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L’un des principaux thèmes ESG de 2022 a porté sur la nature et la biodiversité. En mars, le Réseau pour le verdissement du système financier, qui regroupe plus d’une centaine de banques centrales et d’autorités de surveillance, a publié une déclaration reconnaissant que les risques liés à la nature pourraient avoir des répercussions macroéconomiques importantes et que si rien n’est fait pour en tenir compte, les atténuer et s’y adapter, un risque financier significatif pourrait survenir21. Parallèlement, les parties prenantes reconnaissent de plus en plus l’importance d’investir dans des solutions fondées sur la nature afin d’atténuer les changements climatiques et d’améliorer la capacité de la Terre à s’adapter aux catastrophes naturelles et à y résister.
Les discussions sur la nature en tant que thème d’investissement ont pris le devant de la scène lors de la conférence sur la biodiversité des Nations Unies (COP15) en décembre. Pendant ce qui a été qualifié de « moment Paris pour la nature »1, 196 nations et des milliers d’observateurs du monde des affaires, de la finance et de la société civile se sont rendus à Montréal, au Canada, pour discuter, négocier et collaborer sur la question de la diversité biologique. En fin de compte, tous les pays participants ont signé le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui fixe 23 objectifs pour mettre fin à la perte de biodiversité et place la nature sur la voie de la restauration.2 À cet égard, les nations ont convenu d’un objectif de protection de 30 % des terres et des mers d’ici 2030 – un objectif communément appelé 30x30. Elles ont également établi un objectif pour prendre des mesures juridiques, administratives ou politiques afin d’encourager les entreprises et institutions financières à surveiller, évaluer et divulguer leurs risques, dépendances et impacts sur la nature et la biodiversité.
Définition de la nature et de la biodiversité
La nature comprend la terre, les réserves d’eau douce, les océans et l’atmosphère. Elle englobe à la fois l’étendue (la quantité) de ces éléments sur Terre, ainsi que l’état et la santé des espèces et des écosystèmes qui les habitent. La biodiversité est une caractéristique de la nature. Elle peut être définie comme la variabilité des êtres vivants de toute origine, y compris les écosystèmes terrestres, marins, et autres écosystèmes aquatiques dont ils font partie. La définition inclut la diversité des espèces et celle des écosystèmes. Une bonne biodiversité est vitale pour la nature. Elle favorise la santé des écosystèmes, afin qu’ils puissent éliminer les impuretés de l’eau et de l’air, maintenir les sols, réguler le climat, recycler les nutriments et fournir de la nourriture.
Il reste encore beaucoup à faire pour que le Cadre mondial de la biodiversité soit à l’œuvre. Cependant, pour les investisseurs, les risques liés à la nature et la biodiversité prendront probablement de plus en plus d’importance à mesure que de nouvelles données, mesures et informations émergeront.
À RBC GMA, nous avons continué de suivre les évolutions en matière de nature et de biodiversité tout au long de 2022, notamment :
- en acquérant des connaissances internes et une compréhension de la nature et de la perte de biodiversité en tant que risque d’investissement et risque systémique potentiel ;
- en publiant un article d’information sur les perspectives sur la biodiversité et la COP15 à l’intention des investisseurs (décembre 2022) ; et
- en participant à la délégation des PRI des Nations Unies à la conférence COP15 sur la biodiversité.
En outre, dans le cadre de l’intégration des critères ESG, les équipes des placements de RBC GMA évaluent les facteurs ESG importants durant le processus de prise de décision relatif aux types de placement visés3 Les critères pris en considération sont notamment la biodiversité et l’utilisation des terres, l’utilisation des ressources naturelles, le stress hydrique, la gestion durable des forêts et d’autres facteurs, lorsque ces facteurs sont importants financièrement pour un secteur ou un émetteur. RBC GMA est également un investisseur qui appuie le dialogue sur les politiques des investisseurs relatif à la déforestation (IPDD), tandis que BlueBay copréside l’IPDD.
En détail : Actions des marchés émergents
En ce qui concerne le risque lié à la biodiversité, nous considérons la région géographique et l’emplacement comme des facteurs clés. Une partie importante de la biodiversité restante de la Terre se trouve dans les marchés émergents. Dans des pays comme le Brésil et l’Indonésie, caractérisés par une importante forêt pluviale et une grande variété d’espèces indigènes, la probabilité d’incidents posant un risque pour la nature, en raison de la déforestation et d’autres facteurs, est élevée. Sur les dix pays qui ont recensé le plus grand nombre d’incidents liés à la biodiversité en 2021, six étaient des pays émergents. L’Indonésie et le Mexique sont ceux qui ont enregistré la plus forte proportion d’incidents liés à la biodiversité, parmi tous les incidents survenus dans ces pays, et le Brésil est le pays où il y a eu le plus grand nombre d’incidents de ce type dans le monde.4
Ces statistiques, en plus de son expertise de terrain en matière d’investissement dans les marchés émergents, ont incité notre équipe Actions des marchés émergents RBC à consacrer une partie de l’année 2022 à approfondir sa recherche et sa compréhension de la biodiversité en tant que risque d’investissement.
L’équipe a observé que du point de vue des placements, étant donné que les sociétés ne publient pas encore d’information financière relative à la nature, il est impératif d’avoir un dialogue constructif avec elles, afin de comprendre les risques et les occasions auxquels elles sont confrontées et la façon dont elles les gèrent. Le dialogue a toujours fait partie intégrante du processus de placement de l’équipe. En 2022, l’équipe des placements a commencé à parler plus précisément du déclin de la biodiversité et de la perte de milieux naturels avec les sociétés dans lesquelles elle investit.
Bien que le problème du déclin de la biodiversité et de la perte de milieux naturels soit nouveau pour de nombreuses sociétés, l’équipe a été heureuse de constater que certains émetteurs ont déjà commencé à réfléchir à ces questions et à prendre des mesures concrètes, comme de nouvelles politiques, des audits liés à la biodiversité et l’inspection de lieux d’exploitation à haut risque, ainsi que la présentation d’information sur leur dépendance à l’égard de la biodiversité et leur incidence sur celle-ci dans le cadre de leurs rapports sur la durabilité d’entreprise.
L’équipe des placements a également décidé d’intégrer plus formellement les considérations relatives à la biodiversité et à la perte de milieux naturels dans son processus de placement, notamment en intégrant ces thèmes à l’examen des risques environnementaux dans sa liste de vérification de contrôle diligent en matière de placement. L’équipe se réjouit de constater que bon nombre de domaines qui se recoupent avec la biodiversité et le capital naturel, comme les changements climatiques et les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation de l’eau, la gestion des déchets et la gestion des chaînes d’approvisionnement sont déjà intégrés à son analyse des sociétés dans lesquelles elle investit, et aux discussions avec ces sociétés.
« Nous croyons que le déclin de la biodiversité et la perte de milieux naturels deviendront des préoccupations de premier plan pour la communauté financière mondiale. Compte tenu du nombre grandissant de réglementations et d’initiatives axées sur la nature, y compris le Groupe de travail sur la divulgation de l’information financière liée à la nature (TNFD), il incombera aux entreprises et aux investisseurs d’évaluer minutieusement ces enjeux ainsi que les risques et les occasions qui y sont associés. Leur importance dans les marchés émergents ne fait pas de doute. Nous sommes déterminés à poursuivre nos travaux et à discuter de ce sujet important avec les sociétés dans lesquelles nous investissons. »Phil Langham, premier gestionnaire de portefeuille et chef, Actions, Marchés émergents, RBC Global Asset Management (UK) Limited
En détail : Investor Policy Dialogue on Deforestation (IPDD)
L’IPDD est une initiative issue de la collaboration d’investisseurs qui vise à mettre un terme à la déforestation dans certains des biomes les plus diversifiés et les plus absorbants en carbone au monde. Plus précisément, à ce jour, l’initiative a concentré une grande partie de ses efforts sur le Brésil et l’Indonésie. De plus en plus, les investisseurs en titres à revenu fixe souverains de ces marchés considèrent la déforestation comme un risque pour la solvabilité d’un pays ou d’un placement. Les initiatives conjointes menées aux côtés des décideurs politiques sont un moyen pour les investisseurs de gérer les risques liés à la déforestation.
En 2022, RBC GMA a continué d’appuyer l’IPDD, tandis que BlueBay copréside l’IPDD et a contribué directement à l’effort mené au Brésil.
Au Brésil, où la déforestation connaît une accélération depuis 2019, les ambitions de l’IPDD comprennent l’application du code forestier du Brésil, la prévention des incendies et l’accès public aux données. D’après le rapport de 2022 de l’IPDD, le groupe a réussi à établir un dialogue ouvert avec des membres et des groupes du gouvernement fédéral, du Congrès, des ambassades, des gouvernements des États et des organisations financières les plus importantes. L’IPDD est maintenant une initiative reconnue au Brésil. Graham Stock, stratégiste principal en titres souverains des marchés émergents à BlueBay et coprésident d’IPDD, a été invité à prendre la parole lors du lancement d’un marché national du carbone à Rio de Janeiro en mai 2022. Bien qu’il y ait encore beaucoup à faire, l’IPDD continuera de dialoguer avec le gouvernement fédéral et les gouvernements des États au sujet des mesures à prendre pour arrêter la déforestation. Le nouveau gouvernement du Brésil s’est fermement engagé à cet égard, ce qui est encourageant.