Notre scénario de base prévoit une croissance économique modeste et une inflation suffisamment faible pour que les baisses de taux d’intérêt reprennent. Dans ce contexte, nous prévoyons des rendements raisonnables pour les obligations et des rendements encore meilleurs pour les actions, surtout en dehors de l’Amérique du Nord, là où les valorisations sont relativement attrayantes.
Les économies tiennent bon face aux droits de douane
Les politiques des États-Unis demeurent le thème macroéconomique dominant, alors que les droits de douane et les réductions d’impôt continuent d’attirer l’attention. Le taux moyen des droits de douane a augmenté au dernier trimestre, ce qui a accru les vents contraires pour l’économie et quelque peu accentué les pressions inflationnistes. La bonne nouvelle, c’est que l’économie mondiale a fait preuve de résilience en dépit de ce protectionnisme, ce que l’on doit probablement à son dynamisme et à un certain décalage faisant en sorte que des dommages pourraient n’émerger que plus tard. Certains secteurs ont néanmoins commencé à s’affaiblir quelque peu, notamment le marché de l’emploi. À notre avis, une récession aux États-Unis demeure peu probable, et nos prévisions de croissance mondiale sont soit stables, soit légèrement supérieures à celles du trimestre précédent. Les récentes baisses d’impôt aux États-Unis compenseront en partie les vents contraires de 2025 et favoriseront une accélération de la croissance économique en 2026.
L’inflation provoquée par les droits de douane est moins préoccupante qu’on ne le craignait au départ
L’inflation découlant des droits de douane du président Trump a commencé à paraître, en particulier dans le coût des biens de consommation américains, puisque ce sont eux qui sont principalement touchés par cette mesure. Nous nous attendons à ce que les prix continuent à augmenter, car nos modèles projettent une hausse de l’inflation bien plus importante, soit 1,1 point de pourcentage. De plus, les données en temps réel indiquent que d’autres pressions sur les prix sont imminentes.
Cela dit, l’effet net des droits de douane sur l’inflation pourrait être un peu plus faible que prévu au départ. Pourquoi donc ? De nombreux fabricants n’ont pas encore entièrement transféré les pressions inflationnistes aux consommateurs, la baisse des prix des logements et du pétrole a un effet désinflationniste, et l’inflation ne touche pas la plupart des autres pays autant que les États-Unis.
Le dollar américain poursuit sa trajectoire à la baisse
Le dollar américain a chuté de 10 % au premier semestre de 2025. Il s’agit de son recul sur six mois le plus prononcé depuis 2009. Il a remonté en juillet, mais est redescendu à cause des données décevantes sur l’emploi et des préoccupations croissantes au sujet de l’intégrité et de l’indépendance des institutions américaines, dont la Réserve fédérale (Fed).
Nos perspectives à long terme à l’égard du dollar demeurent résolument baissières et sont renforcées par des facteurs structurels négatifs persistants. Nous estimons que le billet vert est aux premiers stades d’une tendance baissière de plusieurs années et que la majeure partie de ce déclin aura lieu dans les trois premières années du cycle. Les investisseurs devront rapidement déterminer que le dollar a atteint son sommet s’ils veulent tirer profit de la situation. Selon nous, le yen, l’euro et les devises des marchés émergents seront les principaux bénéficiaires de la faiblesse du dollar américain.
Après avoir fait une longue pause, la Fed devrait recommencer à réduire les taux
La Fed est sur le point de recommencer à abaisser les taux d’intérêt, même si l’inflation demeure légèrement supérieure à la cible. À la fin août, son président, Jerome Powell, a indiqué que la banque centrale accorderait une plus grande importance au fléchissement du marché de l’emploi qu’au taux d’inflation supérieur à la cible. Ainsi, comme la création d’emplois a ralenti et que l’inflation n’a que légèrement augmenté, la Fed de M. Powell devrait assouplir les conditions monétaires pour soutenir l’emploi et l’économie.
C’est aussi ce que prévoient les investisseurs, qui sont presque certains que le comité de la Fed chargé d’établir les taux optera pour une baisse d’au moins 25 points de base lors de la réunion du 17 septembre, suivie d’autres baisses à la fin de 2025 et en 2026. En août, le marché prévoyait une réduction de 100 à 125 points de base au cours de l’année à venir. De même, nous nous attendons à quatre baisses de taux au cours de la prochaine année.
Les obligations d’État procurent des rendements proches des taux nominaux et offrent une protection en cas de repli de l’économie
À 4,2 %, le taux des obligations américaines à dix ans est attrayant et se situe au-dessus du point d’équilibre estimé par notre modèle, pourvu que l’inflation ne revienne pas en force. La récente hausse des taux obligataires est en majeure partie attribuable à l’augmentation des taux d’intérêt réels, tandis que les investisseurs s’inquiètent de l’endettement élevé du gouvernement, exacerbé par les dépenses budgétaires prévues par la loi One Big Beautiful Bill. Notre modèle indique que le taux réel actuel est d’environ 70 points de base au-dessus de la normale, compte tenu de facteurs structurels comme le vieillissement de la population, le ralentissement de la croissance économique à long terme, et la préférence accrue pour l’épargne au détriment des dépenses. On peut s’attendre à ce que les obligations du Trésor à dix ans génèrent des rendements avoisinant 5 % au cours de l’année à venir, moyennant un risque de valorisation minime. Les titres à revenu fixe sont également intéressants dans la plupart des pays développés, sauf au Japon, où les tensions inflationnistes sont élevées. En plus d’avoir un potentiel de rendement raisonnable, les obligations assorties de taux plus élevés offrent un contrepoids indispensable au sein d’un portefeuille équilibré en cas de volatilité des marchés boursiers.
Les actions ont fracassé des records, mais les valorisations sont plus intéressantes hors du segment des sociétés américaines à mégacapitalisation
Les actions mondiales ont poursuivi le rebond impressionnant entamé plus tôt cette année. La plupart des grands marchés ont atteint des niveaux records. Ce sont d’abord les sociétés technologiques américaines à mégacapitalisation qui ont mené le bal (grâce à l’enthousiasme entourant l’intelligence artificielle), mais un large éventail d’actions internationales a ensuite participé à la reprise. Soulignons aussi que les rendements en dollars américains ont été stimulés par le fléchissement du billet vert. Les actions des sociétés à grande capitalisation américaines, les actions canadiennes et les actions japonaises ont atteint leur pleine valeur, mais les actions européennes, britanniques et de marchés émergents semblent valorisées de façon attrayante.
Certes, les valorisations des actions de sociétés à grande capitalisation américaines sont élevées. Toutefois, le facteur le plus important d’une augmentation soutenue est la croissance des bénéfices, et ceux-ci ont été bien meilleurs que prévu. Que ces sociétés aient réussi à faire croître leurs bénéfices considérablement, malgré des conditions macroéconomiques difficiles, a incité les analystes à revoir leurs prévisions à la hausse. Selon leurs nouvelles prévisions, les bénéfices pourraient croître de 10,5 % cette année, et augmenter encore plus en 2026 (13,7 %). Si les bénéfices continuent de répondre aux attentes des analystes, voire de les dépasser, alors les actions pourraient poursuivre leur progression. Cela dit, nous reconnaissons que la hausse des valorisations limitera probablement l’ampleur des gains futurs.
Composition de l’actif – Augmentation de la pondération des actions, penchant pour les régions autres que les États-Unis
D’après notre scénario de base, l’économie continuera de croître à un rythme modéré et l’inflation sera suffisamment faible pour que la Fed puisse bientôt recommencer à réduire les taux d’intérêt. Nous sommes conscients que les droits de douane, les politiques commerciales, les tensions géopolitiques et l’endettement élevé des gouvernements constituent toujours des risques. Dans ce contexte, pourvu que l’inflation n’augmente pas de façon radicale, les obligations devraient procurer des rendements d’environ 5 %. Du côté des actions, les valorisations sont plus attrayantes dans la plupart des marchés développés d’Europe et d’Asie, ainsi que dans les marchés émergents. Ces régions présentent donc un meilleur potentiel de rendement que l’Amérique du Nord. Par conséquent, nous avons puisé dans les titres à revenu fixe pour ajouter un point de pourcentage à la surpondération des actions, avec une prédilection pour l’Europe, l’Asie et les marchés émergents. Pour un portefeuille équilibré mondial, nous recommandons actuellement la composition suivante : 62,0 % d’actions (pondération stratégique « neutre » de 60,0 %), 37,0 % d’obligations (pondération stratégique « neutre » de 38,0 %) et 1,0 % de liquidités.
Composition d’actifs recommandée
Comité des stratégies de placement RBC GMA
Nota : Au 3 septembre 2025. Source : RBC GMA