Transcription
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Bonjour, et bienvenue à cette édition de À télécharger. Je suis votre hôte, Dave Richardson. Une fois de plus, le jour de la semaine préféré de tous, le mardi de Stu. Vous avez l’air un peu morose aujourd'hui?
Oui, j'ai attrapé un de ces rhumes éclair, Dave. C'est bien un rhume, pas la COVID, mais ça vous perturbe quand même. Je ne sais plus où donner de la tête. Est-ce que je sors? Est-ce que je reste dans mon lit? Bon, j'en suis au quatrième jour, alors je crois bien que je m’en sors.
Ouais, mais vous n’avez pas l’air d’en être sorti encore.
Ah bon, ok merci, Dave.
En plus de tous les bons liquides, vous êtes rempli de grandes idées sur le marché, comme d’habitude. Nous avons commencé la semaine dernière à aborder l'année à venir et les raisons pourquoi les choses pourraient bien ou ne pas bien se passer, et ce que vous, vous pensez pourrait arriver. Mais je pensais qu’aujourd’hui on pourrait mettre des chiffres là-dessus. Quand on fait des calculs, qu’est-ce qui en ressort de positif? Quel est l'éventail des résultats, positifs ou négatifs, pour cette année? Et comme nous utilisons parfois une terminologie un peu austère, pour nos nouveaux auditeurs, je vais peut-être insister pour que vous définissiez ou expliquiez en termes clairs pourquoi vous utilisez ces chiffres. Ça vous va ?
Ça me va tout à fait. Les gens posent toujours la question la plus difficile au monde: qu’est-ce que le marché va bien faire? Et le marché est composé de nombreuses actions qui ont toutes des profils de bénéfices différents, et la valorisation de chacune d'entre elles peut changer de manière significative. Mais tout comme le météorologue est en mesure lui de dire ce qui va se passer dans le ciel, c'est ce à quoi les gens s’attendent à propos du marché. Et parfois le marché donne des résultats. Parfois, il s'agit d'un marché boursier et parfois d'un marché d'actions— ces six ou huit derniers mois, il s'est agi davantage d'un marché d'actions que d'un marché boursier— mais peu importe, les gens veulent toujours savoir ce qu'il en est. Je peux me trouver avec un portefeuille rempli d’entreprises dont je pense qu’elles ont un bon potentiel de rendement, et je deviens un investisseur qui se base sur des scénarios. Je peux me faire un scénario baissier en pensant que mes actions se comportent en conséquence. Je peux me faire un scénario haussier et trouver également que tout est cohérent. Et ce qui est bien avec les actions, c'est qu'elles n'expirent pas. Si j’envisage un scénario baissier, je me dis que la direction de l’entreprise pense elle aussi à ce scénario baissier et cherche des moyens de s’en sortir. Elle se met à faire des annonces sur de nouveaux produits, sur la restructuration de ces divisions, elle procède à une rationalisation plus efficace, autant de gestes que la direction pose pour éliminer ce scénario négatif. Mais d’une entreprise à l’autre, on peut toujours trouver un marché haussier quelque part. On peut toujours trouver une entreprise qui semble intéressante, mais les gens, eux, veulent encore savoir ce que le marché boursier va faire. Nous nous concentrons principalement sur les marchés nord-américains, alors prenons l’exemple du S&P 500. Supposons que les 500 entreprises gagnent chacune un peu d'argent. Si elles avaient toutes le même poids, on prendrait un quart d’un pour cent des bénéfices de chaque entreprise et on pourrait les additionner pour connaître les bénéfices du S&P au complet. En réalité, ces entreprises sont pondérées par la capitalisation boursière, donc c'est un peu plus compliqué. Mais d'une manière générale, si vous considérez le S&P 500 comme un grand conglomérat avec toutes ces divisions— une division Microsoft, une division Johnson et Johnson, et ainsi de suite—, vous pouvez estimer ce que ces bénéfices pourraient se retrouver dans une variété de scénarios. Ainsi, cette année, en cas de récession, ces bénéfices pourraient être d'environ 200 dollars. Ce qui est intéressant cette fois-ci, c'est que, si on ne connait pas de croissance réelle, on pourrait connaître une croissance nominale, ce qui n'est pas aussi mauvais pour les bénéfices. En ce moment, on estime ces bénéfices autour de 230 dollars. Et même si cette année ne donne pas mieux que 230, en cas de ralentissement puis d’une reprise, et que les gens commencent à regarder vers 2024 et 2025, alors on dira que les bénéfices de la reprise pourraient être de 250 ou 260$. On doit se mettre dans la tête d’un investisseur. On se fait un tableau avec un cas baissier, un cas de base, et un cas haussier. Cela dit, les bénéfices sont une chose, les multiples en sont une autre. La valorisation d'un actif est un tabouret à deux pattes. Il y a les bénéfices ou les flux de trésorerie qui en découlent, et il y a le multiple que nous allons payer pour cela. Et le multiple que nous allons payer est déterminé par les taux d'intérêt et la prime de risque. Si je vous donnais un dollar de bénéfice aussi garanti que celui d'une obligation d'État, vous vous attendriez à le négocier au même taux de rendement. L'inverse d'un rendement bénéficiaire est le multiple. Si j'ai une obligation qui rapporte 3% et que j’ai payé 100$ pour l’obtenir, j'ai payé 33,3 fois ces bénéfices. Supposons que j’ai deux produits à vous offrir et que je vous dis que les deux sont garantis. Je vous offre un dollar de revenu d'obligations d'État ou un dollar de bénéfices. Je le répète, les deux sont garantis. Mais je vous dis également que le premier est à une valorisation de 33 fois et l'autre de 17 fois. Bien sûr, vous allez prendre celui à 17 fois, n’est-ce pas? Cela va de soi. C'est exactement la même offre, sauf que les bénéfices ne sont pas exactement les mêmes. Et même si au fil du temps, ils ne sont pas si volatils, ils augmentent d'environ 6 ou 7% par an. Sur une période bien précise, c’est vrai qu’ils peuvent être assez volatils. La question que nous devons nous poser est celle de la prime de risque, qui correspond au multiple inférieur que nous payons pour les bénéfices par rapport aux obligations ou, à l'inverse, au rendement supérieur des bénéfices: la marge de sécurité de ces bénéfices est-elle suffisante pour faire face à la volatilité? Il y a bien une approche scientifique là-dedans. On peut mesurer la prime de risque dans le temps. Elle peut être influencée par l'inflation. Elle peut être influencée par les prévisions de croissance. Mais elle est aussi fortement influencée par l'optimisme et le pessimisme en raison de la nature humaine qui y est impliquée. Et c'est là que l'art dépasse la science. Je pourrais donc vous dire que les bénéfices pourraient être tels en période de récession, et nous pourrions essayer d'appliquer un multiple à ces bénéfices pendant un certain temps. Cela dit, une personne rationnelle pourrait dire que ces bénéfices ne vont pas durer, alors pourquoi évaluer le marché boursier en fonction de ceux-ci? Et la réponse à cette question est: oui, c'est vrai au fil du temps, mais à ce moment précis, quelqu'un est susceptible de les évaluer de cette façon parce que, faute de savoir ce que l'avenir nous réserve, les gens ont tendance à se concentrer sur le présent. Vous avez ces bénéfices et vous avez la valorisation à laquelle ils pourraient se négocier. Pendant une récession, les baissiers vont estimer 15 ou 16 fois 200. Et même si nous savons que cela ne se présentera probablement pas très longtemps, cela correspondrait à des valeurs dans les 3000 sur le S&P 500. Ce qui est intéressant, c'est que ces types de scénarios se présentent souvent pendant de très courtes périodes. Et la raison pour laquelle il est bon d'être un investisseur basé sur des scénarios est que lorsque quelque chose est négatif, vous voulez garder en tête le scénario suivant: en 2025 ou 2024, ces bénéfices seront de 250 ou 260$, l'inflation sera maitrisée, les taux d'intérêt seront aux alentours de 3 à 3,5% sur les obligations à dix ans, et le S&P pourrait se négocier à 4500 ou 4600. On dit que les investisseurs sont comme des secouristes. Au milieu d'un temps très mauvais, lorsque les gens sont très concentrés sur la récession et que le marché est poussé vers le bas, vers les 3500, à l'arrière de votre tête, vous vous dites, ouais, mais quand cela va changer, tout d'un coup je vais être en hausse. Si demain on nous présentait le S&P à 3000 dans une récession, je sais que lors de la reprise, je pourrais être en hausse de 50%. J'essaie donc de garder ces scénarios en tête, car nous savons qu'avec le temps, ces multiples se normaliseront autour de 15 ou 16 fois et que les bénéfices augmenteront d'environ 7%. Et je recevrai mes deux dividendes. Je sais donc plus ou moins ce qui est en jeu à long terme, mais à court terme, je dois faire face à de petites variations des bénéfices et à des changements beaucoup plus importants de comportement, de personnalité, d'optimisme et de pessimisme. Tout le monde a donc besoin d'une feuille de route pour essayer de s'en sortir. Voilà, je voulais vous définir un peu ce qu'est notre feuille de route à nous.
Oui, et puis, comme vous le dites, en utilisant les scénarios, ça vous aide sur le plan émotif. Ce qui est difficile à faire pour les investisseurs, lorsque les choses vont mal, que les nouvelles sont mauvaises et que le marché est en baisse, c’est d'intervenir et de profiter de l'opportunité qui se présente à eux. Vous avez donné cet exemple mathématique— 200 dollars de bénéfices, 16 fois le multiple, donc 3200 points. Et puis à la hausse, rendus de l'autre côté, qui sait si vous ne serez pas à 250 et un multiple de 18. Si vous grimpez dans la fourchette de 4200 à 4500, cela vous aide à vous dire, wow, si les choses descendent dans la fourchette de 3200 à 3400, je devrais surveiller cela de près. Ce sera une opportunité, et cela vous aidera à aller de l'avant pour en profiter parce que vous avez fait cette analyse à l'avance. Je dis vrai ou je suis à côté de la plaque? Il est évident que vous allez réévaluer votre situation, mais est-ce l'une des choses qui vous aide à agir quand vous le devez et à ne pas devenir émotif ou pessimiste?
Tous à fait. J'utilisais cette analogie avec mes enfants. Aujourd'hui, tout le monde utilise Google Maps. Vous lui dites que vous voulez aller de Toronto à Montréal et Google Maps vous répond que cela prendra 5 heures et 32 minutes. Il me montre les lignes rouges, là où il y a des travaux en cours. C'est très précis, relativement parlant. Quand j'étais enfant, on recevait ce carnet de voyage de la CAA, et bien sûr il fallait tourner les pages. Et vous aviez la page avec la route surlignée, et elle vous montrait où se trouvaient les travaux. Déjà à l'époque, c'était génial, parce qu’avant cela, sur l’autoroute, il pouvait y avoir un embouteillage et personne n’était au courant. Avec ce carnet, déjà on était moins déstabilisé, on savait qu’il y aurait des travaux quelque part devant. C'est un peu comme un investisseur basé sur un scénario. Je ne sais pas exactement combien de temps ça va me prendre mais je sais que je vais y arriver. Au moins, j’en suis conscient. Un investisseur basé sur un scénario dit, je veux être conscient de toutes les possibilités même si elles ne se présentent pas. Je sais un peu mieux ce que je pourrais faire à l'avance aujourd'hui, grâce à Google Maps et d’autres outils. Nous recherchons la précision et, malheureusement, lorsqu'il s'agit des marchés, en raison de ces aspects comportementaux, il est difficile d'avoir cette précision que certaines personnes souhaiteraient.
Oui, on peut toujours s'écarter du chemin, tant que vous savez où vous voulez vous rendre et que vous savez que vous allez y arriver avec le temps, tant que vous gardez le cap, vous allez finir par y arriver. Les outils que vous avez à votre disposition maintenant, par rapport à quelqu'un qui reste assis chez lui à investir par lui-même, sont très puissants. Ils vont vous permettre d'avoir un peu plus de précision, mais il faut faire les bons choix, se déplacer dans le trafic, le contourner, trouver une route différente, mais en fin de compte, arriver là où vous devez aller.
Tout à fait. Et garder à l'esprit que quand elle parait bloquée, l'incitation à reprendre la route est très forte. Tout le monde a la même motivation. Quand nous sommes dans les embouteillages, nous voulons tous rentrer chez nous. Donc, l'incitation à se mettre dans la file, à redresser la voiture et à poursuivre nos activités est très forte, même si, à ce moment précis, on a une forte envie de sortir ici ou là, mais cela ne va pas nous faire arriver plus vite. Vous voyez ce que je veux dire. Si on ne comprend pas comment les choses progressent, c'est toujours bien de se rappeler que les incitations du système vont, elles, dans le sens de l’amélioration.
Oui. Une grande partie de ce que nous avons fait l'année dernière, avec le rebondissement après la COVID, les incitations, d'une certaine manière, ont été un peu déréglées. L'inflation a augmenté, les taux d'intérêt ont augmenté et il a fallu freiner à court terme. Mais comme vous le dites, en fin de compte, les choses vont se rétablir et avancer comme elles le font toujours parce qu'avec le temps, les incitations vont s'améliorer. C'est une brillante analyse de scénario pour quelqu’un de malade. C’est votre intelligence qui vous sauvé. Vous n’avez pas l’air bien du tout, mais vous êtes toujours intelligent.
Ça doit être mon Vicks VapoRub.
Excellent. Eh bien Stu, fantastique. Très utile pour les nouveaux investisseurs. Prenez ces idées et partagez-les avec un conseiller. Il y a là de bons conseils sur la façon dont vous devez penser à l'éventail des résultats et vous y préparer. Essayer d’y penser d'une manière très positive. Comment cela peut créer des opportunités? Comment obtenir une hausse en période de baisse? Vous protéger lorsque les choses vont trop loin et avoir plus de succès en investissant? Que vous investissiez dans une action, un fonds ou un FNB, la même chose s'applique. Nous disons toujours: ne soyez pas trop excités quand tout va bien, ni trop pessimistes quand tout va mal. Et il y a des outils et des analyses que vous pouvez faire pour mieux vous concentrer sur les chiffres et l'objectivité plutôt que sur l'émotion.
Vous avez tout compris, Dave.
Wow. Je me sens vraiment bien en ce moment. Le mois dernier, je n'aurais pas pu faire ça, si vous m’avez suivi lors des derniers épisodes. Alors Stu, un autre super mardi de Stu. Merci. On se voit bientôt pour une prochaine fois et nous parlerons un peu plus de bénéfices, et peut-être commencer à creuser dans des données réelles pour comprendre ce qui pourrait se passer cette année.
Super. Merci, Dave.