Dans cette vidéo, Polina Kurdyavko, associée, première gestionnaire de portefeuille et chef, Titres de créance de marchés émergents, BlueBay Asset Management LLP, et Laurence Bensafi, première gestionnaire de portefeuille et chef déléguée, Actions, Marchés émergents, RBC Global Asset Management (UK) Limited, font part de leur point de vue sur le résultat de l’élection et ses conséquences pour les marchés émergents. (en anglais seulement)
Durée : 48 minutes 11 secondes
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Transcription
RBC Gestion mondiale d’actifs
Perspectives au lendemain de l’élection aux États-Unis :
Incidence du résultat de l’élection aux États-Unis
sur les marchés émergents
Mike Higgins Vice-président, Services-conseils en produits de placements, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc.
Bonjour. Merci beaucoup de vous être joints à nous. Je m’appelle Mike Higgins. Je suis vraiment heureux d’être ici aujourd’hui en cette période aussi remarquable, non seulement en ce qui concerne les marchés financiers et les nouvelles concernant les vaccins contre la COVID-19, mais aussi, bien sûr, l’élection aux États-Unis, que nous allons analyser dans le contexte des perspectives pour les actions et les titres de créance de marchés émergents. Avant de vous présenter les experts qui prendront part à la discussion d’aujourd’hui, j’ai pensé commencer par une question de sondage afin de connaître l’opinion de notre auditoire sur l’avenir des marchés émergents. Alors, notre première question de sondage aujourd’hui est : maintenant que l’incertitude entourant l’élection aux États-Unis se dissipe, quelles sont, selon vous, les perspectives d’avenir des marchés émergents ? Est-ce qu’elles s’améliorent, se détériorent ou demeurent les mêmes ? Pendant la compilation des résultats, j’aimerais vous présenter les experts qui participent à cette webémission. Elles travaillent toutes les deux à Londres, en Angleterre. Voici d’abord Laurence Bensafi, chef déléguée, Actions, Marchés émergents, et première gestionnaire de portefeuille, RBC Gestion mondiale d’actifs. Je suis aussi heureux d’accueillir Polina Kurdyavko, chef, Titres de créance de marchés émergents, et première gestionnaire de portefeuille, BlueBay Asset Management. Laurence et Polina, merci à vous deux d’être avec nous aujourd’hui. Comme le montrent les résultats du sondage, les avis sont partagés. En fait, non, tous les résultats indiquent que les perspectives s’améliorent. Les perspectives des marchés émergents sont donc plutôt bonnes selon l’auditoire. Sur ce, je demanderais à chacune de vous de nous faire part de vos réflexions à ce sujet dans le contexte de l’élection aux États-Unis. Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marchés émergents de la victoire de Joe Biden par rapport à ce qu’ils auraient été si Donald Trump avait gagné. Laurence, nous pourrions commencer par vous.
Bien sûr. Merci, Mike.
Laurence Bensafi Première gestionnaire de portefeuille et chef déléguée, Actions, Marchés émergents, RBC Global Asset Management (UK) Limited
Tout d’abord, je dirais que le gagnant de l’élection américaine entre Biden et Trump n’avait pas vraiment d’importance pour les actions de marchés émergents. Ce qui était vraiment important, c’était qu’un gagnant soit clairement et rapidement désigné pour éviter l’instabilité dans la plus grande économie du monde. Cette catégorie d’actif n’aime pas l’incertitude, et ce qu’on a constaté, c’est la nécessité de passer à autre chose après l’élection. Cela dit, je dirais que la victoire de M. Biden est légèrement positive, dans l’ensemble, pour les marchés émergents. On pourrait s’attendre à des relations un peu plus harmonieuses avec le monde, à un ton moins controversé, peut-être à moins de sanctions et à beaucoup plus de dialogues avec le monde. Les relations avec l’Europe devraient s’améliorer, et le président élu Biden pourrait également essayer de relancer l’économie américaine en renforçant la stimulation. Cela pourrait être positif pour les marchés émergents en ce qui concerne la sensibilité aux marchandises. Et ça pourrait également contribuer à maintenir le dollar américain à un faible niveau, ce qui est toujours bon pour les actions de marchés émergents. Par contre, il est certain que M. Biden restera ferme envers la Chine et d’autres pays comme la Russie, ce qui pourrait peser un peu lourdement sur nos marchés. Il se peut aussi qu’il ne soit pas aussi favorable aux affaires que M. Trump, ce qui pourrait également avoir un effet négatif sur les actions. J’ai terminé, Mike.
Super. Merci, nous nous pencherons davantage sur certains de ces points dans quelques instants. Polina, voudriez-vous ajouter quelque chose ?
Je suis d’accord avec Laurence pour dire qu’en général, aucun des résultats n’aurait été mauvais pour les marchés émergents, car Donald Trump représentait le statu quo tandis que Joe Biden est associé à une plus grande probabilité de politiques expansionnistes, ce qui serait bénéfique aux marchés émergents.
Polina Kurdyavko Associée, première gestionnaire de portefeuille et chef, Titres de créance de marchés émergents, BlueBay Asset Management, LLP
Je pense qu’avec M. Biden aux commandes, deux facteurs auront des effets favorables sur les marchés émergents. Le premier est une politique positive, favorable et accommodante de la Fed. Les taux vont probablement rester bas pendant les trois prochaines années. Le deuxième facteur, c’est qu’il y aura davantage de stimulation budgétaire, ce qui, là encore, devrait stimuler la croissance et, par conséquent, soutenir les marchés émergents. Je dirais que le plus grand gagnant d’un gouvernement dirigé par Joe Biden pourrait être la catégorie d’actif en monnaie locale de marchés émergents. Les actifs en monnaie locale ont dégagé des rendements inférieurs pendant la majeure partie des dix dernières années, et nous pensons que cette situation pourrait changer, car les politiques d’une administration Biden pourraient se traduire par un dollar plus faible et donc, par des monnaies plus fortes. Le dernier facteur, et non le moindre, c’est que même si je suis d’accord avec Laurence pour dire que le risque de sanctions n’est pas écarté et qu’il y aura peut-être des positions plus dures à l’égard de certaines entreprises et peut-être, contrairement à ce que Donald Trump a fait, à l’égard de certains pays comme la Russie. Je suis convaincue que nous aurons moins de messages Twitter et que le risque lié aux manchettes diminuera. Et donc, de façon générale, nous pensons que la volatilité des marchés au jour le jour pourrait être réduite.
Je suis d’accord. Merci, Polina, nous examinerons certaines de vos remarques plus en détail dans la dernière partie de notre webémission. Alors, voyons maintenant un peu plus attentivement les actions de marchés émergents. Laurence, avant de poursuivre avec vous, posons une autre question de sondage à notre auditoire pour savoir ce qu’il pense de cette question. La question est la suivante : en ce qui concerne le rendement futur, comment pensez-vous que les actions de marchés émergents vont se comporter par rapport aux actions de marchés développés au cours des 12 ou 24 prochains mois ? Pensez-vous que les actions de marchés émergents surclasseront les actions de marchés développés ? Ou croyez-vous que les actions de marchés émergents vont dégager des rendements inférieurs à ceux des actions de marchés développés ? Laurence, en attendant les résultats du sondage, pour faire le lien avec vos remarques, soulignons que les actions de marchés émergents, comme la plupart des catégories d’actif, ont connu une forte remontée depuis les creux atteints en mars. Ainsi, après le recul de plus de 20 % entre février et mars, les indices ont gagné plus de 40 %. Et maintenant, si on prend le rendement sur un an, l’indice est en hausse de plus de 10 %. Donc, en ce qui concerne la durabilité de cette reprise, ce serait bien d’avoir votre avis sur les nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte. Il va donc sans dire que nous avons beaucoup de sujets à aborder. Si on regarde les résultats du sondage, on constate que jusqu’à maintenant, 100 % des répondants pensent que les actions de marchés émergents vont surclasser les actions de marchés développés au cours des 12 ou 24 prochains mois. Maintenant, c’est 75 % des répondants qui le pensent. De toute évidence, notre auditoire pense que les perspectives seront favorables aux actions de marchés émergents. Dans ce contexte, je vous cède maintenant la parole pour connaître votre point de vue sur cette question.
Bien sûr. Merci, Mike. Je pense vraiment que pour les prochaines années, les perspectives sont beaucoup plus prometteuses pour les marchés émergents que pour les marchés développés. Donc, si on regarde la première de mes diapositives, on voit que la situation a été très différente ces dernières années.
Comparaison du rendement à long terme des ME et des MD Cycles longs de rendement relatif
On peut voir sur ce graphique le rendement des marchés émergents par rapport à celui des marchés développés sur une longue période. Et comme on peut le voir, il y a essentiellement de longs cycles de rendement inférieur et de rendement supérieur. Nous nous trouvons juste, espérons-le, à la fin d’une période de rendement inférieur qui a duré dix ans. Juste avant, nous avons connu une belle et longue période de rendement supérieur. Pourquoi, alors, avons-nous connu cette longue période de rendement inférieur ? En gros, nous ne nous sommes jamais complètement remis de la crise financière mondiale. Même si nous n’avons pas connu de récession mondiale depuis, la période a été très difficile pour les marchés émergents, car plusieurs pays sur ces marchés sont entrés en récession. Puis, au cours des dernières années de cette période, nous nous attendions à ce qu’une récession frappe à un moment donné. Elle a été retardée à quelques reprises grâce à certaines mesures qui ont été prises, entre autres par les États-Unis, qui ont en quelque sorte entretenu artificiellement la croissance, et par les banques centrales du monde entier, qui ont aussi maintenu des taux vraiment bas. Mais maintenant, nous avons l’impression de nous trouver dans une période de recommencement, et c’est généralement lors d’une grande récession mondiale comme celle-là que les choses changent. Ainsi, les deux principaux facteurs qui amélioreront les rendements des marchés émergents par rapport à ceux des marchés développés sont, premièrement, la faiblesse du dollar et, deuxièmement, de meilleures données économiques. À la diapositive suivante, on voit qu’au cours des dix dernières années, l’écart de croissance entre les marchés émergents et les marchés développés s’est en effet rétréci.
Croissance du PIB des ME et des MD L’écart de croissance devrait s’accentuer en faveur des ME
Il est donc évident que la croissance des marchés émergents est toujours plus rapide que celle des marchés développés, mais cet écart se réduit continuellement. Aujourd’hui, pendant la pandémie, nous pouvons constater les forces des marchés émergents. On voit que la croissance économique des marchés émergents ne sera pas aussi faible, loin de là, que celle des marchés développés. Puis, au cours des prochaines années, les marchés émergents sembleront plus vigoureux que les marchés développés. La pandémie a moins perturbé certains pays qui ont été durement touchés, comme la Chine, la Corée du Sud ou Taïwan. Certains autres pays qui n’auraient tout simplement pas pu se remettre d’une telle épreuve n’ont pas imposé des mesures de confinement aussi strictes que dans notre pays. Je fais référence ici à certains pays comme l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du Sud. Cet écart de croissance du PIB sera donc très bénéfique pour les rendements des marchés émergents par rapport à ceux des marchés développés. La diapositive suivante montre que l’écart des valorisations est un autre élément qui contribuera à améliorer le rendement de cette catégorie d’actif.
Valorisations des actions de ME Les titres de ME sont nettement moins chers que ceux des MD, malgré leur vigueur récente
Comme nos marchés sont à la traîne depuis dix ans, les valorisations des marchés émergents par rapport à celles des marchés développés sont très intéressantes. Les titres se négocient moyennant un rabais d’environ 30 %, soit l’un des plus gros rabais jamais vus. Nous nous attendons davantage à un rabais de 10 % environ. Les marchés émergents ne sont donc pas chers comparativement aux marchés développés. Cela dit, si on regarde le graphique de droite, je tiens à souligner que nos résultats sont très positifs, mais je dois vous faire remarquer qu’en raison des bons rendements enregistrés par les marchés des actions cette année, les marchés émergents ne sont plus aussi attrayants qu’ils l’étaient auparavant. Les titres se négocient à un ratio cours/valeur comptable d’un peu moins de deux fois, ce qui est en fait une moyenne à long terme. Avec de telles valorisations, je dirais que le marché peut aller dans les deux sens. Nous pourrions assister à une correction si la reprise que nous attendons pour la prochaine année ne se confirme pas. Évidemment, nous pourrions aussi voir les valorisations grimper encore davantage, mais attention : les valorisations relatives sont attrayantes, mais d’un point de vue absolu, je dirais qu’elles sont plutôt moyennes. Alors, pourquoi est-ce important ? Parce que je pense que nous devons dorénavant nous concentrer vraiment sur les traînards. Vous savez, les pays, les secteurs qui ont fait mauvaise figure. C’est probablement là que les rendements seront meilleurs. Passons à la diapositive suivante.
Rendement des actions de ME La Chine s’est démarquée cette année.
Je trouve cette diapositive vraiment intéressante. Les gens ne se rendent pas toujours compte que si les marchés émergents ont dégagé des rendements semblables à ceux des marchés développés cette année, c’est vraiment à cause de la Chine. La Chine s’est démarquée parmi les marchés émergents. Elle est en tête pour les périodes de un an, trois ans et cinq ans. Et c’est intéressant parce que, pendant longtemps, les gens ne voulaient pas investir en Chine. Les cours étaient défavorables, la qualité médiocre. Il s’agissait donc d’un marché à forte croissance sur le plan économique, mais le marché boursier a été peu performant pendant un certain temps. La situation a complètement changé en l’espace de quelques années. Si elle a aussi bien réussi cette année, c’est d’abord, bien évidemment, parce qu’elle a eu beaucoup de succès dans sa lutte contre la pandémie, qu’elle n’a pas été durement touchée. Mais il n’y a pas que ça. C’est que le marché boursier a complètement changé et que les plus grands acteurs du marché sont de loin ceux que nous appelons maintenant les bénéficiaires de la COVID-19, comme les actions liées à la nouvelle économie, les géants du commerce électronique ou les sociétés de jeux. Ces entreprises représentent maintenant la majorité du marché et, de toute évidence, elles ont très bien fait cette année. Parallèlement, beaucoup de nos pays ont en fait affiché de piètres résultats, et nous allons miser sur certains d’entre eux, comme le Brésil ou le Mexique, lorsque nous verrons des occasions à saisir. Il est assez important de noter qu’il y a eu une énorme différence de rendements entre certains gagnants et certains perdants également sur les marchés émergents. La prochaine diapositive montre que les résultats ont été très similaires sur le plan des rendements sectoriels, surtout sur 12 mois.
Rendements sectoriels des ME Sur 3 et 12 mois
Donc, sur trois mois, nous commençons à constater une certaine reprise du côté des perdants, mais des secteurs comme la consommation discrétionnaire, où vous retrouverez les entreprises de commerce électronique, les soins de santé et les services de communications ont été extrêmement vigoureux. À l’autre bout du spectre se trouve le secteur financier. Le contexte est vraiment difficile pour ce secteur. Les taux d’intérêt sont bas, la qualité des actifs se détériore et des secteurs comme les services publics, l’immobilier et l’énergie se portent très, très mal. Mais on peut déjà voir que sur une période de trois mois, alors que les perspectives commencent à – je suppose que les gens commencent à se tourner un peu plus vers 2021 et la reprise. De toute évidence, toutes les nouvelles concernant les vaccins ont été positives. Il semble maintenant que la deuxième vague en Europe soit en train de refluer, etc. On commence déjà à voir le début d’une rotation et le secteur financier, par exemple, commence à bien se porter. C’est un secteur qui présente beaucoup de potentiel de rendement, selon nous, et qui demeure important, même s’il n’est plus le principal secteur des marchés émergents. Il demeure quand même un grand secteur. À la diapositive suivante, on voit que les monnaies sont aussi extrêmement importantes pour les marchés émergents.
Valeur des monnaies de ME Les monnaies de ME semblent faibles par rapport à leurs niveaux passés et au dollar américain
À titre de rappel, lorsque vous investissez dans nos produits, vous êtes pleinement exposé aux risques liés aux monnaies locales, et de nombreuses monnaies de marchés émergents sont très faibles en ce moment. Il existe une très grande corrélation avec le marché des actions. Les monnaies les plus chères seront donc celles des pays qui se sont le mieux comportés et qui sont les moins risqués, comme la Chine, Taïwan, la Corée du Sud et les Philippines. Par contre, les monnaies des pays les plus risqués seront moins chères. Certaines de ces monnaies n’ont jamais été aussi faibles en dix ans, tandis que d’autres ont atteint un sommet inégalé en dix ans, ce qui vous donne une idée des extrêmes que nous avons connus cette année. Nous trouvons que le peso chilien est l’une des monnaies intéressantes en ce moment. Le Chili est un pays que nous jugeons assez attrayant et nous pensons qu’il devrait connaître un rebond à court terme. Il faut aussi mentionner le dollar américain. Le dollar américain est un catalyseur très important des monnaies de marchés émergents pour une raison différente, et pour les rendements de marchés émergents pour une raison différente. Dans ce graphique, le dollar américain semble plutôt surévalué et nous pensons que cette situation ne devrait pas perdurer dans une période de reprise et de déficits importants aux États-Unis. Il est donc important de prendre également en considération l’orientation que prendra le dollar au cours des prochaines années. La diapositive suivante présente les valorisations.
Valorisations dans les secteurs et pays de ME Divergence entre les gagnants et les perdants dans la crise de la COVID-19
On peut voir les valorisations dans les pays et les secteurs, et la fourchette de valorisations des 20 dernières années. Là encore, comme pour les monnaies, on peut constater que certains pays et certains secteurs ont atteint des creux historiques, tandis que d’autres ont atteint des sommets historiques. Là également, une rotation aura lieu au cours des prochains trimestres et des prochaines années. En ce qui concerne les pays, je soulignerais que le Mexique et le Chili sont très attrayants. Taïwan semble très cher. C’est un pays vraiment, vraiment intéressant où le secteur technologique occupe une place prépondérante et qui comprend des entreprises de classe mondiale. Mais les valorisations semblent élevées pour le moment, donc nous serons prudents. Je mentionnerais également que la Chine ne semble pas très attrayante après ses bons rendements. Du côté des secteurs, comme je l’ai mentionné, le secteur financier est sans contredit celui qui offre le plus d’occasions. À commencer par les banques. Leur situation est nettement meilleure qu’avant la crise financière mondiale. De toute évidence, la réglementation a été plus stricte pour les banques. Les exigences en matière de fonds propres sont également beaucoup plus strictes, et elles sont en général dans une bien meilleure position. Elles ont également été plus prudentes, et nous estimons que les très faibles valorisations ne sont pas vraiment justifiées, compte tenu du fait que la situation devrait s’améliorer à partir de l’an prochain. Évidemment, si ce n’est pas le cas, ce sera bien différent. Mais les cours actuels indiquent essentiellement qu’il n’y aura pas d’améliorations par rapport à la situation actuelle, ce qui semble plutôt improbable. Le secteur de l’énergie est très intéressant aussi. C’est un peu plus difficile, vraiment difficile. Cela dépend vraiment beaucoup de l’orientation des prix du pétrole, qui est toujours difficile à prédire. Ainsi, même si ces titres semblent très attrayants, ils pourraient rester bon marché plus longtemps ou du moins très volatils. C’est peut-être un secteur intéressant, mais qui sera plus volatil. Pour finir, la diapositive suivante porte sur les styles.
Rendement selon les styles d’actions ME Le rendement relatif des styles s’est accru cette année
L’année a de nouveau été incroyable pour les marchés émergents. La ligne supérieure montre le rendement du style de croissance, le gagnant sans conteste cette année, et la ligne du bas représente le style de valeur, où vous trouverez les sociétés financières et cycliques, et évidemment, du côté croissance, vous trouverez les gagnants de la COVID-19. Il s’agit de la plus grande domination de la croissance que nous ayons jamais connue sur les marchés émergents par rapport à la valeur. Comme je l’ai mentionné, au cours des dernières semaines et des derniers mois, nous avons commencé à constater le début d’une rotation. Vous pouvez voir que les lignes se déplacent à peine dans une autre direction. Nous croyons cependant que ces lignes continueront de se déplacer et l’écart, de se resserrer, à condition, bien sûr, qu’il y ait une reprise en 2021, que la pandémie soit maîtrisée et que des vaccins efficaces soient commercialisés. Il s’agit là d’une belle occasion pour les investisseurs de se concentrer, par exemple, sur les titres de valeur. Les titres de qualité supérieure sont très intéressants aussi. Ils n’ont pas eu la cote non plus. Les investisseurs se sont surtout concentrés sur la croissance à court terme, même si elle n’a pas été rentable. Je crois que, dans un contexte différent, un investisseur se tournerait de nouveau vers les titres de qualité dont la valorisation est selon nous attrayante.
Marques de ME : Facteurs de croissance La hausse des revenus et la grande proportion de jeunes stimulent les dépenses discrétionnaires
Les diapositives suivantes vous présentent quelques thèmes intéressants que nous avons observés récemment. Évidemment, le commerce électronique a été plutôt important sur les marchés émergents, mais hormis en Chine et en Corée, il a occupé peu de place et, comme nous l’avons toujours prédit, d’ici dix ans, il devrait revêtir une très grande importance sur les marchés émergents. Dans le contexte de la pandémie, sa croissance s’est beaucoup accélérée. Lorsque nous discutons avec des chefs d’entreprises, que ce soit au Brésil ou en Afrique du Sud, ils nous expliquent qu’en l’espace de six mois, les résultats qu’ils s’attendaient à obtenir dans sept ans s’étaient déjà concrétisés. C’est vraiment très impressionnant. Nous constaterons une croissance phénoménale sur ce plan. Pourquoi est-ce important ? Sur les marchés émergents, nous observons une croissance très rapide de la consommation, car la plupart des pays émergents atteignent maintenant le niveau de PIB par habitant de 10 000 $, où la consommation intérieure augmente massivement. Puisque les baby-boomers et la génération X occupent moins de place au sein de la population et que la génération Y en occupe davantage, la consommation en ligne gagne en popularité. Les membres de la génération Y ont des habitudes différentes. Cette population de jeunes consommateurs fera prendre de l’expansion aux commerces en ligne. Il s’agit d’un élément différent cette année pour les marchés émergents.
Marques de ME : Tendances Évolution des tendances de consommation attribuable à la jeunesse de la population des ME
Donc, sur la diapositive suivante, nous constatons que la croissance du commerce électronique sera considérable dans de nombreux pays au cours des prochaines années. Et enfin, le dernier point que je veux soulever porte sur la Chine et les États-Unis. Passons donc à la diapositive suivante.
Relations entre les États-Unis et la Chine Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle guerre froide ?
Manifestement, selon moi, la relation entre les États-Unis et la Chine changera sur la forme. Le ton ne sera plus le même. En fait, l’administration Biden ne sera pas vraiment plus conciliante envers la Chine. En fait, les deux partis aux États-Unis sont prêts à affronter la Chine et à la défier pour différentes raisons. Cette situation ne changera pas. Nous estimons qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une grosse affaire pour la Chine. Comme je l’ai déjà mentionné, la Chine est le pays émergent le plus performant depuis quelques années et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est entamée depuis presque trois ans. Il ne s’agit donc pas d’un problème majeur pour la Chine. Elle a probablement atteint un plateau en matière d’exportations mondiales. Le graphique à droite en fournit une illustration. La Chine se concentre davantage sur la consommation intérieure et sur des exportations de qualité à forte valeur ajoutée. À l’heure actuelle, la Chine cherche surtout à ne plus dépendre des importations, surtout pour les produits technologiques. La guerre commerciale et la confrontation avec les États-Unis feront probablement en sorte que la Chine intensifie ses efforts pour s’affranchir de l’Occident, en particulier quand il s’agit de l’importation de produits technologiques comme des semi-conducteurs, qu’elle importe massivement en ce moment. Si vous passez à la diapositive suivante, vous constaterez que l’Occident encaisserait davantage le coup que la Chine dans cette relation qui se détériore.
Marques de ME : Incidence de la COVID-19 Préférence de plus en plus grande pour les marques locales
Au cours des derniers mois et des dernières années, nous avons remarqué que les consommateurs en Chine se tournent davantage vers les marques locales et que la perception des marques étrangères devient fortement négative. Ce changement avantage énormément les marques chinoises, mais est très négatif pour les marques européennes et américaines qui ont vraiment profité des exportations vers le plus grand pays du monde sur le plan de la consommation et de la population. Alors, il faut garder cette situation à l’esprit également et l’examiner de plus près. Je suis d’avis que M. Biden en sera conscient. Et comme je l’ai dit, cette évolution sera importante pour les relations entre les États-Unis et la Chine. J’ai terminé. Je cède maintenant la parole à Mike. Merci.
Super. Merci, Laurence. Il y a donc une divergence notable entre les valorisations, un contexte de change attrayant et un environnement de plus en plus composé de gagnants et de perdants en ce qui concerne le commerce. Merci beaucoup pour vos commentaires. D’accord. Polina, passons aux titres de créance des marchés émergents. Nous commencerons par une autre question de sondage pour notre auditoire. Celle-ci concerne l’évolution des titres de créance des marchés émergents au cours des deux dernières décennies. Si nous remontons au milieu des années 1990 et si nous examinons l’indice d’obligations des marchés émergents J.P. Morgan, moins de 5 % des titres constituant l’indice étaient alors assortis d’une cote de catégorie investissement. À l’heure actuelle, quel est le pourcentage des titres de catégorie investissement dans cet indice ? Les réponses sont : A 9 % ; B 23 % ; C 38 % ; ou D 56 %. Pendant que les résultats arrivent, je vous rappelle que l’indice d’obligations des marchés émergents J.P. Morgan, qui suit le rendement des titres de créance d’État de marchés émergents, a été créé au début des années 1990, alors que l’indice des sociétés de marchés émergents ne remonte qu’à 2007. Incidemment, Polina, vous étiez l’un des rares investisseurs spécialisés en titres de créance de sociétés des ME à l’époque et avez fourni des données à J.P. Morgan pour la création de cet indice de référence. Mais revenons à notre sondage. Actuellement, le pourcentage des titres de créance d’État des ME de catégorie investissement est de 56 %. Et jusqu’à présent, 100 % de l’audience l’a deviné correctement. De plus, dans l’indice des titres de créance de sociétés des marchés émergents, le pourcentage des titres de créance de catégorie investissement est encore plus élevé. Il est de 58 %. Donc, Polina, le marché obligataire des ME a nettement évolué depuis que vous suivez cette catégorie d’actif. Veuillez nous faire part de vos réflexions sur les titres de créance des marchés émergents.
Contexte du crédit sur les ME
Merci, Michael. Vous avez tout à fait raison. Le parcours a été très intéressant au cours des 20 ou 30 dernières années pour cette catégorie d’actif. Comme vous pouvez le constater sur cette diapositive, la plupart des investisseurs savent que la catégorie d’actif est en croissance. Elle est diversifiée, puisque plus de 70 pays sont inscrits à l’indice parce que les critères de l’indice sont géographiques et ne sont pas fondés sur le PIB par habitant. Hormis l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest, l’Australie et le Japon, tous les autres pays sont considérés comme des marchés émergents. J’estime toutefois que de nombreux investisseurs ne sont pas conscients de l’amélioration de la qualité de la catégorie d’actif. Aujourd’hui, le segment des titres à revenu fixe en monnaie forte des marchés émergents est supérieur à 3 billions de dollars. Il est beaucoup plus vaste que le marché américain des obligations à rendement élevé. La catégorie d’actif continue d’être parmi celles qui connaissent la croissance la plus rapide. Et bien sûr, de pair avec la croissance, nous constatons une amélioration de la liquidité et une augmentation de la pondération attribuée par les clients. Cependant, la qualité du crédit surprend encore les investisseurs. En fait, pendant la pandémie, la cote moyenne de l’indice des titres d’État a augmenté pour atteindre la catégorie investissement, alors qu’elle était de BB+. En effet, compte tenu de leur plus faible tolérance au risque, les investisseurs exigent des titres de catégorie investissement, ce qui fait croître cette catégorie et en améliore la composition moyenne. Pour ce qui est de l’indice des sociétés en monnaie forte, la cote est catégorie investissement depuis longtemps, même si beaucoup d’investisseurs y perçoivent un risque plus élevé que pour les titres de créance d’État. Pourtant, si l’on considère les rendements passés, on constate une volatilité semblable à celle des actifs de catégorie investissement dans les marchés développés, mais, bien sûr, des rendements plus élevés étant donné le point de départ. Sur les marchés des titres en monnaie locale, nous notons là aussi une dynamique semblable.
Contexte des titres de ME en monnaie locale
Sur la diapositive suivante, vous pouvez voir que, malgré le fait que les titres en monnaie locale n’ont pas obtenu de très bons résultats au cours des dix dernières années, la catégorie d’actif a continué de croître du fait que de plus en plus de caisses de retraite et de compagnies d’assurance nationales commencent à affecter des fonds au financement national. Je pense que l’un des principaux changements dans la catégorie d’actif au cours des 20 dernières années est le recours accru des entreprises et des pays au financement local. C’est pourquoi, si vous songez à la part totale des marchés émergents, comme vous pouvez le voir sur la page de la présentation, le financement en monnaie locale représente plus de 18 billions de dollars, ce qui est beaucoup plus important que le financement en monnaie forte. Et bien sûr, à mesure que le financement en monnaie locale augmente, la vulnérabilité des sociétés et des États des marchés émergents à la volatilité des devises diminue parce qu’il n’y a pas de déséquilibre de change.
Élections aux États-Unis et ME
Si nous regardons la diapositive suivante de la présentation, nous avons commencé par poser une question sur les élections aux États-Unis au cours de ce groupe de discussion, et je crois que Laurence et moi-même avons une vision semblable des résultats de l’élection. En résumé, ils ne sont pas négatifs, mais l’ampleur des aspects positifs et le rendement des pays émergents pourraient être davantage influencés par des événements dans certains pays. Puis nous abordons le crédit, soit la capacité des pays à améliorer leur situation financière dans un contexte de croissance plus faible plutôt que le cadre macroéconomique. Encore une fois, une réorientation radicale des politiques de la Fed, qui sont toujours importantes pour les marchés émergents, ou des mesures énergiques de la part des États-Unis pourraient aggraver les tensions entre les marchés émergents et les États-Unis. À la diapositive suivante, j’aimerais prendre quelques instants pour discuter de la reprise économique qui a été enregistrée jusqu’à maintenant après la COVID-19.
Reprise en V ?
Qu’est-ce que cela signifie sur le plan des occasions, des titres de créance en monnaie forte, des titres de sociétés et des titres de créance en monnaie locale ? Quels seront les principaux risques de la catégorie d’actif au cours des 12 prochains mois ? Quels seront les thèmes qui gagneront en importance dans les marchés émergents et qui pourraient ne pas être au centre des préoccupations des investisseurs ? Tout d’abord, commençons par la croissance. Comme vous pouvez le constater à la page 17, la dynamique de l’indice PMI dans les marchés émergents dénote une reprise presque en V. En fait, comme Laurence l’a mentionné, la Chine a obtenu des résultats assez solides. Encore une fois, ce n’était pas seulement le rendement des marchés boursiers. Nous savons que l’Asie, et la Chine en particulier, a été parmi les meilleures dans la lutte contre la pandémie et a donc mené la reprise en V dans la région. Par ailleurs, pour d’autres pays ou régions, si vous avez été moins chanceux sur le plan de la croissance, les données économiques se sont quand même améliorées assez rapidement après l’arrivée de la pandémie. Passons à la diapositive suivante ; vous avez vu une version différente de cette diapositive dans la présentation de Laurence.
Nous sommes d’avis que la reprise de la croissance prévue dans les ME devrait surpasser celle des MD
L’écart entre la croissance des marchés émergents et celle des marchés développés s’est creusé cette année. En fait, je note que 25 % des pays émergents enregistrent une croissance positive du PIB cette année, ce qui n’est pas le cas pour les pays développés. La question qui se pose alors consiste à déterminer ce qui se produit du côté de la dette lorsque l’indice PMI remonte et que la croissance du PIB est plutôt forte. Finançons-nous en fait cette reprise en accroissant considérablement la dette ? Il s’agit là, pour un investisseur en titres de créance, de la question à poser. Et si vous regardez la page 19 de la présentation, qui est la page suivante de la série de diapositives, vous remarquerez qu’en fait, même si la dette a augmenté sur les marchés émergents, l’ampleur de l’augmentation a été plus faible qu’elle ne l’a été sur les marchés développés.
La dette des gouvernements des MD s’accroît plus rapidement que dans les ME
Sur les marchés émergents, la dette a augmenté de 9 points de pourcentage par rapport au PIB, alors que sur les marchés développés, cette augmentation a été supérieure à 22 % du PIB. Et si vous examinez les chiffres, en moyenne, la dette des marchés émergents par rapport au PIB est d’environ 61 %, ce qui ne soulève pas d’inquiétude quant à la solvabilité des marchés émergents. Il s’agit en effet de moins de la moitié des dettes qui ont été contractées sur les marchés développés. Je pense que l’une des caractéristiques de cette crise par rapport à la dernière crise que nous avons connue est la suivante : lorsque nous en sortirons, la dette aura augmenté et la croissance aura diminué. Évidemment, il s’agit d’un contexte assez difficile pour toute entreprise ou tout pays. Et si tel est le cas, quelle sera la meilleure façon de répartir vos placements ? Quelle est la position la plus judicieuse dans ce contexte ? Dans la diapositive suivante de la présentation, nous résumons certains des principaux thèmes sur le marché des titres de créance en monnaie forte.
Large éventail d’occasions dans l’ensemble des titres de créance de ME
Je commencerais par dire que, dans le contexte de croissance plus faible et d’incertitude quant à la forme de la reprise, un rendement sûr est la priorité numéro un de l’investisseur. Alors, bien sûr, nous pensons que les investisseurs rechercheront des endroits offrant un rendement fiable. L’un des secteurs qui demeurent attrayants est celui des titres de catégorie investissement dans les marchés émergents. Comme l’a souligné Mike, la majorité des titres de ME en monnaie forte de même qu’en monnaie locale sont de catégorie investissement. Dans le segment des titres en monnaie forte, le risque de change est absent, mais les sociétés et pays de catégorie investissement offrent néanmoins des rendements similaires à ceux des titres à rendement élevé. Nous continuons donc à surpondérer ce segment. Nous nous intéressons notamment à l’Asie et au Moyen-Orient. L’Asie en raison de la croissance et du rythme de la reprise, le Moyen-Orient parce qu’il a été relativement moins touché par la COVID-19 que d’autres régions. De plus, en ce qui a trait à la reprise économique et à la COVID-19, nous avons constaté de façon générale un décalage entre la capacité des pays émergents à gérer la pandémie et le rythme de la reprise. Comme vous le savez peut-être, beaucoup de pays émergents n’ont pas imposé de reconfinement comme ce fut le cas ici ou dans bon nombre d’économies européennes. Il y a environ trois semaines, lors d’une discussion de groupe avec le président Poutine, nous lui avons justement demandé : Pourquoi ne mettez-vous pas en place un deuxième confinement ? Quel regard portez-vous sur la pandémie de COVID-19 ? Il a répondu : Nous pensons que l’économie sera trop perturbée si nous modifions constamment les règles. Donc, nous maintenons les règles et restrictions mises en œuvre au début de l’année, mais nous voulons offrir une stabilité aux entreprises afin qu’elles puissent reprendre leurs activités. Bien sûr, ce n’est pas à nous de juger si ces mesures sont bonnes ou mauvaises, mais ce que nous pouvons observer, c’est que le redressement des données économiques se poursuit. Et bon nombre de pays émergents adoptent de plus en plus des approches traditionnelles. Même des pays comme la Turquie, qui est connue pour sa politique monétaire très peu orthodoxe, a finalement fait face à la crise et commencé à faire ce qu’il fallait en augmentant les taux. L’Afrique du Sud a commencé à s’attaquer à la corruption, son point faible depuis plus de 50 ans. De façon générale, même si nous ne sommes pas très optimistes à l’égard de la croissance, nous croyons que ces titres de catégorie investissement sont assortis d’un rendement sûr susceptible d’être très intéressant. Et si certains pays prennent les décisions qui s’imposent, cela va encore réduire les écarts de taux qui restent élevés. À l’autre extrême, il y a les titres de créance en dislocation ou en difficulté. Contrairement aux sociétés, les pays qui doivent rééchelonner leur dette ne quittent pas l’indice et n’enregistrent pas une baisse de liquidité ou d’émissions d’obligations par rapport aux pays qui continuent à rembourser leur dette. Par conséquent, nous pouvons parfois repérer un certain nombre d’occasions qui se négocient à 0,20 $, 0,30 $, 0,40 $ par dollar, alors que dans une période de 6 à 12 mois, vous pourriez même potentiellement doubler votre argent en rééchelonnant la dette. Comme l’illustrait la diapositive précédente sur l’endettement dans les marchés émergents, le problème rencontré par ces pays n’est pas lié à la solvabilité puisque, nous le voyons ci-dessous, les niveaux d’endettement sont assez bas.
La dette des gouvernements des MD s’accroît plus rapidement que dans les ME
Il s’agit souvent d’un problème de liquidité, qui peut être plus facile à résoudre que le problème de solvabilité, lorsque votre bilan est surchargé. Nous trouvons donc ici certaines occasions intéressantes. Du côté des titres de sociétés, pour revenir à la diapositive de la page 20, nous croyons que le taux de défaillance demeurera assez bas.
Large éventail d’occasions dans l’ensemble des titres de créance de ME
En fait, depuis le début de l’année, le taux de défaillance des sociétés de ME à rendement élevé a été plus de trois fois plus faible que celui des sociétés américaines équivalentes. C’est un écart sans précédent. Et le taux de recouvrement des obligations de sociétés de ME a été plus de deux fois supérieur à celui des titres de crédit équivalents en situation de défaut aux États-Unis. Cette statistique est fort intéressante et j’expliquerai dans un moment pourquoi il en a été ainsi. Mais de façon plus générale, nous prévoyons que les taux de défaillance des sociétés demeureront faibles. Par conséquent, même les titres notés BB, et assurément ceux notés B, devraient selon nous offrir un rendement sûr aux investisseurs dans l’univers des obligations de sociétés, qui a surpassé celui des titres d’État depuis le début de l’année. Quels sont les risques ? Jetons un coup d’œil à la page 21.
Les émetteurs de titres d’État échéant dans douze mois semblent être capables de respecter leurs obligations
La liquidité est l’un des risques. L’accès aux liquidités est essentiel. Même si les marchés émergents continuent de croître, nous voulons nous assurer de la présence de prêteurs de dernier ressort capables de soutenir les pays qui ont besoin de liquidités. La bonne nouvelle, c’est que des prêteurs demeurent présents. Il s’agit du FMI. Le FMI pourrait consentir aux marchés émergents des prêts représentant 25 % de leur dette totale ou plus de 1 billion de dollars. C’est largement suffisant. L’important n’est pas le montant disponible, mais la méthode d’accès à ces liquidités. Pour obtenir ces liquidités, vous devez adopter une combinaison de politiques traditionnelles qui, pour nous, sera le principal moteur de la performance des marchés émergents au cours des 12 prochaines années. L’orthodoxie politique sera récompensée par un rendement très solide. Les politiques peu orthodoxes et le manque de transparence ne seront pas tolérés. C’est devenu très clair au cours de l’année et nous pensons que ce thème continuera de s’imposer. La diapositive suivante, page 22, présente à gauche l’endettement dans les marchés émergents par rapport aux marchés développés, ainsi que l’évolution des défaillances et des recouvrements dont j’ai parlé plus tôt.
Les sociétés de ME sont relativement plus solides que les sociétés de MD
Encore une fois, les marchés émergents ont causé la surprise, affichant l’écart le plus étonnant en 20 ans par rapport aux marchés développés. Cet écart découle en grande partie du fait qu’ils disposent d’acheteurs de grande qualité. Il n’y a qu’un seul secteur qui est réellement exposé à la COVID-19, soit les compagnies aériennes, et celui-ci représente moins de 0,5 % de l’indice dans lequel nous investissons. Évidemment, beaucoup d’entreprises ont pu traverser cette crise. La chute des prix du pétrole survenue il y a cinq ans a aidé la catégorie d’actif à se concentrer sur le désendettement et la production de flux de trésorerie, et nous nous attendons à ce qu’il en demeure ainsi à l’avenir. Et bien sûr, il y a les valorisations des devises, qui figurent à la diapositive suivante, page 23, et nos attentes quant au rendement des marchés en monnaie locale.
Titres de ME en monnaie locale – Les valorisations des devises semblent attrayantes
J’ai mentionné que les titres en monnaie locale pourraient être les plus performants du prochain cycle, et je dirais même pendant cinq ou dix ans, compte tenu de leur piètre tenue depuis dix ans. Cependant, la clé réside vraiment dans l’adoption par les marchés émergents de politiques orthodoxes et, bien sûr, dans l’absence de perturbations provenant de sanctions imposées par les pays développés, ce qui devrait selon nous être le cas à l’avenir. Pour terminer, je sais qu’il me reste une minute, j’aimerais aborder un sujet qui est devenu un mot à la mode, soit l’acronyme ESG dans le domaine des placements. J’estime toutefois qu’il n’a pas été suffisamment examiné du côté des marchés émergents.
L’intégration des facteurs ESG dans les ME bien avant que ceux-ci ne deviennent à la mode !
À la page 24, nous parlons de notre approche des critères ESG dans les marchés émergents. Nous avons privilégié les critères ESG dans notre analyse bien avant que ceux-ci ne deviennent à la mode. Cependant, il y a une distinction importante à faire, selon moi, lorsqu’il est question de facteurs ESG dans les marchés émergents. Dans un contexte d’accès aisé au capital, la volonté des pays et des entreprises d’améliorer leurs paramètres ESG est relativement faible. Lorsque l’accès au capital est restreint, la volonté d’engagement est très forte. Nous l’avons constaté à maintes reprises et cette année en est un autre exemple. Quand l’accès au capital devient plus restreint, les entreprises et les pays sont plus disposés à améliorer leurs paramètres. Nous pouvons alors poser nos conditions en vue d’une modification au conseil d’administration ou à certaines pratiques de gouvernance, ou d’une amélioration des normes environnementales. Concernant ce dernier point, nous savons qu’il est très difficile d’introduire des changements environnementaux. À la fin de ma présentation, à la page 25, nous parlons brièvement du risque de déforestation de la forêt amazonienne.
Dialogue avec un pays d’Amérique latine au sujet des inquiétudes soulevées par la déforestation
Dans le passé, ce sujet était le cheval de bataille de Greenpeace, si l’on peut dire, et les investisseurs en titres de créance s’y intéressaient peu. Cependant, en raison de l’accès limité au capital, nous sommes maintenant en mesure de forcer les gouvernements à intervenir sur des questions qui nous tiennent beaucoup à cœur. Au cours de l’année, nous avons engagé un dialogue avec le gouvernement brésilien pour lui demander de mettre en place le moratoire sur les incendies de forêt, compte tenu du risque accru de déforestation. Avec la coopération du Parlement européen et du gouvernement brésilien, nous avons obtenu, jusqu’à présent, une petite victoire temporaire, un moratoire sur les incendies de 120 jours ayant été décrété. Un tel résultat aurait été inconcevable il y a dix ans. Il s’agit de petits pas, mais dans la bonne direction. Pour conclure, je dirais que nous sommes optimistes quant aux perspectives des marchés émergents pour l’an prochain. Nous ne tablons pas sur une forte croissance inattendue, mais estimons qu’au début de la crise, ces marchés se caractérisaient par des bilans indiquant un endettement limité, une absence d’« esprit animal », et des gouvernements désireux de mettre en œuvre davantage de politiques, ce qui est la clé du rendement des titres à revenu fixe des marchés émergents. Merci.
Super. Merci beaucoup, Polina. À l’instar des actions des ME, les titres de créance des ME semblent offrir quelques occasions intéressantes à l’avenir, de concert avec un contexte favorable aux devises. Nous conclurons maintenant le webinaire d’aujourd’hui par quelques réflexions. Laurence et Polina, voulez-vous résumer les principaux messages que vous avez livrés aujourd’hui à notre auditoire ? Laurence, je commencerai par vous. Avez-vous quelques remarques pour conclure ?
Oui. Bien sûr, Mike. Vous avez vu le graphique. Les marchés émergents dégagent des rendements inférieurs depuis dix ans maintenant et il nous semble vraiment que la catégorie d’actif se trouve à un tournant. Habituellement, c’est quand un événement majeur a lieu, comme une importante récession, une réinitialisation. Vous appuyez sur un bouton de réinitialisation, et vous progressez à partir de là. Ça fait vraiment écho à ce que disait Polina. Dans le cas des marchés émergents, nous verrons, comparativement aux marchés développés, une croissance plus forte, un endettement moins élevé, un dollar qui sera certainement plus faible pendant un certain temps. Il y a eu des réformes dans nos pays. Polina a mentionné l’Afrique du Sud. L’Inde a également mis en œuvre des réformes très difficiles au cours des dernières années, et ses statistiques ont montré qu’elle s’en sort bien pendant la pandémie. Le Brésil se porte bien. La Chine a clairement montré au monde qu’elle peut bien réussir. Alors oui, nous sommes enthousiastes à l’égard de la catégorie d’actif pour les prochaines années. Évidemment, la pandémie se poursuit et la situation devra vraiment être maîtrisée, mais nous sommes très optimistes.
Super. Merci, Polina.
Si je peux ajouter une chose, nous savons qu’aujourd’hui, les marchés émergents suscitent de nombreux points de vue positifs. En tant qu’investisseur sceptique, vous vous demandez peut-être comment cet optimisme se traduit. Et je crois que c’est là que réside la différence fondamentale. À notre avis, l’optimisme quant aux perspectives des marchés émergents ne s’exprime pas du tout dans les positions. Les titres de créance de ME en monnaie locale n’ont pas vraiment bénéficié de flux importants pendant la majeure partie des cinq dernières années. Du côté des titres de ME en monnaie forte, nous venons seulement de voir une réorientation des flux, mais les flux sont toujours négatifs pour l’année, ce qui ne se produit qu’en période de crise. Donc, une fois tous les dix ans environ. Par conséquent, nous croyons qu’il n’est pas vraiment nécessaire d’adopter une approche à contre-courant en ce qui a trait au positionnement. Ou plutôt, désolée, en ce qui a trait au point de vue, puisque le positionnement est très léger. Donc, bien que nous estimions qu’un consensus se dégage de plus en plus sur la possibilité que les marchés émergents produisent un rendement, nous croyons que ce scénario se concrétisera probablement l’an prochain, alors que les flux suivront les perspectives constructives.
Super. Pour conclure, j’aimerais vous remercier toutes les deux pour vos observations et remercier tout le monde de s’être joint à nous aujourd’hui. Nous espérons que vous avez trouvé la discussion instructive et sommes heureux que vous ayez pris le temps de participer à la webémission. De plus, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir noter le webinaire d’aujourd’hui et nous faire part de vos commentaires sous l’onglet Rate us ci-dessous.
Mike Higgins Vice-président, Services-conseils en produits de placements, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc. Merci encore de votre intérêt. Bonne journée.
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