Économie mondiale
Le choc de la COVID-19 a bouleversé l’économie mondiale tout en ravageant les marchés financiers. Pour y répondre, les responsables politiques ont immédiatement adopté des mesures substantielles. Les actifs à risque se sont vite redressés grâce à des programmes de relance monétaire et budgétaire sans précédent, jumelés aux signes d’une reprise économique liée au déconfinement.
Les économies mondiales ont été durement touchées par les mesures de confinement imposées par les gouvernements, lesquelles ont paralysé les activités des entreprises tout en freinant la consommation. Nous avons donc sabré nos prévisions de croissance, qui sont maintenant pour la plupart inférieures à la moyenne. Notre scénario de base pour les États-Unis table sur une baisse du PIB de 7,1 % en 2020. Cela dit, nous sommes conscients que de nombreux scénarios sont possibles. Le risque le plus important associé au déconfinement est celui d’une résurgence du virus, qui pourrait conduire certaines économies à une deuxième paralysie. L’élection aux États-Unis en novembre, l’arrivée d’une date butoir importante pour le Brexit et la dégradation des relations entre Washington et Pékin sont d’autres facteurs qui pourraient faire augmenter la volatilité des économies et des marchés financiers.
Titres à revenu fixe
Les taux des obligations mondiales ont fortement baissé alors que le coronavirus a considérablement bouleversé la vie des gens partout sur la planète. Le taux des obligations d’État américaines à dix ans s’est établi à un creux historique de 0,31 % au début de mars. Il se situe actuellement à un niveau peu reluisant de 0,60 %. Nous prévoyons que les taux obligataires resteront près des creux récemment atteints tant que le chômage demeurera élevé, que l’inflation restera faible et que les banques centrales maintiendront leur approche expansionniste. Au cours des 12 prochains mois, l’attention du marché obligataire sera tournée vers les mesures que prendront les décideurs politiques en réponse à l’évolution de la pandémie.
Les efforts des banques centrales visant à maintenir une politique souple au moyen de faibles taux et d’achats d’actifs de grande envergure stimuleront les prix des obligations. Nous prévoyons que les taux des obligations à dix ans de la plupart des principaux marchés seront essentiellement les mêmes dans un an, à moins que la reprise économique soit beaucoup plus rapide que prévu. Il serait raisonnable de s’attendre à une augmentation des taux parallèlement à une diminution des prix actuels des obligations, à mesure que la pandémie se résorbera à long terme. Cette pandémie, comme toutes les précédentes, finira par passer. Un retour à un semblant de normalité, non seulement pour les gens, mais aussi pour le marché obligataire, devrait alors suivre.
Canada
Au 31 mai 2020, l’indice composé S&P/TSX avait plongé de 14,9 % en dollars américains (9,7 % en dollars canadiens) en cinq mois. À la fin de février, les marchés financiers ont commencé à dégringoler dans un contexte où une paralysie de l’économie a été imposée dans le monde entier pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus. Après avoir atteint des creux le 23 mars, les marchés boursiers ont connu un rebond vigoureux grâce aux mesures monétaires et budgétaires d’envergure prises partout dans le monde en réaction à la crise. Les rendements futurs dépendront en grande partie de la poursuite des progrès dans l’endiguement du virus et du moment où un traitement ou un vaccin fera son apparition.
Les restrictions liées au virus ont des conséquences douloureuses sur l’emploi, les chaînes d’approvisionnement, la consommation et le prix des marchandises. Les économistes s’attendent donc à ce que le PIB du Canada fonde de plus de 7 % en 2020, ce qui serait le recul le plus important jamais enregistré. Les analystes prédisent maintenant un recul de 30 % des bénéfices en 2020, puis un rebond de 43 % l’an prochain. En ce qui concerne le ratio cours/bénéfice, la valeur du S&P/TSX représente actuellement 15 fois les bénéfices de l’an dernier, ce qui est inférieur à la moyenne à long terme de 16,7. L’amélioration du rendement relatif de l’indice S&P/TSX nécessitera une reprise économique soutenue capable d’entraîner une hausse du cours des marchandises.
États-Unis
Au cours de la période de trois mois terminée le 31 mai 2020, l’indice S&P 500 a progressé de 3,6 %. Après avoir atteint un creux à la fin de mars en raison de la liquidation attribuable à la COVID-19, les actions se sont redressées de manière spectaculaire en avril et en mai grâce à des mesures de relance budgétaire et monétaire considérables.
Les estimations annoncent une forte baisse du PIB et des bénéfices des sociétés pour le premier semestre de 2020, puis un vif rebond au deuxième semestre de l’année et en 2021. Selon notre interprétation du marché, les investisseurs sont optimistes et s’attendent à une maîtrise continue du virus, à des programmes d’aide gouvernementaux pour prévenir une crise de solvabilité et à la commercialisation d’un vaccin à grande échelle au premier semestre de la prochaine année. Dans l’intervalle, le risque d’une deuxième vague d’infections causées par le virus demeure important, et l’escalade verbale anti-chinoise de l’administration Trump pourrait compliquer les choses, surtout à l’approche de l’élection présidentielle de l’automne.
Europe
La pandémie de COVID-19 a déclenché sur les marchés le mouvement baissier le plus rapide de l’histoire de l’Europe, en plus d’entraîner une récession économique. Les données macroéconomiques ne sont pas réjouissantes depuis le début de la pandémie. Nous croyons que les chiffres continueront de se détériorer, puisqu’en avril et en mai, l’économie du continent était complètement paralysée ou presque. Confirmé par les rapports des sociétés, ce repli a suscité des mesures d’urgence pour augmenter les liquidités et assainir les bilans. Aujourd’hui, le gros des interventions des gouvernements et des banques centrales est derrière nous, et face à des indicateurs épidémiologiques positifs, les marchés se concentrent maintenant sur les dates de réouverture et ont connu une nette remontée.
Dans l’hypothèse où les effets du virus seront à court terme et où, conformément aux prévisions générales, la remontée des bénéfices prendra la forme d’un « V », les actions européennes auraient atteint un prix raisonnable au terme de leur dernière reprise. Cependant, du point de vue des rendements en revenu, les actions européennes demeurent attrayantes par rapport aux titres à revenu fixe. Même si à court terme, la volatilité risque de rester élevée, nous sommes d’avis que le pire est derrière nous.
Asie-Pacifique
À l’instar des marchés mondiaux, les marchés boursiers d’Asie se sont considérablement repliés au cours de la période de trois mois terminée le 31 mai 2020, car la pandémie de coronavirus a frappé comme jamais auparavant la croissance de l’économie mondiale. Les marchés régionaux ont reculé de 25 % en mars, puis ont rebondi de 20 % en avril et en mai. Les mesures de santé publique semblent avoir contribué à contenir la propagation du virus, mais leur coût économique a été élevé.
Les politiques de confinement actuellement en vigueur font l’objet d’un assouplissement graduel, mais nous prévoyons que l’activité économique restera faible pendant le reste de 2020. Même si nous nous attendons à ce que le nombre d’emplois perdus dans les segments des services soit plus élevé que dans le secteur manufacturier, les taux de chômage devraient continuer de grimper vu les emplois perdus dans ces deux secteurs.
Les marchés boursiers de la Nouvelle-Zélande, de la Chine et de Taïwan se sont bien comportés, tandis que ceux de l’Australie, de l’Indonésie et des Philippines ont tiré de l’arrière. En Asie, les secteurs des services de communications, de la consommation de base et des soins de santé ont été les plus performants, tandis que ceux de l’énergie, de l’immobilier, des produits industriels et de la finance ont été distancés.
Marchés émergents
L’indice MSCI Marchés émergents a reculé de 6,9 % en dollars américains au cours de la période de trois mois terminée le 31 mai 2020, et a chuté de 16,0 % depuis le début de l’année. Au cours des dernières semaines, les actions ont rebondi étant donné que les investisseurs s’attendent à une possible reprise de la croissance économique, dans un contexte où le redémarrage de l’économie est une priorité des gouvernements.
Depuis le début de la reprise, les actions des marchés émergents sont à la traîne des actions américaines, de grands pays comme le Brésil et l’Inde accusant du retard dans la lutte contre la propagation de la COVID-19. La reprise manque de conviction, comme en témoigne l’avance constante des actions de croissance depuis le commencement de la remontée.
Selon nous, les actions demeurent sous-évaluées, même après leur forte reprise. De plus, nous nous attendons à ce que les actions des marchés émergents génèrent, dans l’ensemble, des rendements supérieurs au cours des prochains mois, à condition que le nombre de cas de COVID-19 ne reparte pas à la hausse. À court terme, les marchés continueront toutefois de fluctuer au rythme des bonnes et des mauvaises nouvelles. Pour que la reprise soit durable, le marché devra être convaincu que le pire est passé.
Pour d’autres perspectives tirées de Regard sur les placements mondiaux, cliquez ici.