Dan Mitchell, premier gestionnaire de portefeuille, RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., analyse l’incidence du récent changement d’attitude et des facteurs économiques sur le dollar américain et les marchés mondiaux des devises.
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Transcription
Quelle sera l’incidence des récents changements d’opinion et des facteurs économiques sur le dollar américain et les marchés des changes mondiaux ?
Les marchés des changes connaissent des changements majeurs qui méritent vraiment notre attention. Le fait le plus important est le revirement d’opinion à l’égard du dollar américain. Au début de l’année, la forte demande de billets verts découlait de la croissance économique dynamique, des taux d’intérêt plus élevés et des rendements boursiers supérieurs. Il y avait aussi cette conviction universelle que les droits de douane imposés par Donald Trump auraient un effet positif sur le dollar.
La demande de dollars a toutefois vraiment diminué. Depuis l’investiture de Donald Trump, la devise s’est dépréciée d’environ 10 % après pondération en fonction des échanges internationaux, passant de la monnaie la plus courue à la monnaie la plus détestée. Le déclin n’est pas lié à un facteur en particulier ; il découle plutôt de plusieurs éléments qui s’additionnent tous en même temps. Premièrement, le regard sur les droits de douane a changé, devenant défavorable pour le dollar. Ces droits semblent maintenant peser plus lourdement sur l’économie américaine que sur les autres.
Les décisions erratiques de la Maison-Blanche ont aussi accentué ce phénomène, créant une incertitude économique et freinant les dépenses des entreprises et des ménages. Deuxièmement, de nouvelles préoccupations sont soulevées au sujet des autres politiques isolationnistes de Donald Trump et du retrait des États-Unis des institutions mondiales, non seulement de l’Organisation mondiale du commerce, mais aussi des initiatives de coopération en matière de santé, de défense et de climat. Face à la situation, l’Allemagne, le Canada et d’autres pays ont décidé d’augmenter leurs dépenses en défense, ce qui pourrait stimuler la croissance économique à l’étranger et éloigner les investissements des États-Unis.
Troisièmement, le dollar semble avoir perdu son statut de valeur refuge, c’est-à-dire que les investisseurs mondiaux ne peuvent plus s’y fier pour protéger leurs rendements lorsque les marchés boursiers chutent. Au début d’avril, ces investisseurs ont été doublement pénalisés par la chute des actions et la faiblesse du dollar, ce qui les a amenés à remettre en question leurs importants investissements dans des actifs américains. Et puis, bien sûr, il y a ces problèmes structurels à long terme que nous avons signalés dans nos vidéos précédentes.
La forte surévaluation du dollar, une certaine inquiétude face à l’augmentation des niveaux d’endettement et aux dépenses budgétaires excessives, ainsi qu’un passage progressif vers l’utilisation d’autres monnaies pour le commerce international et les investissements mondiaux. Ainsi, même si le dollar américain a déjà chuté de 10 %, nous pensons que son repli est loin d’être terminé. Le délaissement graduel du dollar américain devrait s’étendre sur plusieurs années et avoir un effet globalement positif sur la plupart des devises des marchés développés et émergents.