Ceux d’entre vous qui ont lu mes billets ou qui m’ont déjà entendu savent que je suis une ardente défenseure de la diversification des placements. À mon avis, l’un des plus puissants effets de la diversité est la constitution d’équipes solides. Les équipes diversifiées prennent de meilleures décisions et obtiennent de meilleurs résultats. Ayant cette année pour thème #ChooseToChallenge (osons défier), la Journée internationale des femmes, qui célèbre les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes, reconnaît cette évolution. Ce thème me rappelle d’ailleurs qu’il faut chaque jour s’attaquer au défi de mieux équilibrer l’effectif au sein de notre secteur.
À titre de coprésidente du Comité de direction sur la diversité de RBC Gestion de patrimoine pour le Canada, je fais partie d’un groupe qui s’efforce de promouvoir la diversité dans l’ensemble de l’organisation de façon que nous puissions bâtir des équipes diversifiées. Il s’agit notamment de favoriser la diversité des genres, des études et des expériences, ainsi que la diversité d’ethnicité et de pensée. Je fais du mentorat et de l’accompagnement auprès de différents groupes, mais c’est la diversité des genres qui me passionne ; je souhaite amener plus de femmes à envisager une carrière en finance ou en gestion d’actifs.
Saviez-vous qu’à peine 11 % des gestionnaires de fonds au Canada sont des femmes ? Et que la proportion de femmes détentrices du titre de CFA dans le monde est inférieure à 20 % ? Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes gestionnaires de fonds ? Pourquoi sommes-nous aussi peu nombreuses à étudier en vue d’obtenir le titre de CFA ? Analyste de formation, j’ai entrepris de me pencher sur ce problème et d’en découvrir la cause fondamentale.
J’ai d’abord repensé à mon propre cheminement. J’ai un diplôme en finance et je suis CFA. Je travaille dans le secteur de la gestion d’actifs. Qu’est-ce qui a motivé ces choix ? Il me faudrait beaucoup de temps pour répondre à cette question. Je peux tout de même vous dire ceci : je suis attirée par les tâches qui exigent analyse, rigueur intellectuelle et souci du détail, et je m’épanouis pleinement dans un environnement en constante évolution où chaque jour est une occasion d’apprendre. En toute franchise, je n’ai jamais senti que le fait d’être une femme dans ce secteur était un obstacle. Je crois qu’une partie de mon succès tient au fait que je suis entrée au service d’une entreprise solide qui croit en la diversité tôt dans ma carrière, et d’avoir travaillé aux côtés d’un bon mentor et patron.
Mais alors, pourquoi les jeunes femmes ne sont-elles pas attirées par le domaine comme je l’ai été ? Au fil de nombreuses conversations avec des collègues, des administrateurs d’université, des étudiants et même ma propre fille, j’ai compris que le problème prend racine au secondaire et au début du parcours universitaire. Pendant cette période, les jeunes femmes ne reçoivent pas toute l’information voulue sur ce que représente une carrière en finance.
Il est toutefois réjouissant de constater qu’elles sont de plus en plus nombreuses dans les programmes universitaires en gestion des affaires. En fait, les statistiques montrent qu’il y a autant de femmes que d’hommes dans les écoles de commerce. En revanche, des études révèlent qu’elles choisissent des domaines davantage axés sur les compétences non techniques comme les ressources humaines et le marketing, tandis que les hommes se dirigent plutôt vers la finance ou l’économie. Les jeunes femmes à qui je demande pourquoi elles n’envisagent pas de faire carrière en finance me répondent avec beaucoup de franchise. Elles évoquent notamment l’absence de modèles féminins, la culture masculine, l’impression que le secteur n’est pas fait pour les femmes et, surtout, qu’il ne favorise pas l’équilibre travail-famille pour celles qui voudraient fonder une famille, le sentiment d’intimidation et le manque de confiance. Certes, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes dans les écoles de commerce, mais au moment de choisir leur spécialisation, peu d’entre elles se tournent vers la finance.
Je crois que nous pouvons tous contribuer à renverser la vapeur et amener plus de femmes à envisager cette voie. Voici quelques idées pour faire évoluer les perceptions :
Commencez tôt – Discutez avec les filles des écoles intermédiaires et secondaires des possibilités qu’offre notre domaine et de votre cheminement de carrière. Pour susciter leur intérêt, nous devons être des modèles pour elles. Vous pouvez participer à des événements comme la journée Invitons nos jeunes au travail, qui est une bonne occasion de parler à des élèves de neuvième année, ou encore aux journées carrière dans les écoles.
Faites du bénévolat – Les occasions de faire du mentorat ou de l’accompagnement auprès des jeunes ou de leur raconter notre parcours ne manquent pas. De nombreux étudiants s’adressent à moi. Je tente de leur consacrer le plus de temps possible pour répondre à leurs questions, et j’assume mon rôle de modèle et de femme ayant une belle carrière en finance.
Impliquez-vous auprès de votre alma mater – Le travail de bénévolat dans votre collège ou votre université est un excellent moyen de susciter des changements positifs. Je consacre l’essentiel de mon temps à mon alma mater (l’Université d’Ottawa), mais je discute aussi avec des étudiants d’autres universités au Canada. Les moyens que j’utilise pour établir des liens avec les étudiants sont variés : je siège au comité consultatif du doyen, je fais du mentorat et des présentations, et je prends part à des réceptions de retrouvailles ainsi qu’à des tables rondes avec des organisations d’étudiants. J’ai également donné des conférences destinées à des étudiants de première et de deuxième années. Si mes interventions portaient sur les placements en général, mon véritable objectif était d’éveiller leur intérêt pour la finance avant qu’ils n’aient à choisir leur spécialisation.
Individuellement, chacune de ces initiatives peut sembler avoir une portée limitée, mais si nous osons défier (#ChooseToChallenge), alors nous pourrons collectivement changer les choses. Ces échanges peuvent contribuer à garnir le bassin de talents et à accroître le nombre de candidates qualifiées, et c’est ainsi que nous bâtirons des équipes diversifiées. J’espère que d’ici dix ans, nous aurons atteint l’objectif de former un effectif plus équilibré en gestion d’actifs.
Lire d’autres articles de Sarah Riopelle.