David Soh, gestionnaire de portefeuille et chef, Recherche, RBC Global Asset Management (Asia) Limited, nous fait part de ses réflexions sur 2024 et l’année à venir.
Sur le marché, la Chine (30 %) et l’Inde (20 %) continuent de dominer l’indice de référence MSCI Asia ex-Japan. Cependant, ces deux marchés ont vraiment pris des directions différentes. Le découplage majeur entre la Chine et l’Inde par rapport au reste de l’Asie s’est poursuivi, voire accentué, en 2024.
L’Inde et la Chine ont récemment changé de cap, comme le montrent le repli des actions indiennes et le rebond des actions chinoises. Ce revirement a été en partie le résultat de l’annonce par la Chine de mesures visant à stimuler l’économie, mais aussi d’une surévaluation de l’Inde par rapport à la Chine qui était à des niveaux extrêmes.
Pour ce qui est de l’avenir, l’Inde est fondamentalement très prometteuse. Compte tenu du stade actuel de développement de l’Inde, dont le PIB par habitant est à peu près équivalent à celui de la Chine il y a 15 ans, le potentiel de croissance à long terme est considérable1. Cela dit, les niveaux de valorisation sont exagérés et la faiblesse récente de la consommation et de la croissance estimative des bénéfices incite à la prudence.
D’un autre côté, nous continuons à trouver la région de la Chine élargie intéressante, mais plusieurs facteurs sont à surveiller dans ce pays. Les mesures de relance budgétaire et les mesures politiques prises par Pékin restent encore imprécises, que ce soit pour le marché immobilier ou, de manière générale, pour susciter un regain d’optimisme. Les exportations ont joué un rôle important dans la croissance en 2024, mais les tarifs douaniers qui seront imposés par les États-Unis pendant le second mandat de Trump ajoutent de l’incertitude. La première moitié de 2025 devrait être quelque peu volatile et influencée par les manchettes, mais les valorisations en Chine sont actuellement à des niveaux historiquement bas, à dix fois les bénéfices2.
En anglais seulement.
Durée : 3 minutes, 15 secondes
Transcription
David Soh
Gestionnaire de portefeuille
RBC Global Asset Management (Asia) Limited
David Soh : Si vous analysez les actions asiatiques du point de vue de l’indice Asie hors Japon, la Chine et l’Inde représentent respectivement environ 30 % et 20 % de cet indice. L’une des principales tendances observées au cours des trois ou quatre dernières années dans le secteur des actions asiatiques est la grande divergence d’évolution de ces deux marchés. L’idée globale selon laquelle ces économies émergentes seraient les locomotives de la croissance mondiale en raison d’un ensemble commun de facteurs macroéconomiques est vraiment devenue obsolète. Le découplage majeur entre la Chine et l’Inde par rapport au reste de l’Asie s’est poursuivi, voire accentué, en 2024.
Au cours des mois les plus récents, c’est-à-dire septembre et octobre, l’Inde et la Chine ont toutes deux connu un changement relativement marqué de la dynamique des cours, les actions indiennes se repliant et les actions chinoises se redressant. Ce revirement a été en partie le résultat de l’annonce par la Chine de mesures visant à stimuler l’économie, mais aussi d’une surévaluation de l’Inde par rapport à la Chine qui était à des niveaux extrêmes.
Pour 2025, nous sous-pondérons l’Inde. Fondamentalement, l’Inde est un pays très intéressant. Narendra Modi n’a pas obtenu une aussi forte majorité lors des dernières élections, mais sa victoire offre une continuité politique. De plus, compte tenu du stade de développement actuel de l’Inde, dont le PIB par habitant se compare à celui de la Chine il y a 15 ans, le potentiel de croissance à long terme est considérable. Cela dit, les niveaux de valorisation sont très hauts, le ratio C/B se situant à 22. La faiblesse récente de la consommation et des estimations de croissance des bénéfices incite également à la prudence. Dans ces moments-là, nous essayons vraiment de sélectionner les titres très soigneusement en déterminant lesquels sont susceptibles de se démarquer à la longue.
En revanche, nous surpondérons légèrement nos positions combinées en Chine et à Hong Kong. À vrai dire, la région sera fertile en événements. Les mesures de relance budgétaire et les mesures politiques prises par Pékin restent encore imprécises, que ce soit pour le marché immobilier ou, de manière générale, pour susciter un regain d’optimisme. Les exportations ont joué un rôle déterminant dans la croissance en 2024, mais les tarifs douaniers qui seront imposés par les États-Unis pendant le second mandat de Donald Trump ajoutent de l’incertitude. Le premier semestre de 2025 devrait être marqué par une certaine volatilité et dominé par les manchettes. Cela dit, la reprise du marché à la fin de septembre, malgré des mesures politiques qui manquaient de substance, nous rappelle que les valorisations en Chine s’établissent aujourd’hui à des niveaux historiquement bas, comme l’indique le ratio C/B de 10.
Notre équipe des actions asiatiques en poste à Hong Kong applique des stratégies pour l’Asie et une stratégie distincte pour la Chine. Ces stratégies reposent toutes deux sur le travail d’une équipe de spécialistes sectoriels pour l’ensemble de l’Asie. Nous nous appuyons sur nos principaux atouts, à savoir une excellente recherche interne et une discipline de gestion du risque, pour réussir en 2025 et trouver les meilleures idées de placement à long terme dans toute l’Asie.