 88 % de chances qu’un vaccin soit mis au point et distribué d’ici la fin du troisième trimestre de 2021. Seule une infime fraction des parieurs pense qu’il faudra attendre jusqu’en 2022 avant d’avoir un vaccin.
Dans une optique à peu près semblable, l’expert en vaccins Bill Gates a réitéré au début du mois d’août qu’il s’attendait à ce que la pandémie soit largement passée aux États-Unis d’ici la fin de l’année prochaine.
Alors que les pays développés qui n’auront pas mis au point leur propre vaccin pourraient être légèrement à la traîne dans la résolution de la COVID-19 sur leur territoire, il est peu probable que le retard soit important. Nous nous attendons à des efforts de coopération pour produire un vaccin à l’échelle la plus large possible, et certains fabricants potentiels estiment qu’ils peuvent produire des milliards de doses. Il y a cependant un risque que les pays les plus pauvres peinent à obtenir leur quota de vaccins dans des délais convenables.
Des rumeurs ont circulé récemment selon lesquelles la Maison-Blanche pourrait faire passer le vaccin d’AstraZeneca par une « autorisation d’utilisation d’urgence » avant les élections aux États-Unis, mais celles-ci ont été démenties depuis et le premier trimestre de 2021 est désormais considéré comme la principale échéance. Il s’agit d’une hypothèse qui n’est toutefois pas à exclure. Sur une note positive, il y a de fortes probabilités que le vaccin s’avère efficace d’après les résultats obtenus jusqu’à présent. Cependant, la moindre erreur pourrait non seulement nuire à la santé humaine, mais aussi limiter sérieusement les chances d’adoption de tout autre vaccin.
Et si les vaccins n’étaient pas efficaces ?
Il semble probable qu’au moins un des nombreux vaccins en cours de développement fonctionnera. Mais qu’arrivera-t-il si un vaccin s’avère hors de portée ou est beaucoup moins efficace que prévu ?
Tout d’abord, il existe tant de stratégies différentes en ce qui concerne la recherche de vaccin que les efforts devraient se poursuivre pendant des années encore. L’échec ne sera pas reconnu de sitôt.
Entre-temps, il faudra choisir entre deux solutions : éradiquer le virus ou atteindre l’immunité collective par des moyens naturels (par la propagation du virus au sein de la population). L’éradication semble toujours être la stratégie la plus intéressante, mais il ne faut pas oublier qu’elle s’accompagne d’un coût économique (comme expliqué dans un précédent rapport de recherche). Cependant, il faut maintenant se demander si c’est même possible, compte tenu des ratés récents de la Nouvelle-Zélande et de la Chine.
Toute démarche en faveur de l’immunité collective devrait être entreprise graduellement afin de ne pas surcharger le système de santé. Ce processus s’étendrait sur plusieurs années. Et, pendant ce temps, les activités économiques et sociales devraient rester limitées afin d’éviter que le taux de transmission du virus revienne à son taux naturel de deux à trois.
Par ailleurs, fait inquiétant : les efforts menant à l’atteinte de l’immunité collective par des moyens naturels pourraient ne jamais porter tout à fait leurs fruits. Compte tenu des naissances constantes, il y aurait toujours une population non infectée. Dans l’un des scénarios les plus sombres, le virus suivrait non seulement les vagues saisonnières, mais sa propagation connaîtrait aussi des hauts et des bas à long terme en raison de la diminution du nombre de personnes immunisées au fil du temps. C’est ce qui s’est passé avec la peste et la mort noire, qui ont sévi pendant des décennies. Londres a connu des épidémies répétées de mort noire environ une fois par décennie pendant plus de 300 ans, anéantissant chaque fois environ 20 % de la population !
Reprise économique
La reprise économique bat maintenant son plein. Les données en temps réel le montrent bien, tout comme les données mensuelles traditionnelles. Le tableau suivant montre le déclin, du sommet au creux, et le rétablissement partiel de l’emploi, des ventes au détail, des services alimentaires et de la production industrielle aux États-Unis.
Reprise d’après-COVID-19 aux États-Unis
Nota : Données en date de juillet 2020. Depuis février 2020. Sources : Macrobond, RBC GMA
La reprise continue de décélérer. Autrement dit, la croissance économique devrait encore dépasser la normale, mais pas à un rythme aussi fulgurant qu’en mai et qu’en juin.
Un nouveau facteur positif entre en jeu : un plus grand nombre de parents peuvent retourner au travail maintenant que leurs enfants réintègrent l’école. Cependant, les nouveaux vents contraires auront des conséquences plus puissantes. L’étape facile de la reprise est maintenant franchie. Il sera plus difficile de réaliser d’autres gains, étant donné que de nombreux secteurs devront limiter leurs activités jusqu’à la mise au point d’un vaccin.
Les mesures les plus simples ont déjà été prises, comme l’indiquent certaines des questions spéciales les plus intéressantes de l’Enquête sur la population active du Canada. Au moins la moitié des personnes qui ont été mises « temporairement » à pied sont retournées au travail, ce qui signifie que la grande majorité de celles qui demeurent sans emploi – 83 % – devra décrocher un tout nouveau poste. Même s’il y avait une demande économique, le processus prendrait du temps.
De même, le nombre de Canadiens qui travaillent beaucoup moins que d’habitude a déjà diminué d’environ 60 %, ce qui laisse très peu de marge de manœuvre pour cette manière la plus simple de récupérer la main-d’œuvre perdue (voir le graphique suivant).
Nombre cumulatif de Canadiens travaillant moins de 50 % de leurs heures normales
Nota : Données en date de juillet 2020. Sources : Enquête sur la population active de Statistique Canada, RBC GMA
Évolution de la conjoncture économique
Données sur la mobilité
Sans surprise, les données sur la mobilité en Espagne indiquent un recul modéré ces dernières semaines, alors que le pays cherche à maîtriser la dernière résurgence de COVID-19. Il s’agit là de mauvaises nouvelles d’un point de vue strictement économique, mais de bonnes nouvelles en ce sens qu’elles indiquent que les Espagnols réagissent et qu’ils peuvent donc contenir l’épidémie. L’Italie connaît également une baisse à cet égard.
Les données sur la mobilité en Corée du Sud ont également diminué récemment, probablement en raison de la mini-épidémie du pays.
À l’inverse, les données sur la mobilité aux États-Unis commencent à augmenter de nouveau (même son de cloche au Canada). En fait, il y a une tendance internationale sous-jacente de convergence : les pays qui soutiennent le plus fermement l’ouverture des frontières se sont quelque peu refermés, alors que les pays les plus prudents ont continué de s’ouvrir sur le monde.
L’indice de l’activité économique en temps réel aux États-Unis a manifestement recommencé à croître après près de deux mois d’immobilité (voir le graphique suivant).
Reprise de l’activité économique américaine après une pause
Nota : Données en date du 15 août 2020. L’indice de l’activité économique est la moyenne de dix séries de données économiques à périodicité élevée mesurant la variation d’une année sur l’autre, en pourcentage. Sources : Bank of America, Goldman Sachs, OpenTable, Macrobond, RBC GMA
Perspectives générales
Les prévisions générales liées au PIB des États-Unis et du Canada en 2020 et 2021 ont augmenté en août. Ces prévisions correspondent à nos propres rajustements du mois dernier. Cependant, la tendance n’était pas universelle : le Royaume-Uni et le Japon ont subi des baisses en 2020.
En effet, la récente publication du PIB du R.-U. au deuxième trimestre de 2020 nécessite pratiquement à elle seule une révision à la baisse en raison du recul de 20,4 % (non annualisé !) du pays – baisse plus importante que pour la plupart des autres pays.
Données traditionnelles
Aux États-Unis, les demandes de prestation d’assurance-emploi – indicateur très utile compte tenu de la périodicité hebdomadaire – ont malheureusement rebondi au cours de la dernière semaine : 1,1 million de nouveaux demandeurs comparativement à moins de 1 million la semaine précédente, ce qui était une première depuis le début de la pandémie. Plus important encore, les demandes continues d’assurance-emploi progressent toujours peu à peu, passant de 16,1 millions environ le mois précédent à 14,8 millions. Par conséquent, nous croyons que la relance économique américaine se poursuit. Bien entendu, ce nouveau chiffre demeure considérablement plus élevé que les 1,7 million de demandes continues qui prévalaient avant la pandémie.
Une autre preuve que l’économie américaine a connu une croissance en août provient d’une série de données de l’indice des directeurs d’achats (PMI) Markit qui a enregistré des gains supplémentaires.
Deux tempêtes américaines dans le golfe du Mexique menacent de devenir des ouragans et de frapper les côtes. La production de pétrole dans le golfe a déjà été arrêtée. Ces événements ont rarement un effet durable sur les données économiques, mais ils demeurent indésirables dans la mesure où la reprise est fragile et toute perturbation temporaire brouillerait la véritable trajectoire sous-jacente de l’économie. La Louisiane, le Mississippi et le Texas sont les plus à risque.
Données internationales
Les données économiques de la Chine pour le mois de juillet ont été pour la plupart moins élevées que prévu, quoique pas tout à fait défavorables. Par exemple :
- Les ventes au détail, après avoir retrouvé un chiffre positif d’une année sur l’autre en juin, ont reculé en juillet pour s’établir à -1 %.
- La production industrielle demeure en hausse d’environ 5 % par rapport à l’année précédente, mais est légèrement inférieure à celle de juin.
Ces développements sont surprenants, mais il semble peu probable que cette marche arrière perdure – la croissance devrait se poursuivre pour la Chine.
Les données de juin sur les ventes au détail au Canada ont été publiées. Elles s’avèrent comparables à celles de ses pairs, avec une forte hausse de 23 % en juin par rapport à mai. Ce bond a entraîné un niveau global d’activité au détail légèrement supérieur à celui d’avant la pandémie en février. Toutefois, selon le scénario de « reprise en décélération », Statistique Canada estime que les ventes au détail n’ont progressé que de 0,7 % en juillet, soit une décélération notable de 1 à 33 d’un mois à l’autre. N’oublions pas qu’une grande partie de l’aide aux consommateurs provient de chèques du gouvernement, de sorte que les données sur le commerce de détail seront probablement étroitement liées au retrait des mesures de soutien financier.
Politique monétaire
Le procès-verbal de la Fed mentionne peu de changements majeurs. Malgré l’érosion des mesures budgétaires aux États-Unis, les décideurs n’ont pas jugé nécessaire de prendre des mesures monétaires urgentes. La discussion laisse entendre que les efforts consistant à dicter l’évolution de la courbe de rendement ont peu de chance d’aboutir, alors que le ciblage de l’inflation moyenne (ou ciblage du niveau des prix) reste une possibilité sérieuse. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles l’inflation pourrait être plus forte à l’avenir qu’elle ne l’a été au cours de la dernière décennie.
Le programme de Joe Biden
Le congrès national du Parti démocrate américain s’est tenu virtuellement du 17 au 20 août. Il a permis d’officialiser la candidature de l’ancien vice-président Joe Biden à la présidence et celle de sa colistière Kamala Harris, sénatrice de la Californie et ancienne candidate démocrate à la présidence.
L’élection aura lieu le 3 novembre, dans dix semaines à peine. En raison de la pandémie, beaucoup de gens voteront par anticipation par la poste, de sorte que, dans les faits, l’élection se tiendra encore plus tôt.
Joe Biden demeure le favori des sondages, avec une avance de neuf points. C’est un avantage considérable, mais pas insurmontable. En 1988, le candidat démocrate avait 17 points d’avance dans la foulée du congrès de cette année-là, mais il a fini par perdre la course.
Étant donné la possibilité que les intentions de vote changent ou que les sondages se trompent totalement (certains partisans de Donald Trump sont considérés comme des électeurs « timides » et sont donc mal représentés dans les sondages traditionnels), les marchés des paris n’attribuent qu’une avance de 14 points de pourcentage à M. Biden en ce qui a trait à ses chances de victoire. Ce commentaire peut sembler étrange ; une avance de 14 points n’est-elle pas supérieure à une avance de neuf points ? Si, mais il y a une grande différence entre les probabilités et les sondages. Si nous savions avec certitude que Joe Biden conserverait son avance de neuf points jusqu’au jour de l’élection, ses chances de victoire seraient de 100 %.
Normalement, une avance aussi confortable donnerait un avantage encore plus grand sur le plan des probabilités. Cependant, depuis que leurs prédictions se sont révélées fausses en 2016, les parieurs se font plus prudents ; ils prennent en compte le fait que M. Biden n’a pas fait beaucoup de sorties publiques depuis qu’il est devenu le candidat présumé il y a des mois de cela, et le fait qu’il a accumulé les bévues.
Dans l’évaluation des répercussions politiques de l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis, il est essentiel de déterminer quel visage M. Biden montrerait aux Américains une fois élu. Traditionnellement reconnu comme modéré, il a glissé vers la droite du Parti démocrate pendant la bataille de l’investiture. Cependant, son programme est l’un des plus progressistes depuis celui de Lyndon Johnson en 1964. De plus, vu la possibilité raisonnable d’une majorité au Sénat, la réalisation d’un triplé englobant la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants permettrait des réformes importantes, mais pas aussi radicales que le souhaiterait l’extrême gauche du Parti démocrate.
Les marchés financiers s’intéressent en particulier à plusieurs questions d’ordre politique, notamment la lutte que M. Biden entend mener contre la COVID-19, ses programmes fiscaux et budgétaires, les perspectives de la politique commerciale et la politique énergétique.
Politique relative à la COVID-19
Les différences au niveau des politiques relatives à la COVID-19 seront probablement un enjeu de campagne clé, dans la mesure où les démocrates peuvent narguer la Maison-Blanche en lui rappelant ses divers faux pas. Joe Biden promet davantage de tests, le port du masque obligatoire à l’échelle nationale et un meilleur accès à de l’équipement de protection individuelle. Naturellement, il ne s’épanche pas trop sur les secteurs susceptibles de faire l’objet de restrictions plus strictes pour mieux contrôler la propagation de la COVID-19, mais on peut raisonnablement s’attendre à ce que M. Biden soit plus offensif que M. Trump sur ce front.
Politiques fiscale et budgétaire
Le programme de Joe Biden prévoit annuler une partie des réductions d’impôts instaurées par le gouvernement Trump en 2017, et même aller encore plus loin à certains égards. Voici certaines des mesures qu’il envisage :
- rétablir le taux maximal d’imposition des particuliers à 39,6 % ;
- prélever les cotisations sociales à un niveau de revenu maximal beaucoup plus élevé ;
- annuler la moitié des baisses d’impôt sur les bénéfices des sociétés introduites par Donald Trump (faisant passer le taux de 21 % à 28 %, sans toutefois le remonter à 35 %) ;
- fixer un plancher pour les sociétés fondé sur leurs bénéfices calculés conformément aux PCGR ;
- doubler le taux d’imposition des gains en capital et des dividendes pour les contribuables à revenus élevés ;
- imposer les gains en capital non réalisés au moment du décès.
Les baisses de l’impôt des sociétés mises en place par Donald Trump ont fait grimper les bénéfices après impôts des sociétés américaines de 7 % à 8 %. S’ils sont adoptés, ces changements risquent donc d’annuler la majeure partie de ce gain.
Même s’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour les marchés boursiers, ce serait avantageux du point de vue économique. Les démocrates proposent une augmentation considérable des dépenses, notamment aux termes d’un énorme projet d’infrastructure, d’un élargissement de la couverture des soins de santé et d’un plan climatique. Collectivement, ces mesures représenteraient plus de 4 000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, éclipsant largement les recettes tirées de l’économie grâce à la hausse des impôts.
Ce programme politique est sans doute défavorable aux entreprises et au marché boursier, mais en contrepartie, il stimulerait probablement le PIB.
Politique commerciale
D’après ses longs antécédents de votes, M. Biden a appuyé la première version de l’ALENA, les tentatives, il y a bien longtemps, de normaliser les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine et le Partenariat transpacifique. À ce titre, il semble aller dans le même sens que la politique américaine de libre-échange qui avait cours avant l’arrivée de M. Trump au pouvoir. En outre, M. Biden s’est engagé à renouer avec les institutions internationales que le président actuel a négligées ou rejetées. On peut raisonnablement s’attendre à ce que les droits de douane disparaissent, sauf ceux imposés à la Chine.
Cependant, il n’est pas réaliste de croire que les relations avec la Chine reviendront à la normale. Le Parti démocrate compte depuis longtemps des partisans antimondialisation, qui se font entendre plus clairement et distinctement que d’habitude. De plus, même si un éventuel gouvernement Biden ne croyait pas que la Chine possède un avantage commercial injuste par rapport aux États-Unis, les plaintes concernant les droits de la personne et les pratiques environnementales en Chine s’intensifieraient probablement.
Un gouvernement Biden serait sans doute plus efficace pour confronter la Chine sur des questions commerciales ou autres, dans la mesure où le programme présenté propose de collaborer avec les alliés afin d’adopter une approche commune dans les relations avec ce pays.
Politique énergétique
Le programme de Joe Biden propose de bloquer les nouveaux permis de forage pétrolier et de gazier sur les propriétés fédérales, sans stopper complètement le processus de fracturation hydraulique.
Par contre, l’imposition d’une taxe sur le carbone, jumelée à un objectif de zéro émission de carbone d’ici 2050 et de zéro émission de carbone provenant de la production d’électricité d’ici 2035, constituerait un défi immense pour le secteur énergétique.
Autres points
Parmi les autres points importants à l’ordre du jour de M. Biden, citons :
- le salaire minimum de 15 $ à l’échelle nationale ;
- l’enseignement préscolaire universel ;
- l’enseignement supérieur gratuit pour les familles à revenu moyen et faible ;
- l’exonération de remboursement des prêts étudiants ;
- une rente plus élevée pour les aînés.
Beaucoup de ces promesses risquent de ne pas se concrétiser, mais pas toutes.
Conséquences économiques
À court terme (moins d’un an), un gouvernement Biden imposerait probablement plus de restrictions liées à la COVID-19 (défavorable), mais mettrait aussi en place davantage de mesures de relance budgétaire (favorable). L’effet global net sur l’économie serait peut-être légèrement négatif.
À moyen terme (un à deux ans), des mesures plus strictes liées à la COVID-19 feraient probablement baisser le nombre de cas et, combinées aux mesures de relance budgétaire, soutiendraient une reprise plus vigoureuse de l’activité économique par la suite. En revanche, une hausse des impôts pèserait lourd sur le marché boursier.
À long terme (trois ans et plus), des politiques plus favorables à l’immigration et l’amélioration des relations commerciales donneraient probablement un petit coup de fouet à la croissance, même si cette accélération serait en partie contrebalancée par un régime fiscal moins avantageux.
Cohésion ou division
Un dernier point mérite d’être souligné. L’issue de l’élection sera déterminante : le parti qui remportera l’élection aura-t-il le contrôle total du pouvoir ou bien les deux partis se partageront-ils la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants ?
Sans contredire tout ce qui précède, l’économie serait probablement plus forte dans un scénario de cohésion, quel que soit le parti victorieux, que dans un scénario de division. En effet, il est plus facile de faire adopter des mesures de relance budgétaire, lorsque l’autre parti n’est pas en mesure d’opposer son veto. Par ailleurs, le risque de paralysie du gouvernement, de murs budgétaires et d’autres événements similaires diminue.
Ruée vers l’or
Le prix de l’or a récemment dépassé 2 000 $ l’once pour la première fois de l’histoire. Il a depuis quelque peu battu en retraite, mais reste à un niveau stratosphérique.
Pourquoi a-t-il progressé d’environ 30 % depuis le début de l’année ? Il y a plusieurs raisons :
- Au départ, l’aversion pour le risque a poussé les investisseurs à se tourner vers la sécurité perçue de l’or, mais elle s’est largement dissipée sur les marchés financiers par la suite.
- Les attentes d’une hausse de l’inflation ne sont pas déraisonnables, compte tenu de la dette publique imposante, de l’accroissement des bilans des banques centrales, d’un éventuel ajustement de la cible d’inflation à la moyenne et du rapatriement des chaînes logistiques.
- L’extrême faiblesse des taux d’intérêt a deux conséquences. Premièrement, le coupon auquel les investisseurs en or renoncent sur le marché obligataire n’a rien d’intéressant. Deuxièmement, compte tenu de la faiblesse des taux obligataires et du risque que la Réserve fédérale américaine pousse les taux d’intérêt en territoire négatif, l’or pourrait bien offrir une meilleure protection que le marché obligataire en cas de nouvelles perturbations sur les marchés financiers.
- En général, le recul du dollar américain fait grimper les prix des marchandises, ceux-ci étant fixés en dollars américains alors que la demande est mondiale. La récente faiblesse du dollar a un deuxième effet : la monnaie de réserve du monde subit incontestablement un déclin structurel et aucune monnaie traditionnelle ne constitue un substitut acceptable (ni l’euro ni le renminbi ne semblent prêts à prendre la relève). L’or est donc devenu une solution de rechange possible aux yeux de certains.
Comme plusieurs de ces tendances semblent susceptibles de persister dans un avenir prévisible, l’or devrait continuer de bien se comporter. Ne perdons toutefois pas de vue le fait que, comme l’or est un actif réel, un investisseur devrait s’attendre à en tirer un rendement corrigé en fonction de l’inflation à long terme de 0 % !
– Avec la contribution de Vivien Lee et de Kiki Oyerinde
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