La taille et la complexité des marchés boursiers mondiaux favorisent l’obtention de rendements d’une multitude de façons. Jeremy Richardson, Premier gestionnaire de portefeuille, Actions mondiales, RBC Global Asset Management (UK) Limited, explique ce que sont la gestion passive et la gestion active, parle de l’impact que peuvent avoir les élections sur les marchés boursiers et de l’engagement actif.
Les marchés boursiers mondiaux sont complexes. Certains investisseurs essaient de contourner cette complexité en achetant un peu de tout sur le marché (l’approche passive). Tandis que d’autres estiment disposer d’une occasion de se montrer sélectifs... ou « actifs ».
Les stratégies de gestion active et de gestion passive des placements ont toutes deux leur utilité. L’approche véritablement passive qui consiste à investir dans un portefeuille pondéré en fonction de la capitalisation boursière composé de tous les titres admissibles devrait garantir l’obtention d’un rendement semblable à celui du marché avant les frais, mais dégager des résultats légèrement inférieurs une fois que les frais seront déduits. On trouve dans un portefeuille à gestion passive toutes les actions admissibles et aussi celles qui produisent les meilleurs rendements. Mais on y trouve également les actions qui produisent les pires rendements, celles qui sont coûteuses ou dont le modèle d’affaires reste discutable (le portefeuille est-il réellement à gestion passive et sans exclusions ?).
Les investisseurs actifs voient ce fait comme une occasion et estiment qu’en se détournant des entreprises coûteuses et mauvaises, ils devraient pouvoir adopter une approche active qui leur permettra d’obtenir de meilleurs rendements au fil du temps. Ces stratégies s’accompagnent de recherches qui comportent des coûts, et intègrent un volet non financier, sous la forme d’un engagement actif avec chaque société.
Notons également que comparativement aux stratégies passives, les stratégies actives sont plus axées sur les niveaux de valorisation. Plus une action est chère, plus son cours est élevé et plus sa présence au sein d’un portefeuille à gestion passive est importante. Certains investisseurs estiment que ce fait introduit des biais de style et fait pencher les portefeuilles passifs vers le momentum et en les éloignant de la valeur. Ce qui peut ne pas poser de problème dans un marché haussier, mais peut constituer un désavantage en cas de repli des marchés. Les investisseurs actifs peuvent atténuer ces faiblesses lors de la constitution des portefeuilles. Mais ils peuvent également prendre des décisions qui ne se révéleront pas toujours efficaces et accentuer la volatilité des rendements.
L’éclatement de la bulle technologique, la crise financière mondiale et la pandémie ont tous généré des moments d’incertitude et de stress financier qui, à l’époque, ont eu un impact important sur la valeur des portefeuilles.
Il est également possible de discuter des pratiques ESG lorsqu’on investit dans un portefeuille d’actions mondiales à gestion active. Comme les actionnaires disposent d’un droit de vote, ils ont les moyens et la motivation nécessaires d’avoir des dialogues constructifs avec les entreprises. Ils peuvent, en faisant la promotion des principes d’une entreprise responsable, contribuer à la réussite à long terme de l’entreprise. C’est tout à fait de l’intérêt des actionnaires ; quel actionnaire ne voudrait pas détenir des parts d’une entreprise bien gérée et prospère ? Mais comme les entreprises emploient des personnes qui ont une famille et vivent dans des collectivités, cette amélioration est partagée plus largement par les parties prenantes.
Les stratégies actives sont particulièrement bien placées pour répondre à cet objectif. L’engagement n’est pas simple et nécessite des ressources pour être efficace. Le modèle d’affaires à frais réduits de la stratégie passive ne favorise pas l’engagement qui reste pourtant un outil utile pour tenir des discussions au sujet de l’ESG avec la direction et les conseils d’administration. Toutes les actions étant détenues par des investisseurs, les stratégies axées sur l’inclusion ou sur l’exclusion qui font fi de l’engagement incitent ceux-ci à faire des choix financiers différents qui n’apportent aucun changement dans le monde réel. Seul un engagement actif, qui privilégie une gestion active des placements, peut permettre un changement réel.
Pour conclure, parlons des élections présidentielles américaines qui auront lieu en 2024. Les spéculations vont bon train, mais les élections en elles-mêmes ne devraient pas être porteuses de mauvaises nouvelles pour les investisseurs. Si les candidats sortants aiment souligner la vigueur en cours d’une économie nationale forte et le faible taux de chômage, leurs adversaires cherchent quant à eux à gagner l’approbation des électeurs en proposant des politiques qui devraient faire une différence positive pour les électeurs. Les sujets qui interpellent habituellement les électeurs sont notamment la sécurité de l’emploi, l’argent sain et la sécurité financière, et peuvent aussi être bons pour les entreprises. Les élections concluent les discussions politiques et donnent une plus grande clarté de la politique qui sera adoptée jusqu’à la tenue des prochaines élections.
Pour les investisseurs, les étapes menant à la sécurité financière ne découlent généralement pas des élections, mais d’autres événements macroéconomiques. L’éclatement de la bulle technologique, la crise financière mondiale et la pandémie ont tous généré des moments d’incertitude et de stress financier qui, à l’époque, ont eu un impact important sur la valeur des portefeuilles. Alors que les élections n’entraînent généralement pas les mêmes niveaux de volatilité.