La pandémie entre dans une nouvelle phase marquée par la distribution des vaccins, la baisse du nombre de cas et la reprise graduelle des activités des entreprises. Les taux obligataires ont bondi, les actions ont fracassé des records et divers indicateurs du marché laissent croire que les économies sont sur le point de connaître une reprise vigoureuse.
La propagation du virus ralentit, les perspectives économiques s’améliorent
Après quelques mois difficiles, la situation sanitaire s’est considérablement améliorée dans les principaux pays. Le nombre de nouvelles infections a chuté en seulement quelques mois, tandis que les taux de transmission à l’échelle mondiale sont tombés à leur niveau le plus bas depuis le début de la pandémie. Des restrictions plus sévères, la vaccination et des facteurs saisonniers ont contribué à freiner la propagation du virus. L’enrayement de la COVID-19 a été essentiel à la relance économique en cours ; celle-ci peut encore nettement s’accélérer grâce aux importantes mesures monétaires et budgétaires. En fait, l’économie a été incroyablement résiliente pendant la majeure partie de la pandémie et les dommages causés par la deuxième vague ont été moins importants que prévu. Nous anticipons un important rebond de la croissance cette année, alors que la plupart des économies devraient retrouver les niveaux de production d’avant la pandémie en 2021 ou 2022. Nos prévisions économiques ont été majoritairement revues à la hausse par rapport au trimestre dernier et demeurent supérieures à la moyenne.
Les perspectives sont plus nuancées en raison des nombreux facteurs en jeu
Bien que notre scénario de base soit plutôt positif, un certain nombre de facteurs rendent les perspectives de croissance moins claires que d’habitude. Parmi les risques, mentionnons la nature inédite de la pandémie, les doutes concernant la distribution des vaccins et leur efficacité contre les nouveaux variants, et la possibilité d’une autre vague. L’incertitude plane également sur le potentiel d’inflation et l’importance des mesures de relance budgétaire à l’horizon. Pour ce qui est de leur capacité à se révéler meilleurs ou pires que prévu, nous estimons que ces risques sont plus ou moins équilibrés. Les vaccins et le virus représentent des risques de baisse importants, mais l’inverse est vrai en ce qui concerne les mesures de soutien budgétaire.
Les craintes liées à l’inflation augmentent, mais les pressions à la hausse sur les prix sont limitées
L’assouplissement considérable de la politique monétaire, la volonté des banques centrales de tolérer une accélération de l’inflation, la dette publique sans précédent et les efforts visant à produire localement les fournitures médicales font craindre aux investisseurs une inflation galopante. Bien que leur point de départ soit bas, les prix augmentent bel et bien, et nous devons reconnaître que les attentes inflationnistes restent conformes aux niveaux observés durant la dernière décennie. Lors des crises précédentes, on s’attendait à ce qu’une expansion notable importante de la masse monétaire attise l’inflation. Cependant, elle a plutôt favorisé l’épargne ou grossi les réserves excédentaires des banques. Il est également important de garder à l’esprit que les facteurs démographiques et les effets sectoriels liés à la technologie, aux soins de santé et à l’éducation exercent des pressions baissières sur l’inflation. À notre avis, la tendance inflationniste sous-jacente augmentera, mais restera à des niveaux bas par rapport au passé.
La faiblesse du dollar américain devrait se poursuivre dans un contexte favorable aux devises cycliques
Le marché baissier du dollar américain en est encore à ses débuts et des facteurs à long terme laissent entrevoir de nouvelles baisses. La récente hausse des taux des obligations américaines a stimulé le billet vert à court terme, offrant aux investisseurs une occasion plus intéressante de s’en défaire. La vigueur de la croissance économique mondiale et la hausse des prix des marchandises favorisent les devises cycliques. Nous nous attendons à ce que les devises des marchés émergents surpassent celles des marchés développés et nous pensons que le dollar canadien peut surpasser les devises du G10.
Les taux obligataires ont monté ; le risque d’évaluation diminue
Les taux des obligations à long terme ont grimpé, car le fait que les investisseurs prévoient une accélération de l’inflation et de la croissance économique compense l’incidence des mesures prises par les banques centrales en vue de maintenir les taux bas. Le taux de l’obligation du Trésor américain à 10 ans a augmenté d’environ 50 points de base au cours du dernier trimestre, dépassant 1,50 % pour la première fois depuis le début de la pandémie. L’augmentation est en partie due à la hausse des taux d’intérêt réels, c’est-à-dire corrigés en fonction de l’inflation, qui se trouvaient à des creux où ils ne pouvaient pas se maintenir. Nous pensons que les taux réels pourraient augmenter encore davantage, mais les changements structurels démographiques, l’importance grandissante accordée à l’épargne au détriment des dépenses et l’arrivée à maturité des économies émergentes finiront par limiter leur hausse. De plus, la récente hausse des taux obligataires mondiaux a atténué le risque d’évaluation élevé qui existait sur le marché et nous pensons qu’aux niveaux actuels, les cours des obligations pourraient profiter d’un soutien à court terme.
Les actions ont battu de nouveaux records, portées par les segments du marché sensibles à la conjoncture économique
Les actions mondiales ont atteint de nouveaux sommets à mesure que le rythme des campagnes de vaccination contre la COVID-19 s’est accéléré, que le nombre de cas a diminué et que les bénéfices ont dépassé les attentes. L’indice S&P 500 a gagné 5,6 % au dernier trimestre, grimpant de plus d’un écart type au-dessus de la juste valeur. Nous sommes conscients que certains secteurs sont en pleine effervescence et que les valorisations sont élevées. Toutefois, notre modèle indique qu’il est possible que les ratios cours-bénéfice augmentent encore à mesure que les craintes à l’égard de la crise s’estomperont et que les taux d’intérêt reviendront à la normale. Bien que les actions momentum et celles de sociétés à grande capitalisation de la technologie soient chères sur le marché américain, les actions du Canada, du Royaume-Uni, de l’Europe et du Japon demeurent inférieures à leurs justes valeurs et offrent un potentiel de hausse intéressant. En outre, le redémarrage de l’économie a revigoré les secteurs sensibles à l’économie au détriment des sociétés américaines à grande capitalisation traditionnellement dominantes, ce qui a stimulé l’engouement pour les actions à petite et à moyenne capitalisation de la finance et des produits industriels, ainsi que pour l’ensemble des titres de valeur.
Composition de l’actif – maintien de la surpondération des actions et de la sous-pondération des obligations
Notre scénario de base table sur un redressement prononcé de l’économie en 2021, alors que la situation sanitaire s’améliore et qu’on revient peu à peu à la normale. Les rendements des titres à revenu fixe ont considérablement augmenté et, pour la première fois depuis le début de 2020, nous prévoyons de faibles rendements pour les obligations d’État au cours de l’année à venir. Comme nous prévoyons que les secteurs cycliques connaîtront une forte croissance économique et des bénéfices robustes, nous croyons qu’il demeure approprié de maintenir un penchant pour les actifs à risque. Bien que l’avantage des actions par rapport aux obligations ait quelque peu diminué en raison de la hausse des taux, les actions continuent d’offrir une prime de risque attrayante par rapport aux titres à revenu fixe. C’est pourquoi nous conservons la surpondération en actions et la sous-pondération en obligations. Pour un portefeuille mondial équilibré, nous recommandons actuellement la répartition de l’actif suivante : 64,5 % en actions (position neutre stratégique : 60 %), 34,5 % en titres à revenu fixe (position neutre stratégique : 38 %) et le reste en liquidités.
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